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fe développe dans l'article particulier de chacun des lieux qui y ont rapport immédiatement. Sanfon perdant de vue cette direction, a jetté Lemincum dans le Graifivaudan, & je vois que le nom de Lumbin que porte un lieu fitué à mi-chemin de Grenoble au fort de Barraux, lui en a impofé. Quand l'analogie qu'on n'y découvre point, feroit un peu plus évidente, elle ne fe foutiendroit point contre l'identité qui eft entre Lemens & Lemincum. Il faut que M. de l'ffle n'ait pas connu Lemens, en plaçant Lemincum fur l'Isère dans fa carte de l'ancienne Italie.

46°, 19°.

LEMOVICES. Céfar, Strabon, Pline, Ptolémée ; en font mention. Dans Ptolémée, leur nom eft Lomouici, felon le texte Grec, & dans la verfion Latine Limuici. Il s'explique convenablement fur leur fituation en difant qu'ils font avancés dans les terres, & contigus aux Pictones. Je pense que perfonne n'ignore, que le diocèfe de Limoges, renfermant celui de Tulle, qui n'eft pas ancien, ni de grande étendue, & en y comprenant l'extenfion de ce diocèfe au dehors du Limoulin dans la province de la Marche, qui eft propre ment Marchia Lemovicina, repréfente les Lemovices. On peut croire qu'un petit lieu fous le nom de MaisonFeines, à l'extrémité de la Marche vers le Berri, est un indice des anciennes limites des Lemovices du côté des Bituriges. Mais, la répétition que l'on trouve du nom de Lemovices dans le feptième livre des Commentaires, forme une difficulté, qu'il eft plus aifé d'expofer que de réfoudre. Les peuples de la Gaule fourniffant leur contingent de troupes, pour marcher au fecours d'Alife, inveftie par Céfar, les Lemovices font nommés pour armer également comme les Bellovaci, dix mille hommes: Bellovacis (millia) decem, totidem Lemovicibus. On lit quelques lignes plus bas, & à la fuite de plufieurs autres peuples: univerfis civitatibus quæ Ocea

P. 269.

mes,

num attingunt, quæque eorum confuetudine Armorica appellantur, quo funt in numero Curiofolites, Redones Ambibarii, Cadetes, Ofifmii, Lemovices, Unelli, fena. Or, il répugne également de voir les Lemovices répétés, comme de les voir au nombre des peuples maritis'il faut l'entendre des Lemovices qui ont donné le nom au Limousin : & cela paroît d'autant plus étrange, que les Santones & les Picones, quoiqu'ils foient voifins de la mer, ne font point compris dans le dénombrement entre les cités Armoriques. C'eft ce qui a déterminé plufieurs critiques, Jofeph Scaliger, Ciacconius, à rejetter cette feconde mention des Lemovices, & Sanfon eft de même avis. Mais, tous les manufcrits s'y oppofent, & le métaphrafte Grec eft d'accord avec les manufcrits. M. de Valois eft même perfuadé, que S. Quen en écrivant la vie de S. Eloi, & Flodoard en parlant de S. Bafle, ont dû lire dans Céfar il y a plus de mille ans ce qu'on y lit aujourd'hui, parce qu'ils confondent les Lemovices avec ceux qui font indiqués entre les peuples Armoriques. Car, dans ces auteurs il est parlé du territorium Lemovicinum, ou du Limousin, dont S. Eloi & S. Bafle étoient fortis, comme d'un pays compris dans l'Armorique, in partibus Armoricanis; ce qui paroît tirer fa fource de la lecture de Céfar. M. de Valois, & quelques autres fçavans ont cru, qu'on pouvoit remplacer les Lemovices nommés en fecond, par le nom de Leonenfes, qui défigneroit le pays de Léon dans la baffe-Bretagne. En ce cas-là, je pense qu'il conviendroit mieux, pour s'écarter d'autant moins de ce qui eft écrit Lemovices, de lire Leonices, ou même Leonnices, puifque dans la chronique de Robert du Mont-S. Michel, on trouve en quelques endroits LeunActa SS. Ord. num & Leunnenfes. Quoique dans la vie de S. Gildas S. Paul, qui a été évêque de Léon, foit appellé Oxifmorum ecclefia epifcopus, il ne s'enfuit pas en rigueur que le territoire de Léon, fur lequel le nom des Off

S. Bened. Tom. I.

mii

mii a pu dominer, ne fçauroit être défigné fous le nom d'un autre peuple. Nous voyons dans les Commentaires qu'il y avoit des peuples fubordonnés à un peuple plus confidérable, & renfermés dans fon territoire. Au-refte, ces confidérations ne font pas fuffifantes pour fe permettre d'infcrire des Leonices dans une carte de l'ancienne Gaule : & il eft à propos d'ajouter, que dans le paffage de Céfar qui donne lieu à cette difcuflion, les Ambibarii qu'on y voit dénommés, font demeurés inconnus. Car, c'eft deviner avec Sanfon, que de les confondre avec les Abrincatai. Les Cadetes font dans le même cas, fuppofé qu'on ne juge pas convenable de lire plutôt Caleti ou Caletes.

47°, 27°.

LEPONTII. Céfar fait fortir le Rhin des Lepontii ; & je remarque à ce fujet, que la partie des Alpes qui s'étend depuis les fources du Rhône jusqu'au-delà de l'Unter-Rhin, ou du Rhin poftérieur, a été appellée Livinen Alpen, comme la vallée par laquelle descend le Téfin au pied du mont S. Gothard, fe nomme Leventina. Ces dénominations tirent leur origine du nom de Lepontii. L'infcription du Trophée des Alpes, Stra bon, Pline, font mention de ce peuple, & Ptolémée leur donne la ville d'Ofcela, aujourd'hui Domo d'Ofula, qui eft au-delà des monts ainsi que la vallée Leventine, qui s'étend jufqu'à Bellinzone. Mais, les Lepontii tiennent auffi à la Gaule, puifque les Viberi, faifant partie de cette nation, au rapport de Pline, avoient leur territoire dans la vallée Pennine.

44°, 25°.

LERINA. Le nom de cette ifle dans Strabon eft Pla nafia, parce qu'en effet elle eft très-unie & fans hauteurs; ce qui a donné lieu à plufieurs écrivains, depuis l'établiffement du Chriftianifine, à commencer par Sidoine-Apollinaire, de dire, que de cette ifle fi baffe beaucoup de faints perfonnages, qui y ont embraffé la vie

* Fff

inonaftique, fé font élevés vers le ciel comme des montagnes. Elle eft auffi très-refferrée dans fon étendue n'ayant qu'environ 700 toifes de longueur, fur 200 dé largeur. Il en eft mention fous fon nom de Lerina dans Pline, & dans l'Itinéraire Maritime. Toute petite qu'elLib. III, cap. 5. le eft, elle avoit renfermé une ville, felon Pline: in quá (Lerinâ, dit-il, ) Vergoani oppidi memoria. Le nom de Planafia en a impofé à l'hiftorien de Provence, Honoré Bouche, qui veut que Lérin foit la Planafia où Agrippa Pofthume fut relégué, quoique le lieu d'éxil de ce fils d'Agrippa & de Julie fille d'Augufte, foit aujourd'hui Pianofa, peu éloignée de l'ifle d'Elbe, & comme la défigne Dion-Caffius, en parlant de cet exil, voifine de Corfe. L'ifle de Lérin a été plus recommendable par le monaftère de S. Honorat, que par aucune autre circonftance. Le nom de Lerina eft fans difficulté un diminutif de celui de Lero, qui eft une ifle plus étendue, & dont elle n'eft féparée que par un canal d'environ 300 toifes. On comprend même Lérin fous le nom de l'ifle qui la furpaffe en grandeur, quand on raffemble l'une & l'autre en difant les ifles de fainte-Marguerite.:

Lib. LV.

44°, 25°.

LERO. Strabon place à la fuite des iles Stochades celles de Planafia & de Lero, qu'il dit être habitées, Lib. IV, p. 185. & Lero, fituée vis-à-vis d'Antipolis. Pline, qui après les Stachades nomme plufieurs ifles trop obfcures pour qu'on puiffe les diftinguer, s'exprime en finiffant par Lero & Lerina, conformément à Strabon, adverfum Antipolim. Mais, cette manière d'indiquer ces ifles ne doit pas être prife en rigueur. L'Itinéraire Maritime marque xi milles de diftance, entre Antipolis & les ifles Lero & Lerina; & on peut admettre autant de route de mer, ou à peu près, parce qu'en fortant d'Antibe, cette route circule néceffairement autour d'un promontoire fort avancé au large, & dont le nom eft caput

Galupe, felon Vincent de Salerne, moine de Lérin, aujourd'hui la Garoupe. Ptolémée eft encore moins précis que Strabon & Pline fur la pofition de l'ifle qu'il indique feule fous le nom de Lerone, en la plaçant fous l'entrée du Var. L'indication de l'Itinéraire dans l'inter valle de Lero & Lerina, & de Forum Julii, qui eft xxiv, ne péche point par un excès marqué, vu le circuit auquel la difpofition de la côte oblige, quoique l'efpace direct entre le fort de fainte-Marguerite fur Lero, & le point de Fréjus ne paffe guère 14000 toifes. On doit conjecturer que le monastère dédié à fainte Marguerite, dont cette ifle porte aujourd'hui le nom, avoit pris la place du monument confacré à Lero, dont il eft parlé dans Strabon.

45°, 22°.

LESORA MONS. Sidoine-Apollinaire, dans une pièce qu'il adreffe au recueil de fes poèfies:

Hinc te Lefora, Caucafum Scytharum

Vincens, afpiciet, citufque Tarnis.

i

Pline parlant des fromages eftimés à Rome: Nemau, Lib, XI, cap. 427. Senfi præcipua (laus) Lefuræ, Gabalicique pagi. C'est le mont Lofère, d'où fort le Tarn, fur les confins du diocèfe de Mende, qui eft le Gabalicus pagus, & dy diocèfe d'Uzez, qui a fait partie des Arecomini, dont Nemaufus étoit la capitale.

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LESURA FLUV. Aufone en fait mention dans fon poème fur la Mofelle, exilis Lefura: aujourd'hui Lefer, que la Mofelle reçoit fur fa rive gauche, entre Numagen & Bern-caftel.

52°, 22°.

LEVACI. Ils font nommés dans le cinquième livre des Commentaires, entre les peuples qui obéiffoient aux Nervii, qui fub eorum imperio funt. Comme les rivières ont fouvent donné le nom à des cantons, particuliers,, je trouve beaucoup d'analogie entre le nom des Levaci,

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