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Guill. de Lorris.

Jean de Mean.

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des meilleurs Poëtes François du treiziéme fiécle. La paffion déréglée qu'il avoit pour une Dame lui fit entreprendre la compofition du fameux Roman de la Rofe, où il femble qu'il ait voulu imiter les Livres d'Ovide touchant l'Art d'aimer, & qu'il en ait voulu étendre les pernicieufes maximes, fous prétexte d'y vouloir mêler un peu de Philofophie Morale.

Mais la mort ayant empêché cet Auteur de continuer fon Ouvrage, un Jacobin (1) Docteur en Théologie, nommé Jean de Meun ou Clopinel, fe chargea quarante ans après de la commiffion de pourfuivre ce Roman (2), & d'y mettre la derniére main ; & il montra effectivement qu'il favoit auffi-bien que Guillaume la théorie de cet Art dangereux. Fauchet prétend (3) que de Lorris & Clopinel font Lorris, & les plus renommés d'entre nos Poëtes anciens; & que ce. Roman fut fi bien reçû dans le Royaume, qu'il ne fut pas poffible aux Théologiens de le décréditer par leurs Sermons & par leurs Ecrits. Ceux qui écrivirent avec plus de fuccès contre

Guill. de

1. Ménage chap. 127. de l'Anti-Baillet fait voir que Jean de Meun n'a point été Jacobin.

2. Si l'on en croyoit Fauchet feuillet 590. de fes Oeuvres, la continuation de Guillaume de Lorris par Jean de Meun commenceroit au 9. vers du 200. feuillet tourné de l'édition de 1529. mais il est évident que c'est au 13. vers du feuillet 78. tourné.

3. V. Fauchet des anciens Poëtes François fol. 589. &fuivans.

De la Croix du Maine dans fa Biblioth. Françoife p. 245. 245.

Jean Gerfon. tom. 4. Operum pag. 922. in-fol.. Ant, du Verdier de Vaupr. dans fa Bibl. Franç. 4. Quoique Paquier chap. 3. du 7. livre de fes Recherches, & page 86. du tom. 1. de fes Lettres dife que Clément Marot entreprit de rendre le vieux langage du Roman de la Rofe plus intelligible, en

un fi miférable Ouvrage, furent Martin le Jean de Franc, natif d'auprès d'Aumale, mais Pré- Meun, vôt & Chanoine de Laufanne en Suiffe qui compofa le Champion des Dames; & Jean Gerfon Chancelier de l'Univerfité de Paris qui fit un Traité Latin plus important & plus folide contre ce Roman, & contre l'Amour déréglé de la créature."

LES Rémontrances des Prédicateurs non plus que les Ecrits des Docteurs, n'ont point eu affés de force pour empêcher qu'on n'imprimât dans la fuite le Ro

n'en mê

me plufieurs éditions, dans lesquelles on a changé les expreffions moins intelligibles (4).

* Le Roman de la Rofe in- 4. Paris 1519. Le Codicille & Teftament de Maître Jehan de Meun in 4. Paris 1509. §. 55

D'ALAIN CHARTIER, au fujet duquel on a parlé des Rimeurs précédens..

Ous avons les Poëfies Françoifes de cet Auteur, & elles font la feconde partie de fes Oeuvres publiées par Mr. Duchefne le Pere l'an 1617.in-4. Mais il y a beaucoup de piéces inférées fous fon nom parmi les fiennes, qu'on lui a attribuées mal-à-propos dès le tems même de Clement Marot, qui nomme entre les autres, la Contre-Dame fans merci; l'Hofpital d'Amours, la plainte de Saint Valentin ; & la Paftourelle de Granfon. Il dit (5) que ce font des Ouvrages tout-à-fait indignes de

fon

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Alain

Chartier

Alain

fon nom, & qu'ils font auffi peu de Chartier que la Complainte de la Bafoche éroit de lui (6). On pourroit y ajouter en core le Parlement d'Amours; & le Dialogue d'un Amoureux de fa Dame..

Après tout cet Auteur n'a jamais dû pasfer pour un fort excellent Poëte, quoiqu'on puiffe dire que perfonne n'avoit encore mieux fait que lui jufqu'alors pour les Vers François. Il ne manquoit pourtant pas de génie, & l'on dit qu'il parloit le mieux de fon tems. Il faifoit même tout l'ornement de la Cour de Charles VII & on n'en peut pas douter après le témoignage public que la Princeffe d'Ecoffe (7) Dauphine de France lui donna par un baifer (8) qui a été confacré depuis dans nos Hiftoires (9).

Mais il faut avouer qu'Alain Chartier réuffiffoit mieux en profe qu'en vers; & s'il a été appellé le Pere de l'Eloquence Françoife, c'eft plûtôt pour fon Curial, & pour fon Traité de l'Espérance qui eft, fe lon Mr. Duchefne, le plus docte & le plus excellent de tous ceux qu'il a faits (10); que pour fes Poëfies qui, felon Mr. Sorel, n'ont pas eu beaucoup d'approbation, & qui d'ailleurs font fort obfcures & fort ennuyeufes (11),

MAFFEO VEGIO,

Ou Mapheus Vegias de Lodi en Lomba die, Poëte Latin, né l'an 1407. vivant fous les Papes Eugene IV. & Nicolas V.mort l'an 1457. (12) ou 1459. ou même beaucoup plus tard felon d'autres.

Efienne Pasquier au livre 5, des Rècherches de la France chap. 18.

10. André Duchefne Préface fur les Oeuvres d'Al. Chartier, qui cite Pierre le Févre dans fon Art de vraie Rhétorique, & J. Bouchet dans fes Annales.

11. Charles Sorel dans fa Bibliothéque Françoife, pag. 250. &c.

12. q. 11 eft dit dans la Vie de Vegius imprimée à la fin de fon Traité de l'éducation des enfans, de l'E dition de Bâle in-8. 154r. qu'il mourut la premiére année du Pontificat de Pie it. d'où il s'enfuit que le Pontificat de Pie ayant commencé le 19. Août 1458 Vegius eft mort cette année ou la fuivante.

J'ai dit que Vegius etant mort la premiere année du Pontificat de Pie II. il faloit que ce fût en 1458. ou 59. Mais j'aurois pu décider que ce fut err 1458. parce que fi ç'avoir été l'année fuivante, Pie IL qui a remarqué dans fes Memoires pag. 57, de

1222.

Nous avons diverfes Poëfies de Maffeo Pr

cet Auteur, dont on peut voir gio. la Lifte dans le Sieur Jerôme Ghilini & dans les autres Bibliothécaires. Elles font toutes Latines, mais elles ne font pas toutes dans un même genre de Poëtie.

Jules Scaliger dit que (13) c'eft un grand Poëte qui mérite d'être reçû favorablement & avec honneur des plus Savans, & qu'il eft d'autant plus eftimable qu'il vivoit en un fiécle où le mérite des belles Lettres étoit encore peu connu. Voffius prétend même qu'entre tout le tems qui s'est écoulé depuis Petrarque jufqu'à Jovianus Pontanus, c'est-à-dire durant plus d'un fiécle, il ne s'étoit point trouvé de meilleur Poëte que Vegius qui fut Dataire du Pape Martin V.(14) vers la fin de fon Pontificat (15).

Les Poëties qui lui ont acquis le plus de réputation, font fans doute fes Epigrammes, & fon fupplément de Virgile auquel il vouloit donner le nom de treziéme Livre de l'Enéïde. Nous avons vû ailleurs que c'étoit fans aucun fondement qu'il s'étoit imaginé qu'il manquoit quelque chofe à cet admirable Poëme, & que tout ce qu'il a prétendu y ajouter eft renfermé dans l'Ouvrage même par anticipation,. qui eft une des maximes de l'Art Poëtique. C'est pourquoi le P. Gallucci blå-mant l'excès de fon induftrie, n'a point trop mauvaise raifon de le comparer à un ouvrier qui voyant un caroffe fort accompli dans toutes fes parties, & qui jugeant néanmoins que quatre roues ne lui fuffiroient pas, voudroit lui en don ner une cinquiéme (16).

Paul Jove n'a pourtant pas fait difficul

P'édition de Francfort 1614. que l'année 1459. fut fameufe par la mort de trois des plus eloquens hom mes de ce tems-là, favoir Jean Aurifpa, Poge Florentin, & Janot Manetti, n'auroit pas manqué, au lieu de trois, d'en compter quatre, par rapport à Vegius, qu'il avoit connu particulierement, & qu'il eftimoit beaucoup.

13. Jul. Cæf. Scaliger Hypercritic. feu lib. 6. Poëti ces cap. 4. pag. 785. & feqq.

14. . Ille fut du Pape Eugéne fucceffeur de Mar tin. Il fut auffi Abbreviateur, & de plus dès l'an 1543. Chanoine de S. Pierre de Rome. Voyés par mi les Lettres d'Eneas Sylvius celle que lui écrit page 745. le nommé Joannes Campifius.

15. Ger. Joh. Voffius lib. fing. de Poëtis Lat:pag. 78

16. Tarquin. Gallutius Soc, J. Oration. 3. de V giHi Allegoria pag. 246,

Maffeo Ve- té de relever cet Ouvrage au-deffus de gio. tous les Poëmes qui avoient paru en Latin depuis la décadence de la Langue. Il prétend que (1) Vegius a effacé généralement tous les Poëtes qui avoient paru depuis mille ans jufqu'alors, c'eftà-dire depuis Claudien fans doute, & il témoigne qu'on n'en doit pas même excepter Petrarque, quoique couronné des Lauriers du Capitole. Il lui trouve l'esprit tout-à-fait Héroïque, & il dit qu'il a heureufement imité Virgile. Et Mr. Borrichius eftime (2) qu'on ne doit point blâmer l'effort qu'il a fait, quoiqu'il foit fort éloigné de fon modéle.

*Maphæus Vegius, Difputatio inter Solem, Terram, & Aurum in-4. Parif. 1611. De Perfeverantia Religionis lib. VII. - De Educatione Liberorum lib. VI. in-4. 1611. Dialogus de Miferia & Felici

tate in-4. Parif. 1511.

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Y. Paul. Jovius elogio 107.

2. Olaus Borrichius Differtation. de Poët. Latin. pag. 107.

Vid. & Hieronym. Ghilin. Theatr. homin. literat. part. 2. pag. 188.

3. J. Il peut bien avoir vécu l'an 1480, mais non pas cette même année-là fous le Duc Galeas-Marie, affaffiné, comme on fait, le 26. Décembre 1476. Mombritius, à la fin de fa Traduction en Vers Latins de la Théogonie d'Héfiode, eft qualifié Patricius Mediolanenfis, Gentilhomme Milanois. C'est le même qui a recueilli en deux gros volumes in-fol. les Vies des Saints, Alta San&orum, tirés des manuscrits qui étoient dans les archives de S. Jean de Latran. Il les fit imprimer fans marque de tems, ni de lieu. On préfume néanmoins que c'est à Milan, & comme il les dédia par quelques vers Elégiaques à Cecco Simonetta (c'est-à-dire à François Simonetta) Secretaire d'Etat des Ducs, on juge que ce fut avant le mois de Septembre 1479. tems auquel Ludovic Sforce fit arrêter Simonetta, qui après un an de prilon fut décapité le 30. Octobre 1480. Conftantin Lafcaris à la fin de fa Grammaire Grecque fait mention dès l'an 1463. de Boninus Mombritius, comme d'un homme conftitué en dignité, où par erreur cependant au lieu d' αξιώσει Βώνινε το Μομβρικίο, on lit Βομβρικία.

4. Lorenzo Crafo de Poët, Græc, pag. 93. ex Picci

homme étoit un des plus fignalés d'entre les MombriPoëtes de fon tems. Jules Scaliger dit qu'il tius. a le ftyle noble & réguliérement élevé, & qu'il garde fort bien l'égalité en traitant de diverfes chofes, dont la varieté ne l'empêche pas de fe foutenir (5). Il a fait un Poëme fur la Paffion de Jefus-Chrift. APOLLONIUS COLLATIUS,

(Pierre) Prêtre de Novare, que plufieurs ont pris pour un Ecrivain du feptiéme fiécle, vivant fur la fin du feiziéme (6).

Et Auteur a l'honneur d'être Apollonius

1224. C dans la Bibliothèque des Peres Collatius. fur la bonne foi de Margarin de la Bigne, qui l'a pris effectivement pour un ancien Pere de l'Eglife ou pour un Auteur Eccléfiaftique, dont il marque le tems vers l'an 690. (7). C'eft fans doute ce qui a porté divers Ecrivains fort habiles d'ailleurs

reconnoître fon autorité comme celle des Anciens, felon que Voffius l'a remarqué (8). Et Barthius n'a point laiffé de l'expliquer en cette qualité, quoiqu'il fût fort bien que c'est un Poëte moderne, fous prétexte que tant de grands hommes ont témoigné en faire du cas, par rapport au tems où ils l'ont fait vivre (9).

Le

nell. in AthénzoLiterator. Mediolanenf. Italicè script. s. Jul. Gæf. Scaliger lib. 6. Poëtices feu Hypercritic. cap. 4. pag. 790.

6. q. Il eft hors de doute qu'Apollonius Collatius Auteur du Poëme de la ruine de Jérufalem en 4. livres eft mort fur la fin du 15. fiécle. Cet Ouvrage fut imprimé à Milan in-8. l'an 1481. & l'on en a vu un autre du même Poëte fur le combat de David & de Goliath en vers héroïques dédiés à Laurent de Médicis, mort l'an 1492. Platinus Platus que je ne crois pas être parvenu à 1500. & dont les Poëfies, la plupart de très-vieille date, furent imprimées l'an 1502. in-4. à Milan a fait ce diftique à l'honneur de cet Apollonius.

Petrus Apollonius referens ab Apolline nomen

Carmina componit nomine digna fuo. J'ajoute à ceci qu'au 1. livre des Epigrammes de Lancinus Curtius imprimées l'an 1521. à Milan in-fol. il y en a une de dix Hendécasyllabes à un Andréinus Collatius de Novare qui étoit apparemment de la famille d'Apollonius Collatius. Tout cela fait voir que ce Poëte n'a non plus vécu fur la fin du 16. fiécle, comme l'écrit Baillet, que fur la fin du 7. comme l'a cru Marguérin de la Bigne.

7. Margarin. Bignæus in Indice Chronol. Vett. Eccl. Script. præfix. tom. 1. Bibl. SS. PP.

8. Ger. Joh. Voffius de Hiftor, Latin, cap. 10. pag. 2. Gafp.

SII, 812.

Apollonius Le Pere Briet juge par la mauvaise PoëCollatius. fie de cet Apollonius & par la baffeffe de fon ftyle (10), qu'il a vécu au feptiéme fiécle plûtôt que dans celui de Politien, où la belle Poëtie commençoit à revivre, & où l'on étudioit le Grec qu'Apollonius ne favoit pas. Il dit pourtant que fon ftyle eft un peu meilleur que celui du tems de Charlemagne & que Voffius & Barthius le rabaiffent avec excès.

Mais ce Pere pouvoit confidérer que ces deux Critiques n'ont rien dit pour le tems d'Apollonius qui ne foit conforme à la maniére dont Jules Scaliger nous l'a fait connoître, & que celui-ci pouvoit avoir

Les deux VERINS ou VERRINS (13) de Florence, ou felon d'autres de 'Ile de Minorque.

UGOLIN, mort âgé de 75. ans, vers la 1490. de J. C. felon quelques-uns, mais après l'an 1505. felon d'autres puifqu'il a furvécu à Pierre Crinitus fon Ecolier, qui mourut en cette année au plûtôt (14).

MICHEL, fils d'Ugolin, mort longtems devant fon Pere, âgé feulement de 17. ans (15).

GOLIN VERIN a compofé Ugol. Vé

vů Apollonius ou ceux qui l'avoient han- 1225. divers Ouvrages en Vers, en- rin.

té, comme il paroît par le rang qu'il lui donne au milieu de plufieurs Poëtes du même fiécle. Et pour ce qui eft de fon ftyle, ils en ont encore beaucoup moins dit que Scaliger qui juge que c'est un Ecrivain affés pieux, mais que c'eft un Poëte un peu froid, & qu'il n'eft pas heureux lorsqu'il quitte le genre Elégiaque (11). Mais Scaliger ne parle que des Faftes d'Apollonius (12), fans faire mention de fes quatre Livres en vers fur la ruine de Jerufalem.

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10. Philipp. Brierius lib. 5. de Poëtis Latin. pag. 63. 64. præfix. Acutè di&t. Poët.

11. Jul. Caf. Scalig. Hypercrit. feu lib. 6. Poët. pag. 797.

12. . Perfonne depuis Scaliger n'a vu ces Faftes. 13. . Ceux qui écrivent Verrins au lieu de Vérins, & ceux qui les font venir de Minorque fe trompent également. On en peut croire Ugolin lui-même dans les neuf vers qui commencent: Si quis forte meam prolem, rapportés plus bas par notre Auteur. Pierre Dauphin qui a écrit plufieurs Lettres à Ugolin les adreffe toujours à Ugolino Verino Florentino. On y trouve quelquefois Verrino, mais c'eft ou une méprise de Ecrivain ou une faute de l'Imprimeur

14. ¶. Pierre Dauphin dans la Lettre duro. Juillet 1492. à Ugolin lui donne so. ans: Nondum adeo atate proceffifti, cum fis modo quinquagenarius, ut emeritus cenferi merearis. C'eft dans la 35. Lettre du 1. 3. Sur ce pied-là en 1sos. il n'en auroit eu que 63.

15. . Michel Vérin mourut âgé d'environ 19. ans felon Pierre Dauphin Lettre 90. du 1. 2. Pocciantius met la mort de Michel Verin en 1487. Le Ghilini la met en 1483. date préférée à toute autre par Baillet art. 26. de fes Enfans célébres, mais fans preuve fuffifante.

Une bonne raison encore pour mettre en 1487. la

tre autres la Charliade (16) ou les expéditions de Charlemagne, le Siege && la prise de Grenade, une Silve à la louange de 'Philippe Benita, quelque chofe fur l'Aftrono mie, & diverfes autres Poëfies, fans parler de ce qu'il a fait en Profe. Mais il n'y en a point qui lui ait fait tant d'honneur que les trois Livres qu'il a faits à la louange de la Ville de Florence, où il demeuroit avec fon fils, après avoir quitté fon pays, & qu'il a depuis adoptée pour fa Patrie, felon l'opinion de ceux qui le font venir de Minorque (17).

Dans

mort de Michel Verin, c'eft qu'au 8. Livre des Let→ tres de Marfile Ficin, il y en a une de confolation à Ugolin affligé de la perte qu'il venoit de faire de ce cher fils. Lettre à la verité fans date, mais qu'on doit prefumer être de 1487 parce qu'elle fe trouve entre une du 26. Juin, & une autre du 24. Decembre, toutes deux de cette même année, qui eft auffi celle de la premiere Edition des Diftiques de Michel Verin à Florence.

16. q. 11 devoit plûtôt direla Carliade, Poëme di vifé en 15. livres. Le manufcrit s'en voit à la Bibliothéque du Grand Duc, & de plus 7. livres d'Epigrammes du même Ugolin écrits de la main de for difciple Petrus Crinitus alors fort jeune, l'an 1489

17. Jelerois tenté de croire que ceux qui font Vérin Efpagnol fe font trompés, parce que Ugolin ne fe contente pas d'appeller Florence fa Patrie fur la fin de fon Poëme, en ces termes :

Hoc opus exegi, Patria mihi teftis amoris
Duret ad extremos ventura in fecla nepotes.

Mais qu'il parle de la famille des Verini comme d'une des plus anciennes de Florence, en ces termes, fol. 35. pag. 2.

Si vis forte meam, Lector, cognofcere prolem,
Percurram, quamvis alios memorare deceret.
Eft Florentina Grevis amnis proximus urbi,
Verini unde fuos primum duxere Penates
A quadringentis annis: & Brocculus auctor

His

Mich. Vé

Jin

Dans le premier Livre, il traite de la gloire & de la majefté de la Ville de Florence, & de tout ce qu'il a trouvé dans l'Hiftoire qui étoit propre à fon deffein: dans le fecond, il rapporte les qualités & les actions des hommes illuftres de la Ville: & dans le troifiéme, il parle des familles de Florence & de leurs origines, mais avec affés peu d'éxactitude.

Il n'y a prefque rien de Poëtique dans tout cet Ouvrage, la verification n'y eft pas non plus fort délicate, & il étoit fort inférieur en ce point à Jovianus Pontanus, à Politien, & quelques autres Poëtes de fon tems. Cependant la piété (1) avec la quelle il a tâché de fervir fa patrie, mérite quelques louanges, dit G. Audebert (2), & cette confidération peut contribuer à le rendre excufable d'une partie de fes fautes. 2. MICHEL VERIN a compofé des Diftiques moraux (3), qui pourront faire le fujet de l'admiration de ceux qui confidéreront que c'eft le fruit de fa premiére jeuneffe. La facilité pour la verfification y paroît extraordinaire, mais la fagesfe qui éclate dans tous fes Diftiques, eft quelque chofe de bien plus admirable: & elle nous fait aflés juger qu'il étoit déja mûr pour l'éternité, lorfque l'amour de la continence l'enleva aux Médecins (4), qui ne faifoient point fcrupule de vouloir facrifier fa virginité pour la confervation d'une vie miférable.

Le P. André Schott Jéfuite d'Anvers qui le fait natif de Minorque dit (5) qu'il a choifi les plus belles fentences des Philofophes Grecs & Latins, mais qu'il a pris particuliérement celles de Salomon pour les renfermer dans fes Diftiques. Il ajoute que la netteté du ftyle, l'élégance & la beauté du fujet, ont été caufe qu'on a en

His fuit: & primum appellata eft Broccola proles. A Verio fed past nomen fortita Verini Non plebeia domus, fummos Ugolinus honores Ipfe meus fpectatâ atavus virtute recepit. 1.4. Pietas in patriam fe doit rendre par zèle pour la patrie.

2. German, Andebertus Aurelian. editor. carm. Ugolini Verini, feu quis alius auctor præfation. ad libros tres de 1lluftr. Flor. Gerard. Joh. Voff. lib. 3. de Hiftor. Lat. cap. 8. pag. 626. 627.

3. 4. Ils furent pour la premiére fois imprimés l'an 1487. à Florence.

4. Voici une Epigramme de Politien qui explique

feigné & fait apprendre fes Diftiques publi- Ugol. Véquement dans les Colleges de divers pays; rin. ce qui s'ett pratiqué encore depuis le tems auquel Schott faifoit cette réfléxion à la gloire de Vérin.

Jules Scaliger juge (6) que fes vers font dignes de la maturité d'un homme confommé, mais je penfe qu'il a eu plus d'égard à la morale de l'efprit & du fens de ces vers, qu'à la maniére de la compofition & du ftyle qui eft fimple, mais naturel & facile. Geraldini qui dit prefque la même chofe, ajoute qu'il eft court, fans obfcurité, qu'il a de la cadence, & qu'il eft ingénieux fans fiel; mais c'eft par une flaterie de Poëte qu'il a ofé avancer que les Diftiques de Vérin font comparables aux Livres de l'Ecriture fainte (7).

Il eft inutile après cela de rapporter les éloges que Politien & fon Pere même lui ont donnés, puifqu'ils ne peuvent rien ajouter à ce qu'on vient de dire.

Ces Diftiques ont été imprimés à Lyon chés les Frellons avec les Commentaires de Martin Ivarre Bafque d'Efpagne,que Schott appelle affés favans. On en a fait auffi une édition jointe à celle des Poëfies d'Owen, mais le nom de Vérin n'y paroît pas; c'eft ce qui porte le Lecteur à la féduction, & qui a fait croire à quelques-uns que c'étoit un Ouvrage d'Owen (8). C'est une innocence ou plûtôt un artifice dont j'ai déja rapporté un éxemple dans les Imprimeurs d'Angleterre au fujet d'un Livre du Pere Labbe (9), qu'ils ont imprimé avec un Traité de Selden, fans y mettre le nom de ce Pere.

Il s'eft fait une autre édition de ces Distiques à Beauvais, elle parut l'an 1616. par les foins de Philippes le Clerc qui étoit Principal du Collège de cette Ville, & qui

toutes chofes fur ce fujet.

Verinus Michaël florentibus occidit annis,

Moribus ambiguum major, an ingenio. Difticha compofuit docto miranda Parenti Qua claudunt gyro grandia fenfa brevi. Sola Venus poterat lento fuccurrere morbo, Ne fe pollueret maluit ipfe mori.

chan

Hic jacet hen Patri dolor & decus, unde juventu Exemplum, vates materiam capiant.

*Baillet lifoit Patria i. e. Florentia.

5. A. S. Peregrinus in Bibl. Hisp. tom. 3. claffe 4.

Cel

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