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raifon de la dénomination d'Acunum : elle est fonciè rement la même que celle d'Ancona, & tient du terme de cuneus, qui pour être du langage Romain, n'en eft pas moins propre à l'idiome Celtique. Ceux qui ont pris Montélimar, Montilium Adhemari, pour Acunum, ne fe font déterminés que par la confidération que c'eft le lieu qui prévaut fur tout autre dans ce canton, fondement peu folide, & qui ne fert que trop généralement d'appui dans l'application qu'on veut faire des pofitions que donnent les anciens Itinéraires. Mais, il doit être question d'une autre circonftance à l'égard d'Acunum, qui eft de fçavoir s'il faut y rapporter Acufion, que cite Ptolémée comme une colonie, & comme étant du diftri&t des Cavares. Lucas Holftenius eft de cette opinion, dans fes annotations fur le Tréfor géographique d'Ortelius; & j'avoue que n'ayant d'ailleurs aucune connoiffance de cette ville indiquée par Ptolémée, j'incline vers le même sentiment. Si la pofition d'Acunum ne paroît qualifiée que manfio dans l'Itinéraire de Jérufalem, elle n'eft point déprifée par cet endroit, puisque plufieurs autres (comme on peut citer Hebridunum ou Ebrodunum) que l'on voit dans un rang égal à celles qui font qualifiées du titre de civitas, ne paroiffent qu'avec la même qualification de mansio dans cet Itinéraire. Et fi l'on veut encore objecter qu'Acunum n'eft point renfermé précisément dans le territoire des Cavares, étant plutôt de celui des Segalauni, fépaLib. IV, p. 136. rés des Cavares par les Tricaftini, Strabon fournit un moyen de réponse, en difant que les anciens habitans de cette contrée d'au-delà du Rhône à l'égard des Arecomici, font compris en général fous le nom de Cavares. Or, cette dénomination peut s'étendre ainfi à d'autres diftri&ts que celui qui appartenoit proprement aux Cavares. Strabon dit même formellement un peu plus haut,

P. 185.

que

les Cavares s'étendent jufqu'à la jonction de l'Isère avec le Rhône. Ce n'eft que par ces allégations qu'on

pourroit

pourroit fauver Pline du reproche de fe méprendre, Lib. III, cap. 4. felon la manière dont on lit dans les éditions, in agro Cavarum Valentia. Mais, on ne doit attribuer qu'à un défaut de ponctuation, de voir ainfi Valence donnée aux Cavares, comme je le remarque en parlant de Valentia.

51°, 20°.

ADLULLIA. J'écris ce nom comme on le trouve dans la Table Théodofienne, fur la route de Geforiacum, ou de Boulogne, à Samarobriva, ou Amiens. Voyez l'article Duroicoregum. J'ajoute feulement, que par la correction qu'il convient de faire aux nombres de la Table, ce lieu doit fe rencontrer aux environs du paffage de la Canche.

51°, 23°.

ADUATICI. Céfar, après avoir remporté une grande victoire au bord de la Sambre fur les Nervii & leurs confédérés, marcha contre les Aduatici, ou Atuatici;

& Dion-Caffius dit précisément qu'ils étoient limitro- Lib. XXXIX; phes des Nervii. Ils confinoient d'un autre côté aux Eburones, puifqu'on lit au cinquième livre des Commentaires, qu'Ambiorix, roi des Eburones, ayant détruit une légion romaine, qui avoit fon quartier dans le lieu où eft Tongres, entra chez les Aduatici, & le jour fuivant chez les Nervii. On peut donc juger, qu'ils habitoient vers le bas de la Sambre fur la gauche de fon cours, fur la frontière de l'évêché de Liége, & dans le Comté de Namur. Sanfon veut même que le château de Namur foit l'Oppidum Aduaticorum, dont parle Céfar. Cette ville étoit fituée fur des rochers, & environnée de précipices, à un feul endroit près, qui n'avoit que 200 pieds d'étendue. Mais, on a peine à croire, qu'une ville, dont Céfar fit fortir près de 60000 ames, fut contenue dans un efpace qui n'occupe en longueur qu'environ 300 toifes, fur 100 dans fa plus grande largeur. On ne conçoit point d'ailleurs que des lignes de

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Comment. I.

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contrevallation qui avoient xv milles ou cinq lieues françoifes de circuit, puiffent convenir aux environs du château de Namur, ferré entre la Meuse & la Sambre, dont Céfar n'auroit pas manqué de faire mention en parlant de ces lignes, lefquelles auroient été coupées & interrompues par le cours de ces rivieres. En faifant ainfi difficulté d'adopter la fituation du château de Namur pour la ville des Aduatici, ce n'eft pas qu'on foit affuré d'une autre pofition. En fe livrant à la conjecture, on voit fur la Mehaigne, qui traverse le pays qu'ont occupé les Aduatici, que l'emplacement élevé du lieu dont le nom eft Falais, & qui eft prefque entouré par cette rivière, & par des ravines profondes felon la topographie du pays que j'ai devant les yeux, pourroit représenter l'affiette de la ville dont il s'agit. Au-refte, il n'eft plus fait mention des Aduatici depuis la conquête des Gaules par Céfar. Il nous apprend, qu'une troupe de Cimbres & de Teutons, qui n'avoit point accompagné le gros de ces nations, avoit formé celle qui existoit de fon tems fous le nom d'Aduatici..

47°, 23°.

ÆDUI. Ils étoient les plus célèbres des Celtes, feLib. III, cap. 2. lon l'expreffion de Méla; clariffimi Celtarum. Céfar témoigne, qu'ils avoient joui en tout tems de la plus grande autorité dans la Gaule; omni tempore totius Gal liæ principatum Adui tenuiffent: & qu'ils mériterent le titre de frères & d'alliés du peuple Romain; Æduos fratres confanguineofque fæpè numerò ab Senatu appellatos. Ils furent les premiers admis dans le Sénat, en confidération de l'ancienneté de leur alliance, & de cette prérogative de fraternité avec le peuple Romain, qui les diftinguoit entre tous les autres peuples de la Gaule. Tacite s'en explique ainfi : primi Edui fenatorum in urbe jus adepti funt. Datum id fæderi antiquo, & quia foli Gallorum fraternitatis nomen cum populo Ro mano ufurpant. Pline les qualifie du titre de confédérés,

Annal. Il

Hedui fœderati. La puiffance des Edui répondoit au Lib. IV, cap. 18. rang qu'ils tenoient. Leur territoire comprenoit, avec le diocèfe d'Autun, ceux de Challon, de Mâcon, & de Nevers, qui en font autant de démembremens. Ils avoient dans leur dépendance, inter clientes, les Segufiani, les Infubres, les Ambarri, les Aulerci Brannovices, les Mandubii; & après la défaite des Helvetii par Céfar, ils reçurent chez eux les Boii, & les incorporerent à leur cité. On peut encore remarquer, que les Edui font diftingués par leur richeffe : Tacite par- Annal. III. lant de la révolte de Sacrovir; apud Eduos major moles exorta, quantò civitas opulentior. Dans Tite-Live, comme dans Pline, le nom des Edui fe lit Hedui: mais, il faut en croire le rhéteur Eumène, qui profeffoit l'éloquence à Autun, fur la manière dont ce nom doit être écrit: & on peut citer en même-tems une infcription rapportée par Reinefius, fur laquelle on lit apud Æduos Class. In & Lingonas. Strabon auroit dû placer les Edui entre l'Arar, ou la Saône & la Loire, au lieu de les placer entre la Saône & le Doux.

44°, 25°.

ÆGITNA. Polybe cite la ville des Oxybii fous le Excerp. legato nom d'Egitna, à laquelle on abordoit par mer; & fe&t. 14. comme Strabon fait mention du port Oxybius, il y a Lib. IV, p. 185. toute apparence que ces lieux ont entr'eux une liaifon mutuelle. On peut voir dans l'article Oxybii, quel eft le canton qu'il convient de leur attribuer ; & quoiqu'on ne foit pas affez inftruit pour pouvoir déterminer une pofition qui foit précisément celle d'Egitna, on ne fçauroit prefque douter qu'elle ne convienne aux environs de la plage de Canes, & de ce qu'on appelle communément Goulfe-Jan, ou Gourjan, vis-à-vis des ifles de Sainte-Marguerite. En parlant de l'expédition de Q. Opimius contre les Oxybii, la rivière dont Polybe fait mention fous le nom d'Apros, fur le bord de laquelle ce général romain s'arrêta, avant que de s'a-

vancer à Ægitna, pourroit être celle qui coule en-deçà du Var, & au-delà d'Antibe, & qu'on appelle le Loup. On ne manqueroit pas d'allusion entre la fignification du terme Grec, qui viendroit des Marfeillois, fondateurs d'Antibe, & le nom actuel de ce torrent. 44°, 24°.

'ÆMINES PORTUS. J'ai trouvé beaucoup de diffi culté à fçavoir quelles peuvent être les pofitions citées dans l'Itinéraire maritime entre Toulon & Marseille. L'étude que j'y ai employée me perfuade, qu'il y a du défordre dans cette partie de l'Itinéraire; & c'eft la matière d'une difcuffion, dont cet article fera chargé, quoique fon résultat doive influer fur plufieurs autres. Il m'a paru d'abord, que les dénominations locales fe faifoient connoître fi diftinctement, qu'on ne pouvoit. douter d'acquérir par ce moyen la pofition des lieux représentés par ces dénominations. Comment méconnoître Carfici, ou comme une infcription veut qu'on écrive Carcici, dans le nom de Caffis ; Tauroëntum dans Taurenti. Cependant, l'ordre des lieux dans l'Itinéraire ne répond point à ces pofitions. Car, le lieu qui fuit immédiatement Telo Martius, felon l'Itinéraire, & dont la distance n'eft marquée que XII, ne peut convenir aux veftiges de Tauroëntum, fous le nom de Taurenti, dans la baye de la Ciotat. En féparant Carcici, qui fuccède à Tauroentum, d'avec Immadra, par les ports de Citharifta & d'Æmines, & la fomme des distances que ces. pofitions intermédiaires produifent fe montant jufqu'à 36; ces diverses circonftances de pofitions & de diftances ne conviennent aucunement à Caffis. L'infpection du local me fait voir, que depuis l'enfoncement du port de Caffis jufqu'à l'ifle de Maire, qui eft incontestablement Immadra, on ne peut admettre que 11 à 12 milles: & j'en prends occafion de remarquer, que la diftance qui précède Immadra, ou qui fépare cette pofition d'un autre lieu antérieur quelconque, eft marquée x11

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