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De la platine.

La platine tire fon nom du mot espagnol platina, qui fignifie, en françois, petit argent: comme elle a beaucoup de propriétés communes avec l'or, on la nomme auffi or blanc.

C'est dans les mines d'or de l'Amérique Espagnole, & en particulier dans celles de Santafé, près de Carthagène, qu'on a trouvé la platine.

Ce métal fe trouve dans les mines en petits grains anguleux, dont les angles font un peu arrondis, d'une couleur métallique blanche, livide, affez peu éclatante, qui tient du blanc de l'argent & du gris du fer; en forte qu'au premier coup-d'œil elle reffemble affez à de la groffe limaille de fer : ces grains sont affez liffes, & doux au toucher, du&iles pour la plupart.

La platine égale prefque l'or en pesanteur fpécifique; comme lui, elle n'a aucune faveur ni odeur; elle n'éprouve aucune altération de l'action combinée de l'air & de l'eau, & ne fe rouille pas; elle eft indeftructible par l'action long-temps continuée du

feu le plus fort; elle réfifte, comme lui, à l'action de tous les acides fimples, & ne cède qu'à celle de l'eau régale; elle foutient de même l'opération de la coupelle; & enfin le foufre ne l'attaque point, & le foie de foufre la diffout.

Toutes ces propriétés de la platine font, comme nous le verrons, celles de l'or; mais elle en diffère en ce qu'elle est presque infufible, & par quelques autres propriétés qui n'ont aucun trait avec nos opérations, & qu'il ne m'importe pas par conféquent de faire

connoître.

Quoiqu'infufible tant qu'elle eft feule, la platine fe fond cependant à l'aide des métaux avec lesquels on l'allie: parties égales d'or & de platine fondus enfemble à un feu violent, forment un alliage qui coule librement dans la lingotière; une partie de platine & quatre parties d'or fe fondent encore plus facilement. Je traiterai plus en détail de T'alliage de l'or avec la platine, dans le chapitre fuivant.

SECTION III.

Des régles générales de l'alliage des fubftances métalliques.

Le nom d'alliage eft employé, en Chimie, pour défigner l'union des différentes matières métalliques les unes avec les autres, par la fufion ou par l'amalgame.

L'alliage de deux métaux eft un nouveau compofé qui, fuivant la règle générale, doit participer des métaux qui le compofent; ce qui n'eft cependant pas rigoureusement vrai dans tous les alliages; car l'or allié à l'argent, par exemple, ne devient pas foluble par l'eauforte quelques-unes des propriétés des métaux qui forment un alliage, font même augmentées ou diminuées par cette union: la ductilité d'un métal compofé de deux ou plufieurs métaux, eft communément moindre que celle des mêmes métaux lorfqu'ils font feuls; un mélange d'or & d'argent eft moins ductile que chacun de ces métaux ne l'eft féparément l'or devient aigre avec l'étain, qui lui même est très-ductile.

La pefanteur fpécifique des métaux change auffi dans leurs alliages; quelquefois elle est

moyenne entre celle des métaux qui les com pofent; quelquefois elle eft moindre; fouvent elle eft plus grande.

On peut dire auffi la même chofe de la couleur des fubftances métalliques alliées les unes avec les autres; elle ne répond pas plus exactement aux propriétés du mixte.

L'alliage augmente la fufibilité des fubftances métalliques; cette règle est générale: la platine, qui est infufible tant qu'elle est seule, entre en fufion lorfqu'on la mêle avec l'or, avec l'argent, avec le plomb, &c.

Les alliages des métaux font ou naturels ou artificies. Les premiers font ceux qui font faits par la nature, tels que font la plupart des minéraux, qui contiennent tous plufieurs métaux alliés les uns avec les autres : l'or natif eft toujours plus ou moins allié d'argent; l'argent natif contient auffi toujours plus ou moins d'or. Les alliages artificiels font ceux qu'on fait exprès de plufieurs métaux les uns avec les autres, pour différens ufages.

Je parlerai des divers alliages de l'or & de l'argent, & de leurs ufages dans l'Orfèvrerie, lorfque je traiterai particulièrement de chacun de ces métaux.

SECTION

SECTION IV.

De la foudure.

On nomme foudure, un alliage métallique, & quelquefois un métal très-fusible, au moyen duquel on joint, d'une manière folide, des pièces métalliques les unes avec les autres.

Tout l'art de fouder eft fondé, 1°. fur le principe général que nous avons pofé, qu'il n'y a que les fubftances métalliques, & dans leur état de plus parfaite métalléité, qui puiffent s'unir complètement entre elles ; & l'on en peut déduire facilement la raifon de toutes les pratiques des différentes espèces de foudure.

2o. Comme le métal à fouder ne doit pas être fondu, & qu'il faut qu'il y ait fufion au moins d'une des fubftances métalliques qu'on veut unir, il faut néceffairement que le métal ou l'alliage métallique qui doit fervir de fou dure, foit plus fufible que le métal à souder.

3°. Nous venons de voir dans la fection précédente, que l'alliage augmente beaucoup la fufibilité des fubftances métalliques : c'eft à cette propriété que font dues toutes les foudures qu'on emploie dans l'Orfévrerie. La Soudure de foudure de l'or eft un alliage d'or & d'argent, Pargent.

K

l'or & de

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