Des propriétés particulières à quelques fubftances métalliques.

Après avoir traité, dans la section précédente, des propriétés générales des fubftances métalliques, j'ai cru qu'il étoit néceffaire, pour faciliter l'intelligence de ce que j'ai à dire fur l'alliage de quelques-unes d'entre elles avec l'or & l'argent, ainfi que fur les moyens de les en féparer, d'exposer ici, le plus fuccinctement poffible, celles de leurs propriétés qui fe prêtent ou s'opposent à cette féparation; & celles qui l'opèrent. Enfin j'ai pensé qu'il étoit à propos de faire connoître au moins les caractères principaux des métaux qui entrent dans ces alliages, soit qu'on les y faffe entrer à deffein, foit qu'ils s'y rencontrent par hafard.

Du cuivre.

Le cuivre est un métal imparfait, d'une couleur rouge éclatante.

Il eft plus dur, plus élastique, plus fonore, mais un peu moins ductile que l'ar

gent.

Pelé à la balance hydroftatique, il perd entre un huitième & un neuvième de fon poids.

Il a une faveur & fune odeur très-marquées, & défagréables.

Il eft de très-difficile fufion, & demande, pour être bien fondu, un degré de chaleur violent, & capable de le faire rougir à blanc.

Exposé à l'action du feu à l'air libre, il fume, fe brûle, fe détruit, & fe calcine. Il communique à la flamme de belles couleurs vertes & bleues.

Le nitre le calcine très-bien, mais fans beaucoup de détonation.

Le foufre & le foie de foufre ont beaucoup d'action fur lui.

Le cuivre reçoit une grande altération de l'action combinée de l'air & de l'eau; il fe couvre d'une rouille verte, qu'on nomme vert de gris, & qui eft du cuivre en partie décomposé, privé d'une partie de fon phlogiftique.

Tous les acides le diffolvent facilement, & toutes les diffolutions de ce métal font bleues

ou vertes.

Les alkalis fixes & volatils, & toutes les

fubftances falines, ainfi que toutes les fubf tances huileufes, le diffolvent.

Quelques fubftances métalliques ont plus d'affinité que lui avec les acides, & le précipitent de fes diffolutions: le fera principalement cette propriété.

Enfin le cuivre s'allie, par la fusion, avec tous les métaux & demi-métaux.

De l'étain.

L'étain eft un métal d'une couleur blanche, approchante de celle de l'argent, mais plus fombre & un peu moins blanche.

Il eft, après le plomb, le plus mou, le moins élastique, & le moins fonore des mé

tax.

Il perd dans l'eau un feptième de fon poids.

Il a, comme tous les métaux inparfaits, de la faveur & de l'odeur.

Il est beaucoup moins ductile que les métaux plus durs que lui; il l'eft cependant affez pour s'étendre en feuilles trèsminces.

L'étain eft très-fufible, & fe fond beaucoup avant de rougir.

Expofé

Expofé au feu à l'air libre, il fe fond, & il fe forme à sa surface, tant qu'il est fondu, une poudre grife, qui eft une vraie chaux d'étain, connue dans les Arts fous le nom de cendre d'étain. Cette chaux perd, par la calcination, de plus en plus fon phlogistique, & acquiert une couleur d'autant plus blanche qu'elle a été plus calcinée. On la nomme alors potée d'étain. La potée d'étain acquiert une dureté fi confidérable, qu'elle est en état de polir les métaux & les pierres précieuses.

Cette chaux d'étain eft une des fubftances les plus réfractaires; elle n'eft point vitrifiée par celle de plomb, comme on le voit par l'émail blanc, dans la compofition duquel elle entre, & qui lui doit fa couleur.

Le nitre projeté fur l'étain en fufion & un peu rouge, détone avec une flamme vive; l'étain se trouve réduit en une chaux très-blanche.

Le foufre s'unit très-bien à l'étain par la fufion; il résulte de ce mélange une maffe aigre & caffante, de plus difficile fufion que l'étain pur.

L'étain reçoit moins d'altération de l'action combinée de l'air & de l'eau, que n'en reçoit le cuivre. Sa furface fe ternit à la vérité,

promptement à l'air; mais l'efpèce de rouille légère qui s'y forme, refte mince & fuperficielle, & ne fait les mêmes progrès que

celle du cuivre.

pas

Tous les acides diffolvent ce métal; mais l'acide marin eft celui qui le diffout avec plus de facilité: l'étain a même plus d'affinité avec cet acide, que n'en ont plusieurs autres fubftances métalliques: fi on le traite avec le fublimé corrofif, par exemple, il s'empare de l'acide marin de ce fel, & en fépare le mercure.

L'étain s'allie, par la fusion, à toutes les fubftances métalliques, le fer feul excepté, & leur fait perdre leur ductilité en tout ou en partie, fuivant les proportions; & ce qu'il y a de plus remarquable à ce fujet, c'est que les métaux les plus ductiles, tels que l'or & l'argent, font ceux dont l'étain détruit le plus facilement la ductilité: un feul grain d'étain, la vapeur même de ce métal, est capable d'aigrir & de rendre caffante une quantité d'or considérable.

Le fer eft le plus

Du fer.

le plus élastique, le après la platine.

dur de tous les métaux plus difficile à fondre