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Lui adreffer mes cris ! -Ah! (elle foupire Manuel où font mes lettres à Diego?

D. MANUE L.

Le Saint Tribunal s'eft emparé de tous fes effets, & de fon porte - feuille.

DONNA LEONOR effrayée.

Ah! On eft donc certainement inftruit de notre amour. Ainfi il faut que je me hâte de prévenir mon Oncle contre tous les rapports défavantageux qu'on pourroit lui faire. Il est encore avec le Roi à Bellem ; je pars, fur le champ. Catalina, dépêchez. Apportez-moi vîte une robe.... cette robe avec laquelle mon Oncle dernierement m'a trouvée belle. Tu fais bien?

CATALINA.

Oui, Mademoiselle. (Elle fort.)

DONNA LEONO R.

Vous m'approuverez, fans doute, Violanta? C'est mon devoir qui l'exige. On pourroit augmenter encore les peines de Diego : & j'en ferois la cause!

DONNA VIOLAN TA.

Oui, je vois qu'il eft néceffaire que le Patriarche en foit inftruit par vous, plutôt que par le Pere Timothée, chargé d'examiner cette affaire; &

qui, pour de certaines raisons, ne la présentera pas fous le jour le plus avantageux. Mais êtesvous assez calme? -Ecoutez, ne feroit-il pas mieux d'en informer moi-même le Patriarche ? Je vais demander des chevaux, & je pars.

DONNA LEONO R.

Je reconnois à ce dévouement ma généreuse amie mais quel autre pourroit parler à mon Oncle auffi bien que moi? J'ai trouvé le chemin de fon cœur : il n'y a pas long-temps qu'il ma raconté une histoire de fa jeunesse. J'ai autrefois aimé, me difoit-il, un jour il s'eft trouvé dans une fituation femblable à la mienne. Il me fuffira de l'en faire fouvenir; mais c'eft un fecret, Violanta.

DONNA VIOLANTA.

Je vous accompagnerai au moins?

DONNA

LEONO R.

Non, reftez ici avec D. Manuel jusqu'à mon retour, Moi! je pourrois ravir un inftant à l'amour Catalina & mes domeftiques m'accompagneront.

DONNA VIOLANTA.

Que le ciel prête à vos difcours un charme qui attendriffe votre Oncle, & qu'il augmente encore en vous cette perfuafion fi douce à laquelle

on ne réfifte point! Nous vous reverrons du moins

avant votre départ ?

DONNA LEONO R.

Oui, mais, avant tout, il me refte une affaire importante. Je n'ai point entendu aujourd'hui la fainte Meffe, & cependant je n'eus jamais tant de befoin de l'affiftance du ciel. —Je vais l'entendre; je ferai plus tranquille. Adieu, mes tendres amis. (revenant fur fes pas.) Don Manuel (elle tire Don Manuel à part) connoissez vous le Geolier? eft-ce un homme compatisfant?

D. MANUEL.

Je ne le connois pas; mais je l'efpere.
DONNA LEONO R.

Je l'efpere auffi. Il ne fera pas dur envers Diego. Mais dites moi, feroit il chargé de fers? Que ce traitement feroit cruel!

D. MANUEL.

Oui, d'abord on lui a mis des fers, mais ils lui ont été rétirés fans doute. Les prifonniers Santa-Cafa n'en portent jamais.

DONNA LEONO R.

Ah oui ! je l'ai toujours entendu dire, l'église eft une bonne mere. Mais je me hâte de partir.

Fin du premier Aãe.

ACTE I I.

SCENE PREMIERE.

DON MANUEL & DONNA VIOLANTA.

DONNA

VIOLANTA.

NON, ce n'eft pas cela, mais j'ai le cœur ferré. Je voudrois que nous puiffions détourner Leonor de fes projets; & cependant il eft vrai que c'eft elle qui a le plus de pouvoir fur le cœur du Patriarche, & il est très-important de prévenir les difcours du Pere Timothée. Dites-moi, Manuel, que penfez vous de cet homme?

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Je ne l'ai jamais aimé; mais vous favez que fur ces miniftres de l'inquifition on ne doit pas trop expliquer fa pensée.

DONNA VIOLANTA.

Je ne demande point que vous vous déclariez ici contre eux; je veux feulement favoir, fi vous croyez poffible, que par un moyen, quel qu'il foit, on puiffe engager cet homme à ne pas perdre

Diego. Sauriez-vous pour quelle raison il appuie avec tant de chaleur les intérêts de fon frere auprès de Leonor? ce n'eft pas certainement l'amitié fraternelle qui l'y engage. Les deux freres fe reflemblent fi peu! je n'y conçois rien.

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C'eft qu'il brûle de se voir allié à l'une des plus illuftres familles de ce royaume.

DONNA VIOLANT A.

Cela peut être, mais il s'y joint encore un' autre motif plus preflant; car enfin fa haine contre Diego eft perfonnelle; & pourquoi le

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Ces difputes n'étoient pas très-vives.

D. MANUE L.

Mais il a fenti la fupériorité que Diego avoit toujours fur lui, par fon efprit & par fes connoiffances. Que cette vaine jaloufie allume fouvent de haine dans le cœur des hommes !

SCENE II.

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