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Clement
Marot,

comme l'a remarqué le Sieur Colletet (1),
& il n'y avoit que Mellin de Saint Gelais
qui pût lui difputer le premier rang, pour
ce genre d'écrire durant ces tems-là.
Il y auroit même une efpéce d'ingratitu-
de de ne point reconnoitre que c'eft à lui
que nos Poëtes François font redevables
du Rondeau, & qu'ils doivent en quelque
façon la forme moderne ou le rétabliffe-
ment du Sonnet & du Madrigal, & de quel-
ques autres espéces de petits vers négligés
avant lui & Mellin de faint Gelais (2).
C'est ce qui a fait dire à Mr. Defpreaux

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1. Guillaume Colletet, Art Poëtique François. Traité du Sonnet, nombre 6. pag. 27. 31. 32. où l'on voit néanmoins que l'on eft en France plus redevable du Sonnet à Mellin de faint Gelais & à Joachim du Bellai qu'à Clement Marot.

Le même Colletet, Traité de l'Epigramme, nombre 6. pag. 29. 32. où l'on voit qu'on a été partagé dans la préférence de Marot & de faint Gelais pour l'Epigramme.

2. 4. On en faifoit auparavant d'auffi bons & d'auffi réguliers. Les Rondeaux de Jean Marot valent bien ceux de Clément fon fils. Quant aux Sonnets, Marot & S. Gelais en ont fait en même tems. On a dit que S. Gelais à fon retour d'Italie avoit apporté le Sonnet en France, on pouvoit ajouter qu'il y avoit auffi apporté le Madrigal, ou, pour me fervir de fon orthographe, le Madrigale. C'eft ainsi que pendant plus de cent ans après lui on a écrit ce mot, & fi quelques-uns difoient Madrigaux, d'autres, qui ne paffoient pas pour mauvais Auteurs, difoient Madrigales. Baillet au lieu de rétablissement devoit dire introduction. Marot a un peu contribué à celle du Sonnet, mais nullement à celle du Madrigal, dont il ne paroit point par fes Poëfies, qu'il ait connu le nom. Celui du Sonnet, je l'avoue, eft très-ancien dans notre Langue, y fignifiant une forte de chanfon dès le commencement du treiziéme fiècle, &

bles aujourd'hui, & qui peuvent fervir de Clement modéles, & il ajoute que nous n'avons Marot. proprement point d'autre Original de ce caractére en notre Langue que ce Marot (3). Car bien qu'il ait fouvent négligé de pratiquer les trois fignifications différentes de la chute où l'on met la perfection du Rondeau, néanmoins le tour qu'il leur donne eft prefque toujours fort heureux. Il fe fait tantôt par une équivoque fine qui a du myftére dans fon ambiguité: tantôt par un fens caché qui dit tout en feignant de ne vouloir rien dire: quelquefois par un trait fier & hardi fous un terme modeste : une autre fois par une plaifanterie débitée fineffe de fentiment exprimée fous un mot fous un air férieux: ou bien enfin par une fimple & groffier. Tout cela y eft ordinairement foutenu d'une grande fimplicité fans aucune affectation. En un mot, il maniére d'écrire, & tous ceux qui y ont avoit le génie tout-à-fait tourné pour cette réuffi depuis, l'ont copié (4), ou du moins ils ont tâché de prendre fon air & fon génie.

Ses Poëfies ont été recueillies en un feul volume, & elles femblent être devenuës affés rares aujourd'hui, auffi bien que les 25. tomes des Amadis (5). Ce qui eft plutôt un effet de la tendreffe que les gens du monde confervent pour ces Ouvrages,

que

peut-être plutôt, mais que dès ce même tems il y ait fignifié un Poëme de quatorze vers dont les deux quatrains en rime double, & les deux tercets fuffent rangés, comme nous les rangeons, c'eft ce que je ne croirai point fur la parole de Colletet, à moins qu'on ne m'en produife un éxemple tiré de quelque ancien manufcrit digne de foi.

3. René Rapin, Réfléxions fur la Poëtique feconde partie, Réflex. xxx11. pag. 168.169. edition in-4. 4. 4. Si l'on compte Voiture & Benferade parmi fes copiftes, on sera bien fondé à dire que les copies ont furpaffé l'original.

5. q. Elles le font infiniment moins que les 25. tomes d'Amadis parce que de ces 25. tomes il n'y a qu'une feule édition, & qu'il y en a trente des Poëfies de Marot.

6. . On en pourroit indiquer plufieurs qui font incontestablement de lui, & qui ont été júlqu'ici omifes dans les plus amples éditions.

7.¶. C'est un Poëme Italien, dell'humanità di Chrifto, en rime octave, dont la lecture fit, à ce qu'on dit, former à Sannazar le deffein de fa Chrifteïde, car c'eft fous ce titre qu'il fit d'abord paroitre fon Ouvrage, que depuis ayant augmenté & perfectionné il intitula departu Virginis; titre qu'il faut bien le garder de croire qu'il ait emprunté de Theophilus Folengius, étant très-faux que celui-ci ait jamais fait en Vers

La.

Marot.

Clement que d'aucune fuppreffion qu'on en ait jamais faite. On peut voir la lifte des piéces de Marot dans la Bibliothéque Françoise d'Antoine du Verdier (6).

Les Amours de Clement Marotin 8. Paris 1547. Les mêmes in-8. à Lion chés Dolet 1542. — Les mêmes in-12. 2. vol. à Amsterdam 1700. Les mêmes, avec les Oeuvres de Michel Marot, fils dudit Marot in-8. à Niort 1596. Jean Marot de Caën fur les deux heureux Voyages de Genes à Venife par le Roi Louis XII. in-8. à Paris 1532.

THEOPHILE FOLENGI,

De Mantoue, Moine Benedi&tin, Poëte Macaronique, mort l'an 1544. le 9. de Décembre, âgé de plus de 5o. ans, frére de Jean Baptiste Folengi.

Coccaïe. 3. Un autre Ouvrage en Vers Foleng Macaroniques appellé Il libro della Gatta. 4. Un autre qui n'eft Macaronique qu'en partie, & qui s'appelle Il Chaos del tri per uno, ou le Dialogue des trois âges. 5. Un autre du tems, intitulé, Il Giano, qui eft peut-être le même que le Poëme appellé le Janus de Théophile (8), que le Mascurat attribue à Jean-Baptifte frére de notre Théophile. 6. Des Satires en Vers Macaroniques (9), fous le titre de le Grat ticcie. 7. Un livre d'Epigrammes & d'Epîtres mêlées de mots Italiens & Latins. 8. Puis en ftyle Berniefque ou empoullé (10) l'Orlandino, fous le nom de Limerno Pitocco (11). Il a fait auffi en ftyle férieux, outre l'Ouvrage Latin des Couches de la fainte Vierge (12), un Poëme de l'Humanité de Jesus-Chrift en Vers Italiens. 10. Et une autre piéce fur la Pasfion du Sauveur en vers héxamétres La

Folengi. 1276. Nous ne connoiffons prefque tins.

plus Théophile Folengi, que fous le faux nom de Merlin Coccare, quoi qu'il n'ait pas publié tous fes Ouvrages fous ce mafque. On a de lui 1. un Poëme des Couches de la Sainte Vierge (7), & nous verrons ailleurs s'il eft vrai que Sannazar le lui ait dérobé en qualité de Plagiaire. 2. La Macaronée où l'Ouvrage Macaronique, qui porte le nom de

Latins un Poëme de parta Virginis. Jaqués Philippe Tomafini Evêque de Città nova, homme fort fujet à fe tromper, a fur quelque ouï dire débité légére ment certe fable, que Baillet a prife pour une verité. En quoi il a eu d'autant plus de tort que Tomafini lui-même cite ces vers de la 25. & derniére Macaronée, où Folengius fait l'éloge de l'Arcadie & dela Chrifteïde de Sannazar en ces termes:

Exiet Arcadicus per sdruzzola metra libellus
Nazzari, que prata, greges, armenta, capellas,
Paftorefque canet, filvas, magalia, Nimphas;
Chrifteidam poft hac cantabit dignus Homeri
Laudibus; at cedet Vati quem protulit Andes.

La confidération de Folengius pour Sannazar paroit encore dans cet endroit de la 2. Stance du 6. capitolo de fon Orlandino:

Non tutti Sannazarri, ed Ariosti,
Non tutti fon Boiardi, ed altri eletti.

8. ¶. Naudé a eu raifon de l'appeler le Janus de Théophile, puifqu'il eft véritablement de Theophilus Folen gius, & non pas de Jean-Baptifte frére de Théophile. C'eft à la fuite de quelques Dialogues Latins de celui-ci, lefquels ont pour titre Pomiliones que

Voila ce que j'ai pû trouver des Ouvrages Poetiques de Folengi. Il a écrit auffi en Profe, mais cela n'est pas du fujet préfent.

Le Pignoria dit (13) qu'il réuffiffoit également dans le ftyle férieux & dans le burlefque ; que l'un & l'autre genre le rendoit comparable aux Anciens pour l'air naturel; & que pas un des Modernes ne de

voit

ce Janus de Théophile a été imprimé in-8. l'an 1538. apparemment à Rome, car il y a in promontorio Minerva, ardente Sirio. Il eft vifible que cette pièce étant en Vers Latins n'a pas dû être appellée Il Giano.

9. ¶. Ce livre & le fuivant n'exiftent que dans le Catalogue fabuleux du Tomafini à la suitè de l'élo ge de Theophilus Folengius.

10. . Le ftyle Berniesque étant un ftyle goguenard, négligé en apparence, comme celui d'Hora ce, mais d'une négligence qu'il n'eft pas aifé d'atraper, ne doit être rien moins qu'empoulé.

11. . Pitocco c'eft un gueux. Limerno parla trans pofition de la feconde fyllabe c'eft Merlino, nom fous lequel cet Auteur étoit plus connu que fous le fien propre. Ainfi Limerna Pitocco da Mantoa défigne parfaitement Teofilo Folengi, nommé Limerno par transpofition pour Merlino. Pitocco gueux, à caule qu'en qualité de Moine, il faifoit vou de pauvreté, & da Mantoa parce qu'il etoit de Mantonë.

12. T. Ce prétendu Ouvrage Latin des Couches de la fainte Vierge, ou de partu Virginis, eft, comme je l'ai fait voir ci-deffus, une chimére, n'y ayant du Folengi autre chofe fur ce fujet que le Poëme Ita lien dell'Humanità di Christo.

13. Laurent. Pignorius in Elog, apud Thomafinum pag. 76, tom, 2,

Folengi, voit prétendre d'arriver au point de fa perfection, non pas même de le fuivre de près. Je m'imagine que comme ce n'eft pas le ftyle férieux qui a donné à Folengi l'avantage fur plufieurs bons Ecrivains, cet Eloge ne regarde que fa Macaronée & fes autres Ecrits du même genre.

La Poëfie Macaronique, felon Mr. felon Mr. Naudé (1), eft la troifiéme efpéce du Burlefque Latin. Macarone chés les Italiens (2) veut dire un homme groffier & ruftique (3). Les perfonnes auffi bien que les vers dont nous parlons ont pris leur nom des Macarons d'Italie, comme nous l'apprend le Sieur Tomafini (4). Ce font de petites pâtes ou efpéces de petits gateaux faits de farine non blutée, d'œufs & de fromage, qu'on fert fur table à la campagne, & que l'on compte parmi les principales douceurs des Villageois.

La Poëtie Macaronique eft pour ainfi dire un ragoût de diverfes chofes qui entrent dans la compofition; mais d'une maniére qu'on peut appeller Payfanne. Il y entre pêle-mêle du Latin, de l'Italien, ou de quelque autre Langue vulgaire, aux mots de laquelle on donnoit une terminaifon Latine, on y ajoute du grotefque du village, & tout cela joint enfemble fait le fond ou la matiére de la piéce comme le Canevas d'une tapifferie. Mais il faut que tout foit couvert & orné d'une naïveté accompagnée de rencontres agréables, qu'il y ait un air enjoué & toujours plaifant, qu'il y ait du fel par tout, que le bon fens n'y difparoiffe jamais, & que la verfification y foit facie & correcte (5).

Mafcurat prétend que fi notre Theophile Folengi n'a point la gloire d'avoir inventé cette espéce de Poëfie (6), il a du moins été le premier qui l'a cultivée, & que la Macaronée de Rimini publiée l'an

1. Gabr. Naudé, Jugement de tout ce qui s'eft imprimé contre le Cardinal Mazarin, depuis le 6. Janvier jufqu'au 1. Avril 1649. pag. 232. Idem iterum fufe ibid. pag. 273. 274.

2. Ludov. Cal. Rhodigin. in Antiq. Le&. lib. 17 cap. 3. &c.

3. ¶. Par métaphore empruntée du mets rustique & groffier appelé maccherone.

4. Jac. Philip. Tomafini Elog. tom.2. pag. 72.73. & feq.

s. q. Facile, j'en conviens, mais correcte, non,

1526. en fix livres par Guarino Capella (7) Folengi. contre Cabri Roi de Gogue-magogue n'a point dû paffer pour la premiére piéce en ce genre, puifque la Macaronée de Folengi avoit paru dès l'an 1520. (8) fous le nom de Merlin Coccaie. Outre qu'elle a effacé toutes les autres Macaronées de fon tems, foit pour le ftyle, foit pour l'Histoire de Baldus qui eft le Heros du Poëme (9).

En effet le Sieur Tomafini eftime que c'eft une piéce de fort bon goût, remplie d'agrémens qui cache des fentimens & des maximes fort férieufes fous des termes facétieux & fous les railleries apparentes d'un Rieur, & qui comprend un mélange artificieux du Plaifant avec l'Utile (10).

Il y tourne en ridicule les titres vains des Grands avec beaucoup d'adreffe. Ily dépeint les mœurs des hommes fous diverfes figures, il attaque les vices, & particuliérement la pareffe, la curiofité frivole, l'une & l'autre débauche, l'envie. Il y fait paroître une grande connoiffance des chofes naturelles, des Antiquités, des Arts & des Sciences, des ufages, rits & coutumes. Enfin fon Ouvrage eft une Satire de nouvelle espéce; mais qui eft fans fiel & fans venin.

On dit que Rabelais a voulu imiter en partie cet Ouvrage, & qu'il en a tiré les plus beaux morceaux de fon Pantagruel: mais ceux qui l'ont voulu traduire en notre Langue ont travaillé fort inutilement, & ils font à plaindre s'ils ont crû pouvoir faire paffer dans notre Langue les graces d'un Ouvrage de cette nature.

Les applaudiffemens que Folengi reçut de fes piéces purement Macaroniques lui enflérent le cœur, & le portérent à tenter un autre genre d'écrire, qui fut celui de prendre un milieu entre le férieux & le

Ma

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8. 4. J'en ai vu une édition du 1. Janvier 1517.à Venife in-8. chés Alexandre Paganini, où il n'y a que 17. Macaronées, très-différentes de celles qui ont paru dans les éditions fuivantes, lefquelles ont huit Macaronées de plus, & diverfes autres Poëfies.

Folengi,

Scipione
Capece.

Macaronique. Il fit dans ce genre le Chaos des trois âges en Italien; mais il y échoua, & le chagrin qu'il eut du mauvais fuccès de cet Ouvrage le fit renoncer au ftyle Macaronique pour prendre le Berniefque qu'il employa dans fon Orlandin. Mais enfin las de fe divertir, & de fuivre fon humeur plaifante & bouffone, il abjura le burlefque pour écrire férieusement fur des matiéres de piété telles que font celles que j'ai nommées au commencement (11).

SCIPIONE CAPECE,

En Latin, Scipio Capicius, Gentilhomme du Royaume de Naples en 1545. mort vers le milieu de ce fiécle, Poëte Latin.

1277. a Et Auteur a fait de la Profe &

des Vers. Sa Profe traite des matiéres de Droit. Ses principales piéces en Vers Latins font 1. deux livres des Principes des chofes. 2. Trois du grand Prophete, c'eft-à-dire faint Jean Baptifte. 3. Des Elégies. 4. & des Epigrammes.

Il a tâché d'imiter Lucrece dans fes livres des Principes des chofes, & le Cardinal Bembe dit (12) qu'il en a pris leftyle, qu'il a même quelque chofe de fon élégance & du goût des Anciens. Mais comme c'eft dans une Lettre qu'il lui écrit, il paroit peut-être un peu trop de compliment dans un jugement fi honorable, fi on veut le confronter avec celui de Giraldi.

En effet ce Critique n'en a point jugé fi

favorablement, non plus que de fon Poë

tenté de dire que le Capece pouvoit mériter quelque rang parmi les Poëtes. Cet éloge a paru trop froid & trop rigoureux à plufieurs Italiens. Le Gaddi entre les au

9. Naudé, Dialogue entre Saint Ange & Mafcurat au jugement des Pièces contre Mazarin, comme cideffus.

10. Tomafini in Elog. ut fuprà.

11. Jugement des Pieces comme ci-dessus.

12. Petr. Bemb. Epiftol. ad Scip. Capicium. dat.4. Non. Jul. anni 1545.

13. Lil. Greg. Girald. Dial. 2. de Poët. fui ævi pag. 417.

14. Jacob. Gaddius Flor. de Scriptorib, non Ecclef. tom. 1. & apud Leon Nicod. Addition, ad Biblio-Tom. IV.

tres & le Nicodemo l'ont jugé trop dur à Scipione digérer (14), & ce dernier n'a point fait dif- Capece, ficulté d'accufer le Giraldi de mauvais goût ou de malignité.

Paul Manuce n'a point été non plus dans le fentiment du Giraldi pour le Poëme de la Nature ou des Principes des chofes. Car il dit à la Princefle de Salerne, en lui adreffant l'édition qu'il avoit faite des Poefies de cet Auteur, que c'est un Poëme divin, rempli de beaucoup de lumiéres, travaillé avec beaucoup d'art & d'induftrie, égal à celui de Lucrece, de la lecture duquel il s'eft défacoutumé, dit-il, par celle qu'il a faite de ce Poëme (15). Mais les Connoiffeurs ne trouveront peutêtre pas moins d'excès dans ce jugement ou plutôt dans cet éloge que fait Manuce, que dans celui que nous avons rapporté de Bembe.

Pour ce qui eft du Poëme du grand Prophéte, Gefner dit feulement (16) que c'est un Poëme favant, & qu'il mérite d'être comparé aux Anciens pour fa majesté.

*Scip. Capici de Initiis rerum lib. 11. in-8. Francof. 1631. *

ESTIENNE DOLET,

D'Orleans, Imprimeur à Lyon, Poëte Latin & François, brûlé à Paris pour le fait de Religion l'an 1545. (17) à la Place Maubert, le jour de Saint Eftienne, & dans la Parroiffe de Saint Eftienne dont il portoit le nom.

1279. LES Poelies Latines de Dolet Etienne

font comprises en fix Livres, Dolet, & elles ont été imprimées à Lyon par luimême & par Sebaftien Gryphe.

Parmi les Poëfies Françoifes, on trouve fon fecond Enfer, qui eft une piéce fur

fon

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Etienne fon fecond emprisonnement (1), & qui mois & fix jours, Poëte Latin. fut imprimée à Troyes en 1544. avec quel

Dolet.

Jofeph Scaliger dit qu'il eft bon Poëte (5). Mr. de Thou témoigne qu'il a beaucoup de politeffe dans fes vers, & qu'il a même un avantage au-deffus du Cardinal Bembe pour la Poëfie, qui eft celui d'être férieux & grave (6). Mais le P. Rapin écrit (7) que Sadolet a copié les phrafes de Virgile fans en exprimer l'efprit, & que parmi les efforts d'une imitation fervile, il a laiffé de tems en tems échapper des traits de fon propre efprit.

ques Dialogues de la façon. Il a mis auffi 1280. Quoique Sadolet excellât en Sadolet.
fa il n'a point laillé de
en vers François le Poëme Latin qu'il a-
voit fait fur les actions du Roi François.
réuffir aufli en vers. Il femble que fon
Il faut avouer que Dolet n'a jamais été Curtius & fon Laocoon tiennent les princi-
un fort excellent Poëte, & que Jofeph Sca- paux rangs parmi fes Poëties.
liger (2) a eu quelque raifon de le confidé-
rer comme un Verfificateur d'affés petite
confidération. Mais les perfonnes de fens
frais & raffis auront peine à juger que Ju-
les Cefar fon pere ait eu la tête libre, lors-
qu'il l'a appellé le chancre ou l'apoftume
des Mufes (3). Il dit (4) qu'il n'y a pas
un grain de fel dans tous fes Ouvrages, &
que cependant il a voulu faire le Tyran
infenfé dans la Poëtie. Il devoit, ce fem-
ble, fe contenter de reprendre en lui fon
ftyle froid, languiffant, infipide & l'accu-
fer de trop de liberté, de licence, d'entê-
tement ou d'aveuglement fur ce qui regar-
de la Religion, fans paffer à des injures
capables de faire taire les crocheteurs & de
faire rougir les harangéres.

Francifci Valefii, Gallorum Regis, facta, Steph. Doleto autore in-4. Lugd. 1539.

Les Geftes de François de Valois Roi de France par Etienne Dolet i-4. à Lyon 1540. *

LE CARDINAL SADOLET, (Jacques), né à Modene l'an 1478. Secretaire de Leon X. puis Evêque de Carpentras au Comtat d'Avignon, mort à Rome l'an 1547. âgé de 70. ans trois

1. . Francifc. Floridus dans un petit Livre adverfus Doleti calumnias imprimé à Rome in-4. 1541. appelle la prifon Doleti patriam. Marot & Dolet ont eu cela de commun qu'ils furent tous deux mis en prifon, comme fufpects d'hérésie. Marot prifonnier en 1525. fit la defcription de fa prifon, & donna pour titre à cette defcription l'Enfer, ce qui a fait que depuis par maniére de proverbe, l'Enfer de Marot a ignifie prifon. Dans ce langage-là le premier Enfer de Dolet fut en 1533. à Touloufe où ayant été accufé de Luthéranifme, il fut arrêté par ordre du Juge-maje Dammartin, & de là promené par les carrefours, comme lui-même le dit dans fon Ode fatirique contre ce Juge. Il fortit de cet enfer de Toulou. fe, mais celui de Paris fut plus terrible pour lui, puifque comme je l'ai remarqué, il n'en fortit le 3. Août. 1546. que pour être conduit à la Place Maubert

LE CARDINAL BEMBE,

(Pierre) Venitien, né l'an 1470. Secretai-
re du Pape Leon X. Evêque d'Eugubio,
puis de Bergame, mort l'an 1547. (8)
Poëte Italien & Latin..

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où ilifut éxécuté.

beau,

Depuis l'impreffion de cette Note, la Piece en Vers
intitulée le fecond Enfer de Dolet, m'étant tombée en-
tre les mains, j'y ai reconnu qu'il auroit bien pu l'in-
tituler fon quatrieme Enfer, puis que, fans parler de
fa prifon de Touloufe, il y fait mention de deux au-
tres emprifonnemens de fa perfonne, l'un à Paris,
l'autre à Lyon, car voici fes termes :

Et me depite en moi-même trop plus
Que quand je fus à l'autrefois reclus
Tant aux prifons de Paris qu'à Lyon.
Feu Mr. Baluze qui a cru que ce qu'a dit Pierre Gal-
fand chap. 39. de la Vie de Pierre du Chatel, doit ê-
tre entendu de la prifon de Touloufe, s'eft trompé.
II y avoit long-tems que Dolet étoit, quoique très-

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