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Cotta.

сотт А,

(Jean) Italien d'auprès de Verone, mort âgé de 28. ans, vers le commencement du 16. fiécle (1).

1230.

Uoi qu'on ait perdu la plus

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-grande partie des Poëfies de Cotta, il en refte encore affés dans le Recueil des Délices des Poëtes Italiens, pour voir que c'étoit un efprit affés inégal. Paul Jove témoigne (2), qu'il s'étoit formé sur

les Anciens, ce qui lui avoit été d'autant

plus facile qu'il étoit fort bien fecouru par une mémoire prodigieufe que la nature lui avoit accordée.

Jules Scaliger dit (3) qu'effectivement il avoit compofe fes Epigrammes fur le modéle de celles de Catulle, mais qu'il en avoit voulu exprimer la molleffe avec trop d'affectation, pour ne rien dire de plus få cheux. Il juge que fes Vers Lyriques font trop durs, & en même tems trop lâches & trop mous: que fes Elégiaques font fi efféminés qu'on ne peut rien dire ni penfer de plus lafcif ni de plus pernicieux (4), de forte qu'on voit affés qu'il a voulu découvrir la corruption de fon cœur, & qu'il a voulu gâter les autres, en faifant entrer dans fes vers toutes les graces & les beautés qu'il a tâché de trouver dans fon Art.

Le même Critique ajoute, que les Scazons de Cotta ne valent rien, qu'il n'y a rien de plus fade & de plus défagréable, & qu'ils ont été produits en dépit des Mufes & d'Apollon.

.. L'an 1509. Il étoit de Legnago fur l'Adige, & je fuis perfuadé que c'eft lui qu'Erafme Epitre 671. nomme par erreur Pierre Cotta Venitien. 2. Paul. Jovius Elogior, num. 54.

3. Jul. Čaf. Scalig. Hypercrit, ieu lib. 6. Poëtic. pag. 796.

4.4. Scaliger parlant de l'Epigramme Elégiaque de ce Poëte à fa Lycoris dit qu'adeo molle eft, ut vel conatum, vel etiam vota fuperarit, que la délicateffe en eft fi grande, qu'on n'a ni la capacité, ni même l'efperance de la pouvoir arraper. On voit que Scaliger, bien loin d'avoir rien trouvé de pernicieux dans P'Elégie de Cotta, femble au contraire avoir eflayé d'en faire une auffi délicate; à quoi il déclare qu'il n'avoit pu parvenir, & qu'on ne devoit pas même y afpirer.

s. Johan. Pier. Valerian. de infelicitate literator. lib. I. pag. 70.

6. ¶. C'est dequoi Baillet ne devoit pas être fur

Cependant Pierius Valerianus n'a point Cotte laiffé de dire que les Poëfies de Jean Cot ta ont une élégance & une douceur incom. parable, & qu'il y a renfermé les beautés qu'on trouve dans les Ouvrages des Anciens Poëtes (5).

MENA,

JEAN DE MENA de Cordouë, premier Poëte Espagnol de notre connoiffance, vivant au quinziéme fiécle vers la fin.

1231. C'Et à Mena que les Poëtes Es- Mena. pagnols ont l'obligation de leur avoir fendu la glace pour paffer à la connoiffance de l'Antiquité & des belles Lettres, & pour chercher hors de leur pays de quoi enrichir & embellir leur Langue.

Mena avoit fi bien imité Dante Aligheri & Petrarque, que s'il n'eût été traversé par la rudeffe & la barbarie de fon fiécle, il auroit été capable de rendre à la Ville de Cordoue cette ancienne gloire qu'elle poffedoit autrefois fous les Empereurs Romains. Mais les chofes ayant changé de face au commencement du feiziéme fiécle, & la Langue Efpagnole étant venue à fe polir, Mena fut négligé & obfcurci quand on vit paroître Bofcan & Garfi-Lafo.

Ses Poëfies furent imprimées [in-8.] à Anvers l'an 1552. par les foins de Fernand Nugnez.

Mais je fuis furpris (6) non pas de ce qu'André Schott l'a paffé, puis qu'il ne parle pas des Auteurs en Langue vulgaire, mais de ce que Dom Nicolas Antonio ne

l'ait

pris, lui qui a ci deffus remarqué à l'article 128. que la Bibliotheque d'Espagne, qu'il cite, ne contient que les Auteurs qui commencent depuis 1500. d'où il s'enfuit que Jean de Ména Hiftoriographe, & Secretaire de Jean II. Roi de Caftille étant mort l'an 1456. âgé de 45. ans, a dû être renvoyé à la Bibliotheca Hifpana Vetus, où Dom Nicolas Antoine promettoit de comprendre tous les Ecrivains d'Espagne depuis l'Empire d'Augufte jufqu'à l'an de JefusChrift 1500. Elle a été depuis imprimée en deux Tomes contenus en un volume in fol. à Rome 1696. par les foins & les liberalités du Cardinal Dom Jofeph Saens d'Aguirre. C'eft effectivement là que pag. 175. du Tom. 2. depuis le nombre 412. jufqu'au nombre 427. inclufivement, il eft parlé amplement de Jean de Ména. Cette Bibliotheque, furnommée Vetus, qui naturellement auroit du paroî. tre la premiere, a pourtant été précedée de 24. ans par l'autre Bibliotheque, où font contenus les Au

l'ait pas mis dans fa Bibliothéque, & qu'il fe foit contenté d'en dire un mot dans fa Préface (7).

RODRIGUEZ COTA,

(Rodericus Cotta) Poëte Efpagnol furnommé El Tio, c'est-à-dire, l'Oncle, pour le distinguer d'un autre du même nom que l'on ne connoît plus, vivant au commencement du 16. fiécle (8).

Rod Cota. 1231.

231. C 'Eft ce Cota que les Critiques

bis. font Auteur de la fameufe piéce Espagnole appellée La Celestine, qui eft une Tragi-Comédie de Callifte & de Melibée. Gafpard Barthius Allemand, mais grand amateur des Livres Efpagnols, a traduit cet Ouvrage en Latin, & l'a publié fous le titre énergique de Pornobofco-didascale. Ce Traducteur que nous avons déja dépeint ailleurs, comme un Critique plein de tendreffe & de bonne opinion pour les Auteurs fur lesquels il a travaillé, ne fait point difficulté de dire (9) que cet Ouvrage Efpagnol ett un Livre tout-à-fait Divin. C'est une espece de jeu comique, rempli de Sentences, d'avis moraux, d'éxemples & de figures très- propres pour inftruire le Lecteur, & ce qu'il y a de remarquable, c'eft que la Langue Efpagnole a un avantage tout particulier fur les autres pour les Ouvrages de Morale, & celui-ci eft un des mieux écrits en cette Langue au jugement

du même Auteur, qui dans une Differta- Rod.Cota tion & dans un petit Commentaire qu'il y a fait, s'étend fort au long fur les avantages que la lecture de cette piéce peut produire à ceux qui voudront régler la conduite de leur vie.

Il dit que tout y contribuë merveilleufement à faire produire ces bons effets; que le ftyle de la piéce eft bien travaillé, poli, éxact, nombreux, grave & majes tueux; qu'on y remarque une habileté & une prudence toute particuliére à bien garder les caractéres & les mœurs de fes perfonnages; & que fi on l'en veut croire, nous n'avons rien dans ce que les Grecs & les Latins nous ont laiffé qui en approche; de forte que les Efpagnols ont grande raifon de compter cet Ouvrage parmi les meilleures productions de leur pays.

Voilà quel eft le jugement de Barthius, qui malgré toute la folidité qu'il pourroit avoir, ne doit pas nous empêcher de nous tenir dans des précautions fuffifantes pour la lecture de la Célestine.

On en a fait une Traduction Françoife imprimée plus d'une fois. Elle eft de Jacques de Lavardin du Pleffis Bourrot [in-8. Paris 1578.] mais elle ne contribue pas beaucoup à conferver en nous la haute idée que Barthius a voulu nous donner de cet Ouvrage [dans le livre qui a pour titre Porno-bofco-didafcalus; feu Celestina Latine cum Comm. per Gafp. Barthium in-8.. Francof. 1624.]

teurs depuis 1500, jusqu'à 1672.

7. Nicol. Anton. Præfat, ad Bibl. Script. Hitp. pag. 23.

8. . On doit le croire plus ancien, puifqu'on doute qui de Jean Mena ou de lui eft Auteur de la Céleftine, piece conftamment du 15. fiécle. Elle étoit deja fort connuë en France du tems de Marot qui a dit dans fon 2. Coc-à-l'âne :

Or ça le livre de Flammette, Formofum Paftor, Célestine, Tout cela eft bonne doctrine,. Et n'y a rien de défendu.

Où l'on voit qu'il parle de la Celestine comme d'un Ouvrage auffi commun parmi les gens du monde que le Formofum paftor de Virgile, & la Flammette de Bocace. Agrippa en donne la même idée chap. 64. de vanitate Scienz. où il fait cette énumération de quel

HER

ques livres dont la lecture pouvoit être dangereuse, Lancelloti, par exemple, Tristanni (c'est ainsi qu'il faut lire) Eurealis (il devoit dire Euryali) Pelegrini, Califti & fimilium. Endroit qui paroit copié d'après Vivès livre 1. de fa femme Chrétienne. Lancelloti dans Agrippa, c'eft le Roman de Lancelot du Lac. Triftanni, c'eft celui de Triftan de Léonnois. Eu realis, ou plutôt Euryali, c'eft l'Hiftoriette d'Euryale & de Lucréce par Æneas Sylvius. Pelegrini, c'eft le livre Italien contenant les voyages de Jacques Caviceo de Parme pour la belle Genèvre dont il étoit amoureux, ce qui a donné lieu à l'Auteur d'intitu ler fon livre il Peregrino dont j'ai vu une vieille Verfion fous le nom du Pérégrin. Enfin Califti défigne la Célestine, parce que Calisto amant de Melibea eft le principal acteur de la ComédieEspagnole intituléeceleftina. 9. Gafpar Barthius Differt. & Comment. in Tragicomoed. Porno-Bolco-Did.

Et ex eo Nicol. Antonius tom, 2. Biblioth, Hifpan. pag, 212, 2136

Hermigo

HERMIGO (1) GAJADO,

qu'Erafme appelle Henri Portugais, Poëte Latin, vivant en Italie, depuis 1495. jufqu'en 1501. (2).

1232.

Gajado. L Es Eglogues, les Silves & les Epigrammes Latines de cet Auteur ont été imprimées à Boulogne la grafle in-4. où elles parurent dès l'an 1501. Erafme juge qu'il a été heureux dans fes Epigrammes (3), & Beroalde l'aîné témoigne que fes vers font voir que Gajado avoit du génie, qu'ils ont de l'élégance, des ornemens recherchés, de l'agrement & du fel; que fes expreffions font véritablement Latines, fes penfées tout-à-fait Poëtiques, & fa Verfification éxacte & polie; enfin que fes Epigrammes font fort régulières, qu'elles ont une fin heureufe, & que la pointe y est également juste & ingénieufe (4).

Pour achever le jugement ou plûtôt l'éloge de ce Poëte, il faut ajouter que le Pape Alexandre VII. en a fait donner à Dom Nicolas Antonio un témoignage favorable par le favant & le vertueux Cardinal Bona, & que c'est à ce Souverain Pontife que l'on a l'obligation de le voir inferé dans

1. . Gyraldus Dialog. z. des Foëtes de fon tems dit, parlant de cet Hermicus, qu'on l'appelloit en Portugal Hericus. Erafme au proverbe angina vinaria, & dans fon Cicéronien, les deux feuls endroits où il ait parle de ce Portugais, ne l'a point nommé autrement qu'Hermicus. C'eft Udalric Zafius Jurifconfulte Alemand qui dans une Lettre du 18. Décembre 1504. imprimée au devant des Sermones convivales de Conrad Peutinger, au lieu d'Hermicus Caiadus, a dit Henricus Caiadus. Il y auroit plus de vraisemblance à croire qu' Hermigo viendroit d'Hemerigo par corruption d'Emericus. Mais il eft inutile d'ufer de conjecture, l'Auteur n'ayant jamais varié fur l'Orthographe d'Hermicus.

2. q. Il mourut à Rome l'an 1508. à force de boire, & voici comment. C'étoit un gros homme fort replet, & par là pouffif. Etant tombé malade, un Anglois de fes amis nommé Chriftophle Fifcher l'alla voir, & lui dit : veux-tu fans t'amufer aux ordonnances de tes Médecins, te guérir par un reméde für? Prens-moi de bon vin. Et dans le moment lui ayant fait venir du Vin Corfe de quatre ans, le bon Hermicus en but tant qu'il acheva d'en perdre la respiration & en mourut. De la maniére dont Eraf

me au proverbe cité conte la chofe il femble parler de vifu, & comme il étoit à Rome en 1508. j'ai daté par cette raison la mort d'Hermicus de cette an

la Bibliothéque des Ecrivains d'Espagne (ƒ). MUTIO AURELLI,

(Johan. Mutius Aurelius) (6) de Mantouë, Poëte Latin, vivant au commencement du 16. fiécle.

1233.

Es Poefies de cet Auteur ont

Mutio Au

été imprimées dans le Recueil relli. des Délices des Poètes Latins d'Italie. Jules Scaliger loue cet homme de l'éxactitude qu'il a apportée dans la ftructure de fes vers (7). Il dit qu'il a obfervé avec le dernier fcrupule toutes les regles de la mesure & de la cadence, qu'il a eu un foin particulier de bien choitir les mots & de les placer fort à propos; qu'il s'eft appliqué à limer fon difcours & fes penfées & celles des autres, aufquelles il donne un tour fi naturel qu'on les prendroit aisément pour les fiennes. Il ajoute que Mutius a mis en ufage toutes les mignardifes & les afféteries de Catulle, & qu'il a même un avantage confidérable fur cet Ancien, qui eft celui de n'avoir rien de groffier ni de ruftique comme lui, & d'être par conféquent plus moderé, plus difcret & plus compofé que lui.

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4. Phil. Beroald. refp. ad Lud. Teixeiran apud eumidem.

s. Nicol. Anton. tom. 1. Biblioth. Hifpan. Script. pag. 432. 433.

mes.

6. . Il fe nommoit Arellius, felon Gyraldus à Jean Baptifte, quelques Elégies & quelques Epigramqui étant fort jeune il lut fon Hymne héroïque de S. Pierius au Dialogue 1. de Literat. infelic. le nomme Arelius, & dit que peu de tems après avoir été fait Gouverneur d'une place par Leon X. il fut trouvé mort avec fa mule au fond d'un puits, ce qui arriva, comme on l'apprend de Gyraldus, parce que les Habitans que ce Gouverneur opprimoit, pour se tirer de fes vexations le tuérent.

7. Jul. Cæf. Scalig. Hypercrit. feu 1. 6. Poët. cap. 4. pag. 792.

3. 4. On ne doit non plus dire d'Altilius Altilé, que de Virgilius Virgilé.

9. T. C'est dans la citérieure.

10. Paul. Jovius Elog. 125. pag. 268. edit.in-s. Bafil.

11. Jul. Caf. Scaliger Hypercritic. feu 1. 6. Poët, pag. 798.

12. q. Bayle au mot Altilius a remarqué (lettre E) que

Gabriel Altilius.

GABRIEL ALTILE', (8)

Ou Altilius, natif de la Lucanie aujourd'hui la Bafilicate, Evêque de Buxente, aujourd'hui Policaftro, dans la Principauté ulterieure (9) au Royaume de Naples, fur la fin du 15. fiécle & le commencement du fuivant, mort âgé de plus de 60. ans.

Aul Jove dit que cet Altilius é1234. Poit délicat, tendre & admira

ble dans fes Elégies, & qu'il a excellé dans les vers héroïques (10) comme il l'a fait voir dans l'Epithalame d'Ifabelle d'Arragon.

Jules Scaliger témoigne auffi (11) que cet Epithalame eft très-bon; mais qu'il auroit été encore meilleur s'il eût eu la force de fe modérer lui-même, mais que l'indifcrétion qu'il a euë de vouloir dire tout ce qu'il favoit, & de vouloir épuiser fon sujet, fatigue & rebute fon Lecteur.

Pontanus & Sannazar jugeoient fi avantageufement de fes vers qu'ils ne le cro

tude avec laquelle il avoit quitté les Mufes Gabriel & la Poëfie, après qu'on l'eût fait Evê- Altilius, que, s'il n'eût apporté pour prétexte qu'il vouloit fe mettre à l'étude de l'Ecriture Sainte. Les Poefies d'Altilius font au premier tome des Délices des Poëtes d'Ita lie (12).

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CONRAD CELTES PRO-
TUCIUS,

Allemand, Poëte Latin, natif de Swinfurt fur le Mein, près de Wirtzbourg en Franconie, premier Bibliothequaire des Empereurs d'Allemagne, le premier des Poëtes du Pays qui furent couronnés, ou qui reçurent le Laurier Poëtique de la main de l'Empereur. Ce fut Frederic III. qui fit cet honneur à Celtes, à la follicitation de Frederic Duc de Saxe. Celtes avoit alors 32. ans. Il étoit né l'an 1459. le premier de Février. Il mourut l'an 1505. felon l'opinion commune (13); mais l'an 1508. le quatrième jour de Fevrier, felon Lambecius.

yoient point inférieur aux meilleurs Poë- 1235. PCeltes dont les Pocfies furent
bien juger du mérite de certesa

tes de l'Antiquité, comme le rapporte Paul Jove, qui ajoute plaifamment qu'on n'auroit pas dû pardonner à Altilius l'ingrati

que le Commentateur anonyme de Sannazar, (c'eft Jean Broukufius) avoit pag. 185. &c. de fon Commentaire, fait préfent au public de trois ou quatre Piéces anecdotes d'Altilius: mais s'il avoit fu que ces prétendues Piéces anecdotes avoient paru des l'an sss. à la fuite des Poëfies de Bafilius Zanchius imprimées à Bâle in-8. chés Oporin, n'auroit-il pas eu fujet de dire que ce Commentateur ou s'etoit trompé, ou avoit voulu tromper?

13. ¶. L'opinion commune au contraire eft qu'il mourut en 1508. Car c'eft celle de Fichard, fuivie par Melchior Adam & depuis par Lambecius. C'eft même celle de Voffius puifque convenant que Celtes né en Février 1459. mourut en Février à l'âge de 49. ans complets, il s'enfuit néceffairement que Celtes mourut en 1508. & qu'il y a par conféquent erreur de chiffre dans Voffius.

14. ¶ 11 s'eft mal expliqué. Les Poëfies de Conradus Celtès imprimées à Nuremberg l'an 1502. in4. ne l'ont pas été depuis. Celles qui parurent du même Poëte l'an 1513. à Strasbourg auffi in-4. font très différentes. Ce font toutes pieces Lyriques, au lieu que celles de l'édition de Nuremberg font toutes Elégiaques. Elles contiennent quatre livres de fes amours pour quatre maitreffes qu'il eut, Hafiline, Elfule, Urfule & Barbe. 11 quitte au 2. livre Hafi line, de laquelle il n'avoit pas lieu d'être content, l'ayant furprise jusqu'à deux fois en flagrant délit. Tom. IV.

imprimées en 1502. in-4. à Nuremberg & ailleurs depuis ce tems-là (14), il faut con

fidé

Il ne fut pas plus heureux avec Elfule, témoin l'Elégie 6. du 2 1. de laquelle il n'y a qu'à lire l'argument. Les Elégies fuivantes font des reproches continuels à cette Elfule de fes debauches. Le 3 livre a pour fujet les amours d'Urfule, des infidelités de laquelle il fe plaint en plus d'un endroit. Il en parle comme d'une jeune fille, belle à ravir, qui n'avoit que 19. ans. Elle mourut de pefte. 11 en fut extré mement touché. On en peut juger par la 14 & derniére Elégie du 3. 1. Le 4. eft employé à chanter fes amours avec Barbe, un peu biberonne, & jalouse jufqu'à l'emportement. Tout cela eft decrit avec beaucoup de naiveté ou plûtôt de groffiereté. Il fe laiffe quelquefois échaper certaines bout ades qui auroient peine à paffer aux payis mêmes qui ne font pas d'inquifition. Tel eft un endroit de l'Elégie 6. Il y en a un très cauftique contre la France, au fujet de Marguerite d'Autriche renvoyée à Maximilien fon pére, après avoir été fiancée à Charles fils de Louïs XI. Le volume imprimé à Strasbourg contient 4. livres d'Odes, un d'Epodes, & un Carmen feculare Sapphique. L'Ode 9. du 3. livre fait l'eloge de l'Alemand inventeur de l'Imprimerie. On a inferé quelques-unes des pièces de Celtès dans le 2. volume de la Collection intitulée Delicia Poëtarum Germanorum, mais en fi petit nombre, qu'elles ne font pas la huitième partie des Poëĥes de cet Auteur.

D

Celtes,

Conrad Celtes.

fidérer l'état de fon fiécle & celui de fon Pays, dans lequel il peut paffer pour un des reftaurateurs des belles Lettres, & particuliérement de la Poëtie. Sur ce pied on conviendra aifément qu'il n'étoit pas entiérement indigne des honneurs qu'il a reçus de fes Princes & de fes compatriotes. Après Rodolphe Agricola, il y avoit peu de Savans en Allemagne, aufquels il ne pût difputer le rang de préféance: mais il faut convenir que ce grand Pays a produit dans la fuite des Poëtes plus habiles & plus fages que lui (1).

PIERRE CRINITUS,

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Pierre Cri- 1236.

nitus.

Rentes de Poelie. Ses vers ont

Rinitus s'eft éxercé dans divers

été imprimés au premier tome des Délices des Poëtes Latins d'italie. Le Giraldi té moigne (3) qu'ils ne font pas entiérement à rejetter, mais qu'ils ne valent pourtant pas mieux que fa profe. On retrouve dans fes vers le même génie & les mêmes qualités d'efprit que dans fes autres compofitions, beaucoup d'oftentation, & de riches promeffes, conçues en des expresfions fouvent magnifiques, mais toujours enflées, qui ne produifent que du vent ou de la bagatelle. Mr. Borrichius femble di

1. De Honorib. Celtæ redditis vid. præcipuè Petr. Lambecius Commentar. de Biblioth. Cafar. Vindebon. lib. 1. num. 34. 35 pag 31. 32.

Vid. & Vof. de Hift. Lat. lib. 3. cap. 10. pag. 641. ubi mortuus Celtes dicitur anno 150s. pridie Non. Febr.

2. . La dédicace de fes Vies des Poètes étant datée du 1. Novembre 150s il y a grande apparence qu'il n'eft mort que l'année fuivante.

3. Lil. Gregor. Gyrald. Dialog. 1. de Poëtis ævi fui, & ex eo Ger. Joh. Voff. de Hiftor. Latin. cap. 12. pag. 673. lib. 3.

4. Olaus Borichius Diflertation. de Poët. Latin.

re néanmoins (4) que ce jugement du Gi- Pierre Criraldi eft un peu trop févére, & qu'il au- nitus. roit pû fe contenter de nous perfuader que les Pocfies de Crinitus ne font pas au goût de tout le Monde.

* Petrus Crinitus de honefta difciplina, de Poëtis Latinis, & ejufdem Poëmata in4. Bafil. 1532. *

JEAN JOVIEN PONTANUS,

(Gio: Gioviano Pontano) natif de la Terre de Corretto (5) dans l'Ombrie, autrefois Ceres & Ceretum, habitant de Naples dès fa premiére jeunefle, mort l'an 1505. felon Voffius (6) & les autres, à l'âge de 78. ans, ou plûtôt l'an 1503. à l'âge de 82. ans fur la foi de fon Epitaphe.

Et homme excelloit dans plus Jean Jo

tanus.

1237. the forte de connoiffances, vien Pon& il ne s'eft pas borné à un feul genre d'écrire. J'ai rapporté ailleurs ce que quelques Critiques ont penfé de quelques-uns de fes Ouvrages en profe, & je dirai ici en peu de mots ce qu'on a remarqué de plus important fur fes Vers, qui compofent

ordinairement le quatrième tome de ses

Oeuvres, [ix-8. à Bâle 1556.] contenant fon Uranie, fes Météores, les Jardins des Hefperides, fes Eglogues, fes Epigrammes, fes Baies, fon Eridan, les Amours, fes Tombeaux, fes Vers funébres, &c.

C'est un fentiment aflés commun (7) que Pontanus a mieux réuffi dans fes vers que dans fa profe, du moins ne peut-on pas nier qu'ils ne foient plus travaillés & plus polis, comme le dit Paul Jove.

Si l'on en vouloit croire le Gaddi, il n'y auroit pas de genre de Poëfie dans lequel

pag. 97.

5. q. L'Auteur apparemment avoit écrit Cerretto. L'ufage eft pour Cereto. Les Pontans tiroient leur nom de Ponte Bourg voifin de Cereto.

6. Je ne doute nullement qu'ici encore comme ci-deflus à l'article de Celtes, il n'y ait faute au chiffre dans Voffius, parce qu'ayant remarqué, après Paul Jove, que Pontan étoit mort au même mois qu'Alexandre VI. favoir au mois d'Août, il a vraifemblablement voulu donner à entendre qu'il étoit mort la même année, favoir l'an 1503. fans quoi la remarque du mois feroit extremement frivole. 7. Paul. Jovius Elogior, numer. 47.

s. Ja_

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