phlogistication par des ébullitions & des refroidiffemens répétés, que par une ébullition continuelle, & pouffée même plus long-tems.

Si l'on ajoute un peu d'alkali végétal à cette dernière leffive, on peut en obtenir enfin des crystaux blancs, aftringens, femblables à ceux de l'alun; d'où quelques-uns avoient auffi conclu que le vitriol pouvoit fe changer effectivement en alun; mais la diffolution de ce fel est amenée en entier à l'état de bleu de Pruffe, par l'alkali phlogistiqué; l'alkali ordinaire n'en précipite que de l'ocre, & pas un atome de terre d'alun, , pourvu cependant que le vitriol air été obtenu d'une diffolution de fer; car celui qu'on retire des pyrites, tient ordinairement de l'alun, à cause de l'argille qui s'y rencontre prefque toujours.

Ces faits une fois connus, il eft facile de répondre à ceux qui prétendroient prouver l'exiftence des décompofitions réciproques, par l'exemple de l'alun, dont l'acide paroît quitter fa bafe terreufe, pour s'unir à la limaille de fer qu'on lui ajoute, tandis au contraire que l'argille fe diffout dans l'eau-mère du vitriol, & en précipite de l'ocre; car dans le premier cas, le fer pourvu de tout fon phlogistique, & mis dans une diffolution

d'alun, n'eft attaqué que par l'excès d'acide qui tient plus foiblement à la base terreufe, que la portion qui fert à la faturer. Dès que le fer a enlevé cet excès d'acide, l'argille fe trouve exactement faturée, & comme elle eft infoluble dans cet état, elle fe précipite. On doit donc envisager ces phénomènes d'une toute autre manière qu'on ne l'a fait jufqu'à préfent, puifque le fer ne décompofe pas l'alun parfaitement neutralifé.

Le cuivre enlève de même les acides au fafran de Mars, tandis qu'il les cède au fer. Par-là il eft facile d'expliquer la décompofition du vitriol de Mars par le cuivre, découverte par Margraaf: cette décompofition n'eft nullement réciproque, puifque le cuivre ne précipite que le fer déphlogiftiqué au-delà d'un certain point.

Le principe inflammable se dégage facilement dans des vaiffeaux découverts, fur-tout à l'aide de la chaleur: il s'enfuit néceffairement

que la diffolution du vitriol de Mars change de nature prefque à chaque instant, jufqu'à ce qu'elle foit arrivée à un degré déterminé, au-delà duquel on ne peut pas aller par ce feul moyen. Dans cette expérience, le cuivre fe diffout trèsfacilement; ce qui eft d'autant plus étonnant,

que l'acide vitriolique, comme l'on fait, attaque
très difficilement ce métal, à moins qu'il n'ait
été, en quelque forte, calciné auparavant. Mais
il faut obferver qu'ici la terre du fer attire le
phlogistique du cuivre, & qu'elle le perd en-
fuite par la chaleur. Un fait qui vient à l'appui
de cette conjecture, c'eft que la chaux de cui-
vre fe diffout de la même manière que fon ré-
gule, dans une diffolution bouillante de vitriol
martial. L'acide vitriolique concentré attaque,
à la vérité, le cuivre, au moyen d'une chaleur
fuffifante; mais les vapeurs d'acide vitriolique
phlogistiqué qui s'échappent en même-tems, dé-
montrent clairement qu'il enleve une partie du
principe inflammable : nous verrons d'ailleurs plus
au long par la fuite, quelle eft la vraie manière
dont on doit entendre les précipitations des mé-
taux les uns par
les autres.

S. VII.

Anomalies apparentes, par la folubilité.

Il arrive quelquefois qu'une décomposition a réellement lieu, quoiqu'elle ne se manifeste d'abord par aucun figne. Si l'on diffout dans l'eau de l'alkali minéral faturé d'un acide quelconque, & qu'on y ajoute enfuite de l'alkali vé

gétal pur, la liqueur refte tranfparente, & l'on n'y apperçoit ni nuage, ni précipité. Quelques Chymiftes célèbres ont conclu de cette expérience, que l'affinité de l'alkali végétal ne l'emporte pas fur celle de l'alkali minéral; mais en fuppofant que le contraire arrive, la diffolution doit-elle pour cela ceffer d'être traníparente? Nullement, car l'alkali minéral eft par lui-même très-foluble, il ne donc peut pas troubler la tranfparence de la liqueur; de forte qu'on ne peut rien conclure de certain, d'après ce feul phénomène; mais que l'on faffe évaporer la diffolution, on obtiendra enfin l'alkali minéral libre cryftallifé féparément, & d'un autre côté, l'on aura du tartre vitriolé, du nitre prifmatique, ou du fel digeftif (muriate de foude), fi l'on s'eft fervi de fel de Glauber, de nitre cubique, ou、 de fel marin. Voy. la fig. 3.

Si l'on employe trop d'alkali pour précipiter certains métaux, le précipité fe rediffout aifément, & difparoît en entier. Il eft presque impoffible de précipiter l'or & la platine par un alkali, fans que la diffolution refte colorée. Le zinc, le cuivre, l'argent, le nickel & le cobalt ne donnent point de précipité en employant un excès d'alkali volatil, à moins qu'ils ne contiennent quelques fubftances hétérogènes.

Il y a encore une autre caufe qui empêche fouvent d'appercevoir les décompositions; c'est lorfque la fubftance, qui vient d'être féparée, diffout elle-même le nouveau compofé, ou du moins n'empêche pas l'eau de diffolution de le tenir fufpendu. Cet effet a lieu fur-tout, affez fouvent, lorfque les acides nitreux & marin font chaffés par d'autres acides plus forts. C'est ainfi, par exemple, que l'acide vitriolique enlève en effet la magnéfie à l'acide marin, mais d'une manière qui fe dérobe totalement à nos fens; car l'acide marin devenu libre, rend l'eau de diffolution plus active, s'empare fur le champ de la magnéfie vitriolée qui, d'ailleurs, est trèsfoluble, de forte qu'on ne peut la reconnoître par aucun figne, jufqu'à ce que le menftrue foit tellement diminué par une évaporation fpontanée, qu'il ne puiffe plus tenir le tout en diffolution. Dans les Paragraphes qui vont fuivre nous rapporterons plufieurs exemples de ce genre d'obftacles, & nous indiquerons en même-tems la manière de s'en garantir.

L'on peut auffi en quelque forte rapporter ici les précipités occafionnés par la fouftraction de l'eau de diffolution. Cet effet arrive lorsqu'on ajoute une fubftance qui, fans changer la première combinaison, lui enlève l'eau qui la tenoir

diffoute,