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reçoit vers la fin de l'opération, en contient à peine. Le gas nitreux ne diminue prefque pas d'une manière fenfible, l'air vicié qui étoit mêlé à la vapeur déplogistiquée.

S. XVIII.

SEPTIEME COLONNE.

L'eau régale.

Il n'eft pas difficile à préfent, d'expliquer pourquoi l'acide nitreux & l'acide marin mêlés ensemble, dissolvent l'or, quoique ni l'un ni l'autre ne puiffe l'attaquer féparément. En effet, ce métal, le plus parfait de tous, peut devenir foluble dans plufieurs menftrues, auffi tôt qu'il a perdu une partie de fon phlogistique. Or l'acide nitreux, qui eft très-avide de ce principe, décompofe facilement l'acide marin libre, ou combiné avec une bafe : ce qu'on reconnoît, tant par l'odeur de l'eau régale chaude, qui eft abfolument femblable à celle de l'acide marin dé-phlogistiqué, que par fes effets; puifque ce menftrue, dépouillé de cette forte de fon principe inflammable, peut réparer fa perte par tous les métaux; c'est ainsi que l'or lui-même devient foluble, principalement dans l'acide marin (§. XVII). Auffi les cryftaux qu'on obtient en diffolvant l'or

dans un mélange d'acide nitreux & de fel marin (ces deux acides en donnent à peine, s'ils font mêlés enfemble fans aucune autre combinaison), ne font formés que d'acide marin & d'or, pourvu qu'ils foient bien purifiés, & dégagés de tout ce qui pouvoit les altérer extérieurement. L'acide nitreux ne fert donc ici qu'à déphlogistiquer, autant qu'il eft néceffaire, le véritable diffolvant. Quelquefois cependant cet acide feul, & concentré par une longue ébulli tion, diffout l'or infiniment divifé, tel qu'il fe trouvé dans l'opération du départ : il attaque d'abord directement la partie inflammable, & s'unit enfuite à la chaux qu'il vient de former; mais celle-ci tient fi foiblement, qu'elle fe fépare fouvent d'elle-même, ou par la feule agitation; & c'est-là la véritable explication de l'expérience de Brandt, qui a découvert que l'or étoit foluble dans l'acide nitreux (1). Il n'est pas néceffaire d'examiner en particulier toutes les diffolutions par l'eau régale; nous observerons feulement, que ce diffolvant compofé ne donne pas toujours des fels triples; car dans les cas où fes deux acides peuvent agir chacun à part, leurs combinaisons crystallisent ordinairement féparément, du moins en partie.

(1) Mém. de Stockh. 1748.

Les attractions électives fuivent ici le même ordre que nous avons décrit ci-devant.

S. XIX.

HUITIEME COLONNE.'

L'acide Spathique, fluorique, ou du fluor

minéral.

La manière de retirer cet acide du spath fufible, au moyen de l'acide vitriolique, eft connue depuis long-tems (1). Il fe dégage toujours fous la forme de fluide élastique, & refte dans cet état jufqu'à ce qu'il vienne à toucher l'eau qui l'abforbe, comme elle abforbe les autres fluides aëriformes, & qui donne, lorfqu'elle en est saturée, l'acide Spathique phlogistiqué, capable de corroder peu-à-peu le verre, dont il attaque principalement la partie filiceufe; il détruit cependant le verre beaucoup plus efficacement, tandis qu'il eft fous forme de vapeurs, fur-tout s'il est chaud, & fes vapeurs, quoique faturées de terre quartzeufe, ne perdent pas pour cela leur tranf parence & leur forme élastique. Si l'eau l'abforbe dans cet état, il dépofe une partie de la terre filicée fous la forme d'une poudre blanche, tandis que le refte demeure diffous dans la li

(1) Mém. de Stockh. 1771. Opufc. Vol. II.

queur. Difcutons en peu de mots, fi cet acide diffère de tous les autres, ou fi ce n'eft que l'acide marin lui-même, modifié par quelque bafe terreufe: fes propriétés particulières le diftinguent de tout autre acide, & même de l'acide vitriolique & de l'acide marin, qui font les deux avec lefquels on l'a voulu confondre; car fi on le rectifie par une diftillation lente, après l'avoir fait digérer avec un peu de chaux d'argent, il ne donne avec les alkalis fixes, ni tartre vitriolé, ni fel de Glauber, ni fel fébrifuge, ni fel marinfaturé de chaux; il régénère le fpath vitreux ou fluor minéral; il forme avec la magnésie, un fel cryftallifable, un fel pulverulent avec la terre pefante, avec l'argille un fel doux & fous forme de gelée. Enfin il diffout le quartz, qui eft infoluble dans tous les autres acides (§. XLIV ).

Il est vrai, qu'il eft ordinairement altéré par un peu d'acide marin, d'où dépend fans doute la reffemblance de leurs odeurs. Mais doit-on conclure que l'acide nitreux tire fon origine de l'efprit de fel, parce qu'ils fe trouvent tous deux dans l'eau régale ? Le précipité infiniment petit, qu'il donne avec le nitre d'argent & le nitre mercuriel, montre clairement d'ailleurs, qu'il tient très peu d'acide marin. L'acide fluorique ne

tire

tire pas

fon origine des acides vitriolique ou ma-. rin, autant que j'ai pu m'en afsurer jusqu'ici par l'expérience; du moins je ne peux pas comprendre. pourquoi l'union intime d'une bafe terréufe avec ces acides, produit une fi grande différence. Nous favons que les acides font toujours plus ou moins adoucis, & perdent leur acrimonie par une telle, combinaison. Pourquoi donc l'acide fpathique, / réduit en vapeur, attaque-t-il le verre lui-même jufqu'à le percer quelquefois, tandis qu'on n'a pu trouver cette force dans aucun autre acide, à quelque bafe qu'on l'ait combiné jufqu'à préfent? Si quelqu'un prétendoit prouver, par l'exemple du nitre mercuriel (pierre infernale), du fublimé corrofif & des autres fels métalliques, que l'énergie de quelques acides eft beaucoup augmen tée par leur combinaison avec certaines bafes fon objection tomberoit bientôt en examinant la la chofe de plus près: car, outre qu'on peut prou ver évidemment, par mille exemples, que L'activité des acides diminue en raison de leur faturation, & qu'il répugne d'ailleurs qu'elle foit augmentée par-là, nous n'attribuons aux fels corrofifs, dont nous venons de faire mention, une force extraordinaire, que parce qu'ils attaquent les corps des animaux, qui viennent à les toucher. Mais la raifon de cette caufticité fe trouve dans la déphlogistication des bafes métalliques

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