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Sanctuaires : & c'eft à l'honneur du Dieu auquel ce Sanctuaire étoit confa cré qu'on célébroit tous les quatre ans des Jeux folemnels dont il eft parlé dans les Machabées, & qui fervirent de modèle aux célebres Jeux Olympiques, fondés dans la même vue.

C'eft cette Tyr infulaire qui fur affiégée par Salman-afar. Celle-ci étant devenue trop petite pour les riches & faftueux habitans repréfentés comme autant de Princes, ils s'étendirent fur le Continent: alors, il fe forma une feconde Tyr plus grande que l'ancienne, & c'eft celle-ci qu'affiégea Nabuchodon-ofor.

Dans la fuite, les habitans de ces deux villes fe trouvant encore trop l'étroit, ils éleverent des Chauffées au moyen defquelles l'Ile fe joignit au continent, & l'entre-deux fe couvrit d'édifices.

Les mailons de Tyr étoient très élevées: elles avoient en général plus d'étages qu'à Rome : ce qui devoit être dans une ville dont le terrain ne répondoit pas, pour l'étendue, aux richeffes: il devoit donc s'y vendre au poids de l'or : & comme les habitans étoient très nombreux, c'étoit à qui en pourroit loger un plus grand nombre, & avoir plus d'appartemens en fa difpofition.

Dans le Temple d'Hercule à Tyr, ainfi que dans tous les Temples anciens, étoient deux colonnes qui repréfentoient le jufte milieu, le non plus ultrà, la voie droite : l'une étoit d'or; l'autre d'une espéce d'émeraude: celle-ci répandoit une grande lumiere la nuit. Hérodote en a parlé le premier, en fuite THEOPHRASTE du tems de qui elle exiftoit encore. Lucien parle d'un globe pareil, placé fur la tête de la Statue de la Grande Décffe de Syrie & qui éclairoit également la nuit. Voilà donc deux monumens au moins de la même nature. La matiere de ces objets précieux auroit-elle confifté en verre peint, dans lequel on mettoit des lampes la nuit, afin que tout le lieu en fût éclairé ?·

· SIDON, ville déjà distinguée au tems de Moyle & de Jofué, étoit une des plus grandes villes de la Phénicie: elle eft encore habitée aujourd'hui, mais avec bien moins d'éclat & d'étendue. On y vuit de vaftes ruines, triftes témoins de fon ancienne magnificence & de fon antique grandeur.

BERITE & BYBLUS, deux anciennes Villes dont nous avons parlé dans les Allégories Orientales, au fujet de ce qu'en dit Sanchoniaton. Intre ces deux Villes eft la riviere appelée par les Grecs Lycus ou le Loup, & aujourd'hui Nar-Caib, la riviere du Chien. Ce nom lui venoit d'une Idole qui avoit la figure d'un loup ou d'un chien, & qui étoit placée sur un rocher de

la Mer, près de l'embouchure de cette riviere: on la voit encore dans la Mer, où elle est tombée, mais fans tête. On voit auffi, fur les rochers qui bordent le chemin, des figures d'hommes, de grandeur naturelle, qui y font taillées, & qui étoient fans doute relatives à des perfonnages enfevelis lans ces lieux, d'autant plus qu'ils ont la forme des Momies, & qu'on voit à côté de chaque figure des tables taillées, qui devoient être chargées d'infcriptions, mais que le tems a entiérement effacées.

Entre Pyblos & Paleo- Byblos, ou entre la vieille & la nouvelle Byblos, est une autre riviere appellée aujourd'hui Nar-Ibrahim, riviere d'Abraham, & autrefois riviere d'Adonis. Elle étoit d'autant plus célèbre, que lorsqu'on célébroit les fêtes de cette Divinité, les eaux du fleuve paroiffoient teintes de fang. Le Lucien, dont nous avons déjà parlé, attribue ce phénomene aux vents violens qui fouffloient alors, & qui détachoient des montagnes un fable rouge qui leur donnoit cette couleur: ce qui a été confirmé par MAUNDRELL, -célebre Voyageur Anglois.

TRIPOLI, ou les trois Villes, à l'embouchure du Chryfor-roas, fut formée par la réunion de trois Bourgs qui, s'aggrandiffant également, ne compo ferent enfin qu'une feule enceinte. Le territoire de cette Ville forme un jardin -très-agréable, rempli de toutes fortes de fruits, & arrofé de plufieurs ruiffeaux.

Arca, Orthofie, Antarade, Marathus, Paltos, Gabala, &c. font autant de Villes qui feroient dignes d'attention, mais nous fommes obligés d'abréger; nous ne parlerons donc que d'Aradus.

ARADUS, dans une Ifle à peu de diftance du rivage, contenoit des maifons à plufieurs étages: de loin elles reffemblent à des châteaux : fon nom doit venir de RAT, paffage, détroit, mot fort commun chez les Celtes. Les Aradiens parvinrent de bonne-heure à une grande puiffance, & fonderent diverfes -Colonies.

Le territoire de toutes ces Villes étoit très-fertile, produifant d'excellen's fruits, & fourniffant à fes habitans les chofes néceffaires pour le vêtement': l'air en eft très-fain, le climat admirable.

La Mer y abondoit, fur-tout à Tyr, en une forte de poiffon qui fournissoit cette fuperbe couleur de pourpre fi renommée dans l'Antiquité, & qu'on vendoit au poids de l'or.

Le rivage étoit couvert d'un fable fin, qui donna lieu aux célèbres verreries de la Phénicie, long-temps les feules qui aient exifté : ce défaut de concurrence fur dû particulierement à l'idée où l'on étoit que cette Contrée étoit la feule où l'on trouvât da fable propre à faire du verre; c'eft ainfi qu'on a été fi long.

rems dans l'idée qu'on ne pouvoit imiter nulle part la porcelaine de la Chine, & que la matiere premiere ne s'en trouvoit que dans cet Empire. C'est ainfi que de vains préjugés, une pareffe trop naturelle, & le defir de n'avoir point de concurrens, arrêtent continuellement le progrès des Arts.

Nous aurons occafion de parler plus bas de l'origine du nom des Phéni ciens, & d'examiner quelle fut l'étendue de leur commerce.

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Le Pays de Canaan avoit été dans l'origine le partage des XI Tribus ou Nations iffues de ce célèbre petit-fils de Noé; mais à l'époque dont nous parlons, prefque toutes ces Nations étoient anéanties, à l'exception des Aradiens & des Sidoniens, qui s'étoient maintenus dans la Phénicie, & des Amorrhéens établis au-delà du Jourdain.

Les Hébreux eux-mêmes, qui s'étoient élevés fur leurs ruines, n'étoient plus cette nombreufe Nation, fière de fes XII Tribus, & qui étoit parvenue à un fi haut point de gloire fous les regnes de David & de Salomon il ne reftoit même plus qu'un feul des deux Royaumes dans lefquels ce Peuple s'étoit divifé fous l'imbécille fils de Salomon. Celui d'Ifraël avoit déjà été anéanti, & les habitans emmenés en captivité. Celui de Juda n'avoit plus qu'une existence précaire, & fes Prophètes ne ceffoient de lui annoncer fa ruine prochaine.

A juger de cette Contrée par fon état actuel, tout ce qu'on dit des Nations opulentes qui l'habiterent, paroîtroit autant de vifions: on n'y voit prefque par-tout que ruines & que déferts, des rochers nuds & arides, des terreins Lecs & pierreux, frappés d'une ftérilité éternelle, des peuplades éparfes fans force & fans vigueur : ce n'eft point là un Pays découlant de lait & de miel, fans friches, fans landes, couvert d'une population immenfe & de riches récoltes; mais qu'on n'en conclue rien contre leur état primitif. Ne fait-on pas que les terres ne rapportent qu'autant qu'elles font cultivées par des mains fortes & laborieufes ? qu'autant que leurs poffeffeurs font encouragés par la liberté & par un gouvernement profpere? qu'autant qu'elles ont tout à gagner par le travail," & qu'on n'a pas à craindre de voir le frelon recolter là où il n'a point femé? Alors pas un pouce de terre qui ne foit mis en rapport : on creuse le roc même, on y apporte de la terre & on y plante un arbre ou foutient par des murs les terres des côteaux les plus efcarpés, & on en fait des vignobles étonnans, qui femblent fe perdre dans les nues. Les champs

font tournés & retournés de toutes les façons, pour les forcer à donner des moiffons plus abondantes : les eaux font recueillies avec foin dans les vallons, & ils fe couvrent d'une herbe longue & touffue, qui fert de nourriture à des troupeaux immenfes.

Ajoutez à cela l'excellence de ce climat, où réuffiffent les palmiers, les grenadiers, les oliviers, les figuiers, les fruits de toute efpece, où l'air eft parfumé de l'odeur du baume & du miel: tel étoit autrefois cet heureux pays. Aujourd'hui il n'offre que l'image de la mort, de l'anéantiffement, d'un découragement total, fruit néceffaire de tout gouvernement oppreffif, & de Pignorance barbare, qui ne fait ni tirer parti de la terre, ni permettre que des mains actives la mettent en rapport. Et malheureusement ceci n'eft que trop.applicable aux Contrées dont nous venons de parler, & à celles que nous avons à joindre à celles-ci.

AMORRHÉENS.

Les AMORRHEENS, qui habitoient au-delà du Jourdain, faifoient partie des Nations Cananéennes. Celle-ci, plus puiffante fans doute que les autres, fe maintint affez en force contre les Hébreux, pour le former un territoire confidérable aux dépens des Moabites, des Ammonites & de la Tribu de Gad, jufqu'au tems de David & de Salomon, où ils tomberent fous la puiffance des Ifraélites, ainfi que les Jébuféens & les autres Cananéens, à l'exception de ceux de la Phénicie.

Le Pays des Amorrhéens formoit une Prefqu'Ifle renfermée entre le Jaboc, le Jourdain & l'Arnon. Ils étoient gouvernés par un Roi déjà au tems de Moyle celui qu'ils avoient alors s'appelloit Sihon.

AMMONITES.

Les AMMONITES, placés à l'Orient du Jourdain, entre le Jaboc & l'Arnon, s'étendoient dans les déferts de l'Arabie : leur Contrée étoit très- fertile en bled.

Leur Capitale s'appelloit Rabbah la grande, & Rabbah - Ammon, la Grande-Ammon, mot-à-mot, la Capitale d'Ammon. On la furnommoir la Ville des Eaux, à caufe de fes fontaines abondantes, qui en faifoient un féjour délicieux. Auffi cette charmante fituation n'échappa pas au célebre Ptolomée Philadelphe; il prit plaifir à la rebâtir d'une maniere digne de fes

richeffes & de la magnificence, & il lui donna le beau nom de PHILADELPHIE, renouvellé en Amérique d'une maniere bien plus confolante pour l'humanité. Sous ce nouveau nom elle devint la Capitale de toute la portion de l'Arabie qui appartenoit à ce Prince, de l'Arabie Philadelphique, & dont le Pays de Moab fit également partie.

On voyoit chez les Ammonites plufieurs autres Villes, telles que MINNITH; & ABELA, furnommée des Vignes, à caufe de fes beaux vignobles:

Ce Peuple avoit enlevé cette Contrée aux Zum- Zummins, repréfentés comme une Nation de Géans, mais qui venoient d'être affoiblis par l'expédition du Roi d'Elam & de fes Alliés. Le nom de Zum-Zummins lear convenoit très-bien, étant formé du primitif Som, qui défigna toujours la grandeur, P'élévation, & qui exifle dans nos mots fomme, fommet, &c.

Les Ammonites étoient fi puiffans au tems de David, que leur Roi Hannon fut en état de fournir mille talens d'argent pour lever chez les Rois de Mélopotamie, de Syrie, de Tfcba, une armée de trente-trois à trente-quatre mille hommes, qu'il joignit à fes propres troupes, pour combattre le Roi des Hébreux. Cette fomme, en fuppofant qu'un talent d'argent valoit quatre cent louis, montoit à près de dix millions de livres, & faifoit par tête un objet d'environ douze louis ou cent écus.

Cette guerre dura cinq années entieres, & finit par la prise de la Capitale des Ammonites, & par la mort de leur Roi, qui fut tué dans l'affaut.

Sa Couronne pefoit un talent d'or: elle étoit ornée de pierres précieufes, furmontées d'une fardoine de grand prix.

Long-tems après, Jotham, un des fucceffeurs de David, leur imposa, à Poccafion d'une révolte, un tribut de cent talens d'argent, de mille mefures de bled & d'autant d'orge, qu'ils payerent pendant trois ans, au bout defquels ils fecouerent le joug des Hébreux.

Ils étoient encore connus fous le nom d'Ammonites dans le fecond fiècle, & ils fe perdirent enfuite fous le nom général d'Arabes.

MOABITES.

Le Pays des Moabites étoit borné à l'Occident par les Montagnes qui font à l'Orient de la Mer Morte & du Jourdain; au Nord, l'Arnon étoit entr'eux & les Ammonites; au Midi, le Zared, qui fe jette dans la Mer Morte, les féparoit des Madianites & des Iduméens; à l'Orient leur Pays fe confondoir

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