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forme une efpèce de petite athmofphère. La maffe entière refte fluide, pendant que ces athmofphères empêchent le contact des molécules; & lotfqu'elles viennent à augmenter, les distances augmentent également, & le volume s'enfle ; mais les attractions mutuelles diminuent en même-tems jusqu'au point, que les molécules qui font à la furface de l'eau, font enfin dilatées en vapeurs élastiques, par une fuffifante quantité de chaleur. A cent degrés (1) cet effet a lieu parfaitement, & dans toute la maffe: les vapeurs qui s'échappent alors en très - grande quantité, produifent le mouvement de l'ébullition. Elles furpaffent quatorze mille fois le volume de l'eau, c'est pourquoi leur furface ainsi augmentée, peut abforber une beaucoup plus grande quantité de chaleur qu'auparavant : ne feroit-ce point par cette raifon, que toute évaporation produit du froid? Au contraire, fi cet excès de chaleur vient à être diminué par un air froid, ou par une autre cause quelconque, les vapeurs diminuent de volume; & fe résolvent enfin en gouttes d'eau, & fi la matière de la chaleur continue à décroître, les molécules aqueufes fe précipitent en contact, & lorfqu'elles fe touchent une fois, elles fe meuvent plus len

(1) Thermomètre de Suède, 80 de Réaumur,

tement, perdent à la fin leur mobilité, & fe coagulent en glace. Ce que nous dirons bientôt de la chaleur fpécifique, éclaircira cette explication (§. XLVIII).

L'eau diffout principalement les matières falines, gommeuses & fpiritueuses. On a peu examiné jusqu'à préfent, l'ordre de la dissolubilité des fels, & ce n'est pas un travail aisé. L'acide vitriolique concentré, enlève l'eau de diffolution au tartre vitriolé, à l'alun, au vitriol, au fublimé corrofif, & à d'autres fels qu'il ne décompose pas, & qui, par ce moyen, crystallisent à l'instant; les autres acides ne produisent pas cet effet d'une manière fenfible.

Les alkalis cauftiques attirent auffi l'eau fortement, & précipitént, par cette raison, plusieurs fels qu'ils ne décompofent pas.

L'eau a plus d'affinité avec l'efprit-de-vin, que n'en ont les fels infolubles dans ce dernier menstrue, qui peut les précipiter par cette raison. C'est ce qui arrive à l'alkali volatil, qui prend le nom de favon de Van-Helmont, lorfqu'il eft précipité de cette manière.

Au refte, l'on ne connoît pas, & l'on a même

négligé jasqu'à préfent, les forces attractives de l'eau, par rapport aux différens fels neutres & Il eft probable, toutefois, qu'elle les at tire chacun en particulier d'uue manière inégale, l'un l'a cédé à l'autre.

moyens.

& que

L'eau peut, en quelque forte, féparer l'éther 'de l'efprit-de-vin.

S. XLVI.

TRENTE-CINQUIEME COLONNE

L'air vital.

A] L'athmosphère qui environne de toutes parts notre globe, eft compofé d'un fluide particulier, transparent & élastique, que nous jugeons homogène, & auquel nous avons donné le nom d'air commun, ou d'air athmosphérique. Si l'on vient à l'examiner de plus près, l'on trouve, qu'indépendamment des vapeurs qu'il contient, & qui varient de mille manières, fuivant la diverfité des lieux & des vents, il eft formé du mélange de trois fluides qui diffèrent beaucoup, quant leurs propriétés. La plus grande partie, qui furpafle trois fois & plus les deux autres, près de la furface de la terre, ne peut fervir à

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du moins

l'entretien

ou par

l'entretien du feu ni à la refpiration; elle tire probablement fon origine de l'air vital, qui a Tubi, peut-être par l'addition ou la fouftraction du phlogistique, un changement inconnu jufqu'à préfent; c'est pourquoi on peut l'appeller air vicié (mofette). Celui que les Anglois appellent déphlogistiqué,& que j'ai nommé autrefois bon air, air pur, air nud, eft d'une nature bien différente; je pense qu'on doit lui donner le nom d'air vital, avec le célèbre Secrétaire de l'Acadé mie des Sciences de Paris, puifqu'il eft non-feulement le feul propre à la refpiration & à la combustion ; mais qu'il y eft indispensablement néceffaire, tous les autres étant méphitiques. L'acide aërien forme la plus petite portion de l'athmofphère; il n'en fait prefque jamais le

B] L'air vital eft en petite quantité dans l'athmofphère, il n'y entre ordinairement que pour un quart, & va rarement au-delà d'un tiers, comme nous venons de l'indiquer. Cependant il eft poffible de s'en procurer par l'art, de plufieurs manières. Une once de nitre, expofé à un feu de fusion, doit fournir à l'appareil pneumatique, depuis 500 jufqu'à 600 pouces cubiques, d'un air beaucoup meilleur que l'air athmofphérique, fur-tout au commencement de l'opération. L'acide nitreux verfé fur les terres & les métaux, distillé ensuite

L

à ficcité & pouffé au feu, donne toujours, après l'air nitreux (s'il fe trouve du phlogistique), une quantité plus ou moins confidérable d'air vital. Les vitriols de fer, de cuivre & de zinc; les différentes terres vitriolées, & même la pierre calaminaire, la manganèse noire, & les chaux des métaux parfaits, obtenues par la précipitation, fourniffent auffi une portion d'air vital,à mesure qu'elles fe revivifient (fans addition), au moyen d'un degré de chaleur convenable. D'où l'on peut conclure avec raifon que, quoique cet air puiffe s'obtenir fans employer l'acide nitreux ; cependant l'on en obtient beaucoup plus par fon moyen, de forte qu'il eft prefqu'indubitable, ou que cet air est un des principes conftituans de l'acide nitreux, ou que celui-ci entre dans fa compofition. Dans le premier cas, l'air vital feroit privé d'une fubftance particulière, qui lui communique, entre autres propriétés, une acidité très forte, lorsqu'elle eft combinée avec lui dans une proportion exacte. L'on ignore la nature de cette fubftance, du moins le gas nitreux feul ne fuffit pas, à moins que l'on ne rejette l'existence du phlogistique, qui eft prouvée par des expériences convaincantes. Il ne paroît pas non plus que ce foit le phlogistique qui affoiblit d'ailleurs tous les acides, & les enchaine pour-ainfi-dire tout-à-fait en les faturant, Il faut cependant fe rappeller, que les compofés

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