Imágenes de páginas
PDF
EPUB

un martyre inutile, & même nuifible, parce que rien n'eft plus contraire à la piété. Nous vous prefcrirons ce que vous aurez à faire. Mon attention pour vous fera des plus exactes. Et comme le Seigneur vous a déjà fait comprendre qu'il faut de la docilité; j'efpere que vous répondrez à fa volonté, qui se manifefte par les régles que l'Eglife a éta

blies, & dont nous fommes inftruits pour vous les marquer felon vos befoins. Notre Dieu n'eft pas un tyran, fon joug n'eft pas cruel, ni fes loix meurtrieres; il demande le cœur, une intention pure, des efforts continuels pour lui plaire; mais il défend les inquiétudes, les troubles, les foins exceffifs, & les précautions outrées au fujet de l'accufation des fautes. Pour ce qui eft des fautes-mêmes, nous vous donnerons des régles pour diftinguer celles qui excluent de la Communion, & qui demandent avant que de communier

le Sacrement de Pénitence, d'avec celles qui font effacées par la douleur, & qui même, quand elles ne feroient pas effacées, n'excluent pas de la Communion, & ne la rendent pas mauvaise.

Le Seigneur vous fait trop de graces, pour fouffrir que vous les prodiguiez ; & il vous a donné un trop bon cœur, pour ne pas s'en affurer la poffeffion & le facrifice. Tant de rayons qui vous environnent, ne feront pas changés en ténébres, & Dieu ne rejettera pas une ame qui lui eft fi chére; il veut prendre dans cette ame les plus pures délices; il s'attend que vous ferez beaucoup pour fa gloire; que vous répondrez aux avances dont il vous honore; que vous ferez magnifique & généreufe, comme il l'eft pour vous.

LETTRE VIII.

Il faut conferver avec foin les fentimens de componction, & les faire fervir à purifier toujours davantage le cœur de toute affection trop

humaine.

OTRE Lettre, M. m'a d'autant OTRE plus confolé, que je vous ai vûë plongée dans l'heureufe amertume d'une fainte componction. Qu'elles font précieufes les larmes qui coulent d'une fource fi pure! On peut se permettre la douce confolation de penfer que l'on eft fincérement à Dieu, quand on eft inconfolable d'avoir ofé lui déplaire. Rien ne rallume plus vivement le feu de la charité, que les eaux de la Péni¬ tence; l'Amour Divin n'eft jamais plus ardent, que quand on s'afflige de n'avoir

pas aimé celui qui feul mérite de l'être. Confervez avec foin, & augmentez par l'œconomie de votre fidélité, des graces d'autant plus ineftimables, que vous les méritez moins. Ne foyez fenfible qu'aux bontés dont l'Epoux célefte vous honore que l'amour, & la douleur fe fuccédent dans votre cœur, & le pénétrent.Pourriez-vous ceffer d'ê tre touchée d'une miféricorde fi jaloufe, qui vous poursuit avec tant de tendreffe, qui vous ouvre fes tréfors avec tant de libéralité, & qui facile à oublier yos ingratitudes, substituë les careffes aux châtimens, & ne veut triompher de votre négligence, que par les marques les plus fenfibles de l'amour le plus empreffé. Ne femble-t-il pas que Jefus-Chrift ne peut fe paffer de vos hommages, & qu'il lui en coûteroit trop d'abandonner un cœur qu'il s'eft choifi, & où il veut prendre fes plus pures délices. Aimez donc à n'apr

partenir qu'à un fi bon maître ; ferrez toujours de plus près les doux liens qu'il forme pour vous attacher à fon fervice. Réparez vos outrages par des hommages redoublés; ne voyez que Dieu en toutes chofes : & que tout ferve à vous y conduire, bien loin de vous en éloigner; marquez-lui la fincérité de votre amour par votre fidélité à ce que vous lui avez promis, & à ce qui vous eft ordonné; faites fa volonté aux dépens de la vôtre. Faites de fon bon plaifir toute votre fatisfaction, ne craignez pas de vous quitter, pour être à lui fans réferve, ni de mourir à vousmême, afin de ne vivre que pour lui plaire.

Je conviens avec vous, M, que le defir de plaire ajoûte beaucoup à la faute que vous me marquez dans votre Lettre. Vous avez compris mieux que jamais combien le Seigneur eft jaloux de votre cœur ; quel crime c'est que d'en

« AnteriorContinuar »