le torrent des mauvais exemples concourent également à en combattre, & à en décréditer la fainte févérité. Combien, qui livrés à une ignorance volontaire, redoutent la prétendue prolixité des livres & des fermons, qui pourroient les inftruire! L'ennui & le dégoût, qu'ils trouvent à lire, & à entendre ce qu'ils n'aiment pas, les entretiennent dans cette ignorance, qui les rend les efclaves fi tranquilles de leurs paffions. La briéveté de ces Lettres eft un pieux artifice pour exciter une innocente curiofité. Il pourra heureusement fervir à les tromper, pour les détromper encore plus heureusement. Les rayons de la foi, qui s'offrent ici tout d'un coup, fimplement, & fans art, pourront plus aifément diffi per les ténébres de ces hommes ennemis des inftructions, & contribuer à les rendre victorieux de leurs vices. La morale de l'Evangile n'est pas moins étendue que fainte. Elle renferme des remédes propres aux maladies de l'ame, qui font en plus grand nombre par leur variété, comme elles font plus dangereufes que les maladies du corps. Que de perfonnes qui, quoiqu'éclairées, ne fçavent, ou ne veulent pas fe donner la peine de faire l'application de leurs lumiéres aux infirmités fpirituelles auxquelles elles font fujettes, ou dans lefquelles différentes circonftances peuvent les engager! Il y en a peu, qui fçachent fe dire à eux-mêmes, fur-tout dans des occafions critiques & difficiles, A ce qu'ils feroient en état de dire aux autres. Ce petit Recueil pourra obvier à cet inconvénient par le détail circonftancié qu'il renferme, des vérités propres aux différens cas, où l'on peut fe trouver. Si celui qui feul donne l'accroiffement à ce que fes Miniftres plantent & arrofent, daigne répandre ses bénédictions fur cet effai, on pourra l'augmenter, en donnant au Public d'autres volumes compofés fur le plan de celui-ci. Ils formeront un traité de Morale, qui contiendra ce qui peut contribuer à la perfection de la piété, en faveur des perfonnes foit religieufes, foit engagées dans le monde. LETTRES DE PIÉTÉ. LETTRE PREMIERE. Quelle est l'utilité de la direction des Ames par le fecours des Lettres de Piété, & comment il faut mériter de mieux connoître fes défauts en fe corrigeant de ceux que l'on connoît. ES Confultations, & les Réponses par écrit, M. me femblent avoir quelque cho fe de plus précis, de plus clair, & A de plus sûr. Il y a moins à craindre pour l'amour propre, quand on fe parle fans fe voir. Les fens étant moins diftraits, l'efprit & le cœur font plus libres pour la connoiffance de la vérité. On fe livre à la lumière toute feule, lorfque l'impreffion n'en eft pas diminuée par la préfence de celui qui la montre, & le fruit eft plus folide, lorfqu'on a le moyen de reçevoir, autant de fois qu'on peut lire, des avis, qui, donnés de vive voix, ne font ordinairement que paffer. Si vous avez quelque tort dans cette occafion, M. c'eft d'avoir été fi long-temps fans vous expliquer. La Médecine ne remédie point aux infirmités qu'elle ignore, des playes cachées ne fçauroient recevoir l'application des remédes falutaires, & rien ne contribuë plus à faire empirer le mal, que la timidité à le découvrir. La connoiffance du mal fait la moitié de la guérison, fur-tout pour les maladies fpi |