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fleurs de fon jardin, & je logeai dans une petite cabane qui étoit au milieu du jardin & entourée de bosquets charmans. J'inftruifis auffi-tôt de cette commiffion Hemet, qui me dit qu'affûrément je plaifois au Balfa, puifqu'il me traitoit fi dou cement, qu'il n'en avoit pas ufé de la forte avec deux Malthois qu'on avoit pris un an avant, & qu'ils avoient été contraints de renoncer à la foi pour éviter laamort cruelle dont il les men'açoit ; qu'il falloit donc que je prifle garde de rien faire qui pûr lui déplaire, & patienter jufqu'à ce qu'il eût trouvé une occafion favorable de me prouver la fincérite de fa tendreffe. En effet, j'étois le plus heureux des hommes, je n'avois autre chofe à faire que de me prome n'er deux fois par tout le jardin,

d'une vafte étendue à la vérité, mais où tout étoit fait pour charmer les fers; chaque endroit avoit fes attraits particuliers, & partout on refpiroit un air doux & voluptueux qui entraînoit infenfiblement au fommeil; c'étoit en cet endroit que le Sultan' amenoit fouvent fa favorite pendant les nuits de l'Eté, Fe Serrail ayant une porte fur če jardin.

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Un jour que je me promenois a mon ordinaire, ayant par hazard levé la tête & regarde du côté du Serrail, qui avoit auffi des fenêtres fur le jardin, je vis avec admitation une femme trèsbelle qui me regardoit m'arrêtai pour la mieux confi. dérer, & jy découvris tant de graces, que j'en devins fur le champ éperduement amoureuz je demeurar quelques

je

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minutes comme un homme ravi, & ne revins à moi

que lorf que je vis difparoître cette beauté. Je paffai plufieurs fois, encore le même jour au-deffous des fenêtres du Serrail

mais

elle ne parut plus. Jefus même huit jours fans la voir. Comme je demeurois dans ce jardin, j'avois la liberté de in'y promener jour & nuit. Un foir donc qu'une petite indifpofition m'avoit ôté l'appétit, il me prit envie de faire un ou deux tours, quoique l'obfcurité fùt grande. Je repaffois mes malheurs en moi-même; mais loin de me remettre, mon mal augmenta, & je fus obligé de m'affeoir dans un des bocages voifins de ma cabane, l'idée de la belle perfonne du Serrail qui me vint dans l'efprit, acheva de le troubler, quand je fis réflexion qu'elle ne fe mon

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troit plus.Cette nuit l'air étoit li ̧ ferain, qu'on entendoit jusqu'à la moindre agitation des feuilles. Je m'occupois à foupirer quand j'oüis marcher quelqu'un près de moi je prêtai l'oreille avec attention, curieux d'apprendre qui pouvoit être dans ce jardin à une telle heure, & entendis dire, affoïons-nous ici, Zara, nous ne pouvons trouver un endroit plus charmant. Mde, répondit celle à qui on venoit de parler, vous ne fongez pas apparemment que nous fommés içi près de la demeure du galand chaffe-mouches de votre époux. Je le fçais, dit l'autre, mais il n'y. a rien à craindre, car fans dou te qu'il dort maintenant. Zara> fe rendit à l'avis de la Sultane, (car c'étoit-elle même) & elles s'affirent je fus très-furpris d'entendre des femmes dans un

vous eft venu rendre vifite figalamment habillé : je le croirois affez, car je vous ai trouvée ce matin un air riant que je ne vous ai jamais vû ; que tu es maligne, dit la Sultane, tu ne te plais qu'à m'entretenir de ce Bafla pour lequel tu connois mon averfion, & qui la nuit dont tu me parle, s'eft retiré irrité au dernier point de ma froide réception. Ah! Zara, Zara, un peu de complaifance, je te prie, ceffe de me fatiguer l'efprit & ne me parle plus d'un objet qui me fera éternellement odieux, & que je ne favorife quelquefois, que parce que dure néceffité m'y contraint; ce que j'exige de ton affection pour moi, eft de t'appliquer par le moyen de....elle alloit continuer, lorfque malheureufement je remuai tant soit peu,

la

ce

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