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province fous Vienna la métropole, eft plus grand que dans aucune autre : fçavoir, Geneva & Gratianopolis, villes des Allobroges ainsi que Vienne, Alba des Helvii, Dea & Vafio des Vocontii, Valentia, & Tricaftini, Araufio, Cabellio, & Avenio, qui ont appartenu aux Cavares, Arelate, & Maffilia. On fçait que le rang où

s'eft élevé Arelate, a donné lieu aux évêques de cette ville de s'ériger en métropolitains, avec un plus grand nombre de fuffragans que Vienne même, lequel eft néanmoins diminué, fur tout depuis que Sixte IV, en 1475, a formé une province Eccléfiaftique d'Avignon. Je paffe aux provinces des Alpes Maritimes, & des Alpes Gréques. Quoique la nature femble avoir pofé des bornes entre la Gaule & l'Italie, par la chaîne des Alpes, comme entre la Gaule & l'Espagne par les Pyrénées, & que cette féparation ait donné lieu chez les Romains à la diftinction qu'ils ont faite de la Gaule cisAlpine & de la trans-Alpine: cependant, le gouvernement civil des provinces ne s'eft pas affujetti rigoureusement à des limites décidées par la cime des montagnes. On a remarqué plus haut, que les Romains s'étoient formé une province dans la Gaule, avant que les peuples des Alpes fuffent réduits. Ceux qui obéiffoient à Cottius du tems d'Augufte, & dont les noms font infcrits fur l'Arc de Sufe, n'ont été fujets immédiats de l'Empire que fous Néron. On voit dans Pline, que Lib. III, cap. 4. Galba ajouta au rôle de la Narbonoife, adjecit formula ex Inalpinis, des peuples dont Dinia, Digne, étoit la ville principale. Auffi eft-elle de la Narbonoife dans Ptolémée; & c'eft une des cités des Alpes Maritimes dans la Notice des Provinces. Mais, il est évident, en lifant Pline, que ce qui a compofé la province des Alpes Maritimes, & celle des Alpes Gréques & Pennines, fut & 20. antérieurement joint à l'Italie. Pline nomme comme faifant partie de l'Italie, Octodurenfes dans la Vallée Pennine, Centrones, & Caturiges, les peuples de l'Etat de

*C

Lib. III, cap. 5.

mis

Cottius; fur la côte, Nicaa, & portus Herculis Monaci; & enfin les Vediantii, Deciates, & Oxybii: & après avoir rapporté l'infcription du Trophée des Alpes, qui eft un dénombrement des peuples de ces montagnes foupar Augufte; il finit par dire: Hac eft Italia, diis facra; hæ gentes ejus, hac oppida populorum. C'eft par Lib. III, cap. 1. la même raifon que Ptolémée comprend dans l'Italie, les Centrones, & Caturiges, Brigantium en l'attribuant aux Segufini, les Nerufii, Suetri, Vediantii, & les villes de la côte, qu'il donne aux Marfeillois.

En formant les provinces des Alpes Maritimes, & des Alpes Gréques, & en les incorporant à la Gaule, on n'a fait que lui reftituer ce qui lui appartenoit com me de droit naturel. La fupériorité que les métropolitains d'Arles fe font arrogée fur l'églife d'Embrun, & qui n'a ceffé d'avoir lieu que dans le neuviéme fiècle, celle des métropolitains de Vienne fur l'églife de Tarentaise, font des indices que ces églifes dès leur fondation tenoient à la Gaule. La première eft celle de la métropole des Alpes Maritimes, la feconde des Alpes Gréques. Les cités qu'indique la Notice dans la première de ces provinces, fous Ebrodunum, ville des Caturiges, font, Dinia, Rigomagus, ou plutôt Caturigomagus, Sollinienfes, ou plutôt Salina, comme on peut le conjecturer, Sanitium, Glannativa, Cemenelium, & Ven tium. Quant à la province des Alpes Gréques, au nom de laquelle eft joint celui des Alpes Pennines, la Notice n'y fait mention que de deux cités, Darantafia des Centrones, & Octodurus des Vallenfes, ou des habitans de Vallis Pennina, dont le fiége épifcopal eft aujourd'hui à Sedunum, ou Sion. On ne trouve point dans la Notice Augufta Prætoria des Salaffi. Cette ville, fituée au delà de l'Alpis Graia, eft demeurée à l'Italie, quoique le fiége d'Aoufte foit fuffragant du métropolitain de Monftier en Tarentaise.

Passons aux provinces Aquitaniques. On ne fçauroit

dire précisément ce que comprenoit la province d'Aquitaine, lorsqu'il n'y en avoit qu'une qui fût diftincte de la Novempopulane. Si l'on fuppofe qu'elle embraffoit dans fon étendue tout ce que contiennent l'Aquitaine première & feconde, on la trouve bien vafte vis-à-vis de la Novempopulane. Ammien-Marcellin, qui ne connoît qu'une Aquitaine, y fait mention de Burdigala, Arverni, Santones, & Pictavi. On a vu ci-deffus, que Bituriga, felon lui, étoit de la Lionoife première: fur quoi on peut obferver, que dans la divifion de l'Aquitaine en deux provinces, celle qui a été intitulée prima ayant Bourges pour métropole, il semble que fi Bourdeaux avoit occupé le premier rang dans l'Aquitaine lorfqu'elle étoit unique, le titre d'Aquitaine première étoit dévolu à la province dont elle étoit métropole. Mais, en paffant par-deffus ces confidérations, la Notice des Provinces indique pour cités fous la métropole de Bourges, Arverni, Rūteni, Cadurci, Lemovices, Gabali, Vellavi, & celle d'Albiga. Cette dernière, comme l'on fait, a été élevée à la dignité de métropole en 1680, ayant pour fiéges fuffragans les anciennes cités de Rodez & de Cahors, Vabre & Caftres qui ne font évêchés que depuis le quatorzième siècle: & parce que c'eft un démembrement de l'Aquitaine première, le métropolitain de Bourges prétend le droit de primatie fur cette nouvelle province Eccléfiaftique Quant à la feconde Aquitaine, on voit fous fa métropole Burdigala, la cité des Nitiobriges ou Aginnum, celle des Santones, Pictavi, Petrocorii, & Ecolifma ou Iculifna.

On eft prévenu en général que la Novempopulane répond à l'Aquitaine dont parle Céfar. Plufieurs des peuples Aquitains, qui font nommés dans le troifième livre des Commentaires, ne paroiffent point du nombre de ceux qui ont donné lieu à ce nom de Novem

populana, ou fimplement de Novempopuli, comme plufieurs auteurs l'ont employé. On lit Novempopulania dans une ordonnance d'Honorius au Préfet du Prétoire des Gaules. Il eft difficile de fçavoir, comment on doit diftinguer neuf peuples dans le nombre de douze cités que la Notice des Provinces donne à la Novempopulane. Cependant, en remarquant que la cité des Aufci s'y trouve rejettée au dernier rang, je fuis tenté de croire que ce ne peut être que par addition, vu que féparément cette place inférieure ne convient point à ceux que Méla appelle Aquitanorum clarifimos: qu'ainfi, & lorsqu'on a fait état de novem populi dans l'ancienne Aquitaine, les Aufci étoient liés & ne faifoient qu'un avec les Elfates, comme il est arrivé que leur nom les a remplacés dans le premier rang. Du-refte, nous devons regarder fans difficulté comme des cités d'anciens peuples, celle d'Aquenfis, capitale des Tarbelli, de Vafates, de Turba chez les Bigerrones, de Convena, de Conforanni. Jufque-là nous en comptons fix. Il y en a quatre autres dans la Notice, qui font à préférer à une cinquième, qu'elle admet dans la Novempopulane fous le nom de Boates. Ces quatre cités font, Lactora, Beneharnum, Aturus, & Not. Galliar. Îluro. M. de Valois ne veut point des trois dernières, alléguant pour raifon que ce font des noms de villes, & non pas des noms de peuples qui foient connus des Géographes. Mais, cette même raison auroit dû l'empêcher d'adopter, comme il fait, les Lactorates. Outre le filence des mêmes Géographes fur Lactora, il est évident que le nom de Lactorates eft formé fur celui de 'Lactora, comme ceux de Benarnenfes, d'Aturenfes, d'Elloronenfes, qu'on trouve dans la Notice, font tirés de Benarnum, ou Beneharnum, d'Aturus, d'Elloro ou Iluro. En excluant ces trois cités, M. de Valois pour y fuppléer, fépare non-feulement les Elufates &

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les Aufci, mais il coupe en deux les Tarbelli, en les
diftinguant de la cité d'Aqua Tarbellica, défignée par
le nom d'Aquitani. Mais, pour qu'Aqua Tarbellica ne
foit pas
la capitale des Tarbelli, & ne les représente
point, M. de Valois auroit dû, ce semble, nous indi-
quer celle qui en prend la place. Il faut convenir que
des quatre cités dont il eft question, on ne peut en
adopter que trois, pour ajouter aux fix antérieurement
reconnues, & s'en tenir au nombre de neuf. Je penfe
qu'il eft indifpenfable d'admettre avec Ladora la cité de
Beneharnum, qui, toute ruinée qu'elle eft depuis en-
viron mille ans, conferve fon nom dans celui d'une
province : & comme les dépendances du peuple de cette
cité dans les premiers tems pouvoient bien s'étendre
ainfi que cette province, jufqu'au pied des Pyrénées,
& renfermer Iluro; la cité d'Aturus, appellée autre-
ment Vicus Juli, paroît tenir lieu d'un neuvième peu
ple dans cette province.

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Il faut en venir aux Lionoises. On a vu par Ammien Marcellin, comine par Sextus-Rufus, que la première

divifion de la Lionoife a été d'en faire deux au lieu d'une. Ammien faifant mention de Turoni, ainfi que Lib. X cap 113 de Rotomagus dans la feconde Lionoife, fournit une preuve de ce qu'on jugeroit avoir été naturel, qui eft que cette feconde, lorfqu'il n'y en avoit que deux, ne confiftoit pas feulement dans ce qui eft refté à la seconde lorfque le nombre des Lionoifes a été de quatre. Et puifque la cité de Turoni, ou Turones, qui eft devenue métropole de la troisième Lionoife, étoit antérieurement comprise dans la feconde, il faut croire que cette feconde embraffoit la troifième, avant que cette troisième eût fon exiftence. C'eft par la même raison, que Senones, qui a été métropole de la quatrième Lio noife, eft de la première dans Ammien : & il réfulte de Cette obfervation, que c'eft la divifion de chacune des

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