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ÉLÉMEN S

DE

CHIMIE DOCIMASTIQUE.

CHAPITRE PREMIER.

Explication des termes.

Acide.

LES acides tirent leur nom de leur faveur

aigre.

Les principales propriétés qui caractèrisent les acides, font;

1o. D'avoir une faveur aigre, telle que celle du citron, de l'ofeille, lorsqu'on les applique fur la langue, étendus d'ane certaine quantité d'eau; d'exciter far cet organe une fenfation d'autant plus aigre & brûlante, qu'ils font concentrés.

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2o. De rougir les couleurs bleues des végé

taux.

Si l'on verfe quelques gouttes d'un acide quelconque fur une infufion de tournefol, de fleurs de violettes, fur le firop violat, &c.; leur couleur bleue paffe au rouge à l'inftant.

3°. De faire effervefcence avec les alkali Voyez ces terres abforbantes *, de les diffoudre, & de former avec eux de nouvelles combinaisons que nous connòiffons fous le nom de fels

mots.

neutres.

4°. D'être fpécifiquement plus pefans que

l'eau.

Telles font les propriétés qui caractérisent les acides en général, qui fervent à les diftinguer de toutes les autres fubstances salines, à les faire reconnoître : mais tous les acides ne jouiffent pas de ces propriétés au même degré; il y a une distance immenfe à cet égard enure l'acide du citron, & les acides marin, nitreux, & vitriolique : quelques acides, d'ailleurs, diffolvent certaines fubftances que d'autres n'attaquent pas ; c'eft ce que nous aurons occafion de faire remarquer en traitant de chacun d'eux en particulier dans le fecond chapitre.

Affinité.

L'affinité ou rapport eft la tendance qu'ont les parties des corps les unes vers les autres. Nous difons qu'il y a affinité ou rapport d'affinité, quand les parties d'un corps s'uniffent à celles d'un autre corps, de manière à former un feul & même tout ; il y a affinité entre l'eau & le fel, puisqu'ils s'uniffent trèsbien; il n'y a pas d'affinité entre l'eau & l'huile, puisqu'elles ne s'uniffent pas ; il y a plus d'affinité entre l'eau-forte & le cuivre, qu'entre l'eau-forte & l'argent, puifque, lorsqu'on met une lame de cuivre dans une diffolution d'argent, l'eau-forte abandonne ce dernier métal, pour s'unir au premier.

Alkali.

Cette claffe de fubstances falines tire fon nom du mot Kali, qui fignifie foude, parce que les plantes de cette famille en fourniffent beau

coup.

Les propriétés qui caractèrifent les alkali en général, font;

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1o. Une faveur âcre & brûlante qui a quelque chofe d'urineux, d'où on les a nommés fels urineux.

2o. De changer en vert les couleurs bleues des végétaux.

3°. De faire effervefcence lorsqu'on les com bine avec les acides.

4°. De fe vitrifier par l'action du feu, & d'aider à la vitrification de plufieurs fubstances, & notamment de plufieurs terres qu'on ne fauroit faire entrer en fufion fans leur fecours, au moins au feu des fourneaux ordinaires.

5°. Ils décompofent tous les fels à base terreufe & métallique, c'eft-à-dire, tous les fels qui résultent des diffolutions des terres ou des métaux par les acides. C'est ainsi que, fi l'on verse une liqueur alkaline dans une diffolution d'or, l'alkali s'unit aux acides qui tenoient l'or diffout, & ce métal fe précipite; d'où nous concluons que l'alkali ajouté a plus d'affinité avec les acides qui tenoient l'or en diffolution, que ces derniers n'en ont avec ce métal.

6o. Ils peuvent être réduits fous la forme fèche & pulvérulente, par l'évaporation de toute l'eau qui les tenoit en folution; fi dans cet état on les expofe à l'air, ils en attirent puiffamment l'humidité, & fe réfolvent en liqueur, ce que les Chimistes appellent tomber

en deliquium. Cette propriété des alkali oblige à les tenir dans des vases bien fermés, fi on veut les conferver fecs.

7°. L'alkali bien pur n'a ni couleur ni odeur.

La méthode ordinaire de retirer l'alkali des fubftances végétales, telles que les plantes, les bois, le tartre, & les autres matières de ce genre qui le contiennent, confiste à les faire brûler librement & en plein air, à laiffer enfuite confumer entièrement leur charbon ou braife, & à les réduire en cendres; après quoi on leffive ces cendres avec de l'eau très-pure, jusqu'à ce que cette eau forte infipide; on la filtre; on fait évaporer cette leffive jufqu'à ficcité : ce qui refle au fond du vafe eft l'alkali.

De quelque matière végétale qu'on ait extrait cet alkali, s'il a été bien préparé & exactement purifié, il fera toujours le même.

On connoît trois espèces de substances salines qui portent le nom d'akali, mais qui font diftinguées entre elles par des épithètes tirées, ou de leur origine, ou de quelquesuns de leurs caractères fpécifiques.

La première espèce, connue fous le nom d'alkali végétal, eft ainfi nommée parce

Alkali végétal

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