vertus. Il faut que je parte demain avant l'aurore; votre réponse décidera du bonheur de fa vie, & peut-être même du bonheur de fes fujets. LA PRINCESS E. M. le Chambellan.. DE WALL E R. Pardonnez, Princeffe, fi j'ofe vous interrompre. Une affaire auffi importante, je le fais, ne fe décide point en un moment. Daignez me faire efpérer par un regard, par un fourire, par votre filence l'arrivée du Prince ne vous déplaira que point, & je pars : & que de votre bouche il apprenne lui-même fon fort. LA PRINCESSE. Monfieur de Waller, dites - moi. Il n'eft donc plus d'ufage que les Princes envoyent leur portrait aux Dames, à qui ils font l'honneur de les demander en mariage? DE WA LLE R. J'ai fur moi un Portrait du Prince. Ce defir de le voir, que me témoigne votre Alteffe, doisje le regarder comme un heureux augure ? LA PRINCESSE. Non, Monfieur. Je veux être fincere. J'ai toujours plaint les femmes de ma naiffance. Jettées entre les bras d'un homme qui n'a jamais pensé à les aimer, elles reftent enfermées tout le jour dans la folitude de leurs palais. Toujours entourées des mémes figures, à la danse, à la chasse, au jeu, & toujours feules. Croyez-moi, Monfieur une Princefle auffi malheureuse n'a d'autre choix à faire, que de tourmenter tout ce qui l'environne, ou de périr d'ennui. Je ne veux ni l'un ni l'autre. Il faut que je fois aimée, car je veux mériter de l'être. DE WALLE R. Permettez-moi de vous dire, que jamais Princeffe..... LA PRINCESSÉ. Ecoutez-moi. Pour être aimée, il faut aimer; & je n'aime point le Prince. DE WALL ER. Si vous le connoiffiez, vous l'aimeriez peutêtre. LA PRINCESSE. Non certainement; je ne fais pourquoi; mais certainement je ne l'aimerais pas. DE WALL ER. Un autre auroit-il déjà prévenu mon Maître è Je n'ai aucun droit de le demander, LA PRINCESSE. Vous n'avez aucun droit de le demander. Je préfume toutefois, que vous l'avez demandé à mon Pere, & vous devez savoir sa réponse. Brifons là-deffus. Je fuis fâché, Monfieur, de ne pouvoir obliger un homme, qui m'a rendu aujourd'hui un fi grand service. DE WALL ER. Votre Altesse ne me laiffe donc pas la moindre espérance? LA PRINCESSE. 1 Je ne puis. Je fuis jeune encore. Et j'ai réfolu de refter avec mon Pere, & de lui confacrer tous mes foins, jufqu'à ce que je trouve un homme que j'aime. DE WAELE R. Que je fuis malheureux ! Et que dirai-je au Prince ? LA PRINCESSE. : Que je fuis on ne peut plus fenfible à l'honneur qu'il me fait qu'il ne pouvoit choisir un médiateur, un ami plus zélé pour les intérêts: que j'ai le plus grand regret de laiffer partir mécontent, celui qui m'a presque sauvé la vie. Enfin je fouhaite, que bientôt les plus tendres Epoules rendent heureux & le Prince & l'aimable M. de Waller, DE WALL E R. 'Aimable? Moi? A vos yeux ? LA PRINCESSE. Vous l'êtes aux yeux de tout le monde. Oui, Princeffe; je fuis ce Prin ce que vous ne pouvez aimer, & que vous nommez cependant aimable. Pardonnez. Le Duc votre Pere, fait tout. Ne vous effrayez donc pas. LA PRINCESS E. Comment! vous êtes le Prince? Vous? -Levez-vous, levez-vous, où j'appelle mes Femmes. LE PRINCE. Que j'obtienne mon pardon. LA PRINCESSE. Levez-vous ! (Elle fonne. Le Prince fe leve.) LE PRINCE. Vous favez tout. Ma deftinée eft entre vos mains. (Un Valet-de-chambre entre.) LA PRINCESSE. La Baronne de Wedel. (Le Valet-de-chambre Sort.) LE PRINCE. Comment pouvez-vous traiter ainfi un homme, que tout à l'heure vous nommiez aimable. LA PRINCESS E. C'étoit un fimple compliment. Vous me feriez plaifir de me laiffer feule. Vous paroiffez émue? Princeffe, pardonnez une démarche, qui ne doit que vous affurer davantage de mon amour. Je ne veux pas en être aflurée. Je ne veux de votre amour. Mon pere, dites-vous, eft inftruit de cette mascarade? pas LE PRINCE. Il fait que je fuis le Prince, il agrée ma demande; mais il veut que vous feule décidiez de mon fort. (La Baronne de Wedel arrive.), |