Imágenes de páginas
PDF
EPUB

pourquoi, dans une chaleur auffi forte, les molécules de foufre ne font pas fublimées, ou confumées à mesure qu'elles fe forment, à moins de fuppofer qu'elles fubiffent au même instant une nouvelle combinaison.

Cette difpofition de certaines fubftances, produit fouvent des phénomènes particuliers. Par exemple fi l'on veut précipiter la magnéfie vitriolée, ou le muriate de mercure par l'alkali volatil, l'on obtient très-peu de précipité; mais il en résulte un nouveau fel triple, d'une nature très-différente. En mêlant ensemble des diffolutions faturées de nitre calcaire & de nitre magnéfien, il fe forme un précipité auquel on ne fe feroit pas attendu. C'est un fel triple, formé des deux terres combinées ensemble à l'acide nitreux, moins foluble que chacun des fels qui le compofent, & qui fe précipite par cette raison : une plus grande quantité d'eau rediffout ce nouveau fel. Pour abréger, je fuis forcé de paffer sous filence une infinité d'autres faits femblables.

§. IX.

Irrégularités produites pour un excès déterminé de l'un ou l'autre des principes prochains.

, que

Je n'ignore pas que quelques Chymistes prétendent qu'on a tort d'affurer que les fels neutres ou moyens, peuvent prendre un excès d'acide. Plufieurs exemples que nous allons citer ici, démontrent cependant, & d'une manière évidente, qu'un tel excès a lieu dans quelques cas, quoique cette partie furabondante d'acide tienne plus foiblement au fel, comme cela doit être la partie néceffaire pour la faturation. Que l'on diffolve jufqu'à faturation dans de l'eau distillée du tartre tartarisé, parfaitement neutre, & que l'on y verse ensuite goutte à goutte du véritable acide du tartre (§. XXIII.), il fe fépare bientôt une matière fpongieufe, blanche, qui gagne le fond: cette fubftance recueillie & examinée, fe trouve être du vrai tartre. Quelle est la caufe de ce fingulier changement? Elle fe trouvera facilement, fi nous considérons la nature de ces fubftances. Le tar tre n'eft en effet que du tartre tartatifé, combiné avec une plus grande quantité de fon propre acide, qu'il n'en faut pour la faturation. Celui qui

connoît la faveur du tartre, fa propriéte de faire effervefcence avec les alkalis, de rougir les couleurs bleues végétales, &c. ne révoquera pas en doute cet excès d'acide ; & même jusqu'à ces derniers tems, on a toujours regardé le tartre comme un fel acide. Enlevez exactement cet excès d'acide par l'alkali fixe végétal, & vous aurez le tartre tartarifé, connu ordinairement fous le nom de fel végétal. Le tartre purifié, ou crême de tartre, n'est donc que du tartre tartarifé avec un excès déterminé d'acide, & on l'obtient fur le champ lorfqu'on ajoute cet excès au tartre tartarifé il fe précipite parce qu'il ne trouve pas affez d'eau pour être tenu en diffolution. Ainfi ces deux fels ne diffèrent pas l'un de l'autre par la nature, mais feulement par les proportions de leurs principes; il en résulte cependant une différence étonnante dans la faveur, & les autres propriétés, principalement la diffolubilité : car le tartre tartarifé eft fi avide d'eau, qu'il tombe prefqu'en déliquefcence à l'air humide. Une partie de tartre au contraire demande, pour fe diffoudre, cent cinquante parties d'eau, à la température moyenne; ce qui eft d'autant plus furprenant, que l'acide qu'on ajoute en excès & l'alkali végétal tartarifé, font par eux-mêmes très-folubles dans l'eau. L'excès d'acide qui produit toute cette

différence, ne peut être enlevé ni par la cryftallisation, ni par un filtre humecté, ni par aucun autre moyen que par la faturation feule.

Nous avons donc ici un exemple manifefte, d'où nous pouvons conclure que l'alkali végétal, quoique faturé, loin de refufer un excès d'acide tartareux, le prend au contraire facilement; c'est une preuve frappante d'attraction entre un fel neutre & un acide de même nature que celui qui entre dans fa compofition. Le tartre se sépare de même en verfant goutte à goutte un autre acide quelconque fur le tartre tartarifé. Pour expliquer ce fait, on dit ordinairement que l'acide a chassé le tartre par une force fupérieure; mais le tartre n'est pas fimplement un acide, comme on l'a cru pendant long-tems. Pourquoi donc l'alkali qui lui eft uni, fe précipite t-il en même-tems? Si la précipitation arrive ici par une affinité fupérieure, pourquoi a-t-elle également lieu en employant l'acide du tartre, & même en se servant du vinaigre, qui eft un acide beaucoup plus foible que celui du tartre ( §. XXXVII )? Pour entendre clairement le jeu de cette opération, imaginons le tartre tartarifé divifé en deux parties, de telle forte que la partie b contienne autant d'acide qu'il en faut à la partie a pour devenir crême de tartre; ajoutons

alors un autre acide qui fature la base alkaline de la partie b: l'acide qui lui étoit combiné refluera fura, qui l'attiroit déjà auparavant avec tant de force, qu'il s'en faifit bientôt, & devient tartre; pourvu qu'il arrive la moindre circonstance capable d'ébranler un peu la cohésion des principes, de la partie b.

Le fel de feignette fe comporté de la même maniere. L'alkali volatil, diffout dans l'eau & faturé peu-à-peu d'acide du tartre, donne auffi une efpèce de tartre foluble, qui fe grumèle fur le champ, lorsqu'on lui ajoute un excès d'acide, & qui forme un nouveau tartre difficile à diffoudre, mais plus acide que le tartre ordinaire, à cause du peu d'adhérence de ses principes..

Le tartre n'eft pas l'unique fel qui exige effentiellement un excès d'acide; nous en connoissons depuis long-tems plufieurs autres de même nature. Le fel d'ofeille eft compofé d'alkali végétal & d'un acide particulier furabondant (§. XXIV ), De même l'on ne peut pas faire crystalliser l'alkali végétal exactement faturé d'acide arfenical; au lieu qu'on en obtient facilement de beaux cryftaux, fi on y ajoute un excès déterminé d'acide (§. XX). On voit par-là pourquoi l'on n'a pas

« AnteriorContinuar »