Imágenes de páginas
PDF
EPUB

J'ai fait diffoudre de l'argent de coupelle dans l'efprit de nitre jufqu'à parfaite faturation, je l'ai précipité avec du tartre vitriolé; chaque quintal de ce précipité contenoit d'argent 66,7 liv. docimaftiques, ce qui s'eft démontré tant par la précipitation que par la réduction.

86°. EXPÉR. L'on prend un quintal d'argent vitriolifé, on le diffout dans environ fix pouces cubes d'eau diftillée; l'on y jette quelques gouttes d'acide vitriolique, non pas pour déterminer la précipitation qui peut fe faire fans cet intermede, mais pour empêcher la poudre martiale de dépofer: enfuite on plonge un petit morceau de fer d'Ofterby, pefant 130 liv. bien nettoyé; le vaiffeau refte expofé à une chaleur de digeftion, jufqu'à ce que la liqueur ne puiffe être troublée par un grain de fel marin: lorfque la liqueur eft à ce point, on retire le morceau de fer, l'on trouve alors qu'il a perdu 19,5 liv. environ: d'où il faut conclure qu'il faut 19,5 liv. de fer d'Ofterby pour précipiter 66,7 liv. d'argent (Z).

87. Exp. J'ai répété cette expérience avec un autre quintal d'argent vitriolifé; mais au lieu de fer d'Ofterby, j'ai employé celui de Grangen, dont 17,9 liv. juftes ont fuffi pour opérer la précipitarion de l'argent.

88. EXP. Un quintal d'argent vitriolifé a exigé 20 liv. d'acier d'Ofterby pour compléter fa précipi

tation.

89. EXP. La même quantité d'argent vitriolifé a été précipitée par 19,2 liv, de fonte de fer d'Hufaby.

(Z) Pour l'intelligence du résultat de cette expérience, il faut confidérer le dernier chiffre féparé d'une virgule comme exprimant autant de parties de la valeur des deux précédens, c'est-à-dire que 19,5 expriment 19 liv. & que 100 livres d'argent vitriolifé contiennent 66 liv. d'argent, & le furplus d'acide qui a été absorbé par 19 liv. de fer.

10

SECTION IV.

Corollaires déduits des Expériences précédentes.

SI l'on veut prendre la peine de comparer les

expériences que nous venons de présenter & d'en pefer les résultats, l'on verra avec évidence.

(A) Que l'acide vitriolique & celui de fel marin ont produit avec un poids égal de fer un volume d'air inflammable parfaitementegal, mais dans des espaces de temps très-inégaux; enforte que le premier agit bien plus lentement, qu'il exige quelquefois plus du double de temps. Nous penfons d'abord que cette différence procède en partie de la divifion inégale du corps à diffoudre, & en partie du premier menftrue qui eft plus fluide. Cependant l'un & l'autre de ces acides produifent la même quantité de phlogiftique, quelle que foit la quantité du diffolvant, pourvu qu'on l'employe en fuffifante quantité (exper. 8 & 9). Et c'eft fans doute pour cette raifon que le principe inflammable confère d'abord fon caractère pour la génération de cet air. Le fer natif de Sibérie, en cédant difficilement au diffolvant, paroît fe diftinguer par un caractère particulier : il a fallu quatre heures de diffolution favorifée par une forte ébullition, pour en tirer 36 pouces cubes d'air. L'acide marin a agi d'abord avec plus d'activité; car dans les premières 30 minutes il en eft forti 30 pouces cubes, & dans les 60 minutes fuivantes, il n'en eft forti que 19 pouces cubes.

Nous avons eu occafion d'obferver la même lenteur dans diverfes autres fubftances naturelles; peutêtre qu'il exifte dans différens morceaux de fer de Si

bérie des variétés dans les difpofitions à cette expérience, variétés que perfonne paroît n'avoir encore obfervées.

L'on trouve dans la collection des Mémoires de l'Académie d'Upfal, une feule expérience par laquelle il eft démontré que ce fer diffous dans de l'efprit de fel exhala une odeur forte de foie de foufre; mais dans le furplus de ces Mémoires l'on ne trouve nulle trace de ce dont il s'agit.

Il n'en eft pas de même de l'efprit nitreux : le fuccès de fon action eft fi dépendant des plus petites circonftances, qu'il eft très-difficile d'obtenir le même résultat en opérant avec le même appareil & avec les mêmes quantités de matières.

&

Comme nous avons obtenu par l'acide vitriolique par l'acide marin le même volume d'air (n°. 8), foit que leur diffolution ait été favorifée par une chaleur d'ébullition ou fimplement de digeftion, nous attendions d'abord le même résultat de l'acide nitreux; mais au contraire nous avons eu lieu d'observer que le volume d'air produit, diminuoit non-feulement par l'effet de l'eau fortement échauffée, mais encore lorfque la diffolution n'agiffoit que fur les furfaces (expér. 71.85). ; ce qui eft d'autant plus furprenant, que c'eft dans ces momens que l'effet a coutume d'être plus actif dans les diffolutions avec les autres acides. Au furplus, il paroît évident par ce qui vient d'être cité, que l'acide nitreux eft le moins propre à conduire au but auquel nous nous propofons d'atteindre, & qu'il faut remettre à un autre moment à examiner la nature de ses effets.

(B) Le phlogistique réducteur eft-il én volume proportionnel avec l'air inflammable tiré ? Voilà le fondement de la première methode que nous avons préfentée pour les mefurer exactement.

Afin d'approfondir cette question, nous avons

tenté la précipitation de plufieurs efpèces de fer, & nous y avons apperçu de l'accord; car 667 livres d'argent ont été réduites par 19,5 liv. de fer d'Ofterby, & feulement avec 17,9 liv. de fer de Grangen.

Si, d'après ces données, on veut par le calcul connoître combien un quintal de chacun de ces deux fers contient de phlogistique, en fixant à 100 le quintal d'argent, l'on trouvera 342 pour le fer d'Ofterby, & 373 pour celui de Grangen; or le premier produit 48 pouces cubes d'air, & le fecond 51, il doit réfulter la formule fuivante, 48: 51 :: 342 373. Ce qui fe trouve auffi à très-peu près. Car en effet, le quatrième terme eft 363 auquel il manque 10 parties, même une feulement, fi la dernière raifon s'exprime par des décimales (A).

Les deux expériences fuivantes s'accordent de même : car dans un quintal de fonte d'Husaby, il y a 347 parties (expér. 89), & dans l'acier d'Ofterby, il y en a 333 (expér. 88). Or le premier donne 48 pouces d'air inflammable, (expér. 28), & le fecond 46 pouces, (expér. 12), donc 48: 46:: 347: 333 doivent être égaux. Mais le dernier terme proportionnel eft rigoureusement 332,5 qui ne diffère pas d'une demi-partie intégrale, & il eft difficile d'efpérer par les diverses manières de calculer, de trouver des rapports auffi concordans.

Nous concluons de-là, qu'il y a dans un pouce cube d'air inflammable, à peu près autant de phlogiftique qu'il y en a dans 2,17 d'acier d'Ofterby, 2,08 de fonte d'Hufaby, 2,08 de fer forgé d'Ofterby, & 1,96 de fer de Grangen.

(C) La fonte produite par la fufion de la même

(A) Il s'eft gliffé une légère erreur dans le calcul du produit de fer du Grangen; qui ne doit être que 372 au lieu de 373, ce qui donne la formule fuivante; 48:51:: 342:372. Le dernier terme devroit donner 363,2.

mine, ne contient pas toujours la même quantité d'air inflammable, & elle en contient d'autant moins, que l'on aura moins employé de charbon pour fa réduction. La première & la feconde table préfentent plufieurs expériences qui conftatent ce fait (B).

(D) Le terme le plus foible de ces proportions du principe inflammable contenu dans la bonne fonte, eft 38, & le plus haut eft 48. Il faut cependant avouer

(B) Quoique la propofition de l'Auteur foit fondée, nous croyons devoir obferver que ce n'eft pas toujours la quantité proportionnelle du charbon employé dans la réduction des mines de fer, qui fature plus ou moins de phlogistique la fonte qui en procède : c'eft le concours de plufieurs caufes qui tendent à appliquer plus ou moins exactement le principe inflammable du charbon introduit dans le fourneau, aux molécules ferreufes du minerai: car il y a bien des fondeurs qui ufant les mêmes mines & les mêmes charbons en proportions identiques, font des fontes grifes ou riches en phlogistique, tandis que d'autres en font de blanches ou pauvres.

Mais l'on peut dire que la fonte de fer eft d'autant plus faturée de principe inflammable, que les molécules ferreufes de la mine ont été en contact plus immédiat & plus continué avec le principe inflammable, à mesure qu'il fe dégage du charbon. Le minerai du fer peut entrer en fufion avec une foible dose de principe inflammable; mais la fonte qui en provient eft blanche, fragile & d'une moindre pefanteur fpécifique; une plus forte dofe de phlogistique réducteur & qui atteint le point d'une jufte faturation, donne à la fonte de fer fon degré de métallité, la folidité, un grain fin & gris, & un poids fpécifique plus fort. Une plus forte dofe du principe réducteur, décompofe la fonte en partie. Mais la fonte grife tenue en bain long-temps, fans être en contact avec le phlogistique, prend encore de la denfité & un poids fpécifique plus fort.

Voici d'après les expériences de M. le Comte de Buffon, le poids fpécifique du pied cube de fes différentes fontes. Fonte blanche épaiffe...

Fonte blanche fluide...

Fonte grife........

Fonte plus grife tenue long-temps en bain..........
Il y a près d' de différence de l'une à l'autre.

457

402.

485.

512.

« AnteriorContinuar »