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fon même, qui dit hautement qu'aucun Peuple ne put jamais renoncer à fa Langue : & par une preuve d'un genre peu connu & qui étoit tout-à-fait conteftée, celle qui fe tire de la valeur ou de la fignification des noms de lieux: car dans les Principes du Monde Primitif, où tout a fa caufe, les noms de lieux ont tou jours eu une raifon; & cette raifon, dans la haute antiquité, a toujours ou prefque toujours été la nature même du local qu'on avoit à désigner. Ainfi nous avons fait voir, que la Langue Celtique fubfiftoit encore de nos jours dans la plupart des noms de lieux du Royaume, même dans l'Ile-de-France, même à Paris ; & que ces noms étoient dérivés de mots également confervés dans la Langue Françoife.

Quant aux familles de mots, nous les avons divifées en quatre claffes pour chaque lettre.

gere.

1°. Les mots formés par Onomatopées.

2o. Les mots relatifs à la valeur de la lettre même.

3°. Les mots où cette lettre a été fubftituée à une autre.
4°. Les mots empruntés manifeftement d'une Langue étran

Cette diftribution fimple, naturelle & neuve de tous les mots d'une Langue, eft de la plus grande utilité, non-feulement pour se former une idée très-jufte & très-nette de la maffe entiere d'une Langue & de fes diverfes diftributions, mais auffi pour passer facilement d'une Langue à l'autre, & pour faifir l'ensemble des Langues.

D'ailleurs, par cette méthode il n'eft aucun mot dont l'étymologie puiffe échapper : & la facilité avec laquelle toutes les Langues fe ramenent à ces quatre claffes, en rend l'étude auffi aifée qu'agréable, & devient une démonftration complette par le fait, des Principes du Monde Primitif.

Origines Latines.

Ce que nous avions fait fur la Langue Françoife, nous l'avons éxécuté enfuite fur la Langue Latine: nous en avons claffé tous les mots fous les quatre grandes divifions dont nous venons de parler : & nous avons vu la valeur de chaque lettre de l'alphabet fe répeter dans la Langue Latine, & y former une multitude de mots parfaitement conformes à cette valeur commune.

Ainsi se confirment non- feulement les Principes du Monde Primitif, mais ils fatisfont agréablement l'efprit, qui voit qu'en paffant de Langue en Langue, il retrouve toujours les mêmes bafes, les mêmes valeurs, les mêmes idées ; & qu'il les faifit par conféquent avec beaucoup plus de facilité & d'intérêt.

Nous avons fait voir en même tems & par les mêmes moyens,

que

la Langue Latine defcendoit également de la Langue Celtique : comment les Celtes pafferent dans l'Italie pour la peupler: comment prefque tous les noms de ce Pays furent des dérivés de la Langue Celtique, & relatifs à ceux que nous avions déjà expliqués pour les Gaules : & allant plus loin, comment la Religion Primitive de fes habitans fut la même que celle de tous les peuples Celtes,

Nous avons fuivi en même tems ces Colonies Celtiques en Italie, dans leurs révolutions & dans leurs emplacemens : nous avons montré comment la divifion politique des anciens Peuples de cette Contrée étoit elle-même l'effet de la Nature chacun d'eux s'étant placé dans une enceinte formée naturellement par les montagnes & par les fleuves; & au moyen d'une Carte que nous avons éxécutée dans cette vue pour l'Italie, nous avons donné un effai de la maniere dont on pourroit faire les Cartes, afin que de leur feul afpect, on pût énumérer les divers Peuples, qui habitent l'étendue de terre comprise dans ces cartes,

Notra

Notre attention s'eft enfuite portée fur les Romains, fur ce Peuple étonnant, qui ayant commencé par une fimple Ville d'un territoire prefque nul, fit insensiblement la conquête de l'Italie, & enfuite avec la plus grande rapidité celle de la plus grande partie de l'ancien Monde. Nous avons cherché à répandre quelque jour fur leur origine, fur celle de leurs Familles Patriciennes, fur les moyens par lefquels ils fe mirent en état de conquérir peu à peu l'Italie, & d'anéantir la divifion politique que la Nature avoit établie entre fes Peuples.

Ces premiers tems de l'Italie nous ont fourni également de nouvelles preuves que l'Allégorie exerça fon empire fur tous les Peuples, puifque nous en avons trouvé de nombreuses traces chez les Sabins, chez les Albains, chez les Romains eux-mêmes, & qu'on ne peut fe refufer à ces développemens, quoique jufques. ici on ait toujours regardé comme hiftoriques les récits qui nous ont tranfmis ces Allégories.

Nous fommes allés plus loin. Mettant fous les yeux de nos Lecteurs des fragmens de l'ancienne Langue Latine, nous avons fait voir qu'ils étoient plus clairs pour notre fiècle, que pour celui des plus illuftres Auteurs Remains, parce que nous fommes parvenus à des principes, & que nous avons raffemblé des objets de comparaifon qui leur étoient inconnus, & dont nous ferions. également privés, fi, à leur exemple, nous nous bornions à la connoiffance des Langues Grecque & Latine, ou fi nous n'appercevions jamais que les faits fans remonter aux principes qui

amenerent ces faits.

Differt. Tom. I

G

Dissertations fur divers objets, & qui compofent ce VII:
Volume.

Le Volume que nous publions aujourd'hui eft dans un genre abfolument différent de tout ce que nous avons fait paroître jufqu'à préfent: il ne fera pas moins propre cependant à prouver l'excellence des Principes du Monde Primitif, & le jour qui en réfulte fur prefque toutes les connoiffances, de quelque nature qu'elles foient: on peut le confidérer comme un premier Recueil de Differtations fur divers objets : il roule fur ceux-ci :

Un Essai d'Hiftoire Orientale pour le VIIe siècle avant JesusChrift; un autre fur l'Origine du Blafon, de fes Symboles, de la Monnoie : l'Explication du célèbre Bouclier d'Achille; celle du Jeu des Tarots; l'origine des Chiffres Arabes; celle des Chiffres. Romains; des rapprochemens fur les VII Rois de plusieurs Peuples.

Tous ces objets font traités d'une maniere neuve: ils contiennent diverfes chofes qu'on n'avoit pas même foupçonnées jufques à préfent; & ils ne paroîtront fans doute pas indignes d'at

tention.

Dans la premiere Differtation, par exemple, nous fuivons le fameux NABUCHODONOSOR dans fes conquêtes, nous l'accompagnons jufques en Espagne, & nous montrons les caufes de cette expédition, dont on n'avoit pas même l'idée : nous faisons voir quel de fes Succeffeurs fut le Beltsafar de Daniel : nous démontrons les voyages des Phéniciens autour de l'Afrique & aux Indes: quels furent les lieux où voyagea Ménélas, felon Homere, après la guerre de Troie : les bévues de STRABON fur la Géographie d'Homere & fur les voyages d'Eudoxe; & à quel point les connoiffances Géographiques étoient déjà détériorées de fon

ems,

Nous prouvons enfuite que le BLASON fut pris dans la Nature elle-même; qu'il nous vient des anciens Peuples de l'Orient, & que fi les Modernes ont cru qu'il n'avoit été inventé qu'au tems des Croisades, c'eft qu'ils ont confondu fon établissement en Europe, avec fon origine antique, erreur trop commune.

Un des morceaux les plus brillans de l'Iliade, eft la description du Bouclier d'Achille exécuté par Vulcain & divisé en XII Tableaux, très-intéreffans chacun en particulier; mais dont jusques à présent on n'avoit pu appercevoir l'ensemble ni le but: nous faifons voir que c'est un vrai Calendrier; & que fes XII Tableaux correfpondent parfaitement à l'état de l'année Grecque & à fes XII mois : on y verra même ces Assemblées du Printems de tous les anciens Peuples, que nos Ancêtres appelloient Champs de Mars, Mails ou Parlemens.

Le jeu des Tarots, jeu de Cartes fort connu en Italie, à Avignon, en Suiffe, en Allemagne, très - fingulier, composé de figures bifarres, & dont le but ou l'objet étoit auffi inconnu que celui du Bouclier d'Achille, fe préfente ici comine un jeu venu lui-même des anciens Egyptiens, calqué fur leurs connoiffances politiques & Mythologiques ; & comme ayant fervi de modele aux Cartes Espagnoles, qui ont donné lieu à leur tour aux Cartes Françoises.

L'origine des Chiffres Romains & ceux des Arabes, devenus ceux de toute l'Europe, n'en eft pas mieux connue; ils parurent toujours l'effet du hazard; mais dans nos Principes, où tout eft pris dans la Nature, ils devoient avoir une origine certaine, & cette origine devoit être très-simple & très-naturelle: nous fai_ fons donc voir ici que leurs figures font une peinture réelle, trèsfimple, très légerement altérée des nombres qu'ils expri

ment.

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