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SCENE IV.

MARTON, CIDALISE, ME BASSET.

LV

MARTO N.

Uucille, voftre jeune coufine, voudroit vous parler un moment.

CIDALIS E.

Helas, la pauvre petite perfonne ! je seray bien aifede la voir. Adieu, Monfieur Baffet, que rien ne vous inquiete.

M

BASSET.

Quand on aime comme je fais.....

CIDALISE.

Adieu, Monfieur Baffet.

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HE' bien, ma chere enfant, il y avoit

long-temps que je ne vous avois embraffée. Vous ne me dites mot.

LUCILLE.

Ma coufine au moins je vous prie bien fort de ne point dire à ma mere que je fuis venuë icy.

CIDALIS E.

Pourquoy donc cette précaution? Eft-ce qu'il y a du mal à me venir voir ? LUCILLE.

Hé, mon Dieu, ne fçavez-vous pas fon humeur? elle ne me croit jamais bien qu'avec elle, & pour furcroift encore Cephife vostre tante l'acheve de gâter. Ma mere m'a enenvoyée chez elle, mais j'ay pris ce temps-là pour vous prier de me faire une grace.

CIDALIS E.

J'apprens tous les jours des chofes nouvelles de ma chere tante; Marton, Cephise n'a

pas manqué de parler de moy chez la mere de ma coufine dans fes termes ordinaires. MARTO N.

Sans mentir voila un méchant efprit.
LUCILLE.

Ne luy en témoignez rien, je vous prie.

CIDALIS E.

N'ayez aucune peur : Mais que dit-elle de moy à voftre mere?

LUCILLE.

Oh! ma coufine, je n'oferois vous le dire. MARTON.

Allez, allez, ne craignez rien ; nous fommes accoûtumez à fon langage, car je crois qu'elle ne m'épargne non plus que les autres. LUCILLE.

Ah! vrayment non, elle commence topjours par vous.

Hé bien ?

MARTO N.

LUCILLE.

Hé bien, elle dit que vous eftes la plus méchante fille du monde, que c'eft vous qui entraînez ma coufine dans le libertinage où elle vit que c'est vous qui l'empefchez de fe remarier, parce que tous les Amans vous font des prefens; que vous avez intereft de faire durer ce manége autant de temps que vous le pourrez, puifqu'un mariage feroit

bien-toft ceffer ce commerce. Que fçais-je, moy, je n'aurois jamais fait fi je vous difois tout ce qu'elle dit.

MARTON.

Par ma foy, Madame, avec tout le refpect que je vous dois, voila une impudente carogne.

CIDALISE.

Ne vous contraignez point, Marton, je vous avoüe de tout. Et de moy, ma coufine que dit-elle ?

LUCILLE.

Mais elle dit que vous ne la voulez point croire, que vous ne faites rien qu'à votre tefte; qu'elle s'eft bannie de chez vous, parce que vous vous moquiez de fes corrections que cependant elle avoit pour vous toutes fortes de complaifances; que Yous la traîniez dans tous les plaifirs qu'elle prenoit comme autant de mortifications.

MARTO N.

La fcelerate!

4

CIDALISE.

Aprés, ma coufine?

LUCILLE.

Mais aprés, elle dit que vous donnerez la mort à fon mary; qu'il y a huit jours que vous ne revinftes qu'à huit heures du matin, & que cela joint avec d'autres chofes qu'elle

ne dit point fuffiront pour avoir des moyens de vous punir.

CIDALISE.

Oh! je la mets au pis. Si l'on approfondiffoit fon cœur & le mien, malgré cette vertu dont elle fait tant de bruit, on y trouveroit de terribles differences: Mais, pour fuivez, je vous prie.

LUCILLE.

Mais elle me fait fans ceffe de grands fermons, qui durent deux heures, de ne jamais parler à pas-un homme , que ce font tous des trompeurs.

MARTON.

Hé, d'où diantre le fçait-elle, quelqu'un l'a-t'il jamais voulu tromper ?

LUCILLE.

Ah! vrayment vous n'auriez qu'à luy dire

cela.

CID ALISE.

En fuite, ma coufine?

LUCILLE.

Mais en fuite, je m'endors, & ma merè me donne un foufflet pour me réveiller.

CIDALISE.

Mais, ma chere coufine, je vous en prie; tâchez de vous reffouvenir de toutes les fauf fetez dont elle me noircift.

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