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Liv. I.

Ode 11.

Vos flateurs dans fes mains allument le

tonnerre

Qui s'éleve fur vous.

Il fuffira maintenant de donner des exemples des ftances dans les autres mefures, puifqu'on démêlera d'un coup d'oeil le méchanisme des Vers, le mélange des rimes & la variété que produisent l'entrelaffe

ment des cadences & des fons.

Dieu feul doit faire notre espoir,
Dieu de qui l'immortel pouvoir

Fit fortir du neant, le ciel, la terre &
l'onde :

Et qui tranquile au haut des airs,

Anima d'une voix féconde

Tous les êtres femés dans ce vafte Univers,

Liv. I. Du haut de la montagne où fa grandeur

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Il a brifé la blance & l'épée Homicide
Sur qui l'impiété fondoit fon foible appui,
Le fang des étrangers à fait fumer la terrẹ,
Et le feu de la guerre
S'eft éteint devant lui,

Non, non,

mémoire,

fans le fecours des filles de Liv.IV.

Ode au

Prince

Vous vous flattez en vain, partisans de la Eugene,

gloire,

D'affurer à vos noms un heureux fouvenir.

Si la main des neuf fœurs ne pare vos tro

phées,

Vos vertus étouffées

N'éclaireront jamais les yeux de l'avenir.

Que ne puis-je franchir cette noble bar- Liv. III.

riere !

Mais peu propre aux efforts d'une longue

carriere!

Je vais jufqu'où je puis:

Et femblable à l'Abeille en nos jardins

éclofe,

De differentes fleurs j'affemble & je com

pofe

Le miel que je produis.

Ode L.

La premiére & la troifiéme Ode du premier livre du même Auteur, font encore dans une mefure différente. Or il n'eft aucune de toutes ces efpéces différentes qui ne puisse être variée de cinq ou fix maniéres

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Godeau Paraphr. du Cantique de

Judith.

toutes harmonieuses; ce qui fait un des plus beaux agrémensde notre Poëfie.

Les ftances de huit Vers ne font à proprement parler que deux quatrains unis, foit que les Vers ayent tous la même mefure, foit. qu'on les entremêle indifféremment. Deux exemples éclairciront ceci ;

Par les ravages du tonnerre,

Nous verrions nos champs moiffonnez;
Et des entrailles de la terre,

Les plus hauts monts déracinez.
Nos yeux verroient leur masse aride
Tranfportée au milieu des airs,
Tomber d'une chûte rapide
Dans le vafte goufre des mers.

Pouffons dans l'air des cris de joye
Oublions nos longues douleurs ;
Qu'aujourd'hui notre front se voye
Couronné de chapeaux de fleurs;
Faifons retentir les louanges

Du Dieu dont le pouvoir nous a tiré des fers,
Et qui pour nous arma les anges,
Alors que contre nous s'armerent les enfers,

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Les ftances de dix Vers peuvent être compofées de Vers de huit fillabes dans cet ordre. Le premier répond au troifiéme, & le fecond au quatriéme;le cinquiéme & le fixiéme riment enfemble; le feptiéme répond au dixiéme; le huitiéme & le neuviéme riment enfemble. Rien n'eft plus harmonieux que cette mefure qui convient admirablement au genre lirique. Confultez à ce fujet les Odes de Rouffeau fur la naissance du Duc de Bretagne, & fur les Conquérans. On peut encore employer dans ces ffances les grands Vers & croifer les rimes, fans confulter d'autre Juge que l'oreille, en commençant par une rime mafculine ou féminine, en les redoublant même s'il en refulte plus d'harmonie, comme dans ces Vers.

Cent Rois venoient fur nous fondre de tou- Ode ti

tes parts:

Ils ont vû nos facrés remparts;

Leur afpect foudroyant, tel qu'un affreux

tonnerre,

rée du

Pf. 47.

1

Les a précipités au centre de la terre.

Le Seigneur dans leur camp a jetté la ter◄

reur,

Il parle & nous voyons leurs trônes mis en

poudre,

Leurs chefs aveuglés pas l'erreur,

Leurs Soldats confternés d'horreur, Leurs Vaiffeaux fubmergés où brûlés par la foudre ;

Monumens éternels de fa jufte fureur.

De pareilles ftances feroient-elles moins belles que celles de Malherbe & de Godeau? La liberté qu'on auroit d'en varier à fon gré les rimes & les cadences banniroit de ces fortes d'ouvrages le froid & la langueur qu'y répandent l'exacte fimétrie & le refpect aveugle pour des régles arbitraires, dont nous avons autant de droit de fecouer le joug que nos prédéceffeurs en avoient peu de nous l'impofer.

Stances de nombre impair.

On n'en diftingue que de trois

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