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ne peut pas compter fur une grande analogie entre ces différentes chaux métalliques ? Dans toutes, le phlogistique eft le même ; la feule variété des acides qui les fature, conftitue les différences spécifiques des métaux aucuns des phénomènes cités jufqu'ici ne répugne; au contraire, plufieurs préfentent des rapports.

Quoique la Chimie n'ait pu encore découvrir la nature des acides métalliques, excepté celui de l'arfenic, nous reftons ferme dans nos idées; car la liaifon du phlogistique coagulant peut être fi intime & fi forte, que les moyens que l'on a employés jufqu'alors, n'ont encore pu la rompre, & qu'elle réfiftera encore des fiècles aux efforts de l'Art. Cette portion de phlogistique qui reftitue aux chaux leur état métallique, s'en fépare pour l'ordinaire facilement: cependant cette liaison eft fi inégale qu'il en réfulte la divifion des métaux en nobles ou parfaits, & en métaux obfcurs ou imparfaits s'il y a une différence fi évidente dans le principe néceffaire pour opérer la réduction d'un métal, pourquoi n'y en auroit-il pas une dans la portion coagulante (P)?

(P) Il doit y avoir néceffairement une différence effentielle entre le phlogistique coagulant, & le phlogistique réducteur, puifqu'ils n'ont pas les mêmes propriétes. Če font deux êtres invifibles & infenfibles; on n'a pu les féparer purs jufqu'alors des fubftances qui les contiennent.

L'air inflammable n'eft point le phlogistique réducteur, mais un air chargé de phlogiftique, comme le charbon est un corps denfe, chargé de phlogiftique. On réunit le phlogistique réducteur aux fubftances qui en font dépourvues, & on l'enlève à celles qui en font douées en quantité fuffifante, ou en furabondance par des doubles ou triples affinités, foit par la voie fèche, foit par la voie humide.

Le mot phlogistique eft trop généralisé; & mille gens l'emploient, fans le connoître ni l'entendre.

Le phlogistique & la chaleur peuvent exifter & agir l'un fans l'autre ; ce font deux parties conftitutives, & en même

Maintenant, appliquons au fer cette théorie que nous regardons comme très-probable, afin qu'elle ferve de base aux nouvelles expériences qui doivent confirmer nos hypothèses, ou les détruire radicalement. Occupons-nous d'abord du phlogistique revivifiant; fa quantité ne peut-elle pas varier dans le fer? S'il peut y avoir de la variation, il faut fcruter à fond quel effet elle produit dans les différentes circonftances; après avoir fixé ces limites, il fera néceffaire de paffer à l'examen du phlogiftique coagulant, tenter de le féparer de fa bafe, jufqu'à ce qu'enfin on en obtienne un acide pur radical; & enfuite examiner avec foin la quantité produite de cet acide, & quelles en font les propriétés.

Au furplus, tous les corps de la nature contiennent une portion quelconque de la matière de la chaleur qui leur eft fortement adhérente, ce qui eft facile à démontrer particulièrement dans les métaux.

La dofe de cette chaleur n'eft-elle pas différente dans le fer, à raifon de fes différentes fituations? Il convient de déterminer par des expériences cette variété, & d'en reconnoître les effets.

temps des propriétés du feu. La chaleur eft le principe du feu; le feu fixe uni à la terre conftitutive des corps, & le phlogiftique qui eft le feu combiné avec de l'air fixe, en eft l'aliment : la chaleur du foleil contient la chaleur principe, fans phlogistique, ainfi que la chaux & les alkalis cauftiques : le phlogistique uni à l'air ou à l'eau, contient le moins de chaleur poffible; lorfque ces deux fubftances font en contact, il y a auffitôt embrafement & déflagration, fouvent fulguration.

Le Courier de l'Europe du mois de juillet, rapporte une expérience de M. Priestley, par laquelle ce favant revivifie la chaux de plomb, au moyen de l'air inflammable enflammé par la chaleur folaire, d'où il conclut que l'air inflammable eft le phlogistique. Cette conclufion ne porte pas le caractère de la conviction, parce que l'expérience n'eft pas démonftrative, quoique l'effet en foit vrai. Le phlogistique eft un prin

Jufqu'ici nous avons effleuré, feulement comme il convenoit, les principales matières pour fervir d'efquiffe à celles qui doivent fuivre : quoique nous expofions bien des expériences, il en refte encore bien d'autres à faire; cependant il ne fera peut-être pas inutile de publier ces fragmens, qui, quoiqu'alors imparfaits & tronqués, pourront déterminer d'autres favans à courir la même carrière. Ce travail n'est pas moins utile qu'il eft pénible & épineux ; il exige les loifirs de plufieurs années qui lui foient uniquement confacrés ; & outre un appareil complet d'inftrumens néceffaires, il faut y apporter un génie propre à inventer & à exécuter avec fagacité les expériences qui peuvent jeter un grand jour fur cet objet ; il faut un homme infatigable dans fes recherches, qui foit exa&t & prefte à faifir & à déterminer les différens phénomè nes qui fe préfentent; enfin, lent & fobre dans fes conclufions, fi quelque importante découverte lui fait appercevoir la vérité.

cipe fecondaire inflammable, qui eft fufceptible de s'unir avec tous les corps & les élémens: l'eau chargée de phlogistique revivifie les chaux métalliques, comme l'air qui en eft faturé: l'air inflammable eft donc de l'air chargé de phlogistique, & non le phlogistique lui-même pur.

L'on pourroit appeler ce que M. Bergman nomme le materia caloris, phlogistique coagulant, le feu fixe, le feu rendu fixe par fa combinaison avec la terre élémentaire; & le phlogiftique réducteur pourroit fe nommer le feu volatil, ou rendu volatil par fon union avec l'air fixe, lequel fe fépare des corps par l'intermède de l'air atmosphérique qui prend fa place dans les chaux métalliques. Voyez la Préface.

(Q) M. Bergman s'eft peint d'après nature à la fin de ce paragraphe; quiconque voudra fuivre ce favant dans la même carrière, doit avoir comme lui ce fentiment vif de l'amour de la vérité, qui est toujours fécond en moyens ; cette fublime candeur qui infpire la confiance; ce tact délicat qui faifit tout à fa place; enfin cette circonfpection lente & froide dans les jugemens.

SECTION III.

De la Recherche de la quantité du Phlogiftique réducteur, par la voie humide.

POUR

OUR détruire toute ambiguité, quoique nous nous foyons déja expliqué affez clairement, nous croyons devoir prévenir en termes formels, que nous entendons par phlogistique réducteur, cette portion dont la fouftraction fait perdre entièrement la forme à un métal, lequel eft alors foluble dans les acides fans produire aucun fluide aériforme, & laquelle étant reftituée au métal, lui rend toutes fes propriétés métalliques.

Nous attribuons tout ce qui refte d'inflammable à la portion coagulante ; à moins qu'il n'exifte quelque corps étranger inhérent, qui foit imbu du même principe fubtil.

Pour parvenir à conoître cette quantité de phlogiftique avec plus de précifion, nous ne nous fommes contenté de fuivre une feule route, nous en avons pratiqué diverfes autres qui pouvoient nous conduire au même but.

pas

Il eft connu (*) que les métaux perdent, lors de leur diffolution dans les acides, leur phlogistique réducteur, lequel forme des fluides aériformes de diverses natures fuivant les circonftances. L'acide vitriolique & le muriatique en diffolvant le fer, produisent de l'air que l'on appelle ordinairement inflammable: on nomme nitreux, celui qui réfulte de la diffolution du fer dans l'acide du nitre.

(*) Opufcul. de M. Bergman, vol. II. pag. 354.

Comme ces fluides aériformes confervent le phlogiftique qui entre dans leur compofition, nous avons jugé que le volume de ce fluide inflammable produit, étoit proportionnel aux quantités, même par rapport au principe inflammable, ce qui eft parfaitement d'accord avec le réfultat des expériences que nous allons détailler.

(A) Voici la manière de procéder. L'on prend un matras de verre qui ait un petit col, l'on y adapte un tube contourné en, dont l'une des extrémités doit être ufée à l'émeri, pour qu'étant adaptée, elle scelle exactement de toutes parts: on introduit le matras dans un vafe de cuivre muni d'un couvercle percé de façon qu'il contienne & affujetiffe folidement le col du matras, & que l'ouverture libre du tube puiffe entrer dans l'ouverture d'une bouteille renversée, pleine d'eau, & fufpendue à une distance convenable dans un vafe pofé deffous, de façon que l'orifice foit au-deffous de la furface de l'eau (R).

L'appareil étant monté, l'on introduit de l'eau dans le vafe de cuivre, & on excite le feu jufqu'à l'ébullition de l'eau; on jette enfuite dans le matras, un quintal de fer réduit en poudre, foit par l'effet de la lime ou du marteau, fuivant fa fituation & fon caractère; on affermit le col au couvercle du bain-marie, & l'on ajoute une quantité d'acide néceffaire, pour diffoudre le quintal de fer; à l'inftant l'on adapte le tube contourné, laiffant libre l'extrémité qui eft déja fixée à l'orifice du récipient : enfin, l'on plonge avec précaution le matras dans l'eau du vaiffeau de cuivre; on y adapte fon couvercle. Ces précautions prifes,

(R) Cet appareil eft du genre de ceux que l'on appelle pneumato-chimiques; il eût été à defirer que l'auteur l'eût fait graver. Ge font de vrais aréomètres. Il paroit que l'appa reil que décrit M. Bergman, feroit fufceptible de perfection.

l'on

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