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fuffifante quantité de c, peut chaffer en entier a de fa première combinaison. En général, on doit bien remarquer ici qu'il eft quelquefois néceffaire d'employer une quantité de c double, triple, & même dans certains cas quadruple, de celle qui eft néceffaire pour faturer A lorsqu'il est libre. Si c n'occafionne aucun précipité, même après l'espace de plufieurs heures, alors on fera cryftallifer la liqueur par une évaporation fpontanée, ou bien on l'évaporera jusqu'à ficcité, en évitant foigneufement de donner un trop grand degré de chaleur, de peur qu'il ne trouble les affinités (§. IV). Ici la connoiffance de la faveur des différentes fubftances, celle de leur folubilité, de leur faculté de s'effleurir & de leurs autres propriétés, de celles même qui paroiffent d'ailleurs de peu de conféquence, eft d'un grand fecours pour juger facilement & sûrement s'il y a eu décomposition, & de quelle espèce elle eft. Souvent la substance qui refte libre, que ce foit celle qu'on a ajoutée, ou celle qui a été dégagée, donne beaucoup d'embarras au Physi cien qui cherche à s'affurer de la nature du nouveau compofé, parce qu'elle en mafque les véritables propriétés ; on doit donc, fi cela se peut, l'enlever avec précaution, par le moyen de l'eau ou de l'efprit-de-vin, fuivant les circonftances.

Suppofons à préfent que c foit infoluble dans l'eau, & que ce foit, par exemple, un métal il faut en plonger une lame bien polie & bien décapée dans la diffolution de Ad, & obferver s'il fe dépofe quelque chofe deffus. Après avoir ainfi plongé plufieurs lames fucceffivement, on parvient enfin à connoître fi d se sépare en entier, ou feulement en partie. Il arrive fouvent, quoique la lame foit limée depuis peu, qu'on n'apperçoit aucune décompofition, à moins qu'il n'y ait un petit excès d'acide dans la diffolution Ad: il n'eft pas même néceffaire, autant que j'ai pu m'en affurer jufqu'à préfent, que cet excès provienné d'un acide de même naturé que celui du compofé Ad, plutôt que d'un autre.

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Si l'efprit-de-vin très-rectifié, ne peut diffouque l'une ou l'autre des combinaisons Ad & Ac, il eft prefque inutile d'employer l'évaporation car après avoir laiffé repofer le mélange pendant quelques heures, l'efprit-de-vin qu'on ajoute, en fépare tout ce qu'il ne peut diffoudre.

L'odeur indique auffi quelquefois ce qui fe paffe: c'est ainsi qu'il eft aifé de reconnoître par fon moyen, le vinaigre, l'acide des fourmis, du fel, du nitre, l'alkali volatil, &c. devenus li

bres. Le goût inftruit pareillement ceux qui ont le palais bien exercé.

bIl faut enfuite traiter Ad féparément avec b, & a, de la même manière que nous l'avons traité

avec c

c] Enfin on traitera de même Ac, Ab Aa, &c. chacun à fon tour.

C'est par un tel examen fait avec l'attention convenable, qu'on parvient enfin à connoître l'ordre des attractions; mais ce travail demande de la part du Chymifte; toute la patience, le foin, l'exactitude, la fcience & l'habitude dont il eft capable. Suppofons qu'on veuille découvrir feulement l'ordre refpectif des cinq fubftances a, b, c, d & e par rapport à 4: il faudra faire pour cela vingt expériences principales, qui en renferment plufieurs autres chacune. Une férie de 10 termes exige 90 expériences; &, en général, foit n le nombre des termes de la férie n. n-1, fera celui des expériences.

d] On doit examiner de même par la voie sèche, les nouvelles combinaisons de A avec a, b, c, &c. chacune féparément : ces expériences fe font dans un creufet chauffé jufqu'à l'incandefcence, ou mieux encore fi l'on peut,

dans une cornue, afin de retenir en même tems tout ce qui eft volatil.

Voilà en général, la marche que j'ai fuivie dans ce travail: on trouvera peut-être, en le continuant, des moyens plus courts, & qui pourront du moins fervir dans quelques cas. Au refte, il faut bien fe tenir en garde contre les erreurs, que peuvent occafionner aifément les anomalies apparentes, dont nous avons parlé ci-deffus.

S. X I.

Néceffité d'une nouvelle table des Attractions.

Toutes les tables qui ont paru jusqu'à préfent, ne contiennent qu'un petit nombre de fubftances comparées chacune avec un petit nombre d'autres. On ne doit pas en faire un reproche à leurs Auteurs, parce qu'un tel travail eft très-long & très-pénible. Auffi quoique j'aie travaillé à celle-ci pendant tout le tems que mes nombreuses occupations m'ont laiffé, & avec l'exactitude dont je fuis capable, je fuis cependant d'autant plus éloigné de la croire parfaite, que je fuis affuré d'ailleurs, qu'il faudroit plus de 30, 000 expériences exactes, pour donner un certain degré de perfection à cette foible efquifle

telle que je la préfente. Mais en réfléchissant férieusement fur cet objet, fachant d'ailleurs combien la vie est courte & la fanté incertaine ', j'ai cru devoir donner au Public les Obfervations que j'ai faites jufqu'ici, quelque incomplettes qu'elles foient, de peur qu'elles ne fe perdissent parmi mes papiers, & je vais tâcher de les préfenter le plus brièvement poffible. Il importe peu pour la fcience, que les vérités dont elle doit s'enrichir, foient découvertes par moi ou par un autre. Je tâcherai cependant de continuer ce travail, fi Dieu m'accorde la vie, les forces & le loifir néceffaires; du moins c'eft mon deffein. Je vais expliquer le but & le plan de mon Ouvrage, & s'ils obtiennent l'approbation des Savans, j'efpere que plufieurs d'entre eux ne refuferont de m'aider dans cette entreprise; car il eft plus facile de compléter une ou deux colonnes, que de les amener toutes à la perfection. Je fais mention d'un grand nombre des fubstances les plus fimples qui fe rencontrent en Chymie; cependant plufieurs d'entre elles font réellement compofées, & même fe réfolvent aifément, en leurs principes prochains: tels font le foie de foufre, le foufre lui-même, les métaux imparfaits, &c. mais elles ne font confidérées ici qu'en tant qu'elles exercent leurs attractions comme des fubftances simples &- fans le

pas

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