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tes, & peut-être l'ennui prefque toujours inféparable des longs ouvrages. Des réflexions détachées telles que font ces principes, fans omettre rien d'important ont au moins le mé- ̈ rite de la variété, & ne demandent point de contention d'efprit pour en fuivre le fil; on peut en interrompre & en reprendre aifément la lecture confulter certains endroits préférablement à d'autres, métho de peut-être moins exacte & moins fçavante que la premiere,mais certainement plus conforme au goût & au caractere des perfonnes pour lesquelles eft principalement deftiné cet Ouvrage que je ne leur offre qu'au défaut de tout autre dans le même genre.

Si quid novifti rectius iftis

Horse, Candidus imperti, fi non his utere mecum,

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I l'on confulte les Poëtes fur l'origine & la naissance de l'Art qu'ils profeffent, leur brillante imagination quitte la terre & vole aux cieux pour en faire defcendre la Poëfie, parée des attraits de la Vertu, & comme une Légiflatrice qui vient établir l'ordre dans un monde où regnoient la barbą.

rie & la confufion; à les entendre, c'eft elle qui raffembla les hommes épars & farouches, qui adoucit la groffiéreté de leurs mœurs, qui forma les premieres fociétés, qui dicta les loix, qui inventa les Arts. Les Grecs naturellement vains & avides de s'attribuer la découverte des Sciences & des Arts ne manquerent pas de rapporter l'origine de la Poëfie à Orphée, à Linus, à Mufée, noms peut-être auffi fabuleux que ceux ceux d'Apollon & des Mufes. Ils confacrerent par de femblables menfonges les noms d'Hélicon, de Parnaffe, de Permeffe & d'Hippocrene. Mais pour ramener les chofes à la vérité hiftorique, l'origine de la Poëfie remonte bien plus haut dans l'Antiquité. Non

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feulement avant la Guerre de Troye, mais même avant l'arrivée de Cadmus en Béotie, c'est-à-dire,avant que les Grecs euffent une langue établie & des caractéres fixés pour l'écrire, les Hebreux avoient deja une Poëfie perfectionnée qu'ils tenoient de leurs Ancêtres, les premiers habitans du monde, En effet il en eft de la Poëfie comme de tous les autres Arts, qui doivent leur naissance au befoin ou au plaisir qu'ont envifagé leurs premiers Auteurs; foit que la Religion l'ait d'a bord confacrée à fon ufage, foit que la néceffité l'ait produite comme un moyen de charmer l'ennui, aux atteintes duquel nos premiers Parens étoient fans doute plus expofés que nous, fans y être moins

fenfibles. Son origine se confond avec celle de la Mufique destinée aux mêmes fins, em ployée aux mêmes usages, avec d'autant plus de vraisemblance qu'alors l'expreffion du fentiment, énoncée par l'organe de la voix étoit foutenue par le fon des Harpes, des Timballes & des autres inftrumens auquel on affocioit le mouvement cadencé des pieds, & que dans les premiers tems,toute la Poëfie étoit accompagnée du Chant. Celle des Hebreux, tels que les Cantiques de Moïfe, de Débora, les Pfeaumes de David démontrent ce que j'avance.Le témoignage conftant des Hiftoriens, & la nature des plus anciens Poëmes qui nous reftent des Grecs, tels que les Odes de Pindare & la Théo

gonie

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