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bles peuvent réparer leur perte par la fufion feule dans des vaiffeaux rougis, tandis que les métaux imparfaits ne peuvent fe réduire par ce moyen feul, & qu'il faut néceffairement leur ajouter une nouvelle quantité de phlogistique. Nous en parlerons plus au long dans la fuite.

Dans plufieurs autres cas, où nous ne croyons voir que l'action d'une affinité fimple, fouvent le phlogifique en occafionne réellement une double. Prenons pour exemple la diftillation du beurre d'antimoine, qu'on obtient d'un mélange de fublimé corrofif & de régule d'antimoine. Obfervons d'abord , que le mercure & le régule d'antimoine ne font folubles dans l'acide marin qu'après avoir perdu une certaine quantité de leur principe inflammable. Cela pofé, le nœud de cette opération s'explique facilement par le jeu d'une attraction double, la chaux de mercure du fublimé corrofif eft revivifiée par le phlogistique que le régule d'antimoine doit perdre nécessairement, pour fe diffoudre dans l'acide marin figure 58. La bafe du fublimé cotrofif peut, à la vérité, reprendre fon brillant métallique par le feu feul, en fe combinant comme les chaux des métaux parfaits, avec le principe inflammable qui paffe paffe au travers des vaiffeaux embrafés; mais cette opération de

mande un degré de feu beaucoup plus violent que dans la diftillation du beurre d'antimoine, où le mercure paffe dès le commencement, l'aide d'une légère chaleur. L'arfenic blanc ne décompofe pas le fublimé corrosif, parce qu'il ne peut fournir le phlogistique nécelfaire à la réduction du mercure; cette opération réussit au contraire en employant l'orpiment, qui contient beaucoup de phlogistique.

S. VI.

Irrégularités apparentes caufées par le changement qui arrive fucceffivement aux fubftances.

Si l'une ou l'autre des fubftances qu'on examine change peu-à-peu, il eft hors de doute que fes attractions ne refteront plus les mêmes : c'est ce qu'on peut confirmer par plufieurs exemples.

L'on fait depuis long-tems que l'acide nitreux enleve à l'acide marin les bafes alkalines; mais le célèbre Margraaf a obfervé le premier, que l'acide marin chaffoit à fon tour l'acide nitreux des mêmes bases. Ces phénomènes étoient inexplicables, avant la connoiffance de la nature det

peut

l'acide marin; dès qu'on l'a connue, la difficulté s'eft évanouie. L'acide nitreux chaffe d'abord l'acide marin par une affinité fimple figure 42. Mais le phlogistique étant un des principes conftituans de l'acide marin, celui-ci le cède aux acides plus forts, & principalement à l'acide nitreux, qui en est très-avide, quoique faturé d'alkali végétal; car le nitre pouffé au feu d'une manière convenable, pendant une heure ou deux, refte neutre à la vérité, d'où l'on peut conclure qu'il a confervé tout fon acide; mais il est tellement affoibli par le phlogistique, qu'il être chaffé par le vinaigre (§. XXXVII). Il fuit de-là qu'une partie de l'acide marin verfé fur le nitre, donne fon phlogistique à l'acide nitreux, par le moyen de la chaleur : celui-ci char gé de ce principe, eft bientôt chaffé le refte de l'acide marin, qui n'a pas été décomposé, (Voy. la fig. 55). Que ce foit-là la vraie manière dont s'opère cette décompofition, on peut le conclure de la nature même de la chofe, des propofitions qu'il faut employer, & enfin de la liqueur qui fe trouve dans le récipient, & qui n'eft en effet qu'un mélange d'acide nitreux phlogistiqué & d'acide marin, foit dans fon état ordinaire, foit déphlogistiqué.

par

C'eft par la même raifon que l'arfenic blanc

peut décomposer par la diftillation, les fels neutres qui contiennent l'acide nitreux, & qu'il n'a point d'action fur ceux qui font compofés d'acide matin. L'arfenic blanc n'eft autre chofe qu'une espèce de foufre, formé d'acide arsenical & d'une quantité déterminée de phlogistique ( §. XX). Il y a donc ici quatre fubftances mifes en action. (figure 56). Et comme l'acide nitreux attire fortement le phlogistique, fon adhérence avec fa bafe diminue à mesure qu'il l'enlève à l'acide arfenical, de forte qu'à la fin, celui-ci ne peut le chaffer aifément. L'acide marin, an contraire, qui eft déjà faturé du principe inflammable, refufe conftamment d'en admettre une plus grande quantité; il ne change donc pas de nature, & l'acide arfenical refte plus foible

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Nous avons obfervé depuis long-tems, que tous les métaux, même ceux qui réfiftent le plus à la calcination par la voie sèche, tels que les métaux parfaits, font toujours calcinés plus ou moins, en fe diffolvant dans les acides. Nous devons feulement ajouter ici un mot fur le fer, qui paroît plus fufceptible de ce changement que tous les autres métaux, & fur-tour nous arrêter un moment fur fa diffolution dans l'acide vitriolique. Nous remarquons d'abord qu'une partie

:

de fon phlogistique s'échappe fous la forme de gas inflammable, pendant qu'il fe diffout. La diflolution étant achevée, fe trouve colorée en verd: fi on la filtre, & qu'on en rempliffe un flacon, elle conferve fa couleur & fa tranfparence, pourvu que le flacon foit bien bouché ; au contraire, fi on la laiffe expofée à l'air, elle dépofe continuellement de l'ocre. Ce phénomène tient à deux caufes en premier lieu, l'air vital attire fi fortement le phlogiftique, qu'il diminue peu à peu celui que contient encore le fer diffous; d'un autre côté, telle eft la nature de l'acide vitriolique, qu'il diffout d'autant moins de fer, que celui-ci contient moins de principe inflammable; d'où il fuit qu'une quantité de cet acide, fuffifante pour tenir en diffolution un poids donné de fer peu déphlogistiqué, ne pourra plus le retenir, à mesure que celui-ci perdra de fon phlogiftique; il y aura donc néceffairement un précipité de terre martiale, qui fe rediffoudra fi l'on ajoute une nouvelle quantité d'acide. La chaleur, & fur-tout celle de l'ébullition, accélère beaucoup cette décompofition; la couleur verte fe change enfin en rouge obfeur, & toute la diffolution devient exactement femblable à la dernière eau-mère du vitriol, qui refufe de cryftallifer, comme le célèbre M. Monnet l'a trèsbien obfervé. Cependant on accélère plus la dé- ̈

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