Imágenes de páginas
PDF
EPUB

que par la voie humide. Tous décompofent le fublimé corrofif par une double affinité, comme nous l'avons expliqué à l'égard de l'antimoine (§. V.), & fans doute qu'il en eft de même du plomb, de l'argent & des autres métaux faturés d'acide marin, qui donnent du beurre d'antimoine, en les diftillant, avec ce dernier métal. Si l'on ignore cette caufe, il eft impoffible d'entendre les expériences de Pott, qui prouvent qu'on obtient du beurre d'arfenic, en distillant fon régule avec le fublimé corrofif, au lieu que l'arfenic blanc n'en donne pas du tout; mais cette caufe une fois connue, ces phénomènes n'ont plus rien d'obfcur.

S. XVII.

SIXIÈME COLONNE.

L'acide marin déplogistiqué.

L'illuftre Stahl met le phlogistique au nombre des principes prochains de l'acide nitreux. Toutes les expériences qui ont été faites depuis, prouvent à la vérité, que cet acide est très avide du principe inflammable; mais nous n'en pouvons rien conclure par rapport à fa compofition, à moins d'admettre l'axiome ordinairement faux

& démenti

[ocr errors]

par les faits, que l'attraction eft plus forte, entre les compofés qui ont quelques principes communs de même nature qu'entre ceux dont tous les principes font entièrement différens. Le vitriol de Mars, par exemple, n'est pas foluble dans l'efprit -de- vin; au contraire, fa leffive (eau-mère) déphlogistiquée, s'y diffout trèsbien, pour ne rien dire d'une infinité d'autres faits qui prouvent la fauffeté de cet axiome. Perfonne du moins n'a foupçonné, d'après un tel raisonnement, l'existence du phlogistique dans l'efprit de fel, qui refufe fi obftinément ce principe volatil; c'eft cependant un fait bien prouvé à préfent, par la découverte de l'ingénieux Schéele (1). En effet, la manganèfe, que nous avons déjà confidérée comme prefque entièrement privée de phlogistique, l'attire néanmoins fi fortement, qu'elle décompofe l'acide marin, lorfqu'elle eft aidée par la chaleur de la digestion; puifqu'elle fe diffout parfaitement dans cet acide, & que l'alkali la précipite en blanc, ce qui démontre invinciblement qu'elle a repris du phlogistique. L'acide ainfi déphlogistiqué, donne une vapeur légèrement rouffeâtre, fi on la regarde en grande masse, qui a prefque l'odeur de l'eau régale chaude: elle fe diffout difficilement dans

(1) Mém. de Stockh.

l'eau, en la traversant, & la rend à peine acide; mais fi on la laiffe en contact avec elle pendant douze heures, dans un vaiffeau renverfé, elle s'y abforbe à un cinquième près, qui n'est que de l'air commun. Celle qui vient de traverser l'eau, conferve encore fon pouvoir diffolvant; mais elle agit beaucoup plus efficacement, lorfqu'elle n'a pas été lavée; c'est pourquoi il faut la recevoir dans des verres cylindriques, qu'on adapte fucceffivement au bec de la cornue, & qu'on ferme avec des bouchons de verre, dès qu'ils font remplis. L'on a foin d'y mettre auparavant un peu d'eau, pour abforber le gas acide marin, qui paffe avec la vapeur d'acide marin déphlogiftiqué. Les fubftances qu'on a deffein d'expofer à l'action de cette vapeur, doivent être introduites dans les récipiens avec les bouchons.

L'acide marin déphlogiftiqué, attaque vivement les corps phlogistiques; il blanchit toutes les couleurs végétales, jaunit le vitriol verd, diffout directement tous les métaux, & forme avec, eux les mêmes fels qu'auroit donné l'acide marin ordinaire: il en eft de même à l'égard des terres & des alkalis ; il change l'arfenic blanc en acide arfenical liquide (§. XX). Enfin il reprend toujours fa première forme, dès qu'il a réparé fa perte; perte; de forte de forte que cette vérité est suf

fifamment prouvée par l'analyfe & par la fynthèse. Il faut bien remarquer que le nom d'acide marin déphlogistiqué proprement dit, ne convient qu'au fluide élastique jaunâtre, & non à la liqueur du récipient; car quoique celle-ci ait abforbé une petite portion du fluide élastique, elle eft cependant formée pour la plus grande partie, d'acide marin ordinaire. L'acide nitreux peut auffi déphlogistiquer l'acide marin (§. XVIII).

[ocr errors]

Puifque l'acide marin déphlogistiqué, forme avec les alkalis, des fels abfolument femblables à ceux qui contiennent l'acide marin ordinaire, c'est une preuve que ces fubftances contiennent du principe inflammable, pour fuppléer celui qui manque à cet acide. La propriété qu'il a de diffoudre tous les méraux, confirme bien ce que j'ai déjà dit plufieurs fois concernant la quantité de phlogistique, que les métaux doivent perdre, pour devenir folubles dans les acides. Il paroît que les métaux fuivent, à l'égard de celui-ci, l'ordre inverfe de leurs forces d'adhéfion avec le phlogistique; c'eft par des expériences faites à ce fujet, que l'on décidera fi cet ofdre eft le même que pour les acides précédens. Sa volatilité l'empêche d'agir par la voie sèche.

L'acide du fel étant déjà fuffifamment

pourvu

de phlogiftique, refufe d'en admettre une plus grande dofe, tandis qu'il refte dans l'état liquide; au contraire, dès qu'il eft fous forme élaftique, préfentant une plus grande furface, & débarraffé de fon enveloppe aqueuse, il paroît non-feulement capable d'en prendre davantage, mais même l'attirer fortement, & devenir inflammable lorsqu'il en eft affez chargé. Quelqu'un pourroit peut-être foupçonner, que l'acide marin déphlogistiqué n'eft autre chofe que l'air acide marin; j'ai cependant trouvé une grande différence, en comparant ces deux fubftances; car la première n'est pas abforbée par l'eau tout-d'uncoup, mais lentement; elle ne devient pas inflammable, en dépouillant peu à peu le phofphore de fon phlogiftique; elle l'attaque à l'inf le réduit en vapeurs blanches, & redevient efprit de fel aëriforme; elle ne fond ni la glace, ni le camphre; elle ne produit aucun changement fur le nitre & l'alun, pour ne rien dire des autres différences qu'elle préfente, & dont les principales ont été rapportées ci-devant. Si l'on mêle l'acide marin avec une moitié de inanganèfe, & que l'on faffe bouillir légèrement ce mélange, l'acide qui paffe au commen cement de l'opération, recueilli au moment où l'odeur d'eau régale fe fait diftinctement sentir, contient à-peu-près d'air commun; celui qu'on

tant,

« AnteriorContinuar »