l'harmonie comme dans ces Vers de Quinault. C'eft à lui d'enfeigner Aux Maîtres de la terre, Le grand art de regner. Ces Vers de M. Racine font encore à mon fens très-harmonieux. Ce Dieu jaloux, ce Dieux victorieux Fremifiés, peuples de la terre Ni les éclairs, ni le tonnerre Amadis de Gaule Prolog, J'ajoûterai ici une remarque qui peut-être de quelque utilité aux jeunes gens peu fenfibles, pour l'ordinaire, aux charmes du nombre & de la cadence : C'est que dans les Vers irréguliers après plufieurs rimes de fuite entre-mêlées fur le même fon; la derniere fi elle eft masculine ou féminine ne doit point être fuivie d'une mafculine Efther Acte I. Scene S tances. fur un fon différent, mais la mafculine d'une féminine ou celle-ci d'une mafculine, parce que les terminaifons pleines d'une mafculine à une mafculine différente n'ont point affez de douceur, comme celle d'une féminine à une féminine différente font fourdes & étouffent plûtôt la cadence qu'elles ne la foutiennent. genre Des Ce de Poëfie qui étoit autrefois fort à la mode, ne différe peut être réellement de l'Ode qu'en ce que celle-ci demande une marche audacieuse, au lieu que les ftances ont un cours égal & mefuré. C'eft fur ce fondement que j'oferois affurer que l'Ode de Rouffeau fur la naiffance du Duc de Bretagne & celle qu'il a adreffée à M. de la Fare, font de véritables Odes, & que celle du même Auteur à la Fortune n'eft qu'un affemblage de ftances très-belles. Cependant les stances exigent une certaine fublimité, mais excepté celles de Malherbe dont la force eft le principal caractere, toutes les autres Poëfies du fiécle dernier auxquelles on a donné ce nom, ne font gueres remarquables que par la fimétrie des pensées recherchées & par une oppofition qui forme, à la fin de chaque ftance, une chûte quelquefois heureuse & fouvent défectueuse par l'art qui s'y montre trop a découvert; comme Corneille l'avoue lui-même de celles qu'il a placées dans le Cid. Un Poëte moderne a nommé Rout fort joliment ces fortes de Vers de feau froids dixains enfilés par chapitres. Je ne prétens pas par là leur enlever la gloire dont elles ont joui fi longtems; au contraire je penfe qu'elles contribuent infiniment à l'harmonie de nos Vers, par la variété des cadences & par l'entrelaffement des rimes. On peut les divifer en ftances de nombre_pair & ftances de nombre impair. Les premieres font de quatre, de fix, de huit, & de dix Vers, nombre qu'elles ne doivent point excéder quoiqu'en dife Richelet qui en admet de douze & de quatorze Vers. Celles de nombre impai: font de cinq, fept ou neuf Vers, & alors elles doivent avoir trois rimes femblables. Nous allons donner en peu de mots des exemples de chacune de ces efpéces. Stances de nombre pair. Vers Dans les ftances de quatre & dans toutes les autres en général, on peut employer indifféremment toutes fortes de mefures & entre-mêler les rimes, comme on le juge à propos. La maniere la plus fuivie eft d'entre - mêler les Vers Alexandrins & les Vers de huit fillabes, quoiqu'on en puiffe faire de quatre Vers Alexandrins comme celle-ci. Ode de Un favori fuperbe, enflé de fon mérite Rouff. Ne voit point fes défauts dans le miroir Liv. III, Ode 9. d'autrui ; Et ne peut rien fentir que l'odeur favorite On entre-mêle les rimes, ou en faifant rimer le premier Vers avec le le troifiéme, & le fecond avec le quatriéme comme dans l'exemple précédent, ou le premier avec le quatriéme, & le fecond avec le troifiéme. On en trouve dans Malherbe où les rimes font fuivies mais la cadence eft inégale, comme dans cette Strophe: 2 Un courage élevé toute peine furmonte, honte, Et le front d'un guerrier au combat étonné, Il eft libre encore de commencer par une rime mafculine ou par une féminine, par un Vers Alexandrin ou par un Vers de huit fillabes; l'harmonie eft égale dans l'une & l'autre structure. Pleine d'horreur & de refpe&t, Liv. I. La terre à treffailli fur fes voutes brifées: Ode 8. Les monts fondus, à son aspect, S'écoulent dans le fein des Ondes embra |