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Ce que l'on entend par in

que.

pour
la feconde fois immobile ou stationaire au point N,
c'eft-à-dire pendant le tems qu'elle employera à parcourir
l'arc OP. Enfin après fa plus grande digreffion au point
P, elle doit retourner, ou paroître fe mouvoir comme
auparavant, c'est-à-dire avec des mouvemens apparens,
fort inégaux felon l'arc NKHLM.

Les Aftronomes ont appellé inégalité optique, cette égalité opti forte d'inégalité dans les mouvemens apparens ; ainfi elle n'eft pas réelle dans les corps céleftes, mais c'est une inégalité qui dépend de la fituation de l'œil, qui n'eft point au centre du mouvement de la planete: car fi l'œil au lieu d'être en O, est transporté au point C, & qu'il y demeure pendant tout le tems d'une révolution de la planete, il est évident que puisque la planete parcourt felon notre fuppofition des arcs de cercle égaux dans des tems égaux, le Spectateur n'appercevra du point C, que des mouvemens parfaitement égaux entr'eux.

Figure 8.

Si l'on prenoit dans le cercle tout autre point que le centre, & que l'Obfervateur fût, par exemple, situé au point 0, entre le centre & la circonférence; alors quoique la même planete parcourût des arcs égaux dans des tems égaux, fon mouvement paroîtroit néantmoins fort inégal vû du point 0: car lorfque la planete fera dans fa plus grande distance du point A, fon mouvement paroîtra fort lent; au contraire il paroîtra très-rapide lorsqu'elle se fera approchée du point C, le plus près qu'il eft poffible; ce qui eft évident, puisque l'angle COD eft beaucoup plus grand que l'angle AOB, quoique les arcs AB, CD foient égaux entr'eux. Cependant il faut bien remarquer, que dans cette fuppofition de l'œil placé entre le centre & la circonférence, jamais la planete ne fçauroit paroître stationaire, ni rétrograder; d'où il fuit, que s'il arrivoit que l'Obfervateur vînt à découvrir la Planete, tantôt directe, tantôt stationaire, & tantôt rétrograde, il faudroit

conclurre, qu'il auroit lui-même un mouvement particulier, & que fon œil ne feroit plus fitué dans un point fixe ou immobile, comme on l'a fuppofé jusqu'ici.

CHAPITRE SECOND.

Où l'on confidere le mouvement apparent, l'Obfervateur change de lieu.

A

lorfque

Près avoir expliqué les différens cas où l'on observeroit les principaux phénomenes du mouvement apparent, dans la fuppofition que l'œil foit conftamment dans un même lieu; il refte à expofer ceux où l'œil, ou plutôt le lieu où il se trouve font emportés d'un même mouvement. Car il eft aifé de concevoir que les objets paroîtront pour lors fe mouvoir d'une maniere tout-à-fair différente de ce qui vient d'être établi ci-dessus, puifque l'œil jugera quelquefois en repos ce qui eft emporté d'un mouvement très-rapide ; & qu'au contraire il attribuera divers mouvemens à certains objets fixes, ou qui feront dans un repos parfait. Il peut même arriver que les mouvemens obfervés d'un même objet feront tout-àfait contraires, ou même directement oppofés à ceux qu'il a réellement ; que les objets, dis-je, qui fe meuvent vers l'Orient, paroîtront à l'Observateur emportés vers l'Occident; ce que l'on peut expliquer d'une maniere plus fimple, en prenant pour exemple les mouvemens que l'on obferve fi fouvent dans une barque fur une riviere ou dans un vaiffeau, lorfqu'il s'éloigne du port. L'expérience nous apprend que ceux qui font pouffés par les vents d'un mouvement à peu près égal & uniforme, ne peuvent gueres s'appercevoir du mouvement de leur vaisseau; qu'ils s'apperçoivent bien moins encore de

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nent au con

tués fur le ri

mouvement

réel.

celui de tous les objets fixes qui y font renfermés avec eux: cela vient uniquement de ce que toutes les parties du vaiffeau gardant entr'elles la même fituation & la même distance à l'égard de l'œil, l'image de tous ces objets fe trouve toujours peinte dans le fond de l'œil au même endroit de la rétine, & par conféquent l'image de chacun de ces objets doit y demeurer fixe & immobile. Ainfi quoique ces mêmes objets fixes qui font renfermés dans le vaiffeau, foient emportés avec l'Obfervateur d'un même mouvement, & d'une viteffe précisément égale à celle de l'œil; quelque grande que puiffe être cette viteffe, il eft cependant très-certain que l'Obfervateur ne fçauroit s'en appercevoir, parce qu'il eft emporté d'un même

mouvement d'un mouvement qui leur eft commun. Ils s'imagi- Mais enfin fi l'Obfervateur vient à jetter les yeux fur le traire que les rivage, il lui attribuera fur le champ, auffi-bien qu'aux objets fixes fi- arbres & à toutes les maisons qu'il découvrira fur la terre, vage ont un un mouvement plus ou moins rapide, felon que son vaisseau fera emporté d'une viteffe plus ou moins grande. La raison eft, que le vaiffeau conjointement avec l'Observateur, change continuellement de lieu, & partant l'image des objets extérieurs venant à fe placer fucceffivement dans les différentes parties de la rétine, ces mêmes objets quoiqu'immobiles & fitués en terre ferme, lui paroîtront néceffairement se mouvoir; au lieu que l'image des objets qui font dans le vaiffeau occupera toujours la même place fur la rétine dans le fond de fon œil ; & par conféquent le fpectateur ne leur fçauroit attribuer aucun mouvement réel.

Si l'on confidere auffi ce qui doit arriver lorsqu'on laisse tomber un boulet du haut du mât d'un vaiffeau qui fait voile le long des côtes de la mer, on conviendra, ce me semble, que ce même boulet y paroîtra tomber suivant une ligne à plomb, c'est-à-dire, de la même maniere que

ment d'un

au haut du

mât d'un vair leau,& qui pafi différemvigateurs & à ceux qui font de la Mer.

roît tomber

ment aux na:

fur le rivage

fi le vaiffeau étoit en repos dans le port ou dans un calme; ainsi le boulet tombera nécessairement au pied du mât, Mais il est à remarquer qu'il ne fera réellement point tombé fuivant la vraie ligne à plomb, c'eft-à-dire, fuivant une ligne perpendiculaire à la furface de l'eau, ou du globe terreftre, mais par une ligne oblique à cette surface. Auffi ceux qui fe trouveront en même tems fur le rivage lui verront-ils décrire cette ligne oblique ; c'est-à- Explications dire, que le boulet n'y paroîtra pas tomber de la même du mouvemaniere qu'il auroit paru aux fpectateurs placés dans le vaif- boulet placé feau. Voici une explication fort fimple de ce phénomene. Une des principales loix du mouvement, & qui eft fi conforme à tout ce que l'on obferve dans la nature, c'est qu'un corps mis une fois en mouvement, doit toujours, s'il ne trouve aucun obftacle, continuer fa route avec la même vitesse, & fans changer de direction. Or lorfque le boulet étoit attaché au haut du mât, lorsqu'il n'avoit d'autre mouvement que celui du vaiffeau, ce mouvement lui étant alors imprimé felon la ligne horisontale, il a dû le conferver lorfqu'on l'a détaché du haut du mât. Mais quoique la pefanteur lui en ait communiqué bientôt un autre fuivant la direction verticale, il a dû néantmoins conferver le premier, parce que ces deux mouvemens n'étant ni opposés ni contraires l'un à l'autre, ils n'ont pu fe détruire ni fe caufer mutuellement la moindre altération: ainfi le boulet devant fe mouvoir en ce cas en avant & de haut en bas, il doit faire, dis-je, autant d'effort pour s'avancer & pour defcendre, que fi chaque force agiffoit féparément. Donc tout ce que pourront produire ces deux forces qui agiffent en même tems, ce fera d'empêcher qu'il ne fuive l'une ou l'autre direction horisontale ou verticale, de forte qu'il décrira une ligne courbe oblique à l'horison, semblable à celle que nous voyons dé

C

Du mouvement d'une

l'avant à l'arriere d'un vailleau.

crire à une pierre jettée horisontalement de quelque en-
droit élevé, cette pierre ne laiffant pas de fe mouvoir en
avant pendant tout le tems qu'elle emploie à defcendre.Or
c'eft précisément la même courbe que l'on verra de deffus
le rivage décrire au boulet dans le tems de fa chûte : car
puisque le boulet & le mât font emportés d'une même vi-
tesse, ils conferveront toujours la même distance entr'eux,
& par conféquent le boulet tombera néceffairement au pied
du mât. De plus, le mouvement par lequel ce boulet doit
s'avancer horisontalement, eft le même que celui du vaif-
feau, ou de tous les fpectateurs qui font dans le vaiffeau.
Mais ce mouvement commun, comme on l'a déja fait
voir, ne pouvoit être apperçû avant la chûte du boulet
il ne doit donc pas l'être davantage dans le tems que le
boulet tombe, d'où l'on voit par conféquent la vraie rai-
fon pourquoi l'on ne fçauroit appercevoir dans le vaisseau
d'autres mouvemens, que celui que la pesanteur a donné
au boulet; c'est-à-dire, que dans le vaisseau il n'eft pas
poffible de juger autrement de la chûte du boulet, que
felon la perpendiculaire à la furface de la mer, en un
mot, felon une ligne parallele au mât. Le grand nombre
d'expériences qu'on a faites à ce sujet, font rapportées par
tant d'Auteurs, qu'il ne doit refter, ce me femble, aucun
fcrupule fur cet article.

Nous pouvons encore examiner ce qui arrive, lorfque balle jettée de de la proue d'un vaiffeau l'on jette une balle vers la poupe avec une force telle que la viteffe de cette balle foit exactement la même, que celle du vaiffeau. Suppofons pour un moment que la pefanteur n'agisse point fur cette balle, il est évident, que pour-lors elle ne sçauroit avancer ni reculer; & que par conféquent elle refteroit immobile & fufpendue dans l'air, précisément au même endroit d'où on l'a jettée. Mais fi la pefanteur agit à l'ordi

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