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Dante.

Commentaires de Chriftophe Landini. A vant fon éxil il fit fon premier Traité fur l'Amour; durant fon exil il fit un autre Ouvrage fur le même fujet en vingt chants. Voulant enfuite profiter de fa difgrace, il s'en alla de Boulogne à Paris, où il devint habile Théologien dans les Écoles de la rue au Foarre, & il en voulut donner des marques en publiant la fameufe Comédie de l'Enfer, du Purgatoire & du Paradis, divifée en cent chants: fans parler de fa Monarchie que nous avons en Latin; de quelques Traités de Phyfique que nous avons auffi (1); de fon livre de l'Office, & des devoirs du Pape & de l'Empereur, que l'on retient fupprimé quelque part avec grand foin (2); & de fes quatre Livres de 'Eloquence vulgaire dont il n'acheva que les deux premiers, parce qu'il fut furpris de la mort (3).

Jean Villani qui étoit de fon pays & prefque fon contemporain, affure que perfonne jufqu'alors n'avoit écrit avec plus de nobleffe & de majefté ni en Vers ni en Profe: mais comme il y avoit peu de gens qui cuffent écrit avant lui, cette réputation n'a pas dû lui coûter beaucoup (4).

Petrarque qui l'avoit connu & étudié particuliérement, témoigne (5) qu'il parloit fort bien fa Langue vulgaire & qu'il avoit de l'éloquence, mais qu'il avoit fait paroître quelquefois trop d'entêtement & trop de cette liberté que les perfonnes délicates du fiécle ne peuvent fouffrir.

Bocace l'a loué en quelques endroits de fes Ouvrages comme un homme extraordinaire & comme un excellent Poëte (6). Effectivement Dante a été un des premiers qui, felon Meffieurs du Port-Royal, a eu

1. Difputatio de aqua & terra imprimée in-4. à Venife l'an 1508.

2. 4. Ce prétendu livre n'eft antre que celui de Monarchia qu'il vient de dire que nous avons en Latin, & qui bien loin d'avoir été fupprimé a été imprimé plus d'une fois.

3. T. Bocace dans fa Vie de Dante dit que des quatre livres que Dante avoit deffein d'écrire en Latin fur cette matiére il ne s'en trouve que deux, foit qu'étant furpris de la mort il n'ait pas eu le tems de compofer les deux autres, foit qu'ils aient été perdus. Jean George Triffin ayant d'abord donné une Verfion Italienne des deux premiers fur l'unique manufcrit qu'on prétend qui en étoit demeuré, Jacques Corbinelli poffeffeur après le Triffin, de ce manus

la gloire d'entreprendre en ces derniers fié- Dante. cles de faire des Poemes héroïques : & il y a fi bien réuffi qu'il eft encore aujour d'hui admiré des Savans pour ce fujet. De forte qu'il ne s'eft encore trouvé perfonne, dit le Chevalier Salviati (7), qui l'ait pû paffer en ce genre, tant il eft propre dans fes mots & dans fes expreffions; quoique le fujet extraordinaire qu'il avoit choifi de parler de l'Enfer, du Purgatoire, & du Paradis, l'ait fouvent obligé de fe fervir de mots & de façons de parler un peu finguliéres. Mais une des chofes les plus estimables dans ce Poëte, au jugement de ces Meffieurs, eft que fon Ouvrage eft auffi pur pour les mœurs que pour le langage (8).

Quoique les Italiens ayent donné à ce Poëme le titre de Comédie, il doit pourtant paffer pour un Poëme Epique au fentiment de Caftelvetro: mais le P. Rapin dit que c'est un Poëme d'une ordonnance triste & morne, & que généralement parlant Dante a l'air trop profond (9).

Cet Auteur dit encore ailleurs (10) que les peenfées de ce Poëte font prefque toujours fi abftraites & fi difficiles, qu'il y a de l'art à les pénétrer: que Dante n'a pas affés de feu (11); que pour l'ordinaire il n'eft pas affés modefte, & qu'il a été trop hardi d'invoquer fon propre efprit pour fa Divinité (12).

Le P. Gallucci a trouvé à redire à fes allégories, dont il dit qu'il eft tout tiffu, ajoutant que fi on les lui ôtoit il ne lui refteroit plus rien de ce qui lui a acquis la réputation de Poëte (13). "C'eft, dit-il, toute fon invention, c'eft toute fa fiction, en quoi il est bien éloigné de l'air naturel qui fe trouve par tout dans les Ouvrages de Virgile.

Les

crit, les fit imprimer en Latin à Paris in-8. avec fes notes l'an 1577. Le Crelcimbeni pag. 373. de fon Hiftoire della Pofia volgare croit que la prétendue Verfion Italienne de ces deux livres eft une compofition originale du Triffin, & que le prétendu origi nal donné par Corbinelli eft une Verfion Latine de l'Italien du même Triffin. Mais quoi qu'il ajoute que telle eft l'opinion de tous les Gens de Lettres d'Italie, ce n'eft pourtant pas celle ni du Bulgarini contre le Zoppio, ni de l'Abbé Fontanini pag. 261. de fon Aminto difefo, ni de Vincent Gravina 1. 2. de fa Ragion Poëtica pag. 138. 139. & 140. & ce n'a pas même depuis été celle du Crefcimbeni, comme il le reconnoit pag. 97. & 98. du s. vol. des Commentaires qu'il a faits furion Hiftoire della volgar Poëfia.

4. Joan.

Dante.

Les Gens de Lettres dans l'Italie, ont toujours été allés partagés fur le fujet de cette Comédie de nouvelle efpéce. Sid'un côté Bocace en a voulu relever le mérite, en difant que (14) cet Ouvrage eft écrit avec une industrie & un artifice admirable, & que l'Auteur n'eft pas un Ecrivain fabuleux, mais un Théologien Catholique & un homme divin; & u Paul Jove qui appelle Dante le fondateur & le Pere de la Langue Tofcane ou Italienne, dit que cette triple Comédie eit pleine de belles maximes tirées de la Philofophie Platonicienne (15): on a d'une autre part des advertaires s'élever contre cet Ouvrage de Dante, & fe récrier fortement contre cet te partie du Public qu'ils en croyoient infatuée.

Un des plus échauffés femble avoir été ce Caftravilla contre qui Jacques Mazzoni fe crut obligé de prendre la défenfe de Dante au rapport de Vittorio Roffi, qui dit (16) que Mazzoni mit fur ce fujet deux volumes entiers (17) au jour qui ne font pas moins un témoignage de fon érudition qu'une Apologie de l'Ouvrage de Dante. Mais Mazzoni fe brouilla avec le Patrizzi ou Patritius dont il avoit cenfuré quelque chofe en paffant, que celui-ci ne pût laisfer paffer. Ce différend nouveau leur fit prendre la plume l'un contre l'autre à diverfes reprises, & divertit les forces de Mazzoni destinées à défendre le Dante. - Ugurgieri cité par le Craffo dans fon Recueil des Poëtes Grecs (18), prétend que dans toutes les difputes que l'on a vû naître entre les Savans au fujet de la Comédie de Dante, ce fut ce Mazzoni de Cefene qui commença la querelle, en publiant un Livre en faveur de l'Ouvrage de Dan

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te contre les calomnies de fes Cenfeurs. Beliflario Bolgarini (19) fit quelques confidérations fur cet Ouvrage de Mazzoni à la follicitation d'Horace Capponi Evêque de Carpentras. Un galant homme prit ces confidérations à Bolgarini, & les fit imprimer fous fon nom avec le titre de Difpute courte & ingénieuse contre l'Ouvrage de Dante. Bolgarini fe tint fort offenfé de ce larcin, & il fit réimprimer fon Ouvrage en y faifant mettre le nom du véritable Auteur de la pièce. Le Plagiaire fe voyant découvert chanta une espéce de Palinodie, & publia en même tems une Apologie pour Dante contre Bolgarini. Mais ce dernier eut l'avantage fur cet adverfaire, & il lui fit confeller ion vol, après quoi il fit publier à Siene en 1588. un Livre fous le titre de Défenfe contre la réponse de l'Apologie & la Palinodie d'Alexandre Caries ro jur la Comédie de Dante.

Un Ecrivain de Boulogne nommé Jerôme Zobbi (20), ayant vû les Ecrits des uns & des autres, voulut prendre parti dans la querelle, & l'an 1583. il fit paroître au jour un Livre fous le titre de Dante & Petrarque défendus contre leurs envieux. Le Bolgarini répondit à Zobbi dans un nouveau Livre qu'il fit imprimer à Sie ne; il y mit encore dans un plus grand jour le vol du Plagiaire de fon premier Livre contre Dante, & y répliqua aux réponfes que Capponi avoit fait pour Dante & fon défenfeur Mazzoni. Il continua toujours d'attaquer les uns & de fe défendre contre les autres, & jamais en faveur de Dante; jufqu'à ce qu'enfin Bolgarini voulut bien finir par un feptiéme Livre fur ce fujet, qu'il fit contre un Manufcrit qui couroit fous le nom de Sperone Speroni,

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Dante

Dante.

afin d'avoir plus d'autorité,& de mériter plus de créance dans ce qui s'y trouvoit pour la détenfe de Dante. Et le Vittorio Roffi qui nous a raconté tout le détail de cette petite guerre, foutient (1) que Bolgarini eut l'avantage contre tous ces Antagonis tes, que la Poëtie de Dante en eft demeurée flétrie, & qu'il eft venu à bout de faire déclarer conformément aux maximes d'Ariftote que cette Comédie fi vantée dans le Monde ne mérite pas le nom de Poëme. Voilà les démarches qu'ont faites ceux qui ont voulu juger de cet Ouvrage par les Régles de la Poëtique. Et ceux qui ne l'ont voulu éxaminer que fur celles de la Religion comme faint Antonin de Florence & le P. Poffevin (2), femblent n'y avoir trouvé à redire que deux chofes qui pafferont fans doute pour des réfléxions finguliéres dans l'efprit de quelques perfonnes; la premiére eft d'avoir omis les Limbes des enfans morts fans Batême; la feconde eft d'avoir eu la hardieffe d'accufer faint Pierre Ce

learius (4). Mais cela ne regarde pas di- Dante. rectement notre sujet.

* L'Opere del Dante Alighieri con Comento di Chriftophoro Landino, in-fol.in Bres fia 1487. Comentate da Chrift. Landino in-4. in Venetia 1512. - Comedia del Poeta Dante, con la fpofitione di Landino in-4. in Venetia 1536. — Le terze rime di Dante Aligheri, cioè l'Inferno,el Purgatorio, el Paradifo in 8. Venet. Aldo 1502. L'amorofo Convivio, con la additione & molti favi notandi in-8. in Venegia 1531. BENEVENUTO,

De Campefanis,

Et FERRETO,

De Vicenze, Poëtes Latins, vivans entre Dante Aligheri & Petrarque, du tems de l'Empereur Louïs de Baviére.

leftin V. Pape, de foibleffe d'efprit, lors- 1210. teurs étoient des principaux nuto.

effet de cette crainte dans laquelle on nous recommande de travailler à notre falut. Mais Bellarmin n'a point été fi indulgent à l'égard de notre Dante dont il a cenfuré les Ouvrages avec beaucoup d'exactitude dans fes Opufcules qui fervent d'additions à fes Controverfes (3). On peut dire que de tous ces Ouvrages de Dante, il n'y en a point qui ait été traité plus fé vérement que celui de la Monarchie en trois Livres, parce que non feulement il a été mis dans l'Index de Clement VIII. comme un Livre défendu d'un Auteur Catholique qui a erré, mais qu'il l'a encore fait confidérer comme un véritable Hérétique au rapport du Volaterran & d'O

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d'entre les Poëtes qui étoient alors en grand nombre à la Cour de Cane de la Scala dit le Grand, Prince de Verone, nommé en Latin Canis Scaliger.

à

Benevenuto fit, entre autres Piéces, un Poëme fur les troubles arrivés entre la Ville de Padoue & celle de Vicenze, l'honneur du Prince Cane de la Scala, & au mépris de ceux de Padouë. Cet Ouvrage lui acquit beancoup de réputation, & par rapport à ces tems-là, il lui a mérité la qualité d'éloquent perfonnage & d'excellent Poete dans l'Hiftoire que Pajarini a faite de la Ville de Vicenze, mais il lui a attiré une réponse en vers que Muffato fit contre lui pour ceux de Padouë. FER

Not. ad Muflat. Item Bern. Scardeon. in Hift. Rer. Patavin.

Gerard Joan. Voffius de Hiftor. Latin, lib. 3. cap. 9. pag. 793.

7. T. Lorenzo Pignoria en avoit un Manufcrit. Voyes fa Vie par Jaq. Phil. Tomafini.

8. q. Porcellius ayant eu Poge, Laurent Valle, Antoine de Palerme, François Philelphe, Nicolas Pérot, & d'autres favans hommes, tous vivans au delà de 1450. pour contemporains n'a pu l'être de Petrarque, ni de Bocace, dont le premier mourut, comme on fait, l'an 1374. le fecond l'année fuivante, Voffius que Paillet fuit s'eft ici extrémement mécomp

Beneve

Ferretto.

FERRETTO femble avoir été encore plus loin que Benevenuto dans la Poefie, auffi s'y étoit-il éxercé davantage, comme on peut le conjecturer par la lifte que Vosfius donne de fes Ouvrages, au Traité des Hittoriens Latins (5), où il rapporte le jugement de Felice Ofio qui faifoit paffer Ferretto pour un Poëte élégant, difert, & digne d'être mis avec Pétrarque au rang des reftaurateurs des belles Lettres.

Mais ce que je trouve de fingulier dans Voffius, c'est qu'il dit d'un côté que Ferretto a fait 155. vers fur la mort de Benevenuto, & que Benevenuto a fait auffi en vers la pompe funebre de Ferretto. C'eft un miracle qui n'a de fondement que dans l'inadvertence ou le défaut d'attention de ce célébre Critique.

ALBERTINO MUSSATO,

De Padouë, mort l'an 1329. Poëte Latin.

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Ous avons les Poëfies de cet Auteur jointes à la fin de fon Hiftoire. Les principales font la Tragédie fur Ezzelin premier du nom, Tyran de Padoue, dans laquelle il femble qu'il a youlu s'élever au-deffus de la médiocrité de fon tiécle, & qu'il s'eft efforcé de marcher fur les pas des Anciens. En effet quelques Critiques ont crû trouver dans cette piéce quelque chofe de l'air de So

des deux Colléges alloient en cérémonie & Albertino comme en proceffion le cierge à la main Mussato. avec une triple couronne, le faluer & l'haranguer chés lui. En effet fi nous en croyons les Critiques Italiens, Muffato parloit de fort loin tous les Poëtes Latins de fon tems. Mais il ne faut pas prétendre juger de fon mérite fur celui des Anciens ou fur celui qu'on a éxigé des Poëtes Modernes, & l'on doit fonger qu'ayant été l'un de ceux qui ont travaillé fortement à décraffer leur fiécle de cette ignorance & de cette barbarie qui le couvroit, il n'a empêcher, non plus que les autres, qu'il ne lui demeurât quelque chofe de cette craffe.

Outre la Tragédie d'Ezzelin qu'il a appellée Eccerinis (7), il en a fait encore une autre qu'on nomme l'Achilléide; des Epitres ou Sermons en vers Elégiaques, pour la plûpart; des Elégies dont quel ques-unes font en vers Héxametres; des Soliloques; & des Eglogues.

*Albertini Muffati, Bella populi Patavini adv. Canem Scaligerum Veronenfem, lib. 111. extat in Opp. in-fol. Venet. 1626.

PORCELLIUS,

Poëte Latin de Naples, quoiqu'il fe dît de Rome, vivant en 1370. du tems de Petrarque & de Bocace (8).

Et homme avoit merveilleufe- Porcelius,

phocle (6), & ils difent qu'elle a de la gra- 1218.ment préoccupé Frederic Duc

vité & de la douceur même, autant qu'on en pouvoit avoir pour lors.

Il a décrit auffi les guerres de Padoue en vers Epiques dont il a fait trois Livres. C'est pour faire voir l'eftime qu'on faifoit de fa Poëfie, que tous les ans au jour de Noël, les Docteurs, Régens, & Ecoliers

compté. Il eft furprenant qu'ayant lu dans Volaterran que Fédéric Duc d'Urbin étoit l'admirateur de Porcellius, il n'ait pas fu que ce Duc d'Urbin mourut l'an 1482. Le Porcellius à qui Philelphe dans le treizième livre de fes Lettres en adreffe une datée de 1456. ne différe point comme fe l'eft imaginé Voffius, de celui dont parle Volaterran. Poge pour faire dépit à Laurent Valle fon ennemi contre qui Porcellius avoit fait des vers, affecte d'appeller ce Poëte virum doctiffimum. Philelphe dans la Lettre citée ayant envie de retirer de fes mains ce qu'il lui avoit prêté, le flate de même, jufqu'à le traiter d'habile komme en Latin & en Grec, Cantalycius E

d'Urbin en fa faveur, jufqu'à le préférer à tous les autres Ecrivains du tems pour écrire fon Hiftoire ou chanter fes louanges en Vers. Mais comme ce Prince, qui paffoit pour le premier Capitaine du fiécle, étoit plus habile dans l'Art militaire & dans

la

crivain d'ailleurs peu eaimé, en a fait dans ce Dis tique un portrait plus reflemblant:

Nil aliud Porcellus erat quam garrula cornix

Grammata non norat Graca, Latina parum. Sabellicus dans fon Dialogue de reparatione Latina Lingua ne lui trouve ni érudition, ni gravité. II convient feulement que fes Elégies, quoique l'amour y foit un peu trop nu, ne manquent pas d'agrément. Le Bandel, Nouvelle fizième du Livre premier loue Porcellius de la facilité de fa verfification mais il fait enfuite une terrible peinture de les mœurs,

Porcellius. la Politique que dans l'Art Poëtique,on peut croire qu'un jugement fi favorable fa toit plus d'honneur à Porcellius que ce Poëte n'en faifoit à ce Prince par fes Vers. On peut dire qu'il n'avoit aucune qualité capable de le faire mettre au nombre des véritables Poëtes,quelque naturel & quelque inclination qu'il eût pour faire des Vers. C'étoit un homme, dit le Volaterran (1), qui n'avoit aucun fonds d'érudition, & qui n'aimoit point le travail; qui faifoit quelques Vers fur le champ & fans méditation, mais le plus fouvent fans jugement & fans aucun goût. Le Giraldi paroît n'en avoir pas eu beaucoup meilleure opinion (2), puifqu'il dit, que s'il y a quelque chofe qui puifle mériter quelque louange dans la verification de Porcellius, c'eft plûtôt fon inclination (3) que fon induftrie. Ses Vers furent imprimés autrefois à Paris par Simon de Colines, avec ceux de quelques autres Italiens (4).

PETRARQUE,

(François) Poëte Latin & Italien, natif d'Arezzo en Tofcane, non pas au village d'Encife originaire de Florence: ne le Lundi vingtième jour de Juillet de l'an 1304. mort l'an 1374. le dix-huit Juillet, dans le Territoire de Padouë, à Arquade.

véquit jufqu'à l'âge

qu'il étoit tems de vivre en Philofophe & Petraïque, en Chrétien (7), quoiqu'on puifle dire qu'il traîna fes chaînes jufqu'à ce qu'il plût à Dieu de les rompre par la mort de fa chere Laure qui arriva l'an 1348 quatre ans après qu'il eut pris la réfolution de changer de vie & d'études (8). Après quoi il abandonna la belle folitude de Vauclufe, & la France pour fe retirer en Italie.

Nous avons de lui des Poëfies en Latin & en Italien. Dans le premier genre nous avons fon Poëme de l'Afrique, c'est-à-dire de la guerre Punique en neuf Livres, dont il témoignoit lui-même faire beau coup de cas (9). Il dit qu'il y avoit travaillé avec tant d'impétuofité & de fi grands efforts de l'Efprit, que lorfqu'étant déja affés avancé en âge il relifoit cet Ouvrage pour y repaffer la lime, la hardieffe de l'entreprise & des traits qu'il lui avoit donnés lui faifoit encore peur en cet état.

Si nous en croyons même Paul Verger (10), tout cet Ouvrage eft rempli de quantité de belles fictions Poëtiques, & pleins d'excellentes maximes. Il y paroît, dit cet Auteur, une grande connoiffance de l'Antiquité & de la Nature, on y trouve beaucoup d'éloquence, & on y voit un grand fonds de prudence & de fageffe. En un mot c'eft un Ouvrage capable de faire beaucoup d'honneur à un jeune homme, & qui ne fauroit faire de deshonneur à un vieillard, felon le raifonnement du même Critique, qui reconnoît pourtant, qu'il y

Petrarque. 1219. PEtrarqueante ans (5) dans les a- a des demi vers & des fautes de profodie

mufemens agréables de la Poefie, & dans les paffe-tems de la galanterie. Mais depuis ce tems-là foit qu'il fût fatigué ou déja ufé dans les éxercices de l'une & de l'autre, foit qu'il voulût bien se faire violence pour fouffrir une féparation, il renonça généralement à la bagatelle & au plaifir qu'il y a d'être Poëte & galant (6) jugeant

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ou de quantité, fans parler de quelques omiffions confidérables dans l'Histoire qu'il fait de la feconde guerre Punique: mais il ajoute que Petrarque a crû pouvoir agir comme un homme qui fe rendoit le Maître de fa profodie & de fa matiére.

Mais fi le mérite de ce grand homme doit porter les Critiques indulgents à excu

fer

voir qu'il faloit dire jufqu'à l'âge de 54. ans, Pétrarque n'en ayant que 23. lorfqu'en 1327. lc 6. A vril il devint amoureux de Laure.

6. Il ne laiffa pas de faire encore quelques Poëfies ferieufes depuis.

7. Petrarch. Epiftol. & ex eo paffim Vitæ ipfius Scriptores, Verger. Squarzafich. &c. Rofteau Sentim. fur quelques livres qu'il a lús pag. 57.

8. 4. Bien loin de ceffer d'être amoureux de Lau

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