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en recourbe également les trois autres faces. De cette disposition, il résulte que le foyer eft placé fous une des courbures, d'où il fuit que les vapeurs qui s'élèvent, brifées par cette courbure, tourbillonnent & fortent en grande partie par l'ouverture antérieure de la forge. Cet effet a d'autant plus lieu que le tuyau est plus étroit, & l'appartement ou plus petit ou plus clos; mais il a plus ou moins lieu dans tous les cas. Le moyen d'y rémédier fe préfente de lui-même ; il ne s'agit que d'élever perpendiculairement le côté de la forge fur lequel eft placé le foyer.

C'eft d'après ces réflexions, conformes aux principes, que je propofe de conftruire une forge qui certainement remplira toutes mes indications, & n'aura aucun des inconvéniens de celles qui ont été établies jusqu'ici.

Je fuppofe qu'on adoffe la forge contre une muraille; alors, après avoir élevé les deux côtés, on continuera à élever celui du foyer perpendiculairement, & on abattra en hotte le côté oppofé, ainsi que la face antérieure; on terminera cette hotte par une ouverture de dix à douze pouces de diamètre, arrondie autant qu'on le pourra, & disposée de manière à recevoir un tuyau d'afpiration, foit en

tôle, foit en terre cuite, de vingt pieds au moins d'élévation. On profitera, s'il est possible, d'un tuyau de cheminée pour élever ce tuyau d'afpiration dans un de fes coins; lorsqu'on ne pourra pas fe procurer cet avantage, ou on l'élevera jufqu'au dehors du toît de la maison, ou on le dévoiera en le faisant fortir, foit dans la rue, foit dans une cour. Au moyen de cette conftruction, j'ofe affurer que telle fonte qu'on faffe on ne reffentira dans l'atelier ancun des inconvéniens des forges ordinaire; toutes les vapeurs & fumées feront emportées à travers le tuyau; on ne s'apercevra de la force du feu, que par la chaleur, & non par les étourdissemens, le mal de tête, & tous les autres accidens qu'occafionnent les forges ordinaires.

J'ai fait exécuter une forge d'après ces principes; le tuyau d'aspiration n'avoit que fix pouces quoi que j'aye pu dire, on avoit abattu en hotte la couverture de la muraille à laquelle étoit adoffé le foyer, & cependant, dans les fontes ordinaires, on ne fentoit pas l'odeur du charbon; la fumée du nitre projeté s'élevoit prefque entièrement; ce qui en retomboit étoit peu confidérable, mais fuffifant pour appuyer ma théorie: car

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on voyoit clairement que ce n'étoit que la courbure de la hotte qui la faifoit tourbillonner & paffer en partie par l'ouverture de la forge.

J'ai cru devoir infifter fur cet article; je ferai très-amplement dédommagé du travail qu'il m'a couté, fi j'ai pu convaincre les artistes des dangers auxquels les expose la conftruction vitieuse des forges, & les déterminer à en adopter une meilleure.

Du fourneau des Fondeurs.

Le fourneau des Fondeurs eft un cylindre de fer doublé d'argile; le vent du foufflet entre par une tuyère dans le cendrier, qui ferme exactement; il fe diftribue dans le corps du fourneau au travers de la grille, ou par le moyen de quatre échancrures pratiquées dans la plaque de fer qui en tient lieu.

Ce fourneau eft, comme on voit, une ef pèce de forge portative. On peut, en adaptant ainfi la tuyère du foufflet au cendrier bien clos du fourneau de fufion que j'ai décrit, imiter parfaitement ce fourneau.

Des regiftres.

Les anciens Chimistes ont donné le nom

de registres à des trous qu'ils plaçoient à différens endroits du corps des fourneaux, dans la vue de modérer ou augmenter l'action du feu, en les tenant bouchés ou débouchés, felon le befoin. Mais ces regiftres ne rempliffoient que très-imparfaitement l'indication qui les avoit fait établir; ils avoient d'ailleurs le grand inconvénient de diftribuer très-iné galement le feu dans l'intérieur du fourneau. Plus inftruits dans la vraie théorie de l'action du feu, les Chimiftes modernes les ont fupprimés les portes & les tuyaux d'afpiration leur fuffisent pour régir le feu des fourneaux à leur volonté, & bien plus efficacement qu'on ne le peut faire à l'aide des regiftres.

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SECTION I I.

Des creufets, coupelles, & autres inftrumens ou vaiffeaux.

Les creufets font des pots de différentes Creasets, formes & grandeurs, dont on fe fert dans toutes les opérations de la Chimie où il s'agit d'expofer à l'action d'une chaleur affez forte, des matières pour les fondre, les cémenter, ou pour remplir d'autres vues.

La matière des creufets eft l'argile; mais

les vases qu'on en forme ont des qualités bien différentes, fuivant la pureté de l'argile, la nature & les proportions des matières hété rogènes dont elle eft mêlée naturellement ou qu'on y ajoute à deffein, & même fuivant le degré de feu qu'on applique aux poteries dans leur cuite.

Les creufets fabriqués de l'argile prefque pure, & qui ont reçu un degré de cuiffon affez fort pour prendre la compacité & la dureté des poteries cuites en grès, font les plus propres à foutenir le feu violent & de longue durée, & à réfifter en même temps à l'action des matières rongeantes & fondantes, telles que les fels & les chaux métalliques fufibles. Ce font ceux qu'on emploie dans les verreries, & auxquels on doit donner la préférence pour la fonte des fels & pour les vitrifications. Mais ces fortes de creufets ne peuvent être chauffés ou refroidis brufquement, fans fe caffer: c'eft pourquoi ils exigent de grands ménagemens à cet égard.

Les creufets faits avec de l'argile mêlée d'une certaine quantité de matières maigres, telles que le fable, la craie, le gypfe, l'ocre, le mâche-fer, &c.; & pour la cuite defquels on n'a employé qu'une chaleur médiocre &

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