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cafionner des différences dans les décompofitions.

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L'acide phofphorique attire la chaux préférablement aux alkalis, c'eft pourquoi l'eau de chaux trouble fur le champ fes combinaisons avec les alkalis; il fe précipite peu-à-peu une poudre, faline, très-peu foluble dans l'eau, formée par la chaux saturée d'acide phosphorique. Comme le fel phofphorique à bafe d'alkali végétal, peut prendre un excès d'acide, j'avois foupçonné que c'étoit peut être cet excès feul qui formoit un précipité avec l'eau de chaux, tandis que le fel neutre reftoit dans son entier; mais en employant une fuffisante quantité d'eau de chaux, j'ai décomposé tout le fel, & il n'eft resté qu'une liqueur alkaline. A la vérité, l'alkali précipite la chaux combinée avec cet acide; mais ce n'eft pas par une plus forte affinité. En effet, cette combinaison ne peut fe diffondre dans l'eau, qu'à la faveur d'un excès d'acide, & tout ce qui peut enlever ce moyen de diffolution, comme le fait ici l'alkali caustique en le faturant, précipite néceffairement le phofphate calcaire; cependant l'alkali aëré le décompofe réellement par une double affinité, & la chaux aërée fe précipite (§. IX). Dans les cas 'douteux de cette nature, il faut s'en rapporter

à la décompofition du fel le plus foluble; ainfi dans le cas préfent, le fel à base alkaline décompofé par la chaux, doit lever la difficulté, & non le phosphate caleaire précipité par l'alkali. La fupériorité de la terre pefante & de la magnétie fur les alkalis, n'a pas encore le même degré de certitude.

Par la voie fèche je place la chaux avant la terre pefante & la magnéfie, parce qu'il eft conftant qu'elle l'emporte fur les alkalis, ce qui eft encore douteux par rapport aux deux autres terres.

S. XXXI V.

VINGT-TROISIÈME COLONNE.

L'acide perlé.

En 1740, M. Haupt trouva dans l'urine de l'homme un fel, qu'il décrivit fous le nom de fel perlé admirable; c'est le même que celui dont Margraaf a fait mention, & qu'il a trouvé incapable de donner du phosphore avec la poudré de charbon. Cependant plufieurs Chymistes ont cru, que le fel qui fe rencontre dans l'urine avec le fel microcosmique, contenoit de l'acide phosphorique, & qu'il ne fe décompofoit pas par le phlo giflique, parce que l'alkali minéral avoit une

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plus forte affinité pour l'acide, que ce dernier. Mais M. Prouft vient de féparer la fubstance qui fait feule fonction d'acide dans le fel perlé, & qui eft unie à l'acide du phosphore dans le fel microcofmique (1). Ayant fait digérer convenablement le fel perlé dans le vinaigre distillé, il l'a fait crystallifer enfuite; &, par le moyen de l'efpritde-vin, il a précipité de l'eau-mère, une liqueur épaiffe, qui bien lavée dans l'efprit-de-vin,& disfoute enfuite dans l'eau diftillée, lui donna l'acide que j'appelle acide perlé, en attendant qu'un examen plus approfondi lui trouve une dénomination plus convenable. C'est l'alkali minéral, fi je ne me trompe, qui mafque fa nature acide; car la cryftallisation, la faveur, l'efflorefcence & les réactifs, y démontrent un excès d'alkali. C'est peutêtre à caufe de cet excès d'alkali, que l'efprit-devin, qui s'empare d'ailleurs de tous les acides, ne peut pas extraire la partie acide de celui-ci. Il bouillonne en fe fondant; il eft tranfparent lorsqu'il eft fondu, mais il redevient opaque en fe refroidissant; il fe diffout dans les acides, & peut en être séparé de nouveau par l'efprit-de-vin; enfin il fe rencontre dans les os & dans le fel microcofmique, avec l'acide du phosphore.

(1) Journal de Physique.

Il préfère certainement la chaux aux alkalis de même que la terre pefante & la magnésie. Avec l'alkali minéral il régénère le fel perlé.

Ce feroit un phénomène bien fingulier & trèsremarquable, fi une combinaison prefque neutre, en s'uniffant intimement au phlogistique, pouvoit faire les fonctions d'un acide fans fe décompofer. Il paroît que le fel fédatif, & plus évidemment encore l'acide qui fe trouve dans le bleu de Pruffe, & dont nous allons parler bientôt, font des compofés de cette nature. L'acide qu'on retire du fel perlé eft auffi du même genre, fi je ne me trompe. Celui-ci, au moyen du phlogistique dont il est imprégné, eft peut-être combiné fi intimement avec une certaine dose d'alkali minéral, qu'il n'a pas encore été poffible de féparer les principes de ce compofé, par aucun moyen connu ; & ce qu'il faut bien remarquer, cette combinaison diffout les alkalis, les terres & les métaux comme un acide fimple, quoique plufieurs de fes propriétés démontrent clairement qu'elle tient un excès d'alkali. Jufqu'à ce que la nature de ces combinaifons foit mieux connue, je les confidère comme des acides, car ce font les fubftances avec lefquelles elles paroiffent avoir le plus de rapport.

S. X X X V.

VINGT-QUATRIÈME COLONNE.

L'acide du bleu de Pruffe (Pruffique).

J'ai conjecturé depuis long-tems, que la matière colorante du bleu de Pruffe étoit de nature acide; ce n'étoit pas fans raifon, puifqu'elle peut former des fels moyens avec les alkalis, les terres & les métaux. Dernièrement M. Schéele nous a encore appris la manière d'obtenir cet acide dans toute fa pureté (1). Le compofé que l'on appelle ordinairement alkali phlogistiqué, eft un fel triple, formé par l'acide colorant, faturé en partie par l'alkali, & en partie par le fer. Si l'on fait bouillir ce fel dans une cornue, avec de l'acide vitrio

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lique affoibli l'acide colorant s'échappe fous la forme de vapeur élastique inflammable, qui peut s'abforber par l'eau qui a été mife dans le récipient. Comme il paffe toujours en mêmetems un peu d'acide vitriolique, il faut ajouter un peu de craie dans la liqueur du récipient, & la diftiller de nouveau, jufqu'à ce qu'on en ait obtenu le quart, qui fera notre acide diffout

(1) Mém, de Stockh. 1782.

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