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V.

Le Bouclier chanté par Homere, avoit toujours paru une énigme dont on ne pouvoit deviner le nœud, ni quel art secret en avoit lié tous les Tableaux: après avoir rapporté ce texte en Langue originale & l'avoir acc mpagné d'une Traduction à notre maniere, nous faisons voir que c'est la peinture de l'Année Grecque, mois par mois, en commençant avec les mois des Noces ou de Janvier ce morceau devient ainsi un fupplément à notre

Hiftoire du Calendrier.

Nous en difons de même du Bouclier chanté par Héfiode. Il préfente le Calendrier Grec, pourvu qu'on rétrograde d'un mois, & qu'on commence au Solstice d'Hiver. Nous prouvons en même tems que celui-ci eft plus ancien que celui d'Homere; & que ce dernier luttant avec fon devancier, a fu, en imitateur habile, l'emporter fur lui à tous égards.

VI.

Viennent enfuite quelques Morceaux non moins neufs, relatifs au Génie symbolique & allégorique de l'Antiquité. Le premier eft l'Explication du Jeu des Tarots, jeu fort connu en Italie, en Provence, en Allemagne, &c.

Nous prouvons que c'eft un Livre Egyptien dans lequel ce Peuple nous a tranfmis fes idées civiles, politiques, religieuses; que c'est un emblême de la vie, & qu'il eft devenu l'origine de nos Cartes à jouer, des Efpagnoles premierement, pour remplacer celles-là qu'on défendoit féverement comme magie noire ; & des Françoifes enfuite: qu'ainfi nos Cartes à jouer fe traînent de loin fur les traces de ce Peuple favant & ingénieux ; ce qu'assurément qui que ce soit n'avoit foupçonné, tant on étoit convaincu que cette invention étoit moderne, & que l'Antiquité n'offroit rien de pareil.

VII.

Cette Explication eft accompagnée d'une Differtation très-intéreffante, qu'on s'eft fait un plaifir de nous fournir, fur la maniere dont les Sages ou Mages d'Egypte appliquoient ce jeu à la Divination, & comment cet ufage s'eft perpétué même dans nos Cartes à jouer, calquées fur celles-là.

VIII.

Nous faifons voir enfuite que l'Antiquité appliqua à la Légiflation la célebre Formule de SEPT, qui fervoit de bafe à toutes les sciences: qu'il en résulta une Galerie de fept Rois, dont les attributs & les actions peignoient tout ce qui eft néceffaire pour un Gouvernement bien conftitué, & que cette Galerie s'évanouiffoit par un grand coup de Théâtre dans lequel périffoit le dernier Prince, & s'éteignoit la Royauté : car il falloit bien un dénouement à cet ensemble de prétendus faits hiftoriques. Cette fuite de Tableaux que perfonne non plus n'avoit foupçonnée, nous la montrons chez les Japonois, les Egyptiens, les Troyens : nous démontrons par le fait, que les Romains la confondirent avec leurs fept Rois, & qu'ils en ont calqué l'hiftoire, les noms & les inftitutions exactement fur cette fuite philofophique, fans qu'elle y foit jamais en défaut : nous prouvons même que la durée chronologique de ces fept Rois, & qu'on difoit être de 245 ans, ce qu'aucun Savant n'avoit pu admettre, eft une durée mythologique formée des deux nombres facrés cinq & fept, multipliés l'un par l'autre.

Cet accord de tous les Peuples devient un exemple frappant 'du Génie allégorique & fymbolique des Anciens, & de leurs leçons ingénieuses fur les objets les plus relevés: il fait honneur à leurs Sages & à leurs Légiflateurs, & prouve que la science &

non l'ignorance dirigeoit alors les Etats: tandis que la maniere dont nos grands Principes fur le Monde Primitif fe développent & donnent l'intelligence d'une multitude d'objets qu'on avoit fous les yeux fans y rien voir, devient une démonstration de leur bonté, & de leur certitude.

IX.

Nous avons réuni ici trois Morceaux qui ne font point de nous, mais qui tiennent étroitement à notre Ouvrage.

1. La Critique de nos Vues allégoriques qui parut dans le dernier Mercure de Janvier 1780, fous le nom de F, PAUL,Hermite ; & qui eft de M. de la Br. Cet agréable Ecrivain trouvera par les Differtations que nous venons d'analyser, que nous ne nous fommes guères corrigés.

2. La Réponse que M. Pr. y fit dans le Journal de Paris peu de jours après.

3. Celle de M. de la D. fous le nom de F. Pacôme, Hermite de la Forêt de Sénars, & inférée dans un des Mercures du mois de Février même année.

Ces Morceaux font d'autant plus intéreffans qu'ils répandent un grand jour fur le Génie Symbolique des Anciens, & fur sa certitude. Le Critique croyoit qu'on pouvoit appliquer avec le même fuccès, à toute Hiftoire Nationale, la méthode que nous fuivons pour expliquer l'Hiftoire Mythologique, méthode qui feroit par-là même absolument illufoire ; ce qui étoit peut-être la feule objection raisonnable à faire. Ceux qui nous ont fait l'honneur de prendre notre défense, ou plutôt celle de nos Principes, montrent parfaitement ce qui diftingue l'Hiftoire, de la Mythologie, hiftorique en apparence, & comment une méthode qui feroit très-agréable & très-bien vue pour expliquer la Mythologie, devient nécessairement abfurde, dès qu'on l'appliquera à l'Hiftoire.

X.

X.

Nous avons fait fuivre ces réponses d'une autre que nous fîmes à la Critique d'un Journaliste qui attaqua notre Etymologie du mot VÉRITÉ,comme n'ayant aucun rapport au mot VAR, VER, eau i qui nie même que ce dernier mot ait préfenté l'idée d'eau, & qui ajoûte qu'il l'avoit inutilement cherché dans la Langue Hongroise, où il ne fignifie que Ville. L'efpérance feule de faire goûter à ce Journaliste des Principes que notre réponse devoit lui rendre plus sensibles, nous engagea à cette difcuffion: nous n'y aurons point de regret fi notre but eft rempli.

Nous prouvons par une multitude d'exemples: 1°. que ce mot eft le nom d'une multitude de rivieres.

2o. Qu'il a formé une Famille Hongroise très-remarquable avec l'idée d'eau : ce que le Critique auroit vu comme nous s'il avoit connu les principes de l'Etymologie & les loix fur lesquelles elle

eft fondée.

3°. Que Var n'a fignifié Ville en Hongrois, que parce qu'il fignifioit déjà eau: tous les lieux dans le non defquels entre ce mot, étant fur des Eaux, certainement plus anciennes que les Villes.

Enfin, que l'Eau ou Var étoit le feul objet phyfique dont on pût dériver le nom métaphysique & figuré de la vérité : tous deux défignés par l'idée de miroir, par l'idée d'un miroir fidele & naif, par celles de clarté, de pureté, de fraîcheur, d'évidence.

Nous pouvons pouvons dire que les Principes du Monde Primitif font comme ces rocs contre lefquels viennent fe brifer les vagues de la mer: & qu'il eft plus digne des Savans de s'en pénétrer & de travailler à les perfectionner, car la carriere eft immenfe, que de chercher à les renverfer: c'est parce que nous avons vu qu'avec eux nous ferions invulnérables comme Achille, que nous n'avons pas craint de nous livrer à des recherches qui devoient naturelleDifc. Prél. T. 1.

b

ment mettre tout le monde contre nous, fi nous n'avions pas, comme on dit, raifon & demie.

XI.

Nous avons placé à la fuite la Famille du mot Por, qui défigne tout ce qui eft élevé & profond, puiffant, &c. Famille riche en noms Mythologiques, en noms Sacrés, en noms de grands Fleuves, de grands Lacs, en noms de Montagnes, de Châteaux, de Ponts, &c. Et même en mots Américains répandus dans tout ce nouveau Monde.

On voit ici un exemple inftructif & frappant de l'utilité dont feroit notre Dictionnaire Comparatif des Langues de l'Univers, diftribué par grandes Familles : car il n'eft aucun mot Primicif qui ne pût préfenter les mêmes réfultats & le même intérêt.

On y voit auffi la preuve de ce grand principe, que chaque mot radical prend toutes les voyelles fucceffivement pour diversifier fes dérivés, & nommément les voyelles nafales: principe qu'on méconnoît trop, & que des Gens de Lettres ne devroient jamais contefter pour leur propre loire. Ne fair-on pas qu'en tout genre, il eft des objections & des questions qu'il n'eft pas honorable de faire, lorsqu'on eft parvenu à un point où l'on eft censé ne devoir pas ignorer ces choses?

XII.

La Differtation qui fuit cette Famille n'eft pas de nous : c'est une Lettre que nous reçûmes lorfque notre premier Volume eut paru: elle étoit relative à un très-grand Ouvrage que l'Auteur de ce Mémoire préparoit depuis long-tems fur l'Hiftoire phyfique de la Terre : étonné des rapports qu'il appercevoit entre les résultats de nos Recherches fur les Allégories & ceux où il étoit parvenu d'après la connoiffance physique du Globe & de fes révolutions, il nous exhorte à continuer courageufement nos Recherches,

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