Imágenes de páginas
PDF
EPUB

avec les Déferts de l'Arabie, où ils alloient faire paître leurs nombreux

troupeaux.

Leur Contrée avoit environ quinze lieues du Nord au Midi, fur une longueur beaucoup plus confidérable: elle étoit coupée par diverfes Montagnes, entre lefquelles les Monts Abarim, qui formoient de belles vallées, couvertes de verdure, & où paiffoient d'immenfes beftiaux.

On y voyoit un riche Canton appellé Campagnes de Moab ou SETIM; mosà-mot, lieux en champs.

Les Moabites avoient enlevé aux EMIMS la Contrée qu'ils habitoient : c'étoit un Peuple repréfenté également comme une race de Géans, remplis de force & de puiffance, & defcendus auffi de Cham; mais qu'avoient fans doute auffi extrêmement afioiblis l'expédition du Roi d'Elam, contemporain d'Abraham. Le nom Emim, fynonime de celui de Zum Zummin, convenoit auffi très-bien à une Nation pareille, étant formé du primitif Eм, IM, grand, vafte.

les

Au tems de Moyfe, les Amorrhéens, commandés par Sihon, avoient enlevé aux Moabites la portion de leur territoire qui étoit au Nord de l'Arnon; mais ils n'en jouirent pas long-tems, en ayant bientôt été dépoffédés par Ifraélites, qui l'occuperent jufques vers le déclin du Royaume d'Ifrael. Alors les Moabites s'emparerent des Contrées qui appartenoient aux Tribus de Ruben & de Gad; ils effuyerent enfuite de très-grands revers de la part de Salmanafar, Roi d'Affyrie, & depuis ce moment ils furent toujours en guerre avec ce Royaume, jufqu'au tems de Nabuchodonofor.

Ils formoient encore un Nation nombreufe lorfque, plufieurs fiécles après, ils furent fubjugués par Alexandre, Roi des Juifs.

AR, Ville confidérable fur l'Arnon, étoit leur Capitale. Elle dut fon nom à fa fituation fur une hauteur au bord du fleuve: on la furnommoit égalementRabbah la Grande; Rabbah - Moab, la Capitale de Moab. Les Grecs ajouterent à fon nom d'AR celui de Polis, Ville, d'où Areopolis.

Cette Ville fubfifta long-tems avec éclat, lors même que les Moabites ne formerent plus d'Etat particulier, & qu'ils furent confondus avec les Arabes, ce qui n'arriva que vers le tems de Mahomet. Ce qui n'eft point étonnant, vu la fituation avantageufe de cette Place fur une riviere, & dans des vallées auffi agréables que fertiles. On peut comparer cette fituation à celle des Villes d'Arau & d'Ar-bourg, en Suiffe, qui portent le même nom, qui font fur une riviere appellée également Are, & qui dominent fur de riches vallées. On y voyoit diverfes autres Villes.

[ocr errors]

LASHA ou Calli thoé, près de la Mer Morte, célèbre par les eaux chaudes. Mizpah, Luhith, Horonaïm, Kir-Hara-Seth.

Quelques-unes de leurs Villes devoient leur nom aux Divinités qu'on y adoroit.

BETH-BAL-MEON & BAL-PHEGOR, celle-ci fur une Montagne; celle-là confacrée à la Lune, fon nom fignifiant la Ville de la Reine- Lune; & Bal-phegor, le Dieu des Montagnes élevées; de Phé, pointe, & HOR ou GOR, Montagne.

Ce Peuple étoit ainfi du nombre de ces Nations Sabéennes, qui rempliffoient toutes ces Contrées.

DES I DU MÉ EN S.

Les Iduméens ou les Roux, defcendus d'Efau, furnommé Edom ou le Roux, habitoient ce que nous appellons aujourd'hui Arabie Pétrée ou Montagneufe, & les Côtes Orientales de la Mer Iduméenne ou Mer Rouge; ce dernier nom n'étant que la traduction du premier dans notre Langue, de même que les Grecs le rendoient par celui d'Erythréenne.

Ce nom de Mer Rouge a occafionné diverfes méprifes ; long-tems on a cru qu'elle devoit fon nom à la couleur de fes collines, de fon fable ou de fes eaux; ou qu'elle le tiroit de la Mer des Indes, qu'on appelloit auffi Mer Rouge. Mais ici on prenoit l'effet pour la caufe. Le nom de Rouge ou Iduméenne fut d'abord donné à ce que nous appellons Mer Rouge; mais à mefure que les Iduméens, fortant de cette Mer, entrerent dans celle des Indes, ils lui continuerent le même nom. Un Homme de Lettres, illustre par fes talens, par fon efprit, par la variété de fes Ouvrages, mais qui fe piqua d'érudition un peu tard, critiqua, avec tout l'avantage d'un bel efprit, un Ancien qui place fur la Mer Rouge une Ville qui eft fur les Côtes de la Perse: ce bel efprit ne favoit pas que toutes ces Mers portoient le nom de Mer Rouge.

On connoît peu l'Idumée qui étoit le long des Côtes de la Mer Rouge. La Septentrionale fe divifoit en deux portions; la GABALENE ou Gobofitide, & le Pays d'AMALEC.

On a formé nombre de conjectures fur l'étymologie du premier de ces noms; aucune n'eft jufte, pas même celle des favans Auteurs de l'Hiftoire Univerfelle. Aucun n'a vu que ce nom étoit le même que celui des GABALI 'dans les Gaules, ou Gabali-dan, devenu Gevaudan, & qui fignifie Pays de Montagnes. La Gabalene renfermoit en effet les Monts Horéens & les Monts

de

dé Séir, toutes ces Montagnes qui compofent l'Arabie Pétrée. On est toujours étonné lorsqu'on voit de beaux génies être fi mal-adroits dans la comparaison des mots : ce talent eft-il donc fi difficile ?

Ce Pays, aujourd'hui défert, fi peu cultivé, fi ftérile, fut dans l'origine une excellente Contrée, remplie de fources,abondante en bled,en vin,en dattes, qui produifoit tout ce qui eft néceffaire à la vie. Auffi eft-it dit qu'Elaü, qui fir la conquête d'une partie de ce Pays, & qui hérita de l'autre, habitoit la graiffe de la terre.

C'est que les Iduméens étoient un Peuple industrieux, & qui, semblable en cela aux Suiffes & aux Hollandois, favoit fe mettre au - deffus des inconvéniens & du peu d'étendue de fon territoire, & qui en tiroit le plus grand parti, par une agriculture foutenue & intelligente, en même tems qu'il fuppléoit à ce qui manquoit à fa nombreuse population, par une grande économie & par le plus grand commerce.

Ils avoient établi fur la Mer Rouge deux Ports de Mer fameux dans l'Antiquité la plus reculée, ceux d'Elath & d'Efiongueber; de-là leurs flottes fe répandoient fur les Côtes d'Afrique & fur celles des Indes: elles en revenoient avec ces mêmes richeffes que nos flottes modernes vont chercher dans ces opulentes Contrées; de l'or fin, de l'or d'Ophir, des topafes d'Ethiopie, du corail, des perles, de l'ébene, des toiles, &c.

Nous verrons plus bas, à l'article du commerce & des navigations des Phéniciens, s'il exista dans l'origine quelque rapport entre ces deux Peuples, & s'ils ne furent pas confondus fous une même dénomination.

On voit par la GENESE XXXVI & par le I. Liv. des Chron. I. que les Iduméens avoient d'abord eu huit Rois électifs, choisis entre les Seigneurs les plus diftingués du Pays, & dont le quatrieme & le huitieme porterent le nom d'Adad; & qu'ils eurent enfuite onze Chefs fucceffifs; de même qu'à Athènes on créa des Archontes, lorsqu'on fe fût laffé de la Royauté. Il eft apparent qu'enfuite quelque Famille plus puiffante que les autres s'empara de l'autorité, puifque ce Peuple étoit gouverné de nouveau par des Rois au tems de David.

C'eft fur un de ces Rois que David conquit l'Idumée, après avoir taillé en pièces dix-huit mille Iduméens, dans la vallée des Salines; & comme il ientoit toute l'importance de fa nouvelle conquête, il y établit de fortes garnifons, pour qu'elle ne pût lui échapper. Alors la plus grande partie de cette Nation fe difperfa de tous côtés.

Leur Roi Adad, encore mineur, fe réfugia, avec une fuite nombreuse, Diff. Tom. I.

D

dans le

pays de Madian, d'où il paffa en Egypte, où il fut accueilli avec la plus grande diftinction; il y époufa la fœur de la Reine Taphenès, & il en eut un fils appellé Genubath. D'autres pafferent chez les Philiftins, & fortifierent la Ville d'Azoth; il y en eut qui s'embarquerent furla Mer Rouge, & qui s'établirent fur les Côtes de la Perfe; d'autres allerent fans doute se joindre aux Phéniciens de Tyr & de Sidon, & les mirent en état de former ces comptoirs dont ils couvrirent les Côtes de la Méditerranée, & qui devinrent des Villes fi floriflantes.

Par la conquête de l'Idumée, tout le commerce de l'Orient tomba entre les mains de David,dont l'Empire s'étendit ainfi de la Mer Rouge jufqu'à l'Euphrate, & renfermoit, ce qui eft plus confidérable encore, tout le commerce de l'Orient & du Midi, par la Navigation de l'Euphrate & par celle du Midi : auffi rien n'égala dès-lors la gloire & les richeffes de David & de Salomon.

Sous le regne de ce dernier Prince, Adad ennuyé de mener une vie oifive dans l'Egypte, chercha à remonter fur le trône de fes Peres; il paroît qu'il fut alors attiré en Syrie par Rezon ou Retfin qui s'étoit emparé de Damas après la défaite d'Adad-Efar, Roi de Zoba, par David, & qui étoit ennemi de Salomon. Et à la inort de Retfin, Adad dut lui fuccéder, & il doit avoir formé cette Maison Royale de Princes appellés Adad & Ben-Hadad qui furent continuellement en guerre avec les Rois de Juda fucceffeurs de Salomon jufqu'à ce que Nabuchodonofor les mit d'accord en les fubjuguant tous. Obfervons que ce nom d'Adad, étoit un de ceux du Soleil chez les Orientaux; il fignifie le feul, l'unique : il convenoit fort à des Monarques, & il n'est pas étonnant qu'il foit devenu le nom de quelques Familles Royales.

Quant aux Iduméens, au bout d'un fiecle & demi apres avoir été conquis par David, ils fecouerent le joug du Royaume de Juda, gouverné alors par Joram, fils de Jofaphat; mais ils retomberent fous le pouvoir du Roi Azarias.

C'est au petit-fils de celui-ci que les Syriens enleverent l'Idumée & fes ports: les Séleucides en furent poffeffeurs à leur tour, puis les Ptolomées, enfuite les Romains.

Leurs principales villes furent celles-ci:

TEMAM, ville dont Jérémie (ch. XLIX.) vante la fageffe.!

DEDAN, qui faifoit un grand commerce avec Tyr en yvoire, en ébene,, en draps précieux, &c. Jer ch. XLIX. Ezech. XXVII. 15.)

BOSRAH, Bofor, Bafrah, mot qui fignifie lieu haut, fortereffe, vignoble, d'où Baffareus, le Vendangeur, furnom de Bacchus.

PHANA, ou PHENON, ville célèbre par fes mines de cuivre,'auxquelles elles dut fon nom, à quatre milles de Dedan.

SALAH ou la Pierre, le Rocher, en Grec Petra; ville fituée en effet fur un rocher, dans une plaine abondante en fources, & qu'ornoient de magnifiques jardins. Cette ville qui a donné fon nom à l'Arabie Petrée, étoit à trois ou quatre journées de Jericho, à trois lieues d'Elat, & dans le voisinage du Mont-Hor.

ESION-GUEBER, port des Iduméens fur la Mer Rouge, très-fréquenté du tems de Salomon; mais qui fut abandonné dans la fuite, lorsque les Ptolo mées en eurent établi de plus commodes.

ELATH, nom qu'on a auffi écrit Aila, Ailah, Eloth, Elana, étoit un autre Port de mer au Nord de la Mer Rouge, qui fut toujours très-considérable, & qui étoit encore habité au XIVe. fiécle; mais la fortereffe qui commandoit le port n'exiftoit plus. ABULFEDA en parle comme d'une ville qui avoit appartenu à des Juifs qui furent changés, dit-il, en finges & en pour. ceaux. Il veut parler de ceux qui en furent les Maîtres au tems de David & de fes fucceffeurs, & qui y commerçoient de ces animaux.

On affure que les Iduméens empêcherent conftamment l'Egypte d'avoir aucun vaiffeau de guerre fur la Mer Rouge,& plus d'un feul vaiffeau marchand: auffi en valoit-il plufieurs, femblable en cela à ce vaiffeau avec lequel feul les Anglois pouvoient faire le commerce des Ifles Efpagnoles en Afic.

2. AMALEKITES.

Les Amalekites faifoient portion de l'Idumée : felon les Arabes, ce font eux qui, fous le nom de Rois Pasteurs, régnerent quelque tems en Egypte. Ils avoient des Rois dont le titre étoit fans doute celui d'AG-AG, le trèsGrand, du moins c'eft ainfi que font défignés le premier & le dernier de leurs Rois. Ce titre convenoit très-bien à une Nation qui paroît avoir été très-fiere, très-infolente. Le célèbre Haman defcendoit de la race de fes Rois.

3. KEDARENIENS.

Les Kedareniens étoient de la race d'Ifmael: ils étoient riches en troupeaux & très-habiles à tirer de l'arc. Ils habitoient fous des tentes: auffi estil parlé dans l'Ecriture des tentes de Kedar. Leur nom fignifie les NOIRS: feroit-ce à caufe de leur teint, ou de la couleur de leurs tentes PLINE fait mention de ces Peuples: leur vie errante & nomade les avoit mis à couvert des malheurs qui en avoient anéanti tant d'autres.

« AnteriorContinuar »