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SCENE V.

LE CHEVALIER:

A Llons dans ce defordre affreux,

A mes propres dépens devenons généreux,
Et rendons Bafile à fa mere.

Je fens, en partageant fon état douloureux,
Que fi le fort me met au rang des malheureux,
Je ne fuis pas né

pour en faire.

SCENE V I.

LE CHEVALIER, FRONTIN,

FRONTIN.

AH, Monfieur, fuyons, fauvons-nous,

Toute la trame eft découverte ;

Et déjà le Bailli s'arme pour notre perte!

Bafile eft arrivé.

LE CHEVALIER.

Je le fçais bien.

FRONTIN.

Qui, vous

LE CHEVALIER.

Je l'ai vu tout-à-l'heure.

FRONTIN.

Et vous êtes tranquile ?

LE CHEVALIER.

Pourquoi non?

FRONTIN.

Ce fang froid me fait bouillir la bile:
Le péril eft extrême. Arlequin & Scapin,
Pour s'en fouftraire ont pris la fuite.
Et plus coupables qu'eux, la raifon nous invite
A fuivre leur exemple, & le même chemin.
J'ai fellé nos chevaux, évitons la tempête.
Nous devrions être bottés.

Şi l'amour en ces lieux, un moment nous arrête,
Par la juftice encor nous ferons arrêtés,

De

grace, partons, mon cher Maître.

LE CHEVALIER.

Que m'importe, Frontin, quand on m'arrêteroit?

Va, va,

l'on me relâcheroit

Dès que je me ferois connoître.

FRONTIN.

Ah! d'un espoir fatal, qui vous abuferoit,

N'allez pas, Monfieur, vous repaître.

Je connois les prifons, on peut les comparer
A des marais de terre glaife,

Y porte-t-on le pied? on entre fort à l'aife;

Mais le diable eft de s'en tirer,

J'en ai fait l'épreuve à Falaise.

LE CHEVALIER.

Le Bailli qui fe croit en droit de m'infulter
Sous le titre de fils de Madame Bafile,
En moi fe trouvera forcé de refpecter
Le fils du Marquis de Kerile.

FRONTIN.

Qui-dà. Mais, moi, Monsieur, je m'appelle Frontin
Je fuis votre valet, je vous prends pour arbitre,
A votre avis eft-il certain,

Que le Bailli refpecte & ce nom & ce titre ?
Je ne le crois pas, 'entre nous.
Nos amis échapés bravent les Ordonnances.
On vous en quittera pour quelques révérences
Et moi feul je payrai pour tout.
Je révere fort la Juftice.

Dans ce monde on en a befoin.

Elle parle d'un ton qu'il faut qu'on applaudiffe

Mais ne répondont que de loin.

LE CHEVALIER.

Frontin, je n'ai pû joindre encor Feliciane.
Je ne partirai point qu'elle ne m'ait appris

Pourquoi fa rigueur me condamne

Au tourment d'effuyer fa haine ou fes mépris.

FRONTIN.

Hé de quoi fervira qu'à vos yeux elle expose

Les motifs vrais ou faux, du tour qu'elle nous fait?

Elle ne vous veut point pour époux ; c'est un fait.

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La connoiffance de la caufe

Annullera-t-elle l'effet?

Son refus eft formel, votre congé parfait.

Et

Ne demandez pas autre chose.

Ce tems perdu va nous livrer

Aux mains d'un Juge inéxorable; pour vous être plaint d'un mal irréparable, Nous en effuyrons un que l'on peut réparer. Votre projet eft miférable.

LE CHEVALIER.

Je ne lui parlerai qu'un instant, tu verras
FRONTIN,

Vous l'avez dans la tête, il faut vous fatisfaire.......
La voici. Je vais, moi, me tirer d'embarras.

Vous voulez y refter; ma foi, c'est votre affaire, Adieu, Monfieur.

SCENE VII.

LE CHEVALIER. FELICIANE.

LA BAILLIVE.

FELICIANE.

Enez, Bafile, approchez-vous..

Vil eft tems que l'on vous expofe...

Il

LE CHEVALIER.

Belle Feliciane, en un moment fi doux,
Vais-je de mon malheur aprendre enfin la caufe?
FELICIANE.

Vous m'accufez, Bafile, & fans doute à vos yeur
Je parois raffembler, dans mon ame attiédie,
Tous les traits les plus odieux

Et de l'ingratitude & de la perfidie.

LE CHEVALIER.

Qui, moi, porter de vous un fi faux jugement
Vous n'en êtes point digne, & j'en fuis incapable
Je n'impute qu'à moi votre promt changement,
Et c'est moi feul qui fuis coupable.

FELICIANE.

Vous ne pouvez pas l'être, & je ne le fuis point. C'est le deftin qui nous fepare.

Je dois à fon pouvoir bifare.

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