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jours, il fe fit des aîles, & ayant malheureusement tenté de voler, il tomba de haut & perdit la vie.

Quelques années après, Wanculi ou Mahumed, fils de Mustapha, furnommé Elvani, de la ville de Wan (1) dans l'Armenie majeure, où il naquit, traduifit le dictionnaire arabe de Gheveri en langue turque, excepté les exemples qu'il laifa en langue arabe, tels qu'il les avoit trouvés. C'étoit un homme favant, & l'un des plus habiles de l'empire ottoman dans la connoissance de la loi. Il finit fes jours à Médine, dans l'Arabie.

L'hiftoriographe royal Célebi Zadé, continuateur de Rascid, en parlant de l'introduction de l'imprimerie à Conftantinople, dit que le dictionnaire de Wanculi, traduction très- eftimée du dictionnaire de Sihahi Geveri, fut le

(1) Le favant chevalier Bernard Jenifch, parle da cette ville, dans l'hiftoire des premiers rois Perfes, par Mircond, pag. 81, 81, Vienne, 1782.

premier livre imprimé. Nous apprenons cependant du favant Ibrahim Effendi, dans la préface du journal du voyageur, qu'ayant trouvé des fautes dans les exemplaires manuscrits & même dans celui d'Ibrahim, les quatre furintendans de l'imprimerie fe mirent à les corriger. Comme cela demandoit du temps, afin que les preffes ne reftaffent point oifives fe mit à imprimer les guerres maritimes, livre peu volumineux & enfuite le journal du

voyageur.

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Le Wanculi eft maintenant rare & précieux. Au temps de l'imprimerie on en avoit fixé le prix, par ordre de la cour, à 35 piaftres. On en fit fûrement deux éditions, comme je l'ai découvert après bien des recherches, la premiere fur de plus beau papier que la feconde. Le dictionnaire de Gevheri eft cité ordinairement fous le nom de Sihah al Gevheri; c'est celui que Golius a traduit en latin.

I I.

Livres des guerres maritimes des ottomans.

En voici le titre, Thufethul Chibar, présent aux grands, fur les guerres maritimes des ottomans, ouvrage de Kiatib Celebi, avec des cartes géographiques, imprimé à Conftantinople, l'an de l'hégire 1141, petit in-folio de 75, pages doubles outre la table des chapitres

& l'errata.

Elhagi Muftapha, nommé communément Kiatib Celebi, & encore Hagi Calfah, fur-tout par ·les écrivains, naquit à Conftantinople, & fut un trèsfavant mufulman. Le hongrois Ibrahim Effendi, imprimeur impérial, a écrit fa vie en turc & l'a imprimée avec les tables chronologiques du même auteur (1).

(1) Cet ouvrage a été traduit en françois par M. Sturmer, drogman de fa Majefté Imp. R. Je l'ai déjà cité plufieurs fois avec éloge. J'ai chez moi le manufcrit, qui m'a été donné par le traduceur,

Hagi Calfah cultiva fes rares talens, par les voyages, par l'étude des langues de l'Orient & de l'Europe, par la fréquentation des maîtres les plus habiles, par une lecture immense de livres de toute fcience & de toute littérature. Il lut une infinité d'auteurs arabes, perfans & turcs, en plus de trois cent sciences, comme affure Ibrahim, & comme on voit dans le célebre ouvrage d'Hagi Calfah, de la découverte des noms des livres fur les arts & les fciences, intitulé, Chiesf-Uzzunum, ou éclairciffement d'idées, qu'il compofa felon l'alphabet arabe, rare & précieux manufcrit in-folio, que nous nommerons bibliotheque orientale. Du refte, le nom de science y eft pris dans fa fignification la plus étendue & même impropre, puisqu'il embraffe encore les connoiffances moins certaines fur les arts même les plus méchaniques. En les divifant dans les moindres parties, il en fait autant de sciences particulieres & distinctes, & on ne doit plus étre furpris qu'il y en ait un fi grand nombre. Je trouve même dans Her

belot un traité des arts & des sciences, intitulé Ketab Alfonoum, compofé par Ali ben al Bagdadi, qui en a raffemblé plus de quatre cents, qu'il nomme & explique toutes. Il est vrai que les arts les plus ignobles ont leurs principes & leur méchanifme dont on pourroit à toute force élever la théorie au rang des sciences; mais on ne les confidere point ordinairement avec la métaphyfique fubtile & raisonnée de ces écrivains. Pour revenir au célébre manufcrit d'Ha gi Calfah, Herbelot l'a dépouillé presque entier, pour en orner & enrichir fa bibliotheque, comme Galand l'a écrit dans la préface. Hagi Calfah entendoit le françois, le latin & l'italien; c'est un des premiers favans que l'empire ottoman ait produit.

Nous avons de lui, outre les guerres maritimes, & fon excellente bibliotheque manufcrite; 1o. un livre d'avertissemens historiques, philofophiques & poétiques, intitulé Tuhfetul Ahbar, ou avertiffemens agréables; 2°. l'histoire de Conftantinople, fous le titre de Conftantinie

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