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votre perfection demande. Que le motif de ne plaire qu'à Dieu, dans l'efpérance de le pofféder, divinife toutes vos actions. Portez jufqu'à la tendreffe votre affection pour Jefus-Christ, le meilleur de tous les Peres, & jufqu'à la ferveur votre fidélité pour un Maître fi grand.

Ne

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pas négliger les pratiques extérieures de piété; veiller fur foi après la Communion. JE fuis bien aife, M. que vous vous

foyez ennuyée aux Thuilleries. Que ne vous difpenfiez-vous de cet ennui. La grande action du matin devoit vous occuper tout le jour. Il faut mettre à profit les graces que le Seigneur vous fait.

Autrement, il se retire: & il punit par fon indifférence le peu de ferveur que l'on a pour lui demeurer uni, & pour gémir en fa préfence. La diffipation & le relâchement font perdre le goût des vérités éternelles ; & Jesus-Christ ne parle plus avec tant de force, ni tant d'attraits: quand on ne l'écoute pas avec une attention conftante, pour lui obéir avec docilité. Les graces fe perdent, quand on ne les met pas à profit par un redoublement de ferveur. On fe trouve affoibli, fans s'en appercevoir. Le penchant pour le monde fe fortifie par le goût que la corrup→ tion du cœur & le Démon y font trouver. La Providence, par des événemens frappans, nous fait entendre des voix extérieures, qui doivent nous rendre dociles à la voix intérieure de la Grace. La mort d'une Dauphine dic bien des chofes. C'eft un bon fermon. On eft frappé; parce que cette mort

eft comme prématurée. Mais en eft-on plus avancé, pour mourir plus tard? Une vie plus longue diminue-t-elle l'Eternité, ou la rend-t-elle plus heureufe? L'impreffion que font ces fortes d'événemens, eft ordinairement fort légére, parce qu'elle eft rapide. L'Evangile & la Grace difent plus que les morts ; & les morts ne touchent pas, quand on eft indocile aux vérités de l'Evangile, & aux mouvemens de la Grace. Le mauvais Riche fe trompoit, de croire que la parole de Lazare mort, feroit plus efficace pour la converfion de fes freres, que les vérités de la Loi & les inftructions des Prophétes.

Votre franchise me fait plaifir. Je serois bien fâché que vous en ufaffiez autrement; j'aime à vous voir profternée, autant que vous l'aimez peu; l'ame fuit ordinairement la fituation du corps. Elle eft comme plus humble, plus touchée, & plus foumife, quand le corps eft ab

ils y

battu & profterné. Telle eft la grace at tachée aux exercices extérieurs; elle n'en eft pas toujours inféparable. Mais fervent beaucoup. Profternez-vous plus que d'autres, parce que votre cœur ne plie pas aifément. La roideur des genoux vient quelquefois de l'inflexibilité du cœur. Une ame touchée, pénétrée, unie à Dieu, exprime volontiers les mouvemens qui l'animent. Tout ce qui marque fes fentimens, eft de fon goût; & tout ce qui peut la rendre plus agréable à celui qu'elle aime, la flatte. On va à Dieu plus par le cœur que par l'efprit; il ne faut faire fervir les raifonnemens du dernier que pour enflammer le premier. Il faut plus faire que penfer, plus marcher que réfléchir, plus exécuter que réfoudre, plus tenir que promettre. La lumiére augmente à mefure qu'on la fuit ; & elle s'affoiblit, à mefure qu'on la néglige. Dieu veut recevoir de nous, à mefure qu'il nous

donne. Nous devons gémir de faire fi peu pour lui, & faifir les occafions de lui faire des facrifices, pour user à fon égard d'un retour,qui fera toujours audeffous de fes avances. Il faut ne pas craindre de s'immoler pour celui, qui s'eft immolé pour nous avec tant de générofité. Dites-lui fouvent: mon Dieu ! que je fuis à plaindre de haïr ce que vous aimez, de vous perdre fi aifément de vûe, & d'être fi peu touchée de ce que vous faites pour moi. Que votre cœur triomphe du mien. Heureufe victoire, qui me foumettant à vous, me méritera votre amour, & vous donnera à moi, parce que je ferai à vous.

Il faut que je finiffe, parce que l'on m'attend au grand Châtelet, pour aller confoler les prifonniers des cachots. Priez bien pour moi, qui fuis toujours tout à vous en Jesus-Christ.

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