tempête, particulierement ces ouragans de vent étant fur les plus hautes montagnes de ce pays-là, & dans la moyenne region, ils ils aident à faire les plus grandes ten pêtes. Tous ces effets fuffifent pour nous perfuader, ainfi que les Auteurs qui le raportent, que le vent du Nord eft regnant à l'Inde Orien tale & à la Mer rouge, oblige à faire venir une plus grande quantité d'eau dans la Lagune du Fleuve du Nil, où l'abondance d'eau eft tres-grande, lefdits vents regnant aufdites parties, obligent le Nil à deborder fur les terres d'Egypte. Et de mefme, nous fçavons qu'il y a en Espagne un autre grand Volcan de vent dans la Principauté de Catalogne, où les Catalans l'appellent El Buffa dere, qui jette plufieurs vents tres - froids dans la mer Mediterranée pendant l'Hyver. Et prés luy il y a une Fontaine tres-profonde, qui en y jettant un gros morceau de bois, il fe trouve enfuite dans une autre Fontaine qui eft dans l'lfle de Mayor que, entre le Palais de l'Evêque, & la mer qui entre jufqu'auprès de la Fontaine. Et comme toutes ces chofes rares font tres publiques & fort en ufage, je ne citeray pas plufieurs Auteurs, afin de ne pas g.offir

ce volume.

Et aprés toutes ces experiences trouvées

en la mer du Sud, on trouve de même que les tremblemens de terre furviennent en toutes ces coftes, comme en celles de tout le refte des Indes Occidentales, au mesme que la Lune eft nouvelle ou dans fa plenitude; & cela montre que la mer faifant fa plus grande plenitude d'eaux prés les coftes au temps de la nouvelle ou pleine Lune, elle remplit en s'enfilant davantage, les trous & cavernes fouterraines. Et com. me l'element de l'eau eft fi puiffant, & qu'en occupant les entrées des cavernes & trous, il oblige l'element de l'air qui eft renfermé en dedans à chercher quelque ouverture pour fortir, l'un & l'autre élement ayant fon contraire dans lefdites cavernes, produifent les tremblemens de terre, parce que l'air n'a pas par où il puiffe refpirer. C'est pour cette mefme raifon qu'on éprouve dans toutes les Indes de l'Occident, que lorfqu'il fe fait ou arrive quelques tremble mens de terre, il s'ouvre de nouvelles breches, ouvertures & trous, qui font tresépouventables en quelques endroits. Et il m'est arrivé en voyageant par la terre des coftes riches, qu'eftant furvenu un grand tremblement de terre, il fe fit une grande breche, que dix-neuf tant de mes Mulets que de ceux qui voyageoient avec moy, refterent

refterent dans l'ouverture, d'où il ne fut pas poffible d'en tirer plus de huit, tant le trou eftoit profond. C'eft pourquoy les habitans du Perou, pour la plufpart ont coutume de faire un ou deux puits dans leurs maisons, & mefme plufieurs pour éviter les tremblemens de terre, ayant experimenté que les tremblemens ne font pas fi rudes dans les endroits où il y a de ces fortes de puits.

Outre toutes ces chofes qui font tresnotables, il s'en trouve encore une autre à la mer du Sud, qui n'eft pas moins digne d'admiration fçavoir, lorfqu'il y a des tempêtes dans les autres mers, les eaux fe rendent fortes & enflées, les ondes & flots fe battent les uns contre les autres; mais il n'en eft pas de mesme à la coste de la mer du Perou, & en plufieurs parties de certe mefme mer du Sud, quoique les tempêtes deviennent rudes, nous pourrons donner deux raifons produites de deux effets = visibles, & tirées de l'experience que nous avons que la mer ne s'enfie pas en ces quartiers-là. La premiere eft, que les courans eftant tres forts, ils ne donnent pas de tems à l'eau de la mer de fe battre l'une contre l'autre, par la longueur extraordinaire ou étendue de ce Golfe & de fes courans. La

T

feconde raison eft, que les vents eftant le fujet principal qui cause les alterations des eaux maritimes, comme ils ne fubfiftent pas long-tems, il eft bien clair que la mer n'a pas le tems de s'enfler,

Ainfi comme tous ces évenemens & acci dens prefque naturels s'experimentent dans la mer du Sud, je dois neceffairement aver tir, que tout le contraire arrive au Sud du Tropique du Capricorne, parceque toutes les tempètes & mouvemens de la mer fe font comme dans la mer Oceane du Nord, ainfi en la mefme mer du Sud au Nord du

Tropique du Cancer les tempeftes le font de la mefme maniere, & elles font fi fortes entre ce Tropique & l'Equateur à la cofte de l'Occident de Guatemala & du refte de la nouvelle Efpagne, & j'ay experimenté moy-mefme dans quelques occafions la mer fi rude, que les flots de cettedite mer jettoient dans nos Navires les fables & quelques pierres du fond de la mer; Ce qui fait voir qu'elle n'eft pas fi profonde que l'Ocean du Nord, & que toute cette mer du Sud eft un Archipel peuplé de plufieurs Mes: De forte que par toutes ces demonftrations, les Curieux pourront avoir une exacte connoiffance de la mer du Sud, qui n'a pas efté décrite avec tant d'exactitude

par les anciens & modernes Navigateurs, parce qu'elle est trop éloignée de noftre Eu

rope.

Et entre autres chofes qui font toutes dignes d'étonnement, & que j'ay obfervé dans la Region Meridionale, j'ay remarqué que cette Region eftant totalement diffe rente des autres (quoique la nouvelle Elpa pagne ait quantité de temperamens divers,) dans cette partie-cy, le Soleil eftant du côté du Nord, & au Golfe du Mexique, en Efté, & la mer eftant calme, c'est le tems qu'il pleur aux coftes de la nouvelle Efpagne, & de tout le refte des Indes Occidentales da cofté de la Mer Oceane, depuis Mars juf qu'en Septembre, dans la partie Septentrionnale de l'Equateur, & ces pluyes penetrent fi peu dans le pays, qu'elles ne s'êloignent de la mer du Nord que de vingtcinq à trente lieuës, autant que le Soleil eft du costé de la Region Aretique, & lorfque le Soleil eft du cofté de l'Antaretique, c'eft le tems qu'il ne pleut pas en terre dans ces cotes, l'Hyver y eftant au tems de l'Efté, & l'Efté au tems de l'Hyver en toutes les Indes, entre les deux Tropiques du Cancer & du Capricorne, & entre l'Equateur, & le tout doit eftre entendu du cofté de la mer Oceane, & tout