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*fion.

"Conclu- heure. Si leur conduite nous a perfuadé qu'il n'eft jamais trop tard de commen cer, quand on a les talens avec les fecours néceffaires, leurs defirs & leurs regrets nous ont fait connoître, qu'ils eftimoient comme nous, qu'il n'eft jamais trop tôt, lors qu'on fait proportionner les chofes à la portée des esprits; & qu'ils portoient envie à tant d'illuftres Savans qui avoient fait un bon ufage de leur Enfance. Il fuffiroit d'obferver fur ce fujet les fentimens & la conduite de trois des plus favans d'entre ceux que nous avons rapportés parmi les Etudians tardifs de Caton l'ancien, du tems de la République Romaine; de Monfieur le Préfident de Thou, du tems de Henri IV; & de Monfieur le Prémier Préfident votre Aieul, du tems de Louis le Grand. Ces trois célébres Perfonnages par une pure bonté de cœur, & par une générosité d'ame toute particuliére, n'accufoient perfonne qu'eux-mêmes du rétardement qu'on avoit caufé à leurs études; & quelque fujet qu'ils témoignasfent avoir de fe plaindre, ils excufoient volontiers leurs Parens à qui ils protestoient avoir d'ailleurs toute l'obligation après Dieu de ce qu'ils étoient & de ce qu'ils favoient. Mais ils prirent de fages précautions pour réparer dans la perfonne de leurs Enfans ce qu'ils avoient trouvé de défectueux dans leur propre éducation (1). Suivant ces vues ils conçurent le deffein de fe rendre eux-mêmes les Maîtres de leurs Enfans, jusqu'à vouloir pour cet effet fe dépouiller, s'il étoit befoin, de leurs Charges qui les affujettiffoient au fervice des Peuples. Ils comprenoient, que c'étoit fuivre, les intentions de la Nature, que de préférer leurs Enfans aux Etrangers. Ils jugeoient cette obligation d'autant plus étroite & plus indispenfable qu'ils y trouvoient toutes les apparences de la volonté de Dieu, qui femble n'avoir point voulu détacher la qualité de Maître d'avec celle de Pere, C'est une vérité dont la connoiffance ne s'eft point effacée de l'esprit de l'homme lors, même qu'il a perdu celle de toutes

1 Si Deus hunc votorum cumulum addidiffet, in filiorum educatione majorem, quâm in fe factum effet,diligentiam adhibendi cura inceflit, Th, Vit, propr, lib. 1.

les autres qui concernent la veritable Ré-Concluligion. Il n'y a point eu de Païen, quel- fion. que aveugle qu'il ait été dans le refte, qui s'étant và Pere n'ait finti auffi tot l'obligation qu'il avoit de vacquer par luimême à l'éducation de fon fils felon fon pouvoir & fon peu de lumiéres. C'a toujours été une pratique dont on ne s'eft dispenfé que par raifon d'incapacité ou d'empêchement légitime. Les Anciens y ont été fi éxacts & fi réligieux, que, quand le Pere venoit à manquer, c'étoit le premier d'après lui ou le plus ancien de la Famille qui devenoit le Maître de l'Enfant, felon Pline. Olim fuus cuique Parens pro Magiftro, aut cui Parens non erat, Maximus quisque & vetuftiffimus pro Parente (2). On a toujours été perfuadé, qu'un Maître venu de dehors, quelque capable qu'il puiffe être, ne vaut jamais un Pere, fur tout lors que celui-ci a du favoir, & qu'il entreprend d'élever fon Fils dans la Profeffion qu'il éxerce. Il eft conftant que perfonne ne connoît mieux le temperament d'un Enfant, que fon Pere, qui l'a obfervé depuis le tems de fa naiflance: perfonne n'eft plus capable de s'infinuer dans fon esprit. La févérité qui eft fouvent néceffaire pour garder l'éxactitude & pour foutenir un Enfant, fe trouve toujours temperée par une douceur & une bonté Paternelle qui chaffe de l'esprit le trouble & la crainte, qui font des obftacles à l'avancement des études. La tendreffe porte un Pere à s'abbaiffer jusqu'à fon Fils pour l'élever jusqu'à lui; à bégayer avec lui pour lui apprendre à parler. Repuerascere nos pietas jubet, dit Symmaque au nom de tous les Peres, ut Litterarum dulcedinem Liberis noftris labor participatus infinuet (3). C'est par de tels dégrés qu'Origene eft devenu habile fous la discipline de fon Pere Leonide; Adeodat, fous celle de S. Auguftin; Jean Douza, Thomas Zamoiski, Jofeph Scaliger avec deux ou trois de fes Freres Ifaac Cafaubon, Hugues Grotius, Claude de Saumaife, Fortunio Liceti, Jerôme Bignon, Blaife Pascal, & divers autres jeunes Savans, dont nous

2 Plin. lib. 8. Epift. 74. 3 Symmach, lib. 4. Epist, 20,

avons

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Celui des hommes qui a paru le plus perfuadé de cette obligation des Peres étoit peut-être Monfieur le Prémier Préfident votre Aïeul. Son esprit s'étoit imprimé fi fortement l'image de Mr. Bignon & celle de Mr. Grotius qui l'avoit prévenu de fon amitié étant Ambaffadeur en France pour la Suéde, qu'il fe réfo lut de procurer à Meffieurs fes Enfans l'avantage que ces deux Grands Hommes avoient reçu de leurs Peres. Il étoit déja devenu par une érudition profonde & une fageffe confommée tout ce que les Panegyriftes ont publié de lui depuis, & il fongeoit actuellement à fe donner à Meffieurs fes Enfans dans les intervalles de loifir que lui laiffoit fa Charge de Maître des Requêtes, lors que la haute opinion de fa fuffifance le leur enleva pour les befoins de l'Etat. Dans la néceffité où il fe vit de facrifier tout fon tems, fes veilles & fes foins au Public, il ne crut pas pouvoir mieux faire que de chercher des Maîtres capables de tenir fa place pour leur confier cette partie de l'éducation de Meffieurs fes Enfans à laquelle il ne pouvoit plus vacquer. Les Maîtres ne les lui eurent pas plutôt remis entre les mains, après les avoir bien inftruits dans les Belles Lettres & les avoir formés dans l'Eloquence & la Philofophie, qu'il les mit à fon Ecole. La plus utile &la plus néceffaire de leurs études, étoit de l'obferver & de s'accoutumer peu-àpeu à fuivre fes pas. Son éxemple étoit pour eux une Leçon plus que fuffifante, puis qu'elle étoit continuelle: néanmoius comme il s'agiffoit principalement de les former pour l'Etat, il fut leur faire une étude reglée de fes propres occupations, fans apporter aucune diftraction à fes fonctions. L'application & l'affiduité dans la quelle il les entretenoit, étoit toujours foulagée par les douceurs & les agrémens des Belles Lettres, qu'il avoit foin de leur faire répandre fur tout ce qu'ils fai

Divus Auguftus non defiit quietem fibi precari, vacationem à Republica petere. Omnis ejus fermo ad hoc femper revolutus eft, ut fibi fperaret otium. Hoc labores fuos etiam falfo, dulci tamen oblec

Tom. V.

foient; & non content de leur rendre a- Conclu gréables les queftions les plus épineufes fion, du Droit par la varieté admirable de fa literature, c'étoit encore pour eux qu'il avoit fait de fa maifon une Académie réguliere de toute forte de Savans.

Il y avoit plus de dix-huit ans qu'il fe voyoit à la tête du premier Parlement du Royaume, lors qu'après avoir affuré à Mr. votre Pere & à Mr. votre Oncle la fucceffion de fa fuffifance pour leurs Charges, de fa fidélité & de fon zèle. pour le fervice du Roi & de la Patrie, ne fe croyant plus fi néceffaire à l'Etat, il conçut le deffein de fe charger immé diatement de votre éducation & de celle de Meffieurs vos Coufins les autres Petits-Fils. Dans cette vûë il méditoit fa retraite tout férieufement; & fongeant aux moyens de rentrer dans la vie privée dont il n'avoit jamais folidement goûté les douceurs, il s'étoit déja fait für la butte d'une folitude qu'il avoit choifie au bout de fon Parc un rétranchement dont il refte encore un monument expofé à nos yeux. Là il fe promettoit un repos après lequel il foupiroit ouvertement au milieu des vœux que les Peuples faifoient pour engager le Ciel & le Prince à le retenir dans fa Charge. Cette réfolution, outre plufieurs excellentes qualités, lui avoit été commune avec l'Empereur Augufte (4), l'homme le plus favorifé d'enhaut qui eût jamais été dans le monde, felon les Romains. Ils ont encore eu cela de commun, que ni l'un ni l'autre n'ont eu la fatisfaction de voir leurs défirs accomplis. Mais je ferois injufte, fi je diffimulois la différence qu'il y avoit d'ailleurs entre l'un & l'autre, & fi je fupprimois l'avantage que Mr. le Premier Préfident a eu fur cet Empereur en cette occafion. Augufte ne fongeoit qu'à fe décharger du fardeau de l'Empire pour respirer a fon aife, & ne vivre plus que pour lui feul: Mr. votre Aïeul en qualité de Chrétien portoit toutes fes vûes au Ciel, vouloit travailler

plus

tabat folatio, aliquando fe victurum fibi..... Tanta vifa eft res illi otium, ut illam, quia ufu non poterat, cogitatione præfumeret, Senec, de Brevit. Vit, cap. s.

S

Lion,

Conclu- plus particuliérement que jamais à fa propre fan&tification, & fe faire un devoir capital de votre éducation. Augufte avoit encore des restes du chagrin que fes Enfans lui avoient donné, & il fembloit ne pouvoir rétifter au déplaifir qu'il avoit d'entendre dire qu'il étoit auffi malheureux dans fa famille qu'il paroiffoit heu reux au dehors: Mr. le Premier Préfi dent jouiffoit paisiblement du bonheur que toutes les bénédictions du Ciel & de la Terre peuvent apporter dans une maifon, & il avoit la joie de voir fa famille floriffante dans l'un & l'autre féxe. S'il eft vrai que toutes les familles font comme autant de petites Monarchies, on peut dire que la fienne étoit le Royaume de la Paix. Il y donnoit les Loix par fa fageffe, les enfeignoit par fes éxemples, & les faifoit obferver par l'uniformité merveilleufe de fes actions. Toutes les vertus s'y pratiquoient fans confufion mais il y en avoit une qui fembloit préfider à toutes les autres, qui fe trouvoit répandue fur tous les membres de la famille, & qui étoit comme le reffort de tous leurs mouvemens C'eft elle qui tournoit le cœur du Pere vers les Enfans, & celui des Enfans vers le Pere, & qui faifoit regner une correspondance fi parfaite dans leurs fentimens & dans leurs inclinations, que l'harmonie des parties du corps humain n'a rien de mieux concerté que celle qui fe trouvoit dans cette heureuse famille.

C'étoit dans le deffein de perpétuer ce bonheur dans fa poftérité qu'il méditoit de prendre congé du Public, pour pou voir fe donner à fes Petits-Fils avec plus de liberté & de loifir, & pour les élever de bonne heure dans la pratique des Vertus & dans l'étude des Sciences. C'eft pour l'amour de vous qu'il vouloit descendre de ce haut dégré d'élévation où fon mérite, beaucoup plus que fa Charge, l'avoit retenu jusqu'alors expofé à la vûe de toute la France & de l'Europe. Peu de gens favoient fa réfolution, & peu l'auroient voulu croire alors. La chofe ne paroiffoit pas poffible pour un Homme fi extraordinaire, mais elle auroit été bien incompréhenfible pour ceux qui l'avoient vû dans les Fonctions fublimes

qui avoient pour objet le repos & la fe- Conclu cilité des Peuples, la perfection du Gen- fion. re Humain, la gloire de Dieu, & la fatisfaction de fon Roi. C'est à vous qu'il vouloit découvrir les reflorts de cette fageffe dont on admiroit les effets. C'eft pour vous qu'il vouloit tourner en vertus domestiques toutes les qualités ad. mirables dont les Peuples avoient retiré tant d'utilité. C'étoit fans y fonger fon propre modéle qu'il vous deftinoit pour vous former quoique cela fût fort éloigné de fes intentions. I paffoit à Mr. votre Pere & à Mr. votre Oncle ce qui fe trouvoit en lui de plus fublime & de plus éclatant qui pouvoit être à leur bienféance, & il vous réfervoit ce qu'il avoit de plus caché & de moins connu, pour commencer en vous les fondemens d'une grandeur femblable à la fienne. Il favoit par fa propre expérience, que les Vertus les plus intérieures & les plus obscures ne font pas moins néceffaires que les autres pour la véritable Sageffe; qu'elles font les premiéres qu'il faut mettre en œuvre; que les unes fervent de fondement & les autres de colomnes à l'édifice qu'on veut élever; qu'en vain travailleroit-on à le rendre grand, fi les fondemens ne font également profonds & folides, qu'une grandeur qui ne confifte que dans l'élévation du faîte ne résiste pas long-tems au vent ni à fon propre poids; que fa chûte eft infaillible, parce que fes extrémités ne font pas proportionnées; mais que la véritable grandeur ne fait où tomber, puisqu'elle est égale par tout, qu'elle occupe tout, & que n'ayant rien de plus haut qu'elle, elle n'a auffi rien de plus profond. Il comptoit donc déja fur le plaifir qu'il fe promettoit de vous infpirer tous les fentimens. & toutes les maximes qui fuffent conformes aux deffeins de Dieu fur vous. Il fembloit que vous duffiés fervir d'un nouvel ornement à fa belle vie. Vous deviés faire le fujet du repos & de la fatisfaction de fon esprit. En un mot, s'il en eût été crû, vous deviés être la gloire, &, fi je l'ofe dire, la couronne de fa vieilleffe.

Mais Dieu ayant accepté fes défirs, s'eft contenté de fa dispofition, qui fem

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LECTEUR.

E Traité que je vous donne ici devoit, fuivant fa premiére deftinée, fervir d'Epitre Dédicatoire à un plus grand Ouvrage, comme vous le verres aisément par la lecture de fon commencement. Mais Auteur l'ayant infenfiblement laissé grofir fous fa main, j'ai cru qu'il méritoit de faire un volume à part, d'autant plus volontiers, que la matiére qu'il contient est toute différente de celle dont il s'agit dans le Recueil des déguisés. L'Auteur s'eft rendu lui-même à cette raifon, lorsqu'il a été question d'obtenir fon confentement pour cette féparation. Ainfi vous pourrés confidé rer tout ce qui précéde le premier nombre du Traité qui fait l'article d'Eupolis, com me une Préface véritable fervant de pré

paration ou d'entrée au Recueil des EN-
FANS DEVENUS CELE RES PAR
LEURS ETUDES ou PAR LEURS
ECRITS. Je ne prétens pas vous préve-
nir fur la lecture de ce petit Ouvrage,
puisque c'est de vous que l'Auteur && moi
devons en attendre le jugement. Je vous
avertirai feulement qu'il a tâché de ne point
paffer l'age de vingt ans dans les jeunes
Savans dont il a fait le dénombrement, pour
ne rien perdre de l'agrément qui se trouve
dans une rareté de cette nature
5 pour
garder autant qu'il feroit poffible la jufteffe
du deffein qu'il a eu d'exciter les En-
fans à l'Etude des Lettres & à l'amour
des Sciences par des éxemples de toute es-
pece.

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Tom. V. Part. I.

TABLE

TABLE

Des Perfonnes des Etudes desquelles il eft parlé dans cet Ouvrage.

Les Chiffres font ceux des Pages, & non ceux des Articles.

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