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Chorogr. de Prov. liv. III, ch. 3.

avec une répétition fuperflue du même nom, & d'une
diftance qui y a rapport. Cette diftance eft xvi, égale-
ment dans l'Itinéraire comme dans la Table, à l'égard
de Segustero: & à l'égard de Vapincum, la Table &
l'Itinéraire font auffi d'accord à marquer xvIII. Ce qu'il
y a d'espace en droite ligne de Siftéron à Gap n'eft que
de 22 à 23000 toifes, dont il ne réfulte que 30 milles
romains. Mais, le coude de la Durance au-deffus de
Siftéron, & l'inégalité du pays entre la Durance &
Gap, doivent allonger fenfiblement la mesure itiné-
raire. Or, le nom de ce lieu paroît devoir s'écrire Ala-
mons, & il fubfifte dans celui du Moneftier d'Alamont,
fur le bord de la Durance. On trouve Monafterium Ala-
monis dans Léon d'Oftie, qui le dit fitué également à
quatre lieues de Gap comme de Siftéron, ce qui con-
vient aux indications précédentes, à une fraction de
lieue près, & quadre généralement parlant à l'eftime
qu'on doit faire de la lieue de ce pays fur le pied d'en-
viron
viron 4 milles romains. Honoré Bouche cite des lettres
d'un comte de Forcalquier, en date de l'an 1193, qui
font mention de caftrum Alamonis. Il eft furprenant que
ce judicieux hiftorien veuille après cela diftinguer Ala-
mons de la position nommée Alarante dans la Table, &
qu'il approuve Sanfon de la placer à Tallard, comme
il l'a fait, féparément d'un autre lieu fous le nom d'A-
labons. De combien faudra-t-il excéder ce qu'il y a de
jufte intervalle entre Gap & Siftéron, s'il faut ajouter
une troisième diftance au-delà des deux précédentes?

50°, 16o.

ALAUNA. On voit dans la Table Théodofienne que ce lieu eft le terme d'une route, étant près de la mer : & on reconnoît cette pofition, ainsi que la dénomination même, dans celle des Moutiers d'Âlonne, qui font deux paroiffes contigues, Notre-Dame & S. Pierre, immédiatement au-deffus de Barneville, où eft un port de marée, de même que le Port-bail, qui n'en eft pas

éloigné. La distance à l'égard de Crociatonum, qui est Valognes, quoiqu'elle paroiffe marquée vii dans la Table, veut être prife fur le pied de xii; & dans la néceffité de fe conformer à ce qu'exige le local, il eft aisé de fubftituer un x à un v, en croifant les jambages du v. On trouvera la même obfervation fur cette diftance dans l'article Crociatonum. Il eft auffi fait mention d'Alauna dans l'Itinéraire d'Antonin, quoique le fçavant commentateur de cet Itinéraire paroiffe douter que ce lieu foit le même dans l'Itinéraire que dans la Table. On peut confulter l'article dont le titre eft Cofedia, pour connoître ce qui concerne la position d'Alauna, relativement à la mention qu'en fait l'Itinéraire, & fpécialement à l'égard de la pofition de Cofedia.

45° 24°.

ALAUNIUM. L'Itinéraire d'Antonin donne une route, qui en la prenant à un lieu connu, comme est Seguftero, conduit à Apta Julia. La même route est tracée dans la Table Théodofienne, & les lieux intermédiaires, à partir de Seguftero, font Alaunium & Catuiaca. La diftance de Seguftero à Alaunium eft marquée XXIV dans l'Itinéraire, XIII dans la Table. Entre Alaunium & Catuiaca l'Itinéraire & la Table font d'accord à marquer XVI: de Camiaca à Apta Julia xv fuivant l'Itinéraire, XII fuivant la Table. Le total dans l'Itinéraire eft 55, dans la Table 42. Or ce qu'il y a d'efpace abfolu & direct entre Apt & Siftéron, felon l'estime qu'il m'eft permis d'en faire, eft d'environ 29000 toifes, dont il ne réfulte guère que 38 milles romains. Ainfi, le compte de la Table eft préférable à celui de l'Itinéraire, parce qu'il lui eft inférieur. Car, quoique la route traverse un pays fort inégal, & particulièrement une chaîne de montagnes, qui s'étend depuis la rive droite de la Durance au-deffous de Siftéron, juf qu'au mont Ventoux, & que l'on nomme les monts de Lurs; toutefois, il eft hors de vraisemblance

2

que

la

GAULE. différence entre la mesure directe & la mesure itiné raire foit autant difproportionnée que de 38 à 55. Cette analyse ne regarde que l'objet général de cette route, & j'avoue qu'elle ne m'inftruit point de la position d'Alaunium en particulier. Je préfume feulement, que la route, en s'éloignant de Siftéron, fortoit des monts de Lurs vers un endroit, dont le nom d'Hofpitalet défigne communément le paffage d'une grande route, le débouché d'un col de montagne, & l'hofpice ou la retraite préparée pour le voyageur dans ce paffage. Les Alpes & les Pyrénées en fourniffent des exemples. Et la dif tance à l'égard de Siftéron fur le pied de x, où la du plication de l'x eft un excès manifefte dans l'Itinéraire, fait juger qu'Alaunium ne doit pas avoir été fort éloi gné du lieu défigné ci-deffus. Il coûte peu à Nicolas Sanfon d'attribuer plus d'un nom au même lieu; &, comme fi celui de Forum Neronis ne fuffifoit pas à For calquier, il y ajoute celui d'Alaunium.

45°, 23°.

ALBA-AUGUSTA. La capitale des Helvii eft citée Lib. III, cap. 4. dans Pline fous le nom d'Alba, entre plufieurs autres villes de la Narbonoife. Dans Ptolémée, fon nom eft Albaugufta, par une élifion. Mais, c'eft un étrange déplacement à lui reprocher, que de faire fa pofition plus orientale de trois degrés que l'entrée de l'Ifère & de la Durance dans le Rhône, & de la rejetter au-delà. d'Aqua-Sextia, en tirant vers les Alpes. Il faut attribuer à cette fauffe pofition la conjecture de Surita, que ce pouroit être celle d'Augufta, placée dans les Itinéraires & dans la Table entre Valence & Die, mais qui ne peut fe transporter aux Helvii, dont il eft question dans Ptolémée en citant Albaugufta. Quoique M. de Valois paroiffe perfuadé, qu'Alba-Augufta des Helvii n'eft différente de Viviers que pour avoir changé de nom; quæ Alba primùm dicta eft, pofteà dici cœpit Vi varium vel Vivaria; & qu'il blâme Papire-Maffon de

P. 145

vouloir qu'Alba foit un lieu appellé Alps: on ne peut néanmoins fe refufer à l'évidence des reftes d'une ville, felon l'idée qu'on peut avoir d'une capitale, comme on les voit en ce lieu d'Alps. Il faut fur ce fujet recourir à ce que rapporte M. Lancelot, dans le feptième volume P. 2356 de l'Académie. Quand Grégoire de Tours appelle Viviers, civitatem Vivarienfem, dans un fiècle où le fiége épifcopal des Helvii étoit transféré en cette ville, celle d'Alba n'avoit point perdu la prérogative de capitale dans le tems qui convient à la Notice des Provinces de la Gaule, où civitas Albenfium tient fon rang dans la Viennoife.

44°, 20°.

ALBIGA. Civitas Albienfium eft au nombre des villes de l'Aquitaine première, dans la Notice des Provinces de la Gaule. Il eft mention des Cataphractarii Albigenfes dans la Notice des Dignités de l'Empire, & dans une infcription rapportée par Goltzius. Ainsi, nous n'avons point de notion concernant Albi, que l'on fçache positivement être antérieure à la fin du quatrième siècle, ou au commencement du cinquième. La manière d'écrire Albiga, plutôt qu'Albia, s'est conservée dans le nom de l'Albigeois. Il y a toute apparence que ce territoire avoit dépendu des Ruteni, comme on peut voir à l'article Ruteni provinciales.

53°, 23°.

ALBINIANA. L'Itinéraire d'Antonin & la Table Théodofienne en font mention. La diftance à l'égard de Lugdunum des Batavi, ou de Leyde, eft marquée x dans l'Itinéraire, & on les compte également dans la Table en trois diftances: Lugduno II, Prætorium Agrippina III, Matilone v Albamanis, c'eft ainsi qu'on lit dans la Table. Il exifte un indice de cette pofition dans le nom d'Alfen, fur le bord méridional du bras du Rhin qui fe rend à Leyde. En mefurant ce qu'il y a d'efpace entre le lieu nommé Alfen, & le point de Leyde qu'on

Eratofthenes Batavus.

Lib. IV, p. 263.

appelle den Burght, petite éminence, qui eft l'ancien dunum, je trouve 3150 roues ou verges du Rhin en droite-ligne. C'eft la mefure que me donne une carte fort circonftanciée, intitulée Rhenolandia, dont j'ai pris la précaution de vérifier l'échelle, que j'ai trouvée conforme aux triangles de Snellius, revus par M. Mufchenbrouk. La verge du Rhin étant compofée de 12 pieds du Rhin, & le pied du Rhin, felon la mesure qu'en a donnée M. Picard, d'après l'étalon qui eft à Leyde, étant de 1392 parties du pied de Paris divifé en 1440, la longueur de cette verge eft de 11 pieds 7 pouces 2 lignes. Ainfi, les 3150 verges font 6088 toifes. Mais, cette mesure d'efpace de Leyde à Alfen eft directe, & il y a grande apparence que la chauffée romaine dans cet intervalle fuivoit le cours du fleuve : fon élévation pouvoit fervir de digue contre les inondations, & former le long de ce canal un rempart qui couvroit cette frontière de l'Empire à l'extrémité de la Gaule. En affujettiffant donc la mefure aux circuits du fleuve, je trouve environ 3900 verges, qui valent 7558 toifes. Or, le réfultat de ce calcul eft fingulièrement conforme à ce que valent 10 milles romains, & il faut convenir que le compte des Itinéraires, qui eft également de 10, doit fe rapporter au mille, & que la lieue gauloife y eft étrangere. On trouvera à peu près la même chofe dans l'article qui concerne Prætorium Agrippinæ, dònt la distance de Lugdunum eft marquée 11.

44, 24:

ALBIECI, vel REII. On lit dans Strabon, que près des Salyes font des peuples, qu'il nomme As Aionor. Cet endroit a paru fufpect à Cafaubon : suspectus mihi locus, dit-il dans une note: neque enim Albienfes aut Albiacos ullos reperio. La fufpicion de Cafaubon ne devoit tomber que fur la répétition d'un même nom avec une finale différente. A cela près, il falloit reconnoître un peuple, dont le nom fe lit Albici dans le

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