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Je ne sçais ce que j'ai, ni ce que je dis. La tête me tourne. Je vais prendre un peu l'air. Adieu Monfieur. (à part) Ciel, peut-on pouffer jufques-là la fourberie & la trahifon.

SCENE XII.

ARISTE, CARLIN.

ARIST E.

U'eft-ce que cela fignifie? Y comprends tu

Q quelque

quelque chofe ?

CARLIN.

Hé parbleu rien n'eft plus clair. Il dit que la tête lui tourne. C'est l'amour qui le rend fou. Cela eft tout fimple. Voilà comme j'étois quand je faifois la cour à Nerine.

ARISTE.

Oh, il n'y a point de folie ici. Dorimon a dans l'efprit quelque idée qui le tourmente.

CARLIN.

a tort, dès que vous êtes fon protecteur. Vous comptez toujours pouvoir déterminer Florise à l'é

pouser?

ARISTE.

Je n'en défefpere pas.

CARLIN.

Voulez vous que j'aille commander les violons?

ARISTE.

Je n'y vois point d'inconvenient.

CARLIN.

Si le mariage manque, nous danferons pour nous confoler. Laiffez-moi faire. Je n'aurai pas de peine à trouver des Muficiens. Il y en a tant aujourd'hui.

V

SCENE XIII

ARISTE,

FLORISE.

FLORIS E.

Ous voilà donc à. la fin. En verité, Ariste¿ vous devenez fi rare qu'il faudroit bientôt se déterminer à vous aller chercher.

ARIST E.

Ah, Madame, il ne manqueroit que cela à l'honneur de votre amitié

vain de tous les hommes.

, pour me rendre le plus

FLORIS E.

Paffer trois jours fans venir chez moi ! cela ne vous eft pas encore arrivé.

ARIST E.

C'eft une raison pour que vous me le pardonniez ; des affaires imprévues en font cause, & vous n'ignorez pas ce que c'eft que des affaires à Paris, on n'y finit rien. Mais enfin me voilà libre, & vous pouvez difpofer de mon tems & de mes foins. Je fouhaite de tout mon cœur qu'ils puiffent vous être utiles.

FLORIS E.

Vous voir & vous entretenir, eft tout ce que je veux de vous actuellement. Vous favez bien que je n'ai point d'affaires.

ARIST E.

Excufez-moi, belle Florife, vous en avez, & des plus férieuses, & je ne voudrois pas en avoir de pareilles.

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FLORIS E.

Je ne fçais ce que vous voulez dire.

A R STE.

Je vous retrouve plus aimable que jamais, & Dorimon plus amoureux encore qu'il ne l'étoit.

FLORIS E.

Ah, ah, Dorimon ? fi ce font-là les affaires que vous entendez, elles ne m'occupent pas beaucoup. ARIST E.

Tant pis, vraiment, tant pis. Cela eft férieux, vous dis-je.

FLORIS E.

Sur ce pied-là, n'en parlons point. Il nous faut à vous & à moi des sujets gais & rians.

ARISTE.

Celui-là le deviendra, fi vous voulez. Il n'y a que façon de traiter les chofes. Sçavez-vous bien que vous réduifez Dorimon au défespoir ?

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FLORIS E.

Tout de bon ?

ARISTE.

Oui, dans toutes les formes.

FLORIS E.

Effectivement c'est une bagatelle.

ARISTE.

Vous n'avez pour cela qu'un mot à dire.
FLORIS E.

Quoi ! vous prétendez que j'époufe un homme que je n'aime point?

ARIST E.

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Il y a pourtant des gens qui s'en doutent,

FLORIS E.

Ce n'eft pas vous apparemment, vous me rendez trop de juftice.

ARIST E.

En effet ce feroit vous faire injure. Aimer un homme aimable, quel égarement !

FLORIS E.

Je fuis fûre que vous feriez le premier à me condam

ner.

ARIST E.

Certainement.... fi vous aimiez fans vouloir

époufer.

FLORIS E.

Auffi feroit-ce une faute encore plus grande. Oh,

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Pouvez-vous avoir cette diffimulation pour un homme en qui vous avez de la confiance?

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Non, je n'exige point cet aveu ; & je n'en ai pas befoin, Il faut ménager la pudeur des Dames. Tout ce que je fouhaite, c'eft que vous époufiez Dorimon, qui vous aime fi tendrement,& qui mérite que vous faffiez fon bonheur.

FLORIS E.

Fort bien! Parce qu'il lui a pris fantaisie de m'aimer, il faut que je me facrifie pour le rendre heureux.

C

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