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nombre de quatorze peuples: & Strabon lui-même, dans leur dénombrement n'en fait compter que douze, encore qu'il y joigne les Helvii, qu'il enleve à la province Romaine ou Narbonoife, & à tort vraisemblablement; car, Pline & Ptolémée les y maintiennent, dans un tems où l'on ignore qu'il eût été fait du changement dans les limites refpectives de la province Aquitanique d'Augufte, & de la Narbonoife. En ôtant les Helvii dans Strabon, on peut leur fubftituer les Bituriges Vivifci, qu'il a omis, & qui, de fon aveu, étoient étrangers à l'égard des Aquitains. Les peuples que nous connoiffons avec certitude avoir été joints à l'Aquitaine par Augufte, font, les Pictones & Santones, les Bituriges Cubi & Vivifci, les Lemovices, Petrocorii, Nitiobriges, Cadurci, les Arverni, Vellavi & Gabali, les Ruteni dont une portion étoit renfermée dans la Narbonoife. Du refte, nous voyons bien par la Notice des Provinces, lorfque la Gaule en comptoit dix-fept, que l'Aquitaine première & feconde renferment le nombre de quatorze cités : mais, dans ce nombre il s'en trouve deux, civitas Albienfium, & civitas Ecolifmenfium, qui ne tirent point leur nom de quelque ancien peuple, qui foit connu dans les tems plus voisins du fiècle d'Auguste que cette Notice.

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Ibid

Pour ce qui eft de l'ancienne Aquitaine, on ne peut guère s'en expliquer avec quelque détail, que felon qu'elle a compofé une province diftincte & féparée fous le nom de Novempopulane, dont je remets à parler lorfqu'il fera qeuftion de la division de l'Aquitaine en plufieurs provinces. Pline attribue le nom d'Aquitaine à un peuple particulier: Aquitani, undè nomen provincia. Lib. IV, cap. 19 Ce pays paroiffant recommandable par fes Eaux minérales dans la partie voifine des Pyrénées, plufieurs ont penfé qu'il en pouvoit tirer fa dénomination. Si nous en

croyons Pline, il étoit antérieurement appellé Aremo- Lib. IV, cap. 17 vica; & fa fituation près de la mer répond au fens qui

Lib. II, cap. 2.

Lib. IV, cap. 19.

Cap. 17'

eft propre à cette dénomination purement Celtique, & qui n'a rien de commun avec le langage Romain, comme le nom d'Aquitania, en le dérivant d'un terme latin. Quoique l'Aquitaine eût changé de limites, Méla qui écrit dans un tems poftérieur à Augufte, borne encore cette partie de la Gaule à la Garonne : à Pyrenæo ad Garumnam Aquitania. Pline, qui dans le dénombrement des peuples de l'Aquitaine comprend ceux qu'Augufte y avoit fait entrer, n'est point d'accord avec ce qu'il avoit dit auparavant, en étendant la Celtique jufqu'à la Garonne: ad Garumnam Celtica, eademque Lugdunenfis. Car, ce qui pouvoit convenir à l'extension des Celtes du tems de Ĉéfar, ne convient point à la Celtique, en tant que Lionoife. Ammien-Marcellin voulant orner fon histoire d'un détail géographique fur la Gaule, qui fouffre quelque critique en plufieurs points, répète encore, quoique poftérieurement à Céfar de 400 ans, que la Garonne borne les Aquitains: ab Aquitanis (Celtas) Garumna difterminat flumen. Il femble qu'on voie fubfifter une distinction des Aquitains d'avec les Gaulois dans le cinquiéme fiècle, en lifant Dial. I, cap. 20. dans Sulpice-Sévère: dùm cogito me hominem Gallum inter Aquitanos verba facturum, vereor ne offendat veftras nimiùm urbanas aures fermo rufticior. Au-refte, cette délicateffe de langage dont parle Sulpice-Sévère, pouvoit avoir lieu à l'égard des parties méridionales de la Gaule en général, comme étant en plus grande liaison avec l'Italie, qui avoit communiqué à la Gaule la langue Romaine, dont la pureté étoit vraisemblablement moins connue dans les parties plus reculées vers le

Lib. XV.

nord.

Ce ne fut pas feulement du côté de l'Aquitaine que la Celtique perdit de fon étendue dans l'arrangement des provinces de la Gaule par Augufte. Les Sequani & les Helvetii en furent féparés, pour faire partie de la Belgique, Il eft conftant que ces peuples étoient réputés

du

Comment. I

Lib. IV, p. 191.

du corps des Celtes lorfque Céfar entra dans la Gaule, puifqu'en parlant du pays qu'occupoient les Celtes, attingit, dit-il, à Sequanis & Helvetiis flumen Rhenum: & fi les Belges joignent le Rhin, felon Céfar, ce n'est pas vers le haut de fon cours; pertinent ad inferiorem partem fluminis Rheni. D'ailleurs, le nom de Galli dans Céfar convenant fpécialement aux Celtes, c'est ranger parmi eux les Helvetii que de dire, reliquos Gallos virtute (Helvetii) præcedunt. Strabon n'étend la partie de la Gaule foumise à Lion, jufque vers les fources du Rhin, que parce qu'il parle d'après Céfar fans le nommer, comme on le remarque en plufieurs endroits. Mais, il fe trompe, en ce qu'il paroît confondre la partie de la Gaule qui avoit pris le nom de Lionoife, avec l'ancienne Celtique. Car, les Sequani & les Helvetii, qui touchoient au Rhin, font placés dans la Belgique par Pline, & par Ptolémée. Ils y ajoutent même Pl. lib. IV, c. 17. les Lingones, qui dans un tems poftérieur, & lorfque Ptol. lib. II, c. 9à la Lionoife a compofé quatre provinces, ont fait partie de la Lionoife première, qui, fans cette acceffion, auroit été fort limitée. Le pays des Sequani & des Helveayant formé une province, fous le nom de Maxima Sequanorum, Papire Maffon en fe fondant fur l'autorité Not.Epifc. Franc. du faux Ifidore, Jofias Simler, & Joseph Scaliger, fur des Notices peu anciennes & interpolées, font de cette province une cinquième Lionoife, que Nicolas Sanfon à infcrite dans fa carte de la Gaule. Mais, c'est à la fuite des provinces Belgiques & Germaniques, & non à la fuite des Lionoifes, qu'eft placée la grande Séquanoife, dans la Notice de la Gaule que l'on juge avoir été dreffée du tems d'Honorius, & que le P. Sirmond a le premier publiée dans fa collection des Conciles

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de la Gaule. Sextus-Rufus raffemble pareillement la Tom. I. Breviar Maxima Sequanorum avec les deux Germanies & les rer. Rom. lib. XV. deux Belgiques. On trouve de fuite dans Ammien-Marcellin, les deux Germanies, la Belgique première &

*B

Batav. cap. 4.

Hift. lib. IV, Sect. 32.

feconde, les Sequani. Cette grande Séquanoise eft même intitulée Germanía tertia, dans une Notice tirée de la bibliotheque de Thou par André Duchefne."

Quant au détail de ce qui eft renfermé dans la Celtique, ou Lionoife d'Augufte, je pense qu'il se développera lorfqu'il fera queftion de voir cette province divifée d'abord en deux, puis en quatre provinces particulières. Je paffe actuellement à la Belgique. Les Belges, qui felon Céfar, étoient féparés des Gaulois, ou des Celtes, par la Seine comme par la Marne, la Marne, perdirent vraisemblablement fous Augufte deux cités, par lefquelles ils touchoient à la Seine, les Caleti, & les Veliocaffes. Ces deux peuples, que dans Céfar on trouve unis d'intérêt avec les Belges, font compris dans la Lionoise par Pline, & par Ptolémée. Quant à l'extenfion des Belges vers la partie inférieure du cours du Rhin, comme Céfar s'en explique, il paroît que le plus reculé des peuples qu'il ait foumis de ce côté-là, est celui des Menapii, Il nomme pourtant les Batavi comme occupant l'ifle que forment les bras du Vahaĺ & du Rhin; mais, on eft informé qu'Augufte entrete-. noit un corps de cavalerie Batave. Quelques efforts que faffe Hadrianus Junius, pour enlever la Batavie à la Gaule, & pour la donner à la Germanie, il ne détruira point le témoignage de Pline & de Ptolémée; ni ce que dit formellement Tacite; Caninefates, Batavique, exiGalliarum portio. C'eft le cours du bras du Rhin qui en a confervé le nom, qu'il convient de regarder comme la féparation de la Gaule d'avec la Germanie; & je crois qu'Erafme vouloit être Gallus, plutôt que Germanus, parce que le lieu de fa naiffance étoit renfermé dans l'Ifle des Bataves.

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Des quatre priucipales provinces de la Gaule, la Belgique eft la première qu'on ait démembrée, pour compofer de nouvelles provinces. Sa frontière le long du Rhin, exposée aux entreprises des Germains, étoit

gardée par deux corps de troupes, l'un vers la partie fupérieure, l'autre vers l'inférieure. Dion-Caffius, parlant Lib. LIII. du partage que fit Augufte des provinces de l'Empire entre lui & le Sénat, fait mention de la haute & basse Germanie, occupées en deçà du Rhin par des peuples qui avoient paffé ce fleuve; comme on le fçait des Triboci, des Nemetes & Vangiones, dans la partie fupérieure ; des Ubii & Gugerni, qui furent établis dans l'inférieure du tems d'Augufte. Quand l'hiftorien Dion n'auroit parlé qu'en conféquence de ce qui étoit bien établi depuis Augufte, on voit toutefois deux provinces de Germanie fous Tibère, défignées par Tacite, en difant, qu'Apronius, inferioris Germaniæ proprætor, vexilla Annal. lib. IV. legionum è fuperiore provincia accivit. Quoique Pline Sect. 73. ne parle point des provinces de Germanie, & que dans un dénombrement il mêle indiftinctement avec les peuples qui étoient reftés à la Belgique, ceux qui compofent l'une & l'autre Germanie: cependant, il eft remarquable qu'il prend l'Escaut pour un des termes de la Belgique; la renfermant entre cette rivière & la Seine : à Scalde ad Sequanam Belgica. Ptolémée a connu deux Lib. IV, cap. 17. Germanies, la fupérieure & l'inférieure, qu'on a diftinguées depuis, comme les autres provinces de la Gaule, par l'adjectif prima & fecunda. Selon des infcriptions du recueil de Gruter, les deux Germanies réunies avec la Belgique, paroiffent régies par le même officier, dont le titre & l'emploi font ainsi désignés par une de ces infcriptions: Proc(urator) à rationib. provinciarum Belgica & duarum Germaniar. Dans une autre infcription donnée par Spon: Proc. ration. privatar. per Belgic. & duas Germ.

:

la

Nous avons ainfi jufqu'à présent fix provinces dans la Gaule la Narbonoife, l'Aquitanique, la Lionoife, Belgique, & deux Germanies. Mais, c'eft une queftion que de fçavoir à quel tems précisément on doit rapporter la division de la Gaule en un plus grand nombre

P. 375. n. xa

Mifcell. Erud.

Antiq. p. 148.

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