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la fonte contenue dans un creufet fcellé hermétiquement, puiffe en être dépouillé par la fimple addition de chaux martiale. Il est néceffaire de remarquer ici que pour que la chaux martiale puiffe abforber l'acide aérien, & pour que cela réuffiffe completement dans nos expériences, il faut que la chaux de fer touche intimement toutes les parties ferreuses de la fonte de fer réduite en limaille. Alors, tant au moment de l'incandefcence qu'à l'inftant de la fufion, la chaux martiale faifit la partie aérienne de la plombagine; tandis que les molécules ferreufes cherchent à fe faturer du phlogistique qui étoit uni à fon acide. C'est par cette double attraction que s'opère la décompofition de la plombagine. Alors le fer s'enrichit de la substance inflammable; & s'il en refte quelque portion au-de là de la faturation, le fuperflu fert à la réduction d'une partie de la chaux martiale. Mais pour mettre cette vérité dans toute fon évidence, nous allons expofer les problêmes les plus difficiles à réfoudre, que préfentent nos effais.

200 liv. de fonte de Leufftad, avec 50 liv. de chaux martiale, ont donné 222 liv. de régule ductile No. 93. Ces 200 liv. de fonte contiennnent 6,6 de plombagine (fection VIII). (D, N°. 342), dont chaque liv. décompose parfaitement environ 5 liv. de nitre: or le fer de Leufftad n'alkalife pas moitié de ce poids de nitre. Une partie de plombagine contient donc autant de phlogistique, que 10 parties de fer, & 6,6 de plombagine, autant que 66 de fer.

Au furplus, (fection III. n°. 2), il eft démontré

par lequel on peut détruire la plombagine inhérente au fer:à l'air libre, les furfaces du fer peuvent fe décompofer par le contact de l'air combiné avec tout ce qui s'y unit dans l'atmosphère; mais il ne pénétre jamais dans l'intérieur des maffes, fans le fecours d'un agent plus puiffant.

par nos antécédentes expofitions, qu'un quintal de fer de Leufftad, contient 39,5 pouces cubes d'air inflam mable, & que le régule ductile qui en eft provenu a donné 51 pouces cubes d'air (fection III. n°. 4 ) par quintal; ce qui démontre qu'il y a une différence en produit d'air inflammable entre la fonte & le fer, de 11 pouces cubes, & dans cette expérience 23 pou

ces cubes (X).

Voyons actuellement fi la quantité de phlogistique contenue dans 6,6 liv. de plombagine, fuffit pour opérer la réduction de 22 liv. de chaux martiale, en fuppléant à la différence qui fe trouve. Nous avons dit que 6 de plomba gine pouvoit revivifier 66 liv. de chaux martiale. Si on diminue 22 de 66, refte 44.

Auparavant nous avons démontré que dans un pouce cube d'air inflammable il réfidoit autant de

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(X) Rien de plus ingénieux que le développement que l'auteur donne ici des expériences qu'il a faites pour découvrir la quantité de phlogistique qui eft contenue dans le fer & dans la fonte. Mais comme il avance que la plombagine contient dix fois autant de phlogistique que le fer, & que la fonte de fer cortient par quintal communément 3. liv. de plombagine, au lieu que le fer ductile n'en contient que, ne pourroit-on pas inférer de-là, contre le fentiment de l'auteur & contre le fait, què la fonte de fer contient plus de phlogistique que le fer, quoiqu'il paroiffe le contraire par l'air inflammable produit de la diffolution refpective de la fonte & du fer? Mais le produit d'air inflammable en volume, ne peut à ce que je penfe, donner une jufte mesure du phlogistique contenu dans les corps foumis à des diffolutions. Tous les corps contiennent de l'air, & tous ne contiennent pas du phlogistique réducteur. L'air irflammable peut contenir fous le même volume, plus ou moins de phlogistique. Auffi voyons-nous que différens airs inflammables détonnent & brûlent plus ou moins, fuivant que cet air eft plus ou moins chargé de phlogistique. Celui tiré du fer forgé, contient par pouce cube autant de phlogistique, qu'il y en a dans deux grains fuédois de fer, d'après les expériences de M. Bergman.

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phlogistique qu'il y en a d'uni à 2 liv. de fer forgé (fection IV. B). C'eft pourquoi la quantité de phlogiftique qui eft contenue dans 44 liv. de fer, répond à 22 pouces cubes d'air inflammable. Il ne nous en manque donc qu'une pouce cube; mais il faut obferver que pour calciner une partie de fer il faut un peu moins de moitié de fon poids de nitre. Nous croyons qu'il eft difficile de s'attendre à une démonstration plns complète.

Puifque dans les expériences Nos. 90, 91 & 92, ies parties de chaux martiale qui ont été réduites, ont été fi foibles, il faut tirer des circonftances fans doute des inductions fur le plus ou le moins de la matière inflammable qui a pu fe diffiper fans produire d'effet.

Dans l'exploitation des mines de fer, même dans les effais docimaftiques qui fe font dans des creufets dont les couvercles font fcellés exa&tement, jamais la totalité des parties métalliques n'eft réduite en métal, quoiqu'il y ait furabondance de phlogistique (A)

Nous traiterons ailleurs du mauvais fer, tant de celui caffant à chaud, que de celui caffant à froid.

(A) Dans les travaux en grand des fourneaux des forges, lorfque les opérations font bien conduites, il est très-ordinaire que le minerai lâche tout ce qu'il contient de métallique,à trèspeu de chofe près, qui peut plutôt être détruit que resté en arrière. Il n'en eft pas de même dans les effais docimastiques. Le minerai ne reçoit qu'un feu fecondaire ou intermédiaire. On eft obligé de fubftituer le phlogiftique par un corps interpofé, de multiplier les fondans, ce qui met la portioncule de minerai & de métal en contact avec des furfaces immenses qui tendent à diminuer le produit. D'ailleurs, ou la chaleur n'eft pas affez puiflante, ou elle est destructive par fon volume & par fon intenfité. Ces caufes concourent à rendre les effais docimaftiques très-incertains pour la réduction des mines, particulièrement de celles de fer.

Nous rapporterons alors les expériences que nous avons déja citées, & d'autres qui fuivent & qui ont rapport à l'une & l'autre de ces espèces de fer. Nous ne nous occupons dans ce moment que du fer doux de bonne qualité.

Ayant examiné jufqu'ici le fer dans les deux extrêmes de fa fituation, nous éprouverons moins de difficultés en traitant l'acier qui eft le fer dans fon état mitoyen.

Nous connoiffons déja l'acier par la voie de l'analyfe: quoique les procédés que l'on emploie dans la préparation diffèrent beaucoup entr'eux, ils doivent tous fe réunir dans un point qui eft de lier étroitement les molécules, & de les faturer d'une jufte dose du principe inflammable & de plombagiue (fection ix (B).

Pendant que l'on fond, que l'on chauffe & que l'on forge l'acier à plufieurs reprises dans le cours de fa fabrication, il eft facile de fentir qu'il doit en réfulter les effets que nous cherchons à connoître. Car les maffes d'acier étant plus petites, expofées à une chaleur plus intenfe, & animées avec un vent plus actif que les maffes de fer que l'on fe propofe feulement de rendre ductile, font conféquemment plus expofées à l'action de l'air ( C ).

(B) La plombagine n'eft nullement néceffaire à l'acier ; au contraire, elle ne peut concourir qu'à en défunir l'étoffe & à la rendre cendreufe.

(C) L'auteur, pour étayer fon fentiment fur la formation de la plombagine, rappelle ici fommairement ce qui fe pafle dans le travail de l'acier, & prétend que l'air extérieur & le vent du foufflet ayant plus d'action fur l'acier en raison des furfaces, contribuent à former la plombagine, & à convertir le fer ou la fonte en acier. Mais voici des faits de pratique que je mets en oppofition. Pour faire de l'acier, il fuffit de donner à la fonte & au fer un degré violent de chaleur, & de les pri

L'on ne doit point s'attendre à un changement auffi parfait en opérant dans un creufet clos; cependant l'acier s'y forme même par la fufion de la fonte de fer fans aucune addition, (n°. 97), ou avec le

ver du contact de l'air & de celui des corps brûlans qui dans cet état fourniroient du phlogistique; & pour y parvenir dans les aciér es, les catins ou creufets des foyers font très-profonds; on a foin que le bain de fonte ou de mazelle, ou enfin les lopins foient toujours couverts d'un laitier très-fluide & abondant, enforte que l'acier qui fe forme n'ait nul contact, ni avec l'air extérieur, ni avec le vent du foufflet, ni avec le charbon brûlant.

Le méchanifme de la cémentation eft fondé fur le même principe. Le fer eft encaiflé dans de grands creufets, il est entouré de poudre de charbon & autres fubftances analogues qui ne font point dans l'état brûlans, mais feulement en incnadefcence, fans ancuue communication avec l'air extérieur; & quand par accident il fe fait une ouverture au creuset de cémentation pendant l'opération, alors la poudre de cémentation brûle, & le fer refte fer dans cet endroit ; c'est ce que T'on appelle du fer éventé.

Si l'on expose à l'air libre un morceau d'acier chauffé fuant, fans être couvert d'un vernis d'herbus, de paille, d'acier ou de fable fondus, il étincelle de toutes parts & fedécompofe. Voici un fait plus concluant encore. En 1778, travaillant en Dauphiné, je pris 18 liv. d'acier naturel forgé en barreau de 10 à 11 lignes, je le caffai & le placai au milieu d'un tas de charbon exposé au vent de la tuyère; je lui donnai chaud assez de temps pour en faire un lopin relevé & avalé avec le ringard. Lorfque tous les morceaux furent réunis en une maffe, je le fis corroyer & étirer fous le martinet; lorfqu'il fut froid je le fis caffer & l'examinai. Il ployoit & étoit redevenu fer. A peine y avoit-il quelques veines légères d'acier; tandis que dans le même foyer on faifoit au deffous au fond du creufet, de l'acier qui n'avoit aucun contact avec l'air, ni atmosphérique,

foufflet. S'il faut de l'air pour faire de la plombagine, il n'en faut point pour faire de l'acier &, pas plus de phlogistique, mais de la matière de la chaleur. Le verre en fournit beaucoup. Le verre & l'acier font deux fubftances très-analogues. Je developperai cette analogie dans un autre ouvrage.

feul

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