tout le précipité, & de le pefer après l'avoir lavé.

Il ne foutient pas les épreuves par la voie sèche. Ses cryftaux expofés au feu dans une cornue de verre fe fubliment en partie à la vérité, fans prefque changer de nature; mais la plus grande portion fe réfout en liqueur acide, qui refuse de cryftallifer. La même chofe arrive à la portion sublimée, fi on l'expofe de nouveau à la même opération. Pendant que l'acide fe décompofe de cette manière, il fe dégage une grande quantité d'acide aërien & de gas inflammable. L'acide faccharin contient fans doute un principe huileux, mais très- fubtil, puisqu'il ne donne au feu aucun veftige de charbon, ni de fuie.

S. XXIII. F

DOUZIÈME COLONNE.

L'acide du tartre (tartareux).

J'ai déjà expliqué ci-devant la nature du tartre (§. IX), je vais donner en peu de mots la ma nière d'en retirer l'acide. Sur cent parties de crême de tartre, diffoutes par l'eau bouillante dans une chaudière d'étain, l'on jette à plu

heurs reprises, des petites quantités de craie lavée, séchée & réduite en poudre, ce qu'il faut continuer jufqu'à ce que la craie qu'on ajoute, ne produife plus d'effervefcence: la faturation arrive quand on en a employé à-peu-près vingthuit parties, l'on décante alors la liqueur qui donne, en l'évaporant à ficcité, cinquante parties d'alkali végétal tartarifé (fel végétal). La poudre qui reste au fond, eft de la chaux faturée par l'excès de l'acide du tartre : après qu'elle a été lavée & féchée, elle donne plus que le triple du poids de la craie employée, c'est-à-dire à-peuprès cent trois. Cette poudre bien lavée & mife dans une bouteille, on verfe deffus peu-à-peu trois cens parties d'acide vitriolique, affoibli au point de ne contenir que trente parties d'acide le plus concentré, & deux cens foixante-dix d'eau. On laifle digérer ce en le remuant de tems en tems avec une fpatule de bois. Enfin l'on décante la liqueur claire qui furnage, on lave le réfidu jufqu'à ce qu'il n'ait plus de faveur acide: cette eau filtrée doit être ajoutée à la première liqueur, & l'on aura une diffolution d'acide du tartre, qui donne par l'évaporation, à-peu-près trente-quatre parties de maffe cryftalline. Pour éprouver enfuite fi elle contient de l'acide vitriolique, il faut l'étendre d'eau, & y laiffer tomber une

douze, heures

mélange pendant

goutte ou deux de diffolution de fucre de Saturne, il se forme à l'inftant un précipité blanc, fur lequel il faut verfer enfuite du vinaigre.concentré: le précipité difparoît bientôt, s'il ne contient que du plomb faturé d'acide tartareux; mais il ne fe diffout pas, fi c'eft du vitriol de plomb. En fuppofant qu'il paroiffe un peu de ce fel, c'eft une preuve que l'acide du tartre n'eft pas pur, & qu'il eft altéré par l'acide vitrio lique; il eft aifé de le purifier, en le faifant digérer avec un peu de chaux tartatifée. D'un autre côté, fi l'on a employé trop peu d'acide vitriolique, il refte de l'acide du tartre dans le réfidu; ce qui fe reconnoît facilement, en mettant de ce réfidu fur un charbon allumé; car da félénite pure ne noircit pas au feu, & ne donne point d'odeur d'efprit de tartre, ce qui arrive au contraire, lorsqu'elle est mêlée d'un peu de chaux tartarifée. La diffolution d'acide tartareux filtrée, évaporée en confiftance de fyrop léger, & placée dans un lieu frais, dépofe insensiblement des crystaux, qui fonto rdinairement formés de lames divergentes.

En fe fervant de chaux vive nouvellement faite au lieu de craie, l'on décompose totalement un poids double de tartre; c'est pourquoi la liqueur qui furnage, contient alors de l'alkali

végétal pur, tandis que la chaux aërée, ne peut abforber que l'excès d'acide, de forte que le tartre tartarifé n'eft point attaqué, & refte dans la liqueur. Cent parties de tartre purifié contiennent environ vingt-trois parties d'alkali végétal pur, quarante - trois d'acide faturant, & trente-quatre d'acide furabondant. Il Y a fans doute quelques différences, fuivant la nature des vins qui l'ont produit, & les procédés employés pour le purifier; mais je n'ai pas encore pu les déterminer.

Il eft clair, d'après ce que nous venons de rapporter, que la chaux enlève l'acide du tartre aux alkalis; les effais qui ont été faits avec la terre pefante & la magnéfie, prouvent auffi que ces deux terres fe comportent comme la chaux; car fi on les fait digérer à chaud dans une diffolution d'alkali végétal tartarifé parfaitement neutre, après les avoir privées d'acide méphitique, elles enlèvent l'acide du tartre au bout de quelques minutes, de telle forte, que la liqueur donne très-diftinctement par les réactifs, des indices d'alkali mis à nud: l'alkali minétal & le volatil tartarifés, présentent les mêmes phénomènes. Pour m'affurer û la chaux l'emportoit ou non fur la terre pefante, je verfai de l'eau de chaux dans une diffolution de terre pefante tartarifée;

elle fe troubla tout de fuite; ainfi l'on ne peut plus douter que la chaux n'ait la plus forte affinité.

Les cryftaux d'acide du tartre expofés au feu, noirciffent bientôt, & donnent un charbon fpongieux, qui devient blanc dans peu de tems, & diminue confidérablement de volume, lorsqu'on le pouffe au feu jufqu'à l'incandefcence. Distillés dans une cornue de verre ils donnent un phlegme à peine acide, & de l'huile : le réfidu charbonneux contient une très-petite portion de terre, qui ne montre aucun figne d'acide ni d'alkali. Il s'enfuit donc évidemment, que cet acide contient quelque chofe d'huileux qui fe détruit au feu, mais qui ne peut pas fe changer en alkali fixe. L'ayant traité avec l'acide nitreux de la manière décrite ci deffus (§. XXII), je n'ai pu en obtenir de l'acide faccharin, ni le dépouiller tellement de fon principe huileux, qu'il ne noircît plus en l'expofant au feu. On dit cependant que quelqu'un eft parvenu à le convertir en acide du fucre par ce moyen, c'eft ce que je n'ai pas pu confirmer en répétant l'expérience. L'acide du tamarin, peut-être auffi celui de l'épine-vinette, paroiffent tout-à-fait femblables à celui du

tartre.

§. XXIV.