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le recit de quelques – unes a sçû plaire à VOSTRE ALTESSE ROYALE. L'ordre qu'elle m'a donné de les mettre au jour,& la permiffion de les luy offrir,m'en font des preuves trop agreables pour ne pas y répondre avec tout Tempreffement que demande un honneur pareil. Fay moins en vûë cependant d'obéir à VOSTRE ALTESSE ROYALE, lorf que je donne mon Voyage, que de publier fes bontez ; & jose dire en cela que ma gratitude y a plus de part, qu'elle en eft plus flattée que ma déference. On connoiftra par tout qu'une des plus grandes Princeffes du monde s'eft intereffée dans la fortune d'un pauvre voyageur, fans autre motif que celuy de fa generofité na

turelle. Il eft bon qu'on fçache qu'elle ajoûte tant de graces à ce qu'elle fait dans ce genre; que ce qui doit être le caractere commun des grands des bons Princes, devient chez elle un caractere particulier qui la diftingue. Il faut qu'on apprenne que cette prérogative, qui pourroit feule mettre VOSTRE ALTESSE ROYALE hors de comparaison, eft accompagnée de tant d'autres › que les Sages, Sçavans, les beaux Efprits & les Politiques ont de quoy luy confacrer leur encens fans craindre de tomber dans la flatterie. C'eft avec d'autant plus de confiance MADAME, que je m'explique ainsi, malgré voftre éloignement pour tout ce qui reffent l'éloge, que je ne fuis, pour ainfi

les

dire, que l'écho de ces veritez. Si tant d'autres on eu le bonheur de leur

rendre hommage, & de publier avantmoy les qualitez illuftres dont le Ciel vous a comblée ; permettezmoy de même de donner icy à vos bontez genereufes le tribut que je leur dois, & de me dire avec un respect, & une reconnoissance éternelle

MADAME,

De VOSTRE ALTESSE ROYALE,

Le tres-humble, & tresobéïffant ferviteur

PAUL LUCAS.

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AU LECTEUR.

de foins

Uoy qu'il femble que les relations n'exigent pas tant ces fortes d'ouvrages cependant ont leurs graces qu'on ne doit pas negliger. Il y entre d'ailleurs tant de matieres qui demandent un ftile different qu'on ne peut fe difpenfer de faire quelque attention, & de garder plus de mefures en ces endroits. On ne fe flatte pas neanmoins, dans ce qu'on donne icy, d'avoir attrapé par tout ce point de jufteffe qui fait goûter les moindres chofes, la precipitation où l'on a efté de publier ce voyage ne l'a pas permis. Le peu de manieres encore de varier qu'a noftre langue n'a pas efté d'un petit embarras; dans un recit fommaire les mef. mes circonftances reviennent fi

2. iiij

fréquemment qu'elles fe touchent prefque la plupart.

Si l'on peut donc ne point rebuter les difficiles, ce hazard fera dû autant à la fincerité du Voyageur, qu'à fa diligence. Peut eftre mefme fçauront ils quelque gré de trouver moins de ces fortes d'épines qui naiffent imperceptiblement dans le recit de ces voyages, qui ne fe font qu'avec des travaux & des perils infinis. L'efprit dans ces occafions fe reffent quelquefois des fatigues qu'il décrit, ou de la difficulté des fujets qu'il traitte; & il n'est gueres donné qu'à des Bignons, des Ogiers, des Lomenies, des Lalouberes, de plaire & d'instruire dans ce genre, de conferver les agrémens du langage, & la prefence d'efprit neceffaire, dans les narrations les plus difficiles, & les matieres les plus arduës.

Quoy qu'il en foit, fi cette relation a le bonheur de divertir

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