MARTON.. Cela ne devroit pas eftre, Pasquin, mais cela fera. PASQUIN. De forte donc, que je garde les bijoux, que je ne les garde point, j'auray toujours des coups de baston. MARTON. Indubitablement. PASQUIN. Il faut tout garder, battu pour battu, j'aime mieux l'eftre avec les bijoux. MARTO N. Te voila dans le bon chemin. Sors viste, j'entens Madame. Ce maraut là n'a pas le fens commun. A CIDALISE. H! ma pauvre Marton, que je fuis inquiete! MARTO N. Je ne vois rien encore qui vous doive al larmer. CIDALIS E. Mon oncle arrive de chez mon pere. MARTON. Que fait cela? CIDALI SE. Il n'aura pas manqué de fe plaindre de moy. MARTO N. Qu'en arrivera- t'il CIDALIS E. Mon perem'ordonnera de l'aller trouver. MARTON. Hé bien nous irons. CIDALI SE. Et nous y demeurerons, Marton. MARTO N. Ah! voila le diable. CIDALIS E. Nous avons pouffé mon onele un peut trop fort. il MARTON. Il ne faut jamais fonger au paffé, ce qui eft fait eft fait. Pour moy je ne m'en repens point; fi je pouvois avant que de partir laver un peu la tefte à Madame voftre tante, j'en ferois plus legere de moitié; par ma foy fi j'eftois à voftre place, je fçay bien ce que je ferois. CIDALISE. Que ferois-tu ? MARTO N. J'épouferois Erafte dés aujourd'huy. Je ne le puis fans le confentement de mon pere. MARTON. Vous moquez-vous ? N'eftes-vous pas veuve ? CIDALIS E. Cela ne fuffit pas, il faut avoir vingt-cinq ans. MARTON. Je dirois que j'en ay foixante. CIDALIS E. Le mariage ne feroit pas bon. Au bout de l'année vous vous remaririez encore. CIDALISE. Mon pere me desheriteroit, MARTO N. La méchante mafque, que Madame voftre tante; il en faut bien revenir là. CIDALISE. Je t'avoue que fi je pouvois me venger, d'elle avant que de partir, je ne ferois point fi fâchée. MARTON. Comment faudroit-il faire ? CIDALIS E. Mais bien plûtoft, finous songions à l'a doucir. MARTON. Hé! comment? CIDALISE. Il faudroit qu'Eraste l'aimâr, MARTO N. Ou qu'il le feignît, voulez-vous dire. CIDALISE. Qu'il le feignît, ou qu'il l'aimât, tout me feroit égal. MARTON. Vous ne l'aimez donc plus luy ? Je ne fçay. CIDALISE. MARTON. Aimeriez-vous déja ce petit Comte ? Je ne sçay, te dis-je, laiffons cela, fongeons au plus preffé. MARTON.: Hé bien il faudroit, dites vous, qu'Eraste feignît de l'amour pour voftre tante; car pour l'aimer, cela n'eft pas permis. Aprés, CIDALISE. Tâcher adroitement de me mettre de la confidence. MARTON. En fuite. CIDALISE. En fuite elle auroit intereft de me ménager, & nous n'irions point dans ce vilain Château de mon pere. MARTON, Je vais trouver Eraste. CIDALISE. Mais comment feras-tu? nous fommes hortiblement mal enfemble, MARTO N. Bon, bon, vous avez raifon, avec deux mots |