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Lib. XXI; Sect. 31.

près de Décife que d'Autun. Cette route doit circuler plus qu'une autre, en traverfant un pays auffi inégal & montueux que le Morvan. Cependant, ce qu'il y a d'ef pace en droite ligne n'étant que d'environ 35000 toifes, j'avoue que le compte de 36 lieues gauloifes que donne l'Itinéraire, & dont le calcul eft de 40800 toises, déborde excessivement la mesure directe. Sanfon & ceux qui le copient, confondent la position d'Alifincum avec la pofition d'Aqua Nifineii, donnée par la Table Théodofienne, & qu'il convient de rapporter à Bourbon-l'Anci.

50°, 24°.

ALISONTIA Fl. Aufone en fait mention dans fon poëme fur la Mofelle. C'eft la rivière d'Alsetz qui paffe à Luxembourg, & qui tombe dans celle dont le nom eft Sura dans Aufone, aujourd'hui Sour, laquelle fe joint à la Mofelle au-deffus de Trèves. Marquard Freher a mieux aimé l'entendre d'une petite rivière qui se rend directement dans la Mofelle fous le nom d'Eltz, mais beaucoup plus près de Coblentz que de Trèves, ce qui paroît contraire à cette opinion, parce qu'Aufone affecte en quelque manière de fe renfermer dans les environs de Trèves. D'ailleurs, il eft décidé qu'Alifontia eft la rivière qui paffe à Luxembourg, par des lettres d'un comte Sigifrid de l'an 963: caftellum Lufilinburch, in pago Metingouv, fuper ripam Alfuntiæ fluminis. Il n'y a guère moyen de douter, qu'Alfuntia & Alifontia ne foient le même nom.

46°, 23°.

ALLOBROGES. C'eft une des plus confidérables nations de la Gaule. Tite-live parlant de la marche d'Annibal, qui en remontant le long du Rhône, étoit arrivé au confluent de l'Isère, fur les limites des Allobroges, dit de cette nation, jam indè nullâ Gallica gente opibus aut famá inferior. La retraite & les fecours qu'ils donnerent à Teutomalius, roi des Salyes, vaincus

par

Sextius, & des hoftilités commifes chez les Ædui, alliés du peuple Romain, leur attirerent la guerre de la part de ce peuple, qui vouloit foumettre toutes les nations. Ils furent défaits près de Vindalium par Domitius Ahenobarbus, & reçurent un plus grand échec encore près de l'Isère, dans une bataille que leur livra Fabius Maximus, à qui cette victoire valut le furnom d'Allobrox. On connoît une infcription qui parle du triomphe de Fabius, de Galleis & Allobrogib.: & une autre qui porte, Q. Fabio Maxum. Allobrog. victor. Ces infcriptions fervent à juftifier la manière dont les auteurs Latins, & entre les Grecs Strabon, ont écrit le nom d'Al lobroges. Dans Polybe, Plutarque, Dion, Appien, on lit Allobriges; dans Ptolémée, & dans Etienne de Byzance, Allobrygés par upfilon. L'idée qu'on doit avoir de l'étendue de pays qu'occupoient les Allobroges, em braffe toute la partie feptentrionale du Daufiné, depuis le Rhône au-deffus de Lion, jufqu'aux limites des Segalauni, & des Vocontii, à quoi il faut ajouter la partie de la Savoie qui tient au Rhône, jusqu'à Genève inclu fivement..

46°, 24°.

ALLOBROGES trans Rhodanum. On lit dans le premier livre des Commentaires, que les Allobroges poffédoient des terres au delà du Rhône; trans Rhodar num vicos, poffeffionefque habebant : & pour entendre ce que fignifie trans Rhodanum, il faut fe placer dans le territoire des Allobroges, en forte que ce qui paroît cis Rhodanum à l'égard de la plus grande partie de la Gau-le, foit vu trans Rhodanum à l'égard de ce territoire. Selon le récit de Céfar, les Helvetii ayant franchi le paffage étroit dont il parle entre le mont Jura & le Rhône, s'étoient avancés vers l'Arar, ou la Saône, ravageant chemin faifant le pays qu'ils traverfoient.. Ainfi, c'eft fur cette route que les Allobroges fitués au: delà du Rhône, avoient fouffert une telle dévaftation

P. 608.

Lib. XV.

qu'ils fe plaignent à Céfar, præter agri folum nihil effe.
reliqui. Or, ce qu'on voit ici être réclamé par les Allo-
broges fubfifte encore en partie dans ce que le diocèfe
de Genève conferve dans le Val-Romei, & dans le dif
trict de Châtillon de Michaille. Quoique l'évêché de
Bellei foit actuellement fuffragant de la métropole de
Befançon, on ne fçauroit douter que la partie de ce
Diocèle qui s'étend dans la Savoie, à la gauche du
Rhône, n'ait été fous la main des Allobroges; & il est
plus que
vraisemblable, que ce qui eft fur la droite dans
le Bugei leur appartenoit également. M. de Valois en-
tend par ces terres des Allobroges que dévafterent les
Helvetii fur leur paffage, la partie du diocèfe de Vienne
qui eft au delà du Rhône fur la frontière des Helvii, ou
du Vivarez, au deffous du confluent de la Saône avec
le Rhône. Mais, on a peine à croire que les Helvetii,
dont une partie étoit encore en deçà de la Saône, lorf-
que Céfar les atteignit, fe fuffent portés jusque-là, &
même de ce côté-là, parce que leur marche fut au con-
traire de remonter dans le pays des Ædui, comme on
peut s'en convaincre en fuivant la narration de Céfar
jufqu'à leur défaite.

45°, 25°.

ALPIS COTTIA. Ce paffage des Alpes a pris le nom de Cottius, qui s'étoit fait un Etat indépendant, dans cette partie de la chaîne des Alpes, qui tient un milieu entre les Alpes Gréques & les Maritimes. Il fut reçu dans les bonnes-graces d'Augufte; & on apprend d'Ammien-Marcellin, que pour témoigner fa reconnoiffance, il rendit par de grands travaux les voies plus pratiquables dans les montagnes: in amicitiam Octaviani receptus principis, molibus magnis extruxit, ad vicem memorabilis muneris, compendiarias & viantibus opportunas medias inter alias Alpes vetuflas. Cet Etat formé par Cottius, étoit compofé de douze cantons, Lib. II, cap. 20. vitates Cottianæ XII, felon Pline; qui donne pour raifon

ci

de ce que ces cités ne font point comprises dans l'inf-
cription du Trophée des Alpes, quæ non fuerunt hosti-
les. Car, l'objet de cette infcription regarde les nations
qu'Augufte avoit réduites à l'obéiffance du peuple Ro-
main, fub imperium Pop. Rom. redactas ; & ce qui com-
pofoit le royaume de Cottius, ou fa préfecture, felon
le titre que donne l'inscription de l'Arc de Sufe, ne fut
réduit en province que fous Néron, comme plufieurs
hiftoriens l'ont écrit. L'Itinéraire de Bourdeaux à Jéru-
falem marque le commencement des Alpes Cottiennes à
Embrun, qu'il convient d'y comprendre, puifque dans
l'infcription de Sufe les Caturiges font dénommés entre
les cités foumises à Cottius. Mais, le paffage des Alpes,
fur la route qui conduit de Briançon à Sufe, eft nommé
particulièrement Alpis Cottia dans la Table Théodo-
fienne. Cette montagne porte le nom de Matrona dans
l'Itinéraire de Jérufalem, où on lit à la fuite de Brigan-
tium, inde afcendis Matronam; & Ammien-Marcellin
donne la raifon de cette dénomination, cujus ( Matrona
verticis) vocabulum cafus fœminæ nobilis dedit. Le nom
que porte aujourd'hui le mont Genèvre, eft mons Ja-
nus dans des titres du onzième siècle, & du douzième,
notamment dans le partage des terres de Provence en-
tre les comtes de Barcelone & de Toulouse, qui eft de
l'an 1125,
Ce n'eft pas à beaucoup près une des plus:
hautes Alpes. Le lieu habité fous le nom de mont Ge--
nèvre eft même environné de hauteurs, & voifin d'un
vallon du côté du nord, qui fe nomme vallon de l'AL
pet. Mais, à environ deux milles au delà, on trouve
une gorge très-étroite, où coule la Doria; & un lieu
fitué à l'entrée ne femble avoir été appellé les Clavières.
qu'en y employant le terme de claves, comme étant la
clef de ce paffage qui conduit à Sezane. La Table mar-
que vi entre Brigantium & Alpis Cottia, & v au delà
jufqu'au lieu dont le nom y eft écrit Gadao, & dans l'I-
tinéraire de Jérufalem Gefdao. Cet Itinéraire rafssemble

Lib. XV

P. 349.

Epift. 17.

Hift. lib. IV.

les deux distances en une feule indication, qui eft x. Une carte manuscrite & topographique que j'ai fous les yeux, me fait connoître que la mefure itinéraire paroît trèsconvenable fur le pied d'environ 10 milles, quoique la mesure directe de Briançon à Sézane ne foit guère que de 8: mais, il faut confidérer que c'eft un chemin dans les Alpes. M. de Valois n'eft point entré dans le détail que fournissent l'Itinéraire & la Table. Ce détail le conduifoit au mont Genèvre, & l'auroit empêché de tranfporter l'Alpis Cottia au mont Cenis: noftri, dit-il, Alpem Cottiam, vel Cottianam (vocant) montem Cinifium, le mont Cenis. Il ne peut être queftion du mont Cenis en paffant de la Gaulè en Italie, qu'en fortant de la Maurienne, & non pas en partant de Briançon. Le nom des Alpes Cottiennes n'étoit point encore mis en oubli dans l'onzième siècle. Pierre-Damien écrivant à Adelhaïde, fille de Mainfroi, marquis de Sufe, & femme d'Amédée, comte de Maurienne, la qualifie du titre de duciffa Alpium Cottiarum.

46°, 25°.

ALPIS GRAIA. Elle eft marquée dans la Table Théodofienne, fur la trace de la route qui paffe par Darantafia pour entrer en Italie par Augufta-Pratoria. L'Itinéraire d'Antonin n'en fait point mention dans le détail de la même route. Dans Tacite c'eft mons Graius; dans Cornelius-Nepos (in Annibale) faltus Graius. Pline s'explique fur la fituation d'Augufta-Prætoria, dans le pays des Salaffi, en ces termes: juxta geminas Alpium fauces, Graias atque Paninas: & on voit en que les voies romaines en partant de cette ville traversent l'Alpe Gréque d'un côté, & de l'autre l'Alpe Pennine, c'est-à-dire, le petit & le grand S. Bernard. Ptolémée, qu'il faut approuver d'avoir placé les villes des Centrones dans les Alpes Gréques, eft à blâmer d'y placer également Segufium, Sufe, qui eft au pied des Alpes Cottiennes, & de plus Eburodunum, Embrun,

effet

qui

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