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rum. Il n'en eft point mention dans Méla, qui regarde comme finifter le bras qui conferve le nom du Rhin jufqu'à la mer, & qui est dexter à l'égard du Wahal : ad finiftram amnis, etiam tum, & donec effluat, Rhenus: Mais, en revanche, on doit à Méla une defcription particulière de la branche qu'il prend pour la droite du Rhin: ad dextram, primò anguftus, & fui fimilis ; poft, Lib. III, cap. 2; ripis longè ac latè recedentibus, jam non amnis, fed ingens lacus, ubi campos implevit, Flevo dicitur, ejufdemque nominis infulam amplexus, fit iterum arctior, iterumque fluvius emittitur. Cette branche, dont Tacite ne fait point mention ci-dessus, eft l'émanation du Rhin par le canal de Drufus, comme on peut voir à l'article Foffa Drufiana. Selon Pline, plusieurs ifles, outre celle des Batavi, font renfermées entre les embouchures qu'il appelle Helium & Flevum: ita adpellantur oftia, in qua Lib. IV, cap. 15, effufus Rhenus, ab feptentrione in lacus, ab occidente in amnem Mofam fe fpargit; medio inter hæc ore modicum nomini fuo cuftodiens alveum. On voit diftinctement, que la première des deux embouchures dans ce paffage eft le Flevo de Méla; que la feconde eft l'os immenfum de Tacite, fous un nom particulier, fçavoir Helium ; & que la bouche intermédiaire eft la branche du Rhin dont parle Tacite, fervat nomen & violentiam curfus, donec Oceano mifceatur. Il n'y a d'autre remarque à faire, fi ce n'eft que l'expreffion fervat violentiam curfus dans Tacite, ne donne pas la même idée que celle de modicum cuftodiens alveum dans Pline. On conviendra feulement avec Tacite, que le bras antérieur, ou le Wahal, l'emporte fur l'autre, étant latior & placidior. Quoique felon l'état actuel, le Rhin finiffe en dépériffant, il paroît que les Romains, dont il couvroit la frontière, qua Germaniam prævehitur, fentoient un in térêt à maintenir cette branche du fleuve dans fa force, & que ce fut l'objet de Drufus en conftruifant une digue, pour affurer l'écoulement des eaux dans ce canal.. *Zz z ij.

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19.

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Hiftor. lib. V, On voit même dans Tacite, que Civilis fit une bréche à cette digue, pour que la plus grande partie des eaux. prenant fon cours par une pente naturelle vers la Gaule, le canal du Rhin en fût tellement affoibli, qu'il n'y eût plus de féparation entre l'ifle des Bataves & les Germains: diruit molem á Drufo Germanico factam, Rhenumque prono alveo in Galliam ruentem, disjectis quæ morabantur, effudit. Sic velut abaco flumine, tenuis alveus, infulam inter, Germanofque, continentium terrarum fpeciem fecerat. Plufieurs fçavans ont attribué l'ouverture du Leck à cette manoeuvre de Civilis quoique Cornelius Aurelii & Hadrianus Junius portent d'après les annales d'Utrecht, que le canal du Leck, & les digues qui le contiennent, font l'ouvrage des habitans de la Betuwe, vers le milieu du neuvième fiècle. Il eft conftant que le Leck emporte aujourd'hui la plus grande partie des eaux, que le Wahal avoit laiffées au Rhin; & la dérivation qui s'eft faite plus bas à Utrecht, dans le Vecht, qui fe rend dans le Zuyderzée, ou dans le Flevo lacus aggrandi par la mer, caufe un autre. dommage au vieux Rhin. Ce n'eft pas même une circonftance récente, que de le voir devenir à. rien avant que d'arriver à la mer, puifqu'un diplôme de l'empereur Frédéric Barbe-rouffe, dans le douzième fiècle, ordonne, que l'embouchure du Rhin obftruée fera dégagée, & qu'on lui ouvrira un paffage dans la mer. Voilà ce qui peut fervir d'éclairciffement fur ce qui concerne la divifion de ce grand fleuve en plu fieurs bras, & fon écoulement par diverfes embouchures. C'eft une matière qui a donné lieu aux fçavans, divifés dans leurs opinions, de compofer des volumes entiers, de la lecture defquels Adrien de Valois prétend que l'on fort moins inftruit qu'on ne croyoit l'être auparavant. Il faut l'entendre s'expliquer fur ce fujet: De foffis quidem ac de oftiis tanti fluvii, tàm immodica prodentium difcordia eft, tot tamque diverfæ fententia vel.

P. 472.

conjecturæ, tot ex omnibus partibus argumenta; ut postquam ingentes fingulorum ac univerforum libros evolveris, aliorum alios impugnantium, jacturam temporis feciffe te agnofcas, nec ftatuere poffis quid potiffimum fequaris; fed multo quam anteà incertior, multo magis dubius, & in his etiam quæ optimè te fcire putaveras, hæfitans recedas. Il femble néanmoins que les difficultés que M. de Valois relève avec tant de chaleur, font fort applanies par les circonftances qui viennent d'être expofées fans une trop longue difcuffion. Les différends entre les fçavans fur de pareils fujets, n'ont fouvent leur caufe que dans ce que l'étude du local n'y prend pas autant de part qu'elle doit en prendre, & n'accompagne pas affez étroitement les recherches de pure érudition. Malgré les changemens qu'on ne peut douter être arrivés dans la partie inférieure du Rhin, on démêle suffisamment quel a été l'état ancien des lieux, pour pouvoir le concilier avec le rapport des auteurs de l'antiquité, & fçavoir à quoi peut s'appliquer ce que chacun d'eux rapporte en particulier.

A. Gell. lib. X, cap.7.

Sol. cap. 8.

47°, 26°, & 44°, 23°. RHODANUS FLUVIUS, & RHODANI OSTIA. ANI Aulu-Gelle, & Solin, citent Varron, le plus fçavant des Romains, comme ayant compris le Rhone dans les trois plus grands fleuves de l'Europe, en prenant le Danube & le Rhin pour les deux autres. On fent bien que defcendant dans la Méditerranée que plufieurs écrivains Romains appellent mare noftrum, cette rivière a été plus connue, & connue de meilleure heure, que les autres rivières de la Gaule. La rapidité de fon cours a pu faire croire, par allufion à un terme Grec, que le nom de Rhodanus venoit des Grecs établis fur la côte. Pline dérive ce nom d'une ville nom- Lib. III, cap. 4. mée Rhoda, que l'on ne connoît point, & qui étant appellée Rhodanufia par Marcien d'Héraclée, & dans Etienne de Byzance, auroit plutôt reçu fon nom du

Lib. VI.

ram,

fleuve, que de lui communiquer le fien. A cela près; la defcription que Pline fait du Rhône eft convenable en peu de mots: Galliarum fertiliffimus Rhodanus amnis, ex Alpibus fe rapiens per Lemannum lacum, feggnemque deferens Ararim, nec minus fe torrentes, fa& Druentiam. Ce qu'il dit enfuite d'une manière plus circonftanciée qu'aucun autre des auteurs de l'antiquité, fur les embouchures, fera expliqué féparément. Je crois pouvoir me difpenfer de citer Strabon Méla, Ptolémée, fur ce qui concerne le Rhône. La Notice de l'Empire fait mention de la flote du Rhône, Claffis fluminis Rhodani, dont le commandant étoit établi à Vienne, ou à Arles.

44°, 23°.

Je viens à l'article concernant les bouches du Rhône en particulier, & qui demande de la difcuffion. Les anciens ont varié fur le nombre de ces bouches, comme fur celles de plufieurs autres fleuves qui fe partagent en Lib. III, p. 183. divers bras pour se rendre dans la mer. Polybe, felon Strabon, reprenoit Timée d'en compter cinq, n'en reconnoiffant que deux. Artémidore en connoiffoit trois; & Pline diftingue en effet trois bouches par des noms Lib. III, cap. 4. particuliers: Libyca appellantur duo (Rhodani ) ora modica: ex his, alterum Hifpanienfe, alterum Metapinum: tertium, idemque ampliffimum, Maffalioticum. Marcianus Capella en parle de même. Ptolémée ne diftingue que deux embouchures, l'occidentale & l'orientale: mais, on peut regarder comme une troisième bouche du Rhône, le canal qu'il prend pour celui de Marius, & qu'il indique avant que d'arriver à la bouche occidentale, en procédant, comme il fait, d'occident en orient. Si l'on applique aux embouchures que défigne ainfi Ptolémée, les noms qu'on trouve dans Pline; l'embouchure orientale, & par conféquent la plus voifine de Marseille, eft l'oftium Maffalioticum; l'occidentale représente l'oftium Metapinum, & la troisième l'oftium

Hifpanienfe. Il n'y a rien de moins équivoque que la méprise de Ptolémée, en confondant cette troisième bouche avec le canal de Marius, comme on peut voir à l'article intitulé Foffa Mariana. L'oftium Maffalioticum s'y trouve fixé par la diftance de xvi milles, que l'Itinéraire maritime indique entre le canal & cette bouche, qui eft appellé Gradus Maffilitanorum dans cet Itinéraire. Le terine de Gradus pour défigner les entrées du Rhône, n'eft point particulier à cette rivière : il lui est commun avec plufieurs autres, fur les côtes d'Espagne & d'Italie, où il fe prononce Grao, & Grado. Je crois pouvoir me dispenser d'entrer en difcuffion fur le fens propre & métaphorique de ce terme, au fujet duquel M. du Cange fe refufe à ce que propofe Surita dans une Alexiad. p. 313. note fur l'Itinéraire maritime. On voit dans AmmienMarcellin, que la mer dans laquelle s'ouvrent les bouches du Rhône, étoit appellée finus ad Gradus. Les changemens arrivés dans ces embouchures peuvent mettre de la difficulté à reconnoître les anciennes. Un bras qui fous le nom de Paffon étoit considérable il y a un fiècle, avoit été abandonné par le Rhône fept ou huit ans avant le tems où Honoré Bouche compofoit la Cho- Liv. I, ch. 5. rographie, qui précède fon histoire de Provence. C'est lui-même qui le témoigne, en difant, que le fleuve s'étoit porté tout entier dans un autre canal fur la droite en defcendant. Or, ce même canal, que l'on nomme Bras de fer, a perdu depuis ce qu'il avoit gagné fur le canal de Paffon, la plus grande partie des eaux du Rhône ayant repris leur cours fur la gauche, & formant aujourd'hui ce qu'on appelle le canal des Lofnes. L'indication de 16 milles entre Foffa Mariana & Gradus Maffilitanorum, ne fçauroit convenir au déboucheinent du Rhône dans la mer par l'ancien Gras de Paffon, ou par le canal actuel des Lofnes, parce que l'efpace n'eft pas fuffifant. Pour trouver les 16 milles, il faut arriver au débouchement du canal appellé Bras de fer, dont la

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