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SCENE I I.

LES PRÉCÉDENS POLO, DIEGO.

POLO.

AH! Monfieur, un mot s'il vous plaît.

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Qu'y a-t-il? (Polo lui parle à l'oreille) As-tu des vifions?

POLO.

Oui, certainement. Il monte par la galerie. (Manuel va pour fortir & Diego entre les cheveux épars, en habit de chaffe & un fufil à la main.) MANUEL.

D.

Dieu! Diego! (Il fe jette dans fes bras.)
DONNA VIOLANTA.

Ciel ! Diego !

DIEGO.

Bon jour, mon ami. Bon jour, Mademoiselle. D. MANUEL.

Mais eft-ce bien vous, Diego?

DONNA VIOLANTA. Etes-vous libre?

Tome V.

C

DIEGO.

Jufqu'à ce moment, oui. Où eft Léonor?
D. MANUEL.

Dans fon appartement.

DONNA VIOLANT A.
Elle alloit fe jetter aux pieds du Patriarche.
DIEGO avec vivacité.

Elle fe porte bien !... Me voilà raffuré!
DONNA VIOLAN TA..

Par quelle heureuse circonftance vous a-t-on rendu fi promptement votre liberté ?

DIEGO.

Je l'ai reprise moi même. Je me fuis fauvé.
D. MANUEL.

Cela eft impoffible. Vous n'êtes donc pas

ici-en

sûreté ?

DIEGO.

Non. Je viens voir Léonor & je pars.

DONNA VIOLANTA.

Ah Diego! ce n'eft pas pour être heureux que Vous êtes venu en Portugal.

DIEGO.

J'ai fuivi ma deftinée. Qu'elle finiffe, je n'ai

rien à me reprocher. Je vous en conjure, con

duifez-moi donc chez Léonor. Comme le temps

s'enfuit!

DONNA VIOLANTA.

Il faut que je la prépare à vous voir. Que feroit-ce fi vous la furpreniez tout-à-coup? D. Manuel, tâchez de parler à Catalina, fi vous la voyez fortir de chez fa maîtresse; je craindrois qu'elle ne l'avertît trop tôt de l'arrivée de Diego. (à Diego). Et vous, écoutez-moi; je vais vous l'ammener; attendez là ici. (Elle fort.)

DON MANUEL.

Quelqu'un de la maison vous a-t-il vu?
DIEGO.

Non, perfonne que Polo. Je fuis entré par le jardin.

DON MANUEL.

Je reviens fur le champ. Polo, va dans la galerie & fais-y fentinelle de peur qu'on ne nous furprenne. Il fort.)

Tiens, Polo.

DIEGO.

(Il lui donne fon fufil. Polo fort.)

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Je veux tout ou rien. Ne vivre que pour refpirer, eft-ce vivre? La liberté est quelque chofe !(Il éleve avec attendriffement fes regards & fes mains vers les Cieux) Grand Dieu, reçois ma reconnoiffance. -Elle auroit dû être mon premier fentiment. Mais ce n'est pas moi, c'est toi qui as crée mon cœur!

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D. MANUEL entre.

Elle va venir. Dès que nous l'entendrons vous entrerez ici dans cet appartement, & vous en fortirez lorfqu'il en fera tems. (il l'embrase.) Vous m'êtes donc rendu ? Que je vous embraffe encore mon cher ami!

DIEGO.

Mon cher ami! Léonor fait-elle que je fuis

ici?

D.

MANUEL.

Non, pas encore. Elle a fu tout-à coup votre

malheur par une imprudence de Polo; & une feconde surprise feroit dangereuse. Vous la connoiffez. Elle y fuccomberoit. Mais, cher ami, en ce moment, quels font vos projets?

DIEGO.

Je n'en ai aucun. C'est à Léonor à décider de ma destinée.

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Pour ma tranquillité, Diego, je voudrois favoir fi vous êtes bien perfuadé qu'au moment où la Sainte-Hermandad.....

DIEGO.

Je vous entends, & vous m'offenfez. Nous devons nous connoître, je crois. Vos fecours impuiffans m'auroient perdu. Ce n'eft pas être ami que de vouloir l'être hors de faifon. J'ai vu votre courage lorfqu'il étoit néceffaire d'en avoir.

D. MANUEL.

Elles viennent, Entrez par ici. Vous pourrez

tout entendre.

(Diego fort.)

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